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« Et pourtant, j’ai toujours soif. » – Charlton Heston (1924-2008 )

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Charlton Heston est décédé à l‘âge de 84 ans.

Il est né sous le nom de John Charles Carter, qu’il changea parce qu’il craignait à ses débuts que cela rappellerait trop le nom de John Carter, héros de fiction des romans de science-fiction d’Edgar Rice Burroughs, le père de Tarzan (LA PRINCESSE DE MARS et ses suites). Un nom prédestiné pourtant à l‘héroïsme que l‘acteur incarnera maintes fois par la suite, le personnage de Burroughs étant présenté comme un ancien officier américain de la Guerre de Sécession (comme le Major Dundee) transporté dans des aventures sur une autre planète pleine non pas de singes évolués mais de bien d’autres dangers épiques.  

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Ce vétéran de la 2e Guerre Mondiale, grand homme autant par le caractère que par la stature (1 m 91), a marqué les foules par son allure athlétique si souvent mise à contribution, son regard d’aigle et surtout cette voix majestueuse dont il sut si bien se servir pour incarner tant de personnages « bigger than life », qu’ils soient fictifs ou réels : Marc Antoine (qu’il campa à trois reprises), Buffalo Bill, le Président et ancien Général américain Andrew Jackson, l’explorateur William Clark, Moïse, Ben-Hur, Don Rodrigue dit le Cid, Jean le Baptiste, Michel-Ange, le Général Charles Gordon, le Cardinal de Richelieu, Henri VIII, Sir Thomas More, Long John Silver, Dieu (normal), Sherlock Holmes, la voix d’Abraham Lincoln, Brigham Young, et même, pour son dernier rôle en 2003, le sinistre ex-docteur Josef Mengele dans un film italo-brésilien, MY FATHER, RUA ALGUEM 5555*. Sans compter une pléthore d‘officiers et de héros combattants innombrables…Le tout en plus de cinquante ans de carrière bien remplie. Revenons sur les grandes heures de sa filmographie ! Arrivé à la Paramount au début des années 1950, le jeune Charlton Heston se fait vite remarquer comme un « leading man » au fort potentiel, utilisant très bien son physique viril et sa prestance naturelle dans des films souvent « mineurs », mais où déjà pointent quelques pépites.Il est ainsi la vedette DARK CITY de William Dieterle (en VF : LA MAIN QUI VENGE), un honorable film noir où il participe à l’écran à une louche combine de poker entraînant le suicide d’un pigeon. C’est Cecil B. DeMille qui le révèle au grand public en 1952 avec le célèbre THE GREATEST SHOW ON EARTH / Sous le Plus Grand Chapiteau du Monde, où Charlton doit diriger non sans peine le légendaire cirque Barnum à travers les USA, démêler une rivalité amoureuse avec Cornel Wilde auprès de la trapéziste Betty Hutton, ne pas céder aux avances de la belle Gloria Grahame et ses éléphants (enfin juste les avances de Miss Grahame, hein, pas des éléphants…), et protéger le clown James Stewart des enquêtes policières, tandis que des escrocs veulent provoquer un accident de train fatal pour ses affaires – une scène célèbre qui marqua un tout jeune spectateur, le petit Steven Spielberg, qui bien des années plus tard en glissera un extrait dans sa GUERRE DES MONDES. Spielberg se souviendra aussi sûrement de la tenue de Charlton dans le film de DeMille : blouson de cuir, pantalon marron et chapeau de feutre, la tenue traditionnelle d’Indiana Jones ! Cette même année 1952, Charlton se fera également remarquer dans RUBY GENTRY de King Vidor, où la très sexy Jennifer Jones craque pour lui plutôt que pour son riche mari joué par Karl Malden.Heston tournera à trois reprises sous les caméras d’un « petit maître » oublié, Jerry Hopper, dans PONY EXPRESS (chez nous LE TRIOMPHE DE BUFFALO BILL), l’un de ses premiers westerns, l’intéressant SECRET OF THE INCAS, sorte de pré-Indiana Jones avant l’heure, et la comédie militaire THE PRIVATE WAR OF MAJOR BENSON.Un gros succès en 1954 : THE NAKED JUNGLE alias QUAND LA MARABOUNTA GRONDE, sympathique film d’aventures à l’ancienne de Byron Haskin, où Charlton campe un colon intransigeant bien décidé à protéger sa plantation en Amazonie de la terrible Marabounta, colonne vivante de fourmis rouges carnivores inarrêtable et insatiable. Un combat difficile d’autant plus qu’il vient à l’écran d’épouser la délicate Eleanor Parker – jolie scène coquine lorsque Charlton doit protéger sa femme des fourmis en lui enduisant la peau d’une huile spéciale !En 1955, il retrouve Rudolph Maté pour HORIZONS LOINTAINS, mélange d’aventures et de western racontant l’expédition Lewis & Clark, aux côtés de Fred MacMurray et de Donna Reed en squaw ! 

(*) un rôle que joua aussi Gregory Peck (son partenaire dans LES GRANDS ESPACES) dans CES GARÇONS VENUS DU BRÉSIL de Franklin J. Schaffner… avec en plus Laurence Olivier (partenaire de Heston dans KHARTOUM), qui joua un rôle similaire dans MARATHON MAN !!! L’ironie du destin dans le cinéma…  

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L’année suivante, Charlton va franchir un nouveau palier. Âgé seulement de 32 ans, il se voit confier la lourde charge d’incarner Moïse par Cecil B. DeMille, pour LES DIX COMMANDEMENTS, dernier film du vieux maître de la Paramount. C’est peu de dire que Charlton transcende le rôle, il EST Moïse. Quand il défie Ramsès II (formidable Yul Brynner), séduit Anne Baxter (« Oh Nefertiri, ta peau est plus douce que tous les parfums de Babylone ! »), s’agenouille devant le Buisson Ardent, ouvre la Mer Rouge pour son peuple ou bien fracasse de colère les Tables de la Loi, Charlton fait preuve d’une grandeur inimaginable alors, surpassant le côté parfois kitsch de la mise en scène de DeMille. Le triomphe du film fait désormais de Charlton Heston une star de tout premier plan, entamant une période dorée pour l’acteur qui va alors enchaîner les grands films.  

1958 : Charlton est engagé par Orson Welles pour jouer l’Inspecteur mexicain Mike Vargas dans son magistral TOUCH OF EVIL / La Soif du Mal. Ouvrons une parenthèse pour démentir la version de l’histoire écrite par les scénaristes d’ED WOOD, le chef-d’œuvre de Tim Burton : contrairement à ce que le film prétend, c’est bien Welles et non le studio Universal qui avait choisi Heston pour le rôle ! Fin de la parenthèse. Même si Charlton a une allure un peu bizarre avec son faux bronzage, sa performance est tout à fait honorable, quoique son personnage de flic intègre et juste soit écrasé (au propre comme au figuré) par son collègue monstrueux, ripou et obèse campé par Welles qui « bouffe » littéralement l’écran. Cette même année, Charlton apparaît au générique d’un autre chef-d’œuvre, le magistral western de William Wyler, THE BIG COUNTRY / Les Grands Espaces. Quel casting ! Charlton joue un cow-boy narquois et frustre, amoureux de Carroll Baker qui a épousé Gregory Peck, l‘homme civilisé de l‘Est qui ne sait pas tirer et monter à cheval… Rajoutez à cela la belle Jean Simmons, et une guerre des éleveurs opposant le clan de Heston et Charles Bickford à celui du gros Burl Ives et son infâme fils, Chuck Connors, le tout magistralement mis en musique et en images par la crème de la crème hollywoodienne, et vous aurez un des plus grands westerns jamais tournés.  

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Après avoir tourné en 1959 THE WRECK OF THE MARY DEARE (CARGAISON DANGEREUSE) de Michael Anderson, aux côtés de Gary Cooper, qu’il déclara être son modèle d’acteur, Charlton Heston va triompher l’année suivante, retrouvant William Wyler qui lui fait jouer LE rôle : BEN-HUR ! Charlton y gagne un Oscar largement mérité tant il se montre royal d’un bout à l’autre de cette somptueuse fresque de l’Antiquité. Personne n’aura oublié les morceaux de bravoure de ce film : son amitié avec Stephen Boyd, alias le tribun romain Messala, qui tourne à la trahison et la haine à cause d’une brique mal fixée, chutant au mauvais moment sur la garnison romaine ; l’exil et la rencontre avec un Jeune Charpentier qui lui tend un peu d’eau ; la mémorable scène des galères où Jack Hawkins met à l’épreuve sa résistance physique ; la Vallée des Lépreux ; la description de la Passion du Jeune Charpentier… et bien sûr, LA scène légendaire de la course de chars, extraordinaire séquence d’action qui aujourd’hui encore demeure l’une des meilleures jamais tournées. Le tout, servi par la légendaire partition musicale de Miklos Rozsa, propulse Charlton Heston au rang de superstar mondiale. 

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En 1961, Charlton incarne un autre grand personnage, LE CID, chef-d’œuvre épique incontestable d’Anthony Mann qui l’utilise à merveille, lui faisant former avec la magnifique Sophia Loren l’un des plus beaux couples romantiques jamais vus à l’écran. Avec Mann aux commandes, Charlton donne la pleine mesure de son talent et de sa force physique, incarnant le Chevalier idéal avec passion et conviction, bien aidé de surcroît par les superbes cascades conçues par Yakima Canutt, le maître du genre déjà mis à contribution sur BEN-HUR. Et, comme pour ce dernier film, Miklos Rozsa atteint le sommet de son talent musical, magnifiant la mise en scène impeccable de Mann. Le tout reposant sur un excellent scénario de Philip Yordan, Fredric M. Frank et Ben Barzman, histoire d’amour et d’orgueil doublée aussi d’un plaidoyer pour la tolérance et l’entente entre les communautés religieuses, face à un ennemi commun : des musulmans haineux et fanatisés par un leader intégriste et sanguinaire ! Quarante ans avant Ben Laden et ses sbires, Anthony Mann avait déjà à sa façon anticipé sur les conflits ethnico-religieux mondiaux dans ce pur chef-d’œuvre qui continue à influencer les réalisateurs récents. La romance de Rodrigue et Chimène trouvera à ce titre des échos chez Peter Jackson et sa trilogie SEIGNEUR DES ANNEAUX (via l’histoire d’amour entre Aragorn – Viggo Mortensen et Arwen – Liv Tyler, qui renvoie visuellement au film de Mann), tandis que le côté épique-médiéval du CID inspirera sans doute à Ridley Scott son mésestimé KINGDOM OF HEAVEN. 

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On retrouvera Charlton en 1963 dans un autre chef-d’œuvre, hélas un peu survolé de nos jours, LES 55 JOURS DE PÉKIN, toujours produit par Samuel Bronston qui était déjà de l‘aventure du CID. Retranscription très juste de la Révolte des Boxers contre les puissances coloniales en Chine en 1900, le film ne connut pas le succès qu’il aurait dû à sa sortie. L’excellent cinéaste Nicholas Ray fit pourtant du très bon travail, notamment dans les scènes romantiques entre notre « Chuck » en officier américain consciencieux et la belle Ava Gardner en comtesse russe, mais, malade, dût céder les rênes du tournage à Guy Green et Andrew Marton. Coûteux, le film connut des dépassements de budget qui handicapèrent son succès à l’époque. Dommage, car c’est une fort belle épopée, où Charlton défend héroïquement les familles des colons contre des Boxers (insurgés nationalistes chinois) aussi acharnés que cruels. N’allez pas croire pour autant que le film défend le colonialisme ou l’impérialisme à l’américaine, l’humaniste Nicholas Ray se montrant aussi féroce avec les potentats Occidentaux, racistes, cupides et arrogants, qu’avec la cour corrompue de l’Impératrice Cixi campée par l’anglaise Flora Robson !  

1965 est une année bien remplie pour « Chuck » Heston, qui apparaît au générique de pas moins de quatre films : il est ainsi Jean le Baptiste dans LA PLUS GRANDE HISTOIRE JAMAIS CONTEE, où il retrouve Jésus Christ, incarné ici par Max Von Sydöw, et finit fatalement victime de la vilaine Salomé… Nous le retrouvons tête d’affiche dans le sous-estimé MAJOR DUNDEE, chef-d’œuvre mutilé de Sam Peckinpah, où Charlton a fort à faire : officier sudiste ayant trahi les siens pour rejoindre l’Union durant la Guerre de Sécession, il doit capturer un chef Apache vindicatif, ceci avec l’aide d’une troupe hétéroclite de soldats Yankees, de Noirs affranchis, et de prisonniers de guerre Sudistes qui ne le portent pas dans leur cœur, à commencer par l’excellent Richard Harris. Heston trouve là un rôle très intéressant d’officier obsessionnel, limite antipathique, qui finit par sombrer dans la folie et l’alcoolisme. Alcoolisme qui, sur le plateau, poussera Sam Peckinpah à maltraiter son équipe de tournage, à tel point que Charlton le menaça avec son sabre pour qu’il se calme ! L’acteur n’était cependant pas rancunier et défendit le réalisateur contre le studio Columbia, offrant même de rembourser intégralement son salaire pour permettre à Peckinpah de superviser le montage. Peine perdue hélas, le studio éjecta Peckinpah de la salle de montage et supprima des passages entiers de la descente aux enfers du personnage-titre, pensant que l’image héroïque de Heston était ternie par ce film. Résultat, la construction dramatique de MAJOR DUNDEE souffre gravement de cette mutilation artistique ; néanmoins, le film tient encore bien la route, servi par l’implication de ses acteurs, Heston et Harris en tête.  

Heston jouera aussi cette même année dans L’EXTASE ET L’AGONIE de Carol Reed, où il interprète le peintre Michel-Ange face à Rex Harrison en Pape Jules II – tensions et rivalité psychologique entre deux personnages exceptionnels, liés par la peinture de la Chapelle Sixtine. Une belle réussite, avec la musique inspirée d’Alex North. Enfin, Charlton est LE SEIGNEUR DE LA GUERRE pour Franklin J. Schaffner, un film d’aventures moyenâgeuses très réussi, malheureusement tombé dans l’oubli, brillant par le réalisme de sa reconstitution.  

Charlton Heston campe à nouveau un personnage historique, le Général Charles « Chinese » Gordon (dit « Gordon Pacha ») en 1966 dans KHARTOUM, superproduction de Basil Dearden. L’occasion pour lui de briller de nouveau face à un autre grand comédien, Sir Laurence Olivier dans le rôle du Mahdi, chef religieux musulman intégriste (oui, lui aussi !) ayant mené une révolte au Soudan dans les années 1880s, révolte funeste pour les troupes coloniales britanniques.  

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Puis vint, en 1968, LA PLANÈTE DES SINGES ! Retrouvant Franklin J. Schaffner aux caméras, Charlton y joue l’un de ses meilleurs rôles : l’astronaute misanthrope Taylor, dégoûté de la race humaine, mais bien obligé de la défendre (du moins ce qui en reste) sur cette maudite planète où les singes intelligents ont pris le pouvoir – et nous rendent en quelque sorte la monnaie de notre pièce : chasse, emprisonnement, expérimentations scientifiques, racisme, esclavagisme, censure, menace de castration et d’extermination, le brave Charlton subit tout cela et en réchappe, mais pour découvrir une explication finale aussi épouvantable que marquante ! Personne n’a oublié son cri final, accroupi dans l’eau au bord d’une plage où gît … (la réponse dans l’extrait ci-dessus !). L’une des plus belles réussites du film repose sur le sérieux presque absolu de l’histoire, et de l’interprétation de Charlton, qui subit un éprouvant parcours du combattant ( il dira que ce fut son rôle le plus épuisant ), presque masochiste, et annonciateur d’une sorte de « trilogie de fin du monde » avec deux autres de ses films à venir. En cette même année 1968, Charlton sera aussi WILL PENNY LE SOLITAIRE, un beau western mélancolique de Tom Gries, hélas rarement diffusé, dans lequel l’acteur dira avoir eu son meilleur rôle, celui d’un cowboy vieillissant, forcé par ses employeurs de chasser une mère et son fils réfugiés dans les montagnes, mais qui finalement préfère partager leur vie. 

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Au début des années 70, Charlton est toujours là, fidèle au poste, dans des films souvent moins prestigieux que la décennie précédente, mais qui comptent aussi leurs réussites. Ainsi en 1971, il est THE OMEGA MAN (LE SURVIVANT), film de Boris Sagal, d’après I AM LEGEND de Richard Matheson. C’est son second film « apocalyptique » après LA PLANÈTE…, où il campe le docteur Robert Neville, qui a inexplicablement survécu au virus meurtrier ayant anéanti l’Humanité – sauf des survivants ayant mutés en créatures vampiriques. Sans être un chef-d’œuvre, ni même un modèle de respect du roman de Matheson, THE OMEGA MAN se laisse encore regarder, grâce à son sujet et l’implication professionnelle de « Chuck », ici une nouvelle fois malmené par des « proto-vampires » mal intentionnés. Sa « trilogie apocalyptique » se conclut en beauté heureusement, avec SOYLENT GREEN / Soleil Vert, chef-d’œuvre d’anticipation et d’angoisse de 1973, dû à Richard Fleischer. Plus les années passent, et plus les thèmes du film sont d’actualité, hélas : pollution effrénée, épuisement des ressources naturelles, surpopulation, existence d’une petite caste de privilégiés contrôlant le marché de l’alimentation (modifiée) pour son profit, crise du logement, incapacité policière, pauvreté, chômage, esclavagisme sexuel, violence, euthanasie « légalisée », crise des retraites et impossibilité de prendre en charge le Troisième Âge… le film évoque tout cela magistralement, via une enquête policière menée par Charlton qui va aboutir à une nouvelle et terrorisante révélation sur la nature du fameux Soleil Vert (ou Soylent Green). Là encore, pour ceux qui n’auraient jamais vu le film, je ne dirais rien de plus, si ce n’est que cette révélation m’avait terrifié étant gosse… Charlton a de très belles scènes avec son vieil ami, le génial Edward G. Robinson, dont ce fut le dernier film. Notamment un savoureux moment muet où les deux complices goûtent aux joies d’un véritable repas « à l’ancienne » – leurs réactions et leur gestuelle sont inoubliables.  

À partir de là, la carrière de Charlton Heston va connaître un certain déclin. Encore que la star soit encore très populaire durant les 70’s, notamment dans LES TROIS MOUSQUETAIRES et ON L’APPELAIT MILADY de Richard Lester (où il joue le Cardinal de Richelieu), et dans plusieurs films-catastrophes : SKYJACKED / ALERTE A LA BOMBE de John Guillermin (1972), AIRPORT 75 (1974) (le film qui inspirera aux ZAZ le scénario de Y-A-T’IL UN PILOTE DANS L’AVION ?), TREMBLEMENT DE TERRE de Mark Robson (1974) ( où il retrouve Ava Gardner hélas bien marquée par l‘alcool, sauve Los Angeles mais, surprise, meurt à la fin ), et GRAY LADY DOWN / SAUVEZ LE NEPTUNE (1978) de David Greene ; plus le film de guerre LA BATAILLE DE MIDWAY (1976), soit des superproductions où il fait toujours son travail d’acteur professionnel, mais sans réelle prise de risques.  

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Atteignant la soixantaine, Charlton Heston prendra une semi-retraite hors du cinéma en 1982, continuant à jouer à la télévision, jusqu’aux années 1990s où on le retrouve occasionnellement, mais avec plaisir, dans des seconds rôles, des apparitions surprise, et des narrations aisément reconnaissables avec sa voix prophétique (c’est lui qui par exemple annonce l’anéantissement de la terre au début d’ARMAGEDDON de Michael Bay !). Une nouvelle génération de réalisateurs a grandi avec ses films, et ne manquera pas à l’occasion de le rappeler devant les caméras. On le verra dans un ultime western, l’intéressant TOMBSTONE de George Pan Cosmatos (1993) avec Kurt Russell et Val Kilmer en Wyatt Earp et Doc Holliday. Il fait aussi une apparition caméo hilarante dans WAYNE’S WORLD 2, montrant à Mike Myers ce que c’est, un grand acteur ! Voir extrait – parodiant LE LAUREAT avec Dustin Hoffman – ci-dessus… L’année suivante, il fait un second rôle savoureux dans le TRUE LIES de James Cameron – cigare au bec et bandeau sur l’œil, façon Nick Fury (personnage de soldat-espion bien connu des fans des Marvel Comics), il est le patron râleur et bourru d’Arnold Schwarzenegger. En 1995, John Carpenter lui fait tourner quelques scènes de son dernier grand film, IN THE MOUTH OF MADNESS / L’ANTRE DE LA FOLIE – éditeur inconscient de romans d’horreur, Charlton ignore qu’il déclenche l’Horreur sur Terre en vendant les droits d’un best-seller d’épouvante à la H.P. Lovecraft au cinéma ! Drôle !  

Charlton se paiera le luxe d’une double apparition dans l’excellent film d’Oliver Stone, ANY GIVEN SUNDAY / L’ENFER DU DIMANCHE – réflexion intelligente, ironique et épique aussi sur les jeux du cirque moderne que sont les matchs de foot américain. D’où l’apparition d’un extrait de BEN-HUR, puis celle de Charlton en chair et en os, dans le rôle du Président de la Commission, qui « ferme le clapet » de la vénale business woman jouée par Cameron Diaz avec l’aisance des grands seigneurs ! Enfin, Charlton se fendra d’une dernière apparition marquante, en 2001 : son caméo maquillé dans LA PLANÈTE DES SINGES de Tim Burton – une scène monumentale (détournant son monologue final du film de Schaffner) avec Tim Roth autour du seul objet témoignant de l‘existence de l’intelligence humaine : un revolver !   

Car, oui, Charlton Heston fut aussi ces dernières années un ardent Républicain, président de la décriée NRA, et un patriote fervent. Autant de « qualités » suspectes aux yeux d’une certaine presse, des bien-pensants et de ce charlatan manipulateur de Michael Moore qui tenta de le ridiculiser dans son navrant BOWLING FOR COLUMBINE. Il est hélas regrettable que ce film ait complètement déformé l’image publique de Charlton Heston, faisant de l’homme un crétin raciste tirant sur tout ce qui bouge. Ce qui était exactement l’opposé du vrai Charlton Heston, décrit par ceux qui l’ont croisé comme un gentleman, honnête, cultivé et droit dans ses bottes. Un homme qui certes aimait les armes à feu (chose souvent très mal comprise dans notre beau pays), mais qui a marché aux côtés de Martin Luther King pour les Droits Civiques en 1963, et toujours respecté les opinions contraires aux siennes. Et surtout, et c’est le plus important, un homme à respecter pour son travail – celui d’un acteur qui aura rassemblé les foules du monde entier dans une série de classiques indémodables.  

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Charlton Heston, dit « Chuck », le dernier Chevalier du Cinéma, vient de rejoindre son Créateur. Celui-ci aura sûrement un rôle écrit pour lui !

5 commentaires à “« Et pourtant, j’ai toujours soif. » – Charlton Heston (1924-2008 )”


  1. 0 danielle libiez 27 juin 2011 à 14:50

    Merci pour cette présentation de Charlton Heston, présentation qui remets quelques pendules à l’heure…J’ai eu la chance d’avoir un « petit » échange de courrier avec cet acteur que j’ai toujours admiré et je pense vraiment que c’était » un type bien »

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  2. 1 kingludo 27 juin 2011 à 18:32

    Hé bien merci Danielle (vous permettez que je vous appelle Danielle ?) pour ce commentaire sympathique !

    Personnellement, je n’ai jamais pu croiser ce grand acteur… Un vieil ami à moi, ancien réalisateur et écrivain de cinéma, a par contre pu eu la chance d’échanger quelques mots avec lui, au Festival de Deauville en 1982. C’est lui qui m’a confirmé, lorsque j’ai écrit ce texte, que la réputation de gentleman de Charlton Heston n’était pas un mythe. C’était un vrai prince, courtois et intelligent. Rien à voir avec l’image négative qu’on a voulu lui coller dans ses dernières années !

    Désolé, au fait, si plusieurs extraits vidéos de ses films que j’avais sélectionné ont été désactivés, pour des raisons de droits…

    Ludovic Fauchier, alias « kingludo »

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  3. 2 François 25 juil 2012 à 20:46

    Un immence MERCI à Charlton Heston, il fut l’un de mes acteur préféré, j’ai toujours admiré ce grand homme. Il est dommage d’avoir supprimé c’est quelques vidéo, mais voila, c’est toujours une question de pognons.
    Francois

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  4. 3 Claudine 12 mai 2014 à 22:46

    Merci pour ce superbe hommage. Charlton Heston
    est mon acteur préféré et je revois toujours
    ses films avec émotion. Ben-Hur et le Seigneur
    de la guerre sont ceux qui m’ont le plus touché, ainsi que Soleil Vert.Je crois également que c’était un homme bien, un vrai
    gentleman. Claudine

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  5. 4 France Darnell 23 jan 2015 à 19:29

    Je découvre votre blog et je vous remercie de parler si bien de Charlton Heston, mon premier amour de cinéma lorsque je l’ai découvert dans « Le plus grand chapiteau du monde » en 1953 ou 1954, j’avais 17 ans. Hier, j’ai créé un blog pour lui rendre hommage. Je possède environ 40 films de « Chuck » et bien sûr, je publie des photos extraites des films. Je ne sais pas si vous savez, que « Major Dundee » est ressorti en DVD, entièrement restauré et complet, ils ont intégré les parties censurées à l’époque, ce qui en fait un film magnifique et plus compréhensible.
    Voici le lien de mon blog :
    http://charlton-heston.eklablog.com/accueil-chuck-c25949344
    cordialement.

    Répondre

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