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Archives pour septembre 2008

« Raindrops Keep Fallin’On My Head » – Paul Newman 1925-2008

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« Une époque vient de se terminer. Paul Newman était un géant grand et humble. Il disait qu’il devait tout à la chance, mais le reste d’entre nous sait que c’étaient son talent, son intelligence et son cœur généreux qui en ont fait la star qu’il fut. Il devrait être un exemple pour le métier d’acteur parce qu’il semblait s’être fait retirer son ego chirurgicalement . » – Kevin Spacey  

Triste mois de septembre. Si la météo nous garantit un bel été indien, il ne semble pleuvoir que des mauvaises nouvelles sur notre monde. Les attentats continuent, les marchés boursiers s’effondrent. Sur une note plus personnelle, je note que les nouveaux films sortis durant ce fichu mois semblent respirer l’ennui poli (merci le Festival de Cannes) et me découragent d’aller au cinéma. Histoire de déprimer encore plus, j’apprends que Scarlett Johansson vient de se marier… et pour couronner le tout, qu’un grand homme nous a quitté après plus de cinquante années d’une carrière bien remplie.  

Paul Newman s’est éteint à l’âge de 83 ans, ce 26 septembre dernier, des suites d’un cancer du poumon, dans son domicile de Westport, Connecticut. Newman, ce n’était pas juste un acteur talentueux, célèbre pour ses succès qui culminèrent surtout dans les années 1960-70, ni ce sex symbol aux yeux bleus acier qui firent craquer tant de spectatrices – un cliché qui l’agaçait au plus haut point. Pour ceux qui le connaissaient bien, Paul Newman était un homme foncièrement bon, intelligent et au triomphe modeste. Sa carrière ne se cantonna pas au seul métier de comédien, où il imprima de sa forte personnalité nombre de personnages mémorables et de grands films, mais aussi dans d’autres domaines où il s’impliquait totalement et généreusement.  

Paul Leonard Newman est né le 26 janvier 1925 à Sharer Heights, dans l’Ohio, d’un couple de commerçant Juifs, Arthur et Theresa Newman. Dès l’enfance, Paul Newman s’intéressa au théâtre, encouragé en cela par sa mère. Il fit ainsi ses débuts sur scène à l’âge de 7 ans, jouant le bouffon de la cour dans Robin des Bois au théâtre de l’école locale. Diplômé en 1943, il entre brièvement à l’Université de l’Ohio, mais la 2e Guerre Mondiale le pousse à rejoindre l’U.S. Navy. Il s’y engagea dans l’espoir de devenir pilote de chasse, mais ses espoirs furent déçus quand on s’aperçut qu’il était daltonien ! Hé oui, les futurs yeux bleus les plus célèbres du cinéma américain ne percevaient pas les couleurs…  

Mais déjà, le jeune Newman montre qu’il n’est pas du genre à renoncer au premier obstacle. Il devient officier radio et canonnier pour avions bombardiers lance-torpilles dans le Pacifique, servant notamment à bord du bombardier Avenger. Il servit aussi à bord de l’USS Bunker Hill durant la terrible Bataille d’Okinawa, au printemps 1945. Il ne participa pas au combat, retenu en arrière parce que son pilote avait eu une infection à l’oreille. Tout ses équipiers partirent en première ligne et moururent… Après la guerre, Paul Newman termine ses études et obtient le diplôme au Kenyon College en 1949. Il épouse Jackie Witte cette année-là, et ils auront un fils, Scott, en 1950, et deux filles, Susan Kendall (née en 1953) et Stephanie. Paul et Jackie se sépareront en 1958.  

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Ci-dessus : le screen-test historique de Paul Newman et James Dean pour A L’EST D’EDEN.    

Retour en 1949. Le jeune Paul Newman étudie l’art dramatique à Yale, puis rejoint l’école de Lee Strasberg à New York, un certain Actor’s Studio qui va révéler tant de talents durant les décennies suivantes… Newman fait ses débuts à Broadway au début des années 1950, dans la première production de la pièce de William Inge, PICNIC, dont Joshua Logan tirera plus tard un film avec William Holden et Kim Novak. Il retient vite l’attention du public et des critiques, jouant notamment DOUX OISEAU DE JEUNESSE de Tennessee Williams, avec Geraldine Page. Il sera d’ailleurs en 1962 la vedette, toujours avec Geraldine Page, de l’adaptation filmée homonyme, signée Richard Brooks. Entre 1952 et 1954, Paul Newman fait aussi plusieurs apparitions dans des pièces filmées à la télévision. Le jeune comédien passe bien à l’image, et se fait vite remarquer par Hollywood. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas très enthousiaste de venir à Los Angeles… Il y tourne en 1954 son premier film, LE CALICE D’ARGENT, un péplum de Victor Saville avec Virginia Mayo, Pier Angeli et Jack Palance. S’il reçoit des critiques positives pour ses débuts, Newman déclarera clairement détester ce film, ne supportant pas de se voir en tunique ! Avec les années, il continuera à rire de ses débuts mal engagés à Hollywood… En 1955, il auditionne pour le rôle d’Aron Trask dans un screen-test d’A L’EST D’EDEN, en compagnie de James Dean. La bobine deviendra un véritable objet de collection par la suite. Newman ne sera pourtant pas choisi par le réalisateur Elia Kazan, qui lui préfère Richard Davalos. Cette même année, Newman jouera aussi une pièce de théâtre télévisée, filmée en couleur et en direct, OUR TOWN de Thornton Wilder, avec Eva Marie Saint et Frank Sinatra en personne.  

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Les choses vont vite s’arranger au cinéma pour l’acteur. En 1956, il est à l’affiche de SOMEBODY UP THERE LIKES ME / Marqué par la Haine, magnifique film de Robert Wise sur la vie du boxeur Rocky Graziano. Le talent de Newman peut enfin s’exprimer dans un rôle adéquat. Newman ne joue pas, il est Graziano, littéralement. Un petit voyou de New York, violent, solitaire, rebelle à tout et à tous, qui devient dans l’épreuve un véritable être humain en pleine rédemption. Et le premier d’une série de personnages de révoltés mémorables que Newman saura par la suite incarner à la perfection. Soit dit en passant, la diction, la gestuelle et les choix vestimentaires de Newman pour ce rôle inspireront délibérément, vingt ans après, un Sylvester Stallone qui y trouvera certainement l’inspiration de son ROCKY…  Newman va enchaîner les films : THE RACK avec Lee Marvin, toujours en 1956 ; l’année suivante, THE HELEN MORGAN STORY / Pour elle un seul homme, du vétéran Michael Curtiz, avec Ann Blyth ; puis UNTIL THEY SAIL avec Jean Simmons, Joan Fontaine, Piper Laurie et Sandra Dee, film signé par son réalisateur de SOMEBODY UP THERE…, Robert Wise. Notons d’ailleurs que Newman travaillera souvent plusieurs fois avec les mêmes réalisateurs et comédiens, signe que l’homme était apprécié pour son professionnalisme et son sens de l’amitié.  

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Ci-dessus : la bande-annonce d’époque de THE LONG, HOT SUMMER / Les Feux de l’été.  

1958 marque une nouvelle étape dans sa vie et dans sa carrière, avec pas moins de trois grands films qui lui valent de nouvelles louanges. Newman obtient le Prix du Meilleur Acteur au Festival de Cannes pour le rôle de Ben Quick dans THE LONG, HOT SUMMER / Les Feux de l’été, une adaptation des nouvelles de William Faulkner signée Martin Ritt, son réalisateur préféré. Il y joue aux côtés d’Orson Welles et d’une charmante comédienne avec qui il s’entend à merveille. Elle s’appelle Joanne Woodward. Paul et Joanne se sont mariés le 29 janvier 1958, marquant ainsi le début d’une solide histoire commune ; chose exceptionnelle dans un milieu où les divorces de célébrités sont légion, ils resteront mariés plus de cinquante ans, jusqu’à son décès. Ils ont eu trois filles : Elinor dite « Nell », née en 1959, Melissa dite « Lissy », née en 1961, et Claire dite « Clea », née en 1965.  

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Ci-dessus : Paul Newman dans la bande-annonce de THE LEFT HANDED GUN / Le Gaucher.  

En cette année 1958, Newman est également applaudi pour sa prestation dans THE LEFT HANDED GUN / Le Gaucher, western atypique d’Arthur Penn, où il joue un Billy The Kid torturé par ses démons intérieurs. Et il décroche sa première nomination à l’Oscar du Meilleur Acteur pour le rôle de Brick Pollitt dans LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT, adaptation de la pièce de Tennessee Williams par Richard Brooks, où il forme un couple mémorable avec Elizabeth Taylor. Plus anodin, RALLYE ‘ROUND THE FLAG, BOYS !, comédie de Leo McCarey, lui permet de jouer pour la seconde fois avec Joanne Woodward, et Joan Collins.

Après THE YOUNG PHILADELPHIANS de Vincent Sherman en 1959, Paul Newman joue dans deux films en 1960. DU HAUT DE LA TERRASSE, de Mark Robson, son troisième film avec Joanne Woodward, et le célèbre EXODUS d’Otto Preminger, avec Eva Marie Saint et Ralph Richardson. Dans ce grand drame épique et controversé sur la naissance difficile de l’état d’Israël, Newman tient le rôle d’Ari Ben Canaan, un membre de la Hagana qui ne s’en laisse pas compter, ni par les militaires Britanniques ni par les extrémistes Palestiniens, pour emmener des milliers de rescapés de la Shoah vivre dans la paix en Terre Promise.  

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La décennie cinématographique des années 60 sera faste. En 1961, il joue « Fast Eddie » Felson, dans THE HUSTLER / L’Arnaqueur de Robert Rossen, avec Jackie Gleason, Piper Laurie et George C. Scott. Interprétation magistrale d’un virtuose du billard dont le talent excite la convoitise des bookmakers, mais dont le caractère ingérable finit par détruire son amour naissant pour la jeune femme écrivain alcoolique campée par Laurie. Le rôle d’Eddie lui vaut une seconde nomination à l’Oscar, ainsi qu’au Golden Globe du Meilleur Acteur. Il retrouve Joanne Woodward sur le plateau de PARIS BLUES de Martin Ritt, dont ils partagent l’affiche avec Sidney Poitier et la légende du jazz, Louis Armstrong en personne.  

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Ci-dessus : un extrait de HUD / Le Plus Sauvage d’Entre Tous. Hud (Newman) n’aime ni les vautours, ni la Loi…    

 

L’année suivante, Newman retrouve donc l’univers de Tennessee Williams, Richard Brooks et Geraldine Page pour DOUX OISEAU DE JEUNESSE. Le rôle de Chance Wayne pour ce film lui vaut une seconde nomination au Golden Globe du Meilleur Acteur. Martin Ritt le retrouve pour un second rôle, dans HEMINGWAY’S ADVENTURES OF A YOUNG MAN qui lui vaut une nomination simultanée, cette fois-ci en tant que Meilleur Acteur dans un Second Rôle ! Mais toujours pas de récompense suprême… 1963 le voit briller de nouveau devant les caméras de Martin Ritt. Il est HUD / Le Plus Sauvage d’Entre Tous – face à Melvyn Douglas et Patricia Neal. Ce drame un peu pesant (l’atmosphère étouffante du Texas y est sûrement pour quelque chose) lui permet d’incarner Hud Bannon, un cow-boy paumé, alcoolique, indiscipliné et violent. Un personnage détestable certes, mais le talent de Newman le rend presque sympathique, et lui vaut deux nouvelles nominations comme Meilleur Acteur, pour l’Oscar et le Golden Globe.  

Viennent ensuite A NEW KIND OF LOVE, une comédie de Melville Shavelson, avec Joanne Woodward (5e film ensemble) et le thriller THE PRIZE / Pas de Lauriers pour les Tueurs avec Elke Sommer et Edward G. Robinson sous les caméras de Mark Robson. Il enchaînera les années suivantes WHAT A WAY TO GO ! de J. Lee Thompson, comédie musicale avec Shirley MacLaine, Robert Mitchum, Dean Martin et Gene Kelly ; L’OUTRAGE, de l’ami Martin Ritt, remake « western mexicain » de RASHÔMON, avec Laurence Harvey, Claire Bloom et Edward G. Robinson ; et LADY L de Peter Ustinov, avec Sophia Loren et David Niven. En 1966, Paul Newman remporte un grand succès avec HARPER / Détective Privé de Jack Smight, avec Lauren Bacall, Janet Leigh et Robert Wagner.  

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Puis il tourne avec Julie Andrews dans LE RIDEAU DÉCHIRÉ du Maître du Suspense Alfred Hitchcock. Malheureusement, le style de jeu très intense de Newman, avec ses techniques héritées de l’enseignement de l’Actor’s Studio, ne se lie pas très bien avec les exigences de mise en scène de Hitchcock, qui privilégiait les « plans neutres » de la part de ses acteurs-vedettes. Le film, distrayant mais bancal, n’emporte pas l’adhésion totale du spectateur. Reste toutefois une séquence-choc mémorable, où Paul Newman doit réduire coûte que coûte au silence un sinistre agent de la Stasi dans une ferme est-allemande… Une des scènes hitchcockiennes de meurtre les plus impressionnantes qui soit, par sa longueur, sa brutalité (pour l’époque) et les différentes « armes » employées par Newman et sa complice pour éliminer l’espion ! Voir la séquence ci-dessus, avec la musique de Bernard Herrmann, rejetée par Hitchcock.  

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Dans le western HOMBRE, où il tient le rôle de John Russell, un « Indien Blanc », Newman retrouve son réalisateur fétiche Martin Ritt, qui l’oppose au médecin véreux Fredric March et à un affreux desperado campé par Richard Boone. Et l’acteur triompe avec l’un des meilleurs « films de prison », LUKE LA MAIN FROIDE, où il joue avec George Kennedy sous la direction de Stuart Rosenberg. Une nouvelle fois nominé à l’Oscar et au Golden Globe, Newman campe un de ses meilleurs rôles de rebelles avec le personnage de Luke. Les moments d’anthologie sont nombreux dans ce classique qui ne vieillit pas – notamment la séquence où Luke parie qu’il peut engloutir cinquante œufs durs en une heure. L’acteur releva réellement le défi, à s’en distordre l’estomac, comme vous pouvez le voir ci-dessus !  

En dehors des écrans, Paul Newman est aussi présent dans les combats politiques. Fervent démocrate, il soutient activement la campagne d’Eugene McCarthy en 1968… et se retrouve du coup sur la liste des ennemis politiques de Richard Nixon ! Signalons par ailleurs que Newman maintiendra jusqu’au bout ses convictions démocratiques, et fut aussi un défenseur des droits des homosexuels.  

Toujours en 1968, après avoir joué dans une comédie militaire de Jack Smight, THE SECRET WAR OF HARRY FRIGG / Évasion sur Commande, Newman passe à la réalisation, signant le joli drame RACHEL, RACHEL, avec sa chère Joanne Woodward. Cela lui vaut de décrocher enfin le Golden Globe… du Meilleur Réalisateur ! Plus une nomination à l’Oscar du Meilleur Réalisateur. Ensuite, Newman retrouve Joanne Woodward et Robert Wagner pour jouer dans WINNING / Virages, de James Goldstone. C’est en préparant le tournage de ce film axé sur les sports automobiles que Paul Newman s’enthousiasmera pour les courses d’endurance, et deviendra un véritable pilote professionnel en 1972. Il finira second aux 24 Heures du Mans en 1979, et, à l’âge de 70 ans, sera le plus vieux vainqueur d’une course automobile aux 24 Heures de Daytona, en 1995 !  

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Mais c’est surtout le film suivant qui va demeurer dans les esprits : BUTCH CASSIDY ET LE KID, de George Roy Hill lui permet de jouer avec son jeune collègue Robert Redford. Sans oublier Katharine Ross, qu’il séduit à l’écran à vélo, avec la célèbre chanson de Burt Bacharach, « Raindrops Keep Fallin’On My Head » ! Voir la séquence di-dessus (pardon pour la mauvaise qualité d’image, ravagée par le Pan&Scan…). Newman est un Butch Cassidy malicieux et inconscient, un incorrigible rêveur qui forme avec Sundance Kid (Redford) un duo inoubliable. Truffé de morceaux de bravoure, ce western tragicomique fait de Redford une star et consacre Newman comme l’un des acteurs les plus aimés de l’époque. La décennie se conclut en compagnie de Joanne Woodward dans le drame de Stuart Rosenberg, WUSA, où ils jouent avec Anthony Perkins et Laurence Harvey.  

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Les années 1970s arrivent, et Paul Newman continue à tourner, devant et derrière la caméra. Il signe en 1971 son second film en tant que réalisateur, le drame d’aventures SOMETIMES A GREAT NOTION / Le Clan des Irréductibles, qui lui permet de jouer avec une légende de l’écran, Henry Fonda. L’année suivante, Stuart Rosenberg le dirige à nouveau dans le western humoristique POCKET MONEY / Les Indésirables, où il retrouve Lee Marvin 16 ans après THE RACK. Paul Newman incarne à merveille cette année-là une autre grande figure du Far-West, Roy Bean dit « le Juge ». THE LIFE AND TIMES OF JUDGE ROY BEAN / Juge et Hors-la-Loi, écrit par John Milius et réalisé par John Huston, le met en valeur dans un western désabusé et comique, où l’acteur s’amuse bien dans le rôle-titre. Enfin, cette même année, Newman signe son troisième film en tant que cinéaste, DE L’INFLUENCE DES RAYONS GAMMA SUR LE COMPORTEMENT DES MARGUERITES, toujours avec Joanne Woodward, et leur fille Nell Potts.  

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Ci-dessus : la bande-annonce de THE STING / L’Arnaque.  

En 1973, Newman retrouve John Huston comme réalisateur pour THE MACKINTOSH MAN / Le Piège, dont il partage l’affiche avec Dominique Sanda et James Mason. Mais il connaît surtout son plus grand succès avec THE STING / L’Arnaque. La belle équipe de BUTCH CASSIDY est de retour – Robert Redford est de l’aventure pour « plumer » un mémorable méchant gangster joué par Robert Shaw, toujours sous les caméras de George Roy Hill. La complicité de Newman et Redford fait toujours plaisir à voir, même s’ils se font quelque peu voler la vedette par Shaw. Le film récolte une pluie d’Oscars… mais Paul Newman n’est même pas nominé !  

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Ci-dessus : la bande-annonce de SLAP SHOT / La Castagne.  

Nouveau grand succès public pour Newman l’année suivante avec LA TOUR INFERNALE. LE film-catastrophe le plus réussi de la décennie, dû au producteur Irwin Allen et au réalisateur John Guillermin, qui place Paul Newman en architecte héroïque, pris au piège du monstrueux incendie qui ravage le gratte-ciel qu’il a construit. En tête d’un casting de superstars, Newman partage la vedette avec son grand rival au box-office, Steve McQueen ! En 1975, Newman interprète à nouveau le détective privé Lew Harper, neuf ans après HARPER. THE DROWNING POOL / La Toile d’Araignée lui fait partager l’affiche pour la huitième fois avec son épouse Joanne Woodward, sous les caméras de Stuart Rosenberg avec qui il travaille pour la quatrième fois. Noter aussi dans le casting la présence d’une petite jeunette avec qui il retravaillera des années après, Melanie Griffith.

L’année suivante, Paul Newman rajoute un personnage supplémentaire à sa « collection » d’anti-héros de l’Ouest : il est la vedette de BUFFALO BILL ET LES INDIENS de Robert Altman, avec Geraldine Chaplin, Harvey Keitel et Burt Lancaster. Malheureusement, le film, sorti l’année du bicentenaire américain, est très mal reçu, malgré la prestation de l’acteur. Newman retrouve George Roy Hill en 1977, sans Robert Redford, cette fois, pour SLAP SHOT / La Castagne – une sympathique comédie sportive où Newman est le coach désabusé d’une équipe de hockeyeurs bras cassés.  

En novembre 1978, Paul Newman connaît une terrible tragédie. Son fils de 28 ans, Scott, meurt d’une overdose accidentelle. En souvenir de son fils, Newman créera le Scott Newman Center, pour aider les victimes de la drogue à s’en sortir. Il retrouve en 1979 les caméras de Robert Altman pour le film de science-fiction QUINTET, au casting international comprenant Vittorio Gassman, Fernando Rey, Bibi Andersson et Brigitte Fossey. On passera poliment sur son film suivant, WHEN THE TIME RAN OUT… / Le Jour de la Fin du Monde, de James Goldstone, avec Jacqueline Bisset et William Holden… un film-catastrophe qui, de l’avis général, mérite bien son nom. Newman signe en tant que réalisateur le téléfilm THE SHADOW BOX, avec Joanne Woodward et Christopher Plummer.  

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En 1981, Paul Newman reçoit de nouvelles louanges pour ses interprétations dans FORT APACHE THE BRONX / Le Policeman, de Daniel Petrie, et ABSENCE DE MALICE, un drame Sydney Pollack, avec Sally Field, qui lui vaut une nouvelle nomination à l’Oscar. Il fait ensuite une apparition dans un téléfilm, COME ALONG WITH ME, où, cette fois-ci, c’est son épouse qui le dirige ! Surtout, Newman est extraordinaire dans le rôle de Frank Galvin, dans LE VERDICT de Sydney Lumet, avec Charlotte Rampling et James Mason. Deux nouvelles nominations à l’Oscar, et au Golden Globe du Meilleur Acteur, mais toujours pas de récompense…  

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Ci-dessus : superbe prestation de Paul Newman dans ce court extrait du VERDICT.  

Actif sur tous les fronts, Paul Newman fonde en 1982 avec l’écrivain A.E.Hotchner la Newman’s Own, une marque de produits alimentaires naturels, dont tous les profits, après taxes, seront reversés à des œuvres de charité. Un succès immense (plus de 200 millions de dollars en donations au début de l’année 2006), sur lequel il a écrit avec Hotchner un mémore savoureusement intitulé « Exploitation Éhontée en Faveur du Bien Commun » ! Citons aussi ce commentaire très pince-sans-rire de Mr Newman lui-même : « Une fois que vous voyez votre visage sur une bouteille de garniture pour salade, cela devient difficile de se prendre au sérieux. »  

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Ci-dessus : Eddie Felson (Paul Newman) affronte son ancien poulain Vincent Lauria (Tom Cruise) dans LA COULEUR DE L’ARGENT.

En 1984, Paul Newman se dirige lui-même dans le drame HARRY & SON / L’Affrontement, avec Joanne Woodward, Ellen Barkin et Morgan Freeman. Centré sur les difficiles relations entre un père et son fils, le film compte beaucoup pour Newman, qui y voit là l’occasion d’évoquer en filigrane la perte de son fils survenue six ans plus tôt. 1986 marque enfin la consécration professionnelle de Paul Newman. Lauréat d’un Oscar Honoraire, il tourne cette année-là LA COULEUR DE L’ARGENT de Martin Scorsese. 25 ans après L‘ARNAQUEUR, Newman retrouve le rôle de « Fast Eddie » Felson, vieilli et mûri, et qui replonge pour protéger un jeune virtuose du billard en qui il se reconnaît. L’occasion pour Newman d’être ici le mentor-rival d’une jeune star montante, Tom Cruise, lui-même un grand amoureux des courses automobiles. Nominé au Golden Globe, Newman décroche enfin le fameux Oscar du Meilleur Acteur. Sans vouloir méjuger la prestation du comédien, toujours aussi intense, on ne peut toutefois s’empêcher de penser qu’il s’agit là d’un Oscar « de compensation » permettant à l’Académie de corriger les oublis passés. Newman n’en a cure, toutefois, et continue de travailler, la soixantaine passée. L’année suivante, il réalise LA MÉNAGERIE DE VERRE ( revoilà l’univers de Tennessee Williams ), dirigeant Joanne Woodward, John Malkovich et Karen Allen.

En 1988, Paul Newman fonde le Hole in the Wall Gang Camp, un camp d’été résidentiel pour enfants malades, nommé d’après le gang de BUTCH CASSIDY & LE KID. La réussite de ce nouveau projet se traduit par la fondation d’autres camps « Hole in the Wall » aux USA, en Irlande, en France et en Israël, au service de milliers de petits malades, accueillis gratuitement. Parmi ses activités humanitaires suivantes, signalons que Paul Newman donnera 250 000 $ en Juin 1999 pour aider des réfugiés au Kosovo, et qu’il donnera 10 millions de dollars à son ancien lycée, le Kenyon College, afin d’établir un fond de bourse d’études suffisant.  

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Ci-dessus : la bande-annonce de FAT MAN AND LITTLE BOY / Les Maîtres de l’Ombre.  

Paul Newman est excellent dans deux films un peu oubliés, datant de 1989 : FAT MAN AND LITTLE BOY / Les Maîtres de l’Ombre, de Roland Joffé, avec John Cusack et Laura Dern, où il campe le Général Leslie R. Groves, chargé de diriger le Projet Manhattan menant à la création de la Bombe Atomique durant la 2e Guerre Mondiale. Et il est le truculent Gouverneur Earl K. Long dans BLAZE, de Ron Shelton, avec la pulpeuse Lolita Davidovich. Puis il retrouve, pour la 10e fois à l’écran, sa chère Joanne Woodward, dans le drame Mr. & Mrs. BRIDGE de James Ivory, avec Joanne Woodward.  

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Dans les années 1990 et 2000, Paul Newman va raréfier ses apparitions à l’écran, mais saura toujours prouver qu’il reste un acteur de premier plan. Il revient au cinéma en 1994 avec la comédie des frères Coen THE HUDSUCKER PROXY / Le Grand Saut, avec Tim Robbins et Jennifer Jason-Leigh. Dans cette farce démesurée directement inspirée des classiques de Frank Capra, Newman met toute sa malice à jouer un vieux grigou de la finance au nom improbable, Sidney J. Mussburger ! Ses plans machiavéliques pour récupérer l’entreprise de son défunt associé se voient déjoués par la naïveté d’un grand benêt joué par Robbins, et son invention révolutionnaire, le houla-hop… Cette même année, Newman est brillant en vieux retraité escroc irresponsable, dans NOBODY’S FOOL / Un Homme Presque Parfait de Robert Benton, avec Jessica Tandy, Melanie Griffith, Bruce Willis et Philip Seymour Hoffman.

Deux nouvelles nominations à l’Oscar et au Golden Globe du Meilleur Acteur. Il jouera à nouveau sous la direction de Benton en 1998, dans le thriller TWILIGHT / L’Heure Magique, avec Susan Sarandon, Gene Hackman, Reese Witherspoon et James Garner. En 1999, on le retrouve avec Kevin Costner et Robin Wright Penn dans UNE BOUTEILLE A LA MER de Luis Mandoki, puis l’année suivante, bon pied bon œil dans WHERE THE MONEY IS / En Toute Complicité de Marek Kanievska, avec la belle Linda Fiorentino.  

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Ci-dessus : la confrontation entre Michael Sullivan (Tom Hanks) et John Rooney (Paul Newman) dans ROAD TO PERDITION / Les Sentiers de la Perdition.

Puis, en 2002, Paul Newman va livrer sa dernière apparition au cinéma. Et, par la même occasion, sortir par la grande porte ! Il est le parrain de la pègre irlandaise John Rooney dans le superbe ROAD TO PERDITION / Les Sentiers de la Perdition, de Sam Mendes. Un patriarche déchiré par son amour paternel pour ses deux fils – le « vrai » fils biologique, héritier de l’empire criminel des Rooney, un vrai psychopathe joué par Daniel Craig, et le fils « illégitime », Michael Sullivan, joué par Tom Hanks, exécuteur des basses œuvres, tueur professionnel consciencieux, mais qu’un drame pousse à la révolte sanglante. Newman est magistral dans chacune de ses scènes. Qu’il soit un affectueux papy matois jouant aux dés avec les fils de Sullivan, qu’il soit en train de jouer au piano en silence avec Hanks dans une des meilleures scènes du film, ou encore qu’il roue de coups Craig avant de le serrer dans ses bras, Paul Newman apporte une dimension shakespearienne exceptionnelle. Et cela lui vaudra d’être à nouveau nominé à l’Oscar et au Golden Globe du Meilleur Acteur dans un Second Rôle.  

Sa dernière scène, celle, splendide, de la fusillade sous la pluie dans …PERDITION, ne marquera pas toutefois la fin de son travail de comédien. Paul Newman continuera jusqu’au bout à travailler. En 2003, il campe le Juge Earl Warren dans la minisérie TV FREEDOM : A HISTORY OF US, où il joue le Juge Earl Warren – parmi une pléiade d’immenses comédiens. À Broadway, il reprend le rôle jadis tenu par Frank Sinatra dans OUR TOWN de Thornton Wilder. La pièce, diffusée ensuite à la télévision, est un grand succès et lui vaut une nomination aux Tony Awards et aux Emmy Awards. En 2005, il partage l’affiche du téléfilm de Fred Schepisi EMPIRE FALLS, avec Ed Harris, Philip Seymour Hoffman, Helen Hunt, Robin Wright Penn… et, bien sûr, Joanne Woodward. Bien qu’ils ne jouent pas dans les mêmes séquences, ils sont ainsi réunis pour la dernière fois dans un générique. Et Newman obtient l’Emmy Award et le Golden Globe du Meilleur Acteur dans un Second Rôle pour un Téléfilm !  

Enfin, Paul Newman prêtera sa célèbre voix rocailleuse à plusieurs films : une production IMAX sur la conquête de la Lune, MAGNIFICENT DESOLATION avec Tom Hanks, Matt Damon et Morgan Freeman. Toujours grand amateur de courses automobiles, Newman terminera sa carrière dans deux films liés à sa passion : en 2006, il est la voix de Doc Hudson (surnommé « Hud », clin d’oeil à l’un de ses rôles les plus mémorables), le vieux bolide bourru de CARS, le film Pixar de John Lasseter, où il domine l’ensemble du casting vocal ; et, enfin, il sera le narrateur du film DALE consacré au champion de courses automobiles Dale Earnhardt.  

Paul Newman annonce officiellement qu’il prend sa retraite du métier d’acteur le 25 mai 2007. Il devait réaliser pour le théâtre une adaptation du roman de John Steinbeck, DES SOURIS ET DES HOMMES, au Westport Country Playhouse, mais dût y renoncer en mai 2008. Le cancer, hélas, le gagnait.  

Les cinéphiles du monde entier auront une pensée affectueuse pour sa femme, Joan Woodward, ses filles et toute sa famille. Pour ma part, je n’arrête pas de siffloter « Raindrops Keep Fallin’On My Head »…  

Au revoir, Mr. Paul Newman.

Sous un masque de contentement – THE DARK KNIGHT – Partie 2

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Entre ces deux nouveaux personnages, notre Batman courrait le risque de se retrouvé éclipsé par ses adversaires, ou mis en retrait des évènements. Il n’en est heureusement rien, même si la donne a changé. BATMAN BEGINS respectait finalement à la lettre le code du genre super-héroïque, qui veut que le premier film soit celui des origines, et mette en avant sa psychologie pour mieux poser ensuite sa stature de héros (un peu le schéma du SUPERMAN de Richard Donner ou du SPIDER-MAN de Sam Raimi). Le second film oppose le héros à un ennemi nettement plus puissant, et pousse généralement celui-ci à un choix cornélien et décisif – pour schématiser à partir des deux exemples précédents, leurs suites suivent le même modèle, les protagonistes sacrifiant leur identité symbolique de héros par amour. Avec THE DARK KNIGHT, Nolan modifie la donne à sa façon. Il était bien signalé, à la fin du premier film, que le millionnaire playboy Bruce Wayne, la figure publique de Gotham, était le vrai masque sous lequel se cachait Batman, le guerrier vengeur ayant dompté sa folie interne.  

Ici, le héros est définitivement présenté d’emblée sous sa forme iconique de justicier impitoyable, corrigeant une bande de dealers dans un parking, ainsi que son premier ennemi, l’Épouvantail (Cillian Murphy refait ainsi une brève apparition clin d’œil)… et, plus inattendu, une bande de « bat-copieurs » ! Ces imitateurs du justicier sont en fait de pauvres types se prenant pour des vigilantes, des fanatiques prêts à la violence extrême pour combattre les criminels de la cité. L’un d’eux paiera très cher cette admiration pour Batman, et finira torturé et pendu par le Joker – la découverte de son cadavre est d’ailleurs un vrai électrochoc horrifique, digne de la scène de la tête du pêcheur des DENTS DE LA MER de Steven Spielberg… Batman découvre là le contrecoup inattendu de sa célébrité et de sa valeur symbolique : un justicier border line, certes héroïque en diable (Nolan iconise le personnage à plusieurs reprises dans des images sublimes), mais capable d‘erreurs de jugement, entraînant des conséquences dramatiques. Il ne peut empêcher par exemple l’attentat dont Gordon sera la victime accidentelle – séquence évoquant l’assassinat de John Kennedy, ce qui ne manque pas d’ironie quand on se rappelle que l’interprète de Gordon, Gary Oldman, jouait Lee Harvey Oswald dans JFK !…  

Aussi, les moments attendus où le héros doit se démasquer, et sauver sa dulcinée, passages presque indispensables dans les SUPERMAN et SPIDER-MAN précités, sont ici transgressés par Nolan. Bruce Wayne laisse finalement le soin à Harvey Dent, son reflet, son double, de revendiquer l’identité de Batman – ce qui est finalement logique au vu de la personnalité de Dent, on l‘a vu. Quant au sauvetage espéré de la belle en danger, Nolan ose l’impensable dans une production estivale mainstream : dans une séquence sublime, Batman décide de sauver Harvey Dent (symboliquement, le héros officiel de Gotham doit échapper au piège du Joker), sacrifiant du coup Rachel. La malheureuse est réduite en miettes dans l’explosion qui s’ensuit. Du jamais vu à ce niveau. Et très dur à encaisser, psychologiquement, pour un Bruce Wayne que nous verrons ensuite accablé, presque prostré, dans son loft. Il faut toute la force de caractère du fidèle Alfred pour le remettre en selle après ce terrible échec, et le pousser à vaincre l’abominable Joker une bonne fois pour toutes.  

S’ils ne sont que suggérés, les dégâts psychologiques de Batman sont cependant sensibles dans la dernière partie du film : après ce désastre, nous le voyons en proie aux débuts d’une inquiétante tentation. Grâce au « sonar » mis au point par son ami Lucius Fox, Batman se sert de tous les portables de la ville pour localiser le Joker. Intention louable, mais dangereuse, comme le sent justement Fox. À force de vouloir surveiller une cité entière, Batman est à deux doigts de devenir un « Big Brother » policier en puissance. Son allié doit d’ailleurs lui servir de garde-fou éthique pour l’empêcher de basculer dans cette dérive sécuritaire. Il en coûtera d’ailleurs à Batman la perte d’un allié de poids, celui qui protégeait ses activités secrète au sein de sa propre société, et qui lui fournissait ses armes hi-tech. Batman perdra aussi un ami précieux, James Gordon, dans la bataille finale. Au terme d’une magnifique dernière séquence, notre héros s’enfuit dans la nuit. Il a tout perdu : son arme numéro 1, la Batmobile (symboliquement détruite dans le combat contre le Joker) ; ses alliés (à l’exception du fidèle Alfred) ; son alliance occulte avec l’unité policière de Gordon ; et l’amour de sa vie. Privé ainsi de tous ses garde-fous, le Chevalier Noir est livré à un destin incertain. Dans quel état le retrouverons-nous dans un troisième et ultime opus de la saga ?  

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Ci-dessus : la poursuite routière dévastatrice opposant Batman et le Joker.  

Voilà donc évoqués quelques-unes des multiples interprétations possibles du scénario de THE DARK KNIGHT, complexe, dense et maîtrisé de bout en bout. À cela s’ajoute une mise en scène exceptionnelle. Christopher Nolan filme « sans mauvaise graisse », avec un sens du détail et de l’image extrêmement détaillée. Les séquences d’action, bien que quantitativement peu nombreuses, sont parmi les meilleures jamais vues. Aussi attendues qu‘elles puissent être, dans un domaine de cascades finalement assez prévisibles, elles surclassent en puissance visuelle celles de dizaines de blockbusters maintes fois vus. Par exemple, la poursuite routière écrase largement en furie dévastatrice celles d’un TERMINATOR 2 qui fut longtemps considéré comme imbattable dans ce domaine. Les prises de vues en IMAX du chef-opérateur Wally Pfister, jouant sur une profondeur de champ extrême, confèrent à cette scène un style unique. D’un côté, Batman libéré de son tank, et fonçant sur sa moto spéciale comme un cavalier vengeur, et de l’autre le Joker aux commandes de son camion, déchaînant tous les feux de l’Enfer sur son passage, deviennent ainsi deux pures forces primales prêtes à se battre jusqu’à la mort…  

À tous les niveaux techniques, Nolan a su s’entourer de collaborateurs de talent. Les maquilleurs ont su donner une image originale du Joker, putride et terrorisante. Le montage est fluide, rendant le film rapide mais pas illisible, et la photographie est superbe. Même la musique s’est bonifiée : un peu « raides » sur le premier film, Hans Zimmer et James Newton Howard ont su ici se libérer de leurs habitudes pour livrer une musique dynamique et inspirée. Le thème associé au Joker contribue largement à l’impression de folie malsaine du personnage : un long riff de guitare, étendu au-delà des normes, et soudainement traversé de deux brèves notes électrisantes. Simple, mais redoutablement efficace.  

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Terminons ces louanges par le casting. On l’a dit, il est largement dominé par les deux nouvelles têtes. Plongé dans la démence du Joker, Heath Ledger réussit un tour de force – on n’a rarement vu un méchant aussi halluciné et terrifiant depuis des lustres. Certaines de ses idées de jeu sont aussi judicieuses que dérangeantes – cet immonde clapotement de la bouche, par exemple ! Il est certain que sa disparition prématurée va beaucoup se faire sentir sur un éventuel troisième film. Et une nomination à l’Oscar, à titre posthume, est tout à fait envisageable. Quant à Eckhart, il réussit donc une prestation difficile, tour à tour affable, ambigu, tragique ou monstrueux. Christian Bale poursuit sur sa lancée du premier film, avec l’intelligence de jeu qui le caractérise. Il alterne ainsi l’humour à froid (sous le masque de Bruce) et les flambées de violence de Batman, notamment présentes dans l’impressionnante scène de l’interrogatoire. À côté d’eux, signalons la présence d’un revenant, Eric Roberts, le frère aîné de Julia et ancien bad boy des années 80, savoureux en mafioso huileux. J’ai passé sous silence, faute de temps, l’importance du rôle de Gary Oldman, une nouvelle fois excellent, et qui peut ici développer son personnage de flic intègre dans quelques belles scènes. Succédant à la charmante Katie Holmes dans le rôle de Rachel, Maggie Gyllenhaal se montre un petit peu juste par rapport à ses prestigieux collègues, mais se montre touchante dans sa grande scène finale. Morgan Freeman est toujours là pour amener un peu de chaleur et de sagesse humaine, et participe à l’action dans le premier tiers du film. Last but not least, le grand Michael Caine, discret mais toujours présent, tempère de son humour so british à un film somme toute très sombre. Et il a droit à de belles scènes où il se montre être la véritable conscience de notre héros.  

Voilà, j’espère que vous me pardonnerez un texte très long, à la mesure de mon enthousiasme pour le film. Et encore, je n’ai pas pu rajouter tout ce que j’avais à dire sur ce DARK KNIGHT qui est à mes yeux l‘apothéose de la jeune carrière de Christopher Nolan. Il ne reste qu’à espérer que ce dernier rentre de ses vacances méritées pour trouver de nouvelles idées de films (peut-être une adaptation, encore hypothétique, de la fameuse série LE PRISONNIER ?) en attendant un troisième volet de la saga batmanienne. Le Joker est vaincu, mais vivant. Mais, sans Heath Ledger, sera-t-il judicieux de choisir un nouvel interprète pour le rôle ? Faudra-t-il réinventer un nouveau vilain (Catwoman, Pingouin, Riddler…) comme nouvel ennemi de Batman ? Et surtout, qu’en sera-t-il de l’évolution de ce dernier ? Seul Christopher Nolan le sait…  

Ma note : 

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Dr. Ludovico, Asile d’Aliénés d’Arkham

Sous un masque de contentement – THE DARK KNIGHT – Partie 1

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THE DARK KNIGHT / THE DARK KNIGHT : LE CHEVALIER NOIR, de Christopher NOLAN  

L’Histoire :  un an a passé depuis les évènements de BATMAN BEGINS. Sous le masque du justicier Batman, Bruce Wayne a fait arrêter Carmine Falcone, parrain de la mafia de Gotham City, vaincu l‘Épouvantail et tué Ra‘s Al Ghûl, empêchant ce dernier d‘empoisonner la ville avec du gaz toxique. Mais les rues de Gotham ne sont pas plus sûres pour autant…  

Un nouveau criminel fait son entrée en scène : organisant une attaque de banque parfaitement menée, il exécute froidement ses complices et se démasque volontairement devant les témoins horrifiés : voici le Joker, un psychopathe sadique, dénué de toute morale, et amoureux du chaos… De son côté, Batman retrouve et capture l’Épouvantail, ses complices, et des adeptes de la justice expéditive déguisés en lui-même, durant un échange de drogue. Le Lieutenant James Gordon, désigné chef de l’Unité spéciale Anti-Crime de Gotham, le met au courant du braquage de la banque dévalisée par le Joker. Ce dernier s’est enfui en emportant 68 millions de dollars appartenant aux mafieux. Revenu à son identité officielle, le playboy multimilliardaire Bruce Wayne apprend qu’un homme d’affaires véreux, Lau, tente d’escroquer la Wayne Enterprises, et croit échapper à Batman en se rendant à Hong Kong. Lau est en fait l’homme de paille des chefs mafieux de Gotham, à commencer par Salvatore Maroni, le successeur de Falcone. Batman et Gordon doivent ainsi aussi faire confiance à un jeune, ambitieux, séduisant et charismatique nouveau Procureur Général de Gotham : Harvey Dent. « Chevalier Blanc » de la croisade contre le Crime, Dent verrait bien Batman arrêté… et, de plus, il est le petit ami de Rachel Dawes, l’avocate dont Bruce Wayne est amoureux. Si Batman parvient à capturer et ramener Lau à Gordon avec l‘appui du procureur, la situation se dégrade : le Joker passe un accord avec Maroni et les mafieux pour éliminer Batman. Le criminel déploie toute son intelligence machiavélique pour pousser à bout le justicier, et semer la terreur, la destruction et la mort sur Gotham…  

La critique :  

« Je représente l’humanité telle que ses maîtres l’ont faite. L’homme est un mutilé. Ce qu’on m’a fait, on l’a fait au genre humain. On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison, l’intelligence, comme à moi les yeux, les narines et les oreilles; comme à moi, on lui a mis au cœur un cloaque de colère et de douleur, et sur la face un masque de contentement. »  

Gwynplaine dans « L’Homme Qui Rit » de Victor Hugo (1869)  

La dernière scène de BATMAN BEGINS nous annonçait la couleur. L’alliance occulte formée par l’intègre policier Gordon et le justicier de la nuit prenait sous les caméras de Christopher Nolan un tour prophétique, en même temps qu’une intelligente pirouette finale, aux éléments mis en place à la fin de ce brillant premier opus des aventures de Batman. Ce dernier a mis en déroute la Mafia de Gotham, affronté ses pires peurs incarnées par l’Épouvantail, et symboliquement tué son mentor, Henri Ducard / Râ’s Al Ghul, dans le métro créé jadis par son père assassiné. Un dialogue judicieux prononcé par Gordon allait faire le lien entre ce film et THE DARK KNIGHT : l’escalade dans la violence des affrontements flics-criminels de Gotham devait mener à la naissance d’un héros comme Batman… et entraîner une riposte à la mesure. L’homme chauve-souris ayant freiné l’entropie corruptrice qui régnait dans la cité, en frappant de terreur les criminels ordinaires, ce deuxième opus serait donc celui d’un affrontement impitoyable entre le « Chevalier Noir » et un ennemi à sa mesure. Mesdames et messieurs, le Joker est dans la place !  

L’annonce de son apparition dans ce second volet, ainsi que d’un autre personnage fondamental de l’univers « batmanien », Harvey Dent alias Two-Face, plaçait donc très haut les attentes du public envers THE DARK KNIGHT et son maître d’œuvre, le jeune et surdoué Christopher Nolan. Attentes comblées au-delà de toutes espérances : le film est un triomphe mondial, et surpasse magistralement un BATMAN BEGINS pourtant déjà réussi !  

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Le film démarre sur les chapeaux de roue, via une magistrale scène de braquage prétexte à l‘entrée en scène du bad guy absolu que représente le Joker dans ce film. Situant toujours l’univers de Batman dans un domaine urbain, réaliste, Nolan place délibérément des hommages directs à quelques-uns des grands films criminels. Le rythme tendu, la musique atmosphérique, la photo aux tons métalliques renvoient à la référence filmique absolue en matière de braquage de banque : HEAT, le magistral polar de Michael Mann, dont Nolan réadaptera les tonalités esthétiques à plusieurs reprises dans le film – notamment dans les scènes introspectives de Bruce Wayne, isolé dans son immense loft bleuté. Le réalisateur appuie d’ailleurs encore plus la référence au film de Mann en lui « empruntant » l’acteur William Fichtner, ici dans le rôle du directeur de la banque, appartenant à la Mafia. À cette première référence, s’en rajoute une seconde nous renvoyant aux obsessions d’un autre immense cinéaste, Stanley Kubrick. Le gang filmé par Nolan porte des masques grotesques de clowns, comme celui porté par Sterling Hayden dans L’ULTIME RAZZIA (THE KILLING) quand il dévalise le coffre du champ de courses, ou ceux, ouvertement sexualisés, de Malcolm McDowell et sa bande de voyous violeurs dans une scène mémorable d’ORANGE MÉCANIQUE. Malin, Nolan sait que le spectateur a déjà vu des dizaines de scènes de braquages soigneusement planifiés, et ceux-ci tournent soit à l’échec, soit à la réussite rondement menée. Le cinéaste choisit quant à lui de détraquer d’emblée le « mécanisme » logique de ce type de séquences : on a déjà vu des braqueurs de cinéma s’enfuir, se trahir après coup, ou réussir leur coup d’extrême justesse, mais c’est bien la première fois que l’on en voit s’entretuer durant le hold-up même ! La mécanique de précision tourne donc au Chaos total, incarné par le Joker qui se démasque volontairement face aux caméras de surveillance…  

En l’espace d’une séquence, Nolan et son comédien, Heath Ledger, viennent de présenter magnifiquement le personnage. Autant dire que nous sommes très loin du Joker joué par Jack Nicholson dans le film de 1989 signé Tim Burton. La prestation de Nicholson fut pourtant et justement saluée comme mémorable, le comédien déchaîné portant littéralement sur ses épaules le film de Burton. Mais elle n’a rien à voir avec celle que nous livre Heath Ledger. Le jeune comédien australien, décédé des suites d’une overdose cet hiver, est tout simplement hallucinant ! Loin des rôles de jeunes premiers romantiques auxquels on l’a cantonné (PATRIOT, CHEVALIER ou BROKEBACK MOUNTAIN), Ledger s’est totalement approprié le personnage, au point que l’on ait pu douter de sa santé mentale. Il s’est enfermé durant un mois dans une chambre d’hôtel pour préparer son rôle, rédigea un journal intime dans lequel il écrivait les pensées intimes de son personnage, et s’investit dans les scènes d’action au point d’insister pour que Christian Bale, l’interprète de Batman, le frappe réellement dans les confrontations brutales de leurs personnages ! Nolan l’avait dit, Ledger « n’a peur de rien », et certainement pas de vivre à l’écran la folie du Joker. Campé par Nicholson, le même personnage, aussi maléfique était-il, provoquait finalement la sympathie du public par son humour macabre et ses blagues incessantes. Rien de tel avec Ledger, qui fait du Joker un véritable psychopathe, un sadique doublé d’un esprit machiavélique au possible. Nolan a su très bien capter l’importance mythologique du personnage : le Joker, c’est certes le clown, le bouffon qui par bien des aspects renvoie à la société son reflet déformé, caricaturé à l’excès. C’est aussi l’élément perturbateur d’une structure trop bien agencée – comme dans les jeux de cartes où le Joker vient perturber la stratégie des joueurs adversaires. C’est aussi l’anarchie, la parodie, la malice (au sens primal du mot) représentées, dans les anciennes civilisations, par des divinités perfides (comme Loki, le dieu nordique de la Malice, ou le Trickster des légendes indiennes*) complétant en s’y opposant les Dieux justiciers plus sévères, représentés ici par Batman. Le criminel ne manquera pas de le souligner à son adversaire, en fin de film. Bien que vaincu, il le nargue en lui révélant que tous deux se complètent, symboliquement parlant.  

(*ironiquement, ces noms de divinités ont inspiré les scénaristes de comics, le Trickster étant un ennemi « à la Joker » du super-héros Flash, et Loki l’ennemi juré du Puissant Thor…)  

Rajoutons aussi que la stature « chaotique » du Joker passe aussi par l’occultation complète de ses origines (grosse différence là aussi avec le Burton). Le personnage aime raconter à ses proies plusieurs versions différentes de son passé, semant volontairement ainsi le trouble et la confusion sur la raison de sa folie. C’est une idée très ingénieuse de la part de Nolan que de renforcer ainsi la part de mystère du personnage.  

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Ci-dessus : quand le Joker (Heath Ledger) s’invite à la soirée donnée par Bruce Wayne (Christian Bale), la vie de Rachel (Maggie Gyllenhaal) est en grand danger…

ATTENTION – en raison des lois sur le copyright, il est possible que cet extrait ne soit plus visible.

Le leitmotiv du Joker est donc le Chaos ; non seulement via des braquages, agressions et attentats (ciblés d’abord contre les puissants, les « intouchables » de Gotham City, puis contre la population entière), mais aussi par des attaques psychologiques, bien plus vicieuses. D’abord en narguant ses futures victimes, faisant régner un climat de psychose sur la ville (on n’est pas loin du Scorpio de L’INSPECTEUR HARRY, ouvertement inspiré du Tueur du Zodiaque), ou en les faisant craquer. Comme le Démon dans L’EXORCISTE de Friedkin, ou le mystérieux John Doe du SEVEN de Fincher, le Joker frappe là où ça fait mal : dans la grande scène de l’interrogatoire (qui n‘est pas sans rappeler les affrontements tendus du flic et du tueur d‘INSOMNIA, une des précédentes réussites de Nolan), Batman cède ainsi à ses pulsions violentes en le passant à tabac, encouragé par le Joker lui-même ! Et, victime lui aussi de la torture psychologique infligée par le Clown du Crime, l’irréprochable procureur Harvey Dent bascule dans la folie criminelle… Le criminel n’épargne personne, ni les gangsters « ordinaires » de la ville, qu’il renvoie à la médiocrité de leur cupidité (scène saisissante du bûcher de billets verts), ni les bons habitants évacués en ferry, victimes de son « expérience sociologique »… Victimes ? Cela reste à voir. Par un petit jeu sadique de son invention, le Joker incite les bons citoyens de la ville à tuer sans remords les criminels détenus sur un autre bateau, à qui il offre la même chance de survie. Résultat de « l’expérience » ? Si personne ne meurt, Nolan nous aura quand même montré que certains de ces « honnêtes » citoyens sont potentiellement bien plus violents, et prêts à tuer au nom de leur survie, que les détenus eux-mêmes. C’est là l’occasion pour le cinéaste de signer un constat cinglant sur la paranoïa régnant aux Etats-Unis…  

THE DARK KNIGHT, c’est aussi l’entrée en scène d’un autre personnage fondamental de l’univers de Batman, Harvey Dent. Hâtivement présenté dans la b.d. comme l’adversaire n°2 du justicier nocturne – un procureur idéaliste affreusement défiguré par un mafioso, qui devient fou et joue le sort de ses victimes à pile ou face – Dent/Two-Face n’avait guère eu l’occasion d’être correctement développé au cinéma. Un immense acteur, Tommy Lee Jones, avait incarné le personnage avec forces pitreries dans le kitsch et lamentable BATMAN FOREVER de Joel Schumacher ; relégué au second plan par un Jim Carrey/Riddler omniprésent, Jones se retrouvait obligé d’occulter la dimension tragique du personnage, se limitant à un concours de grimaces et de gesticulations franchement insupportables. Reconnaissons là encore l’intelligence de Nolan de ne pas avoir choisi cette voie, et de rendre à Dent sa complexité. Peu connu du grand public, l’acteur Aaron Eckhart incarne à merveille le personnage. Révélé dans EN COMPAGNIE DES HOMMES, excellent dans THANK YOU FOR SMOKING, Eckhart sait parfaitement jouer de son aspect physique, évoquant un jeune Robert Redford, pour incarner des personnages clean en surface mais souvent ambigus. Voir aussi cette scène courte mais mémorable de THE PLEDGE, de Sean Penn, où il joue un flic apparemment honnête, mais n’hésitant pas à franchir la limite pour obtenir des aveux forcés du handicapé mental joué par Benicio Del Toro… Ce genre de séquence a dû fortement impressionner Nolan, qui aime lui aussi particulièrement l’ambiguïté morale chez ses protagonistes. Un casting idéal pour le rôle de Dent : ce procureur dynamique, honnête et séducteur, adepte du lancer de pièce de monnaie (comme George Raft dans SCARFACE, l’original de Howard Hawks !) prend dans le film une importance toute spéciale. Devenu le « Chevalier Blanc » de Gotham City, il symbolise les espoirs de ses habitants dans sa lutte contre la criminalité. Harvey Dent représente aussi aux yeux de Bruce Wayne à la fois un rival et un frère d’armes. Venu d’un milieu aisé, Harvey s’affiche au bras de la charmante Rachel, le grand amour de Bruce, lui rappelant du coup ce qui aurait dû lui arriver s’il ne s’était pas lancé dans sa croisade personnelle contre le Crime, s‘il n‘était pas devenu Batman. Rival en amour, Harvey est aussi le reflet de l’envie de justice absolue que ressent Bruce ; à cette différence qu’Harvey agit dans le respect de la légalité, là où Bruce se salit les mains en tant que Batman. Tout cela est énoncé très justement par Nolan durant une scène de dîner chic où les deux hommes, sous les faux-semblants de rigueur, s’étudient et se jaugent sous le regard inquiet de Rachel. Renforçant la ressemblance avec Bruce/Batman, ce « Monsieur Mains Propres » qu’est Harvey cache aussi de noires pensées. Une violence interne qui ne demande qu’à exploser quand le besoin s’en fait sentir : face à un mafioso qui le menace, face à un complice du Joker qui refuse de parler, le gentil Harvey Dent cède la place à un personnage capable d‘actes brutaux. Le voile de la normalité se déchire peu à peu. Dent est Gotham City, en quelque sorte : sous un aspect lisse et brillant, apparaissent les plus noires pulsions de l’âme humaine. Pour son malheur, Harvey est incapable d’intégrer ces deux aspects contradictoires de son âme. La mort dramatique de Rachel causée par le Joker servira d’élément déclencheur à son basculement dans la démence et la folie homicide. Et la monstruosité de la ville s’affiche sur son visage, à moitié carbonisé. C’est LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY incarné : un beau visage qui devient terrifiant sous le poids des fautes de celui qui le porte, et de la société qu‘il représente…   

à suivre…  

La fiche technique :  

THE DARK KNIGHT / THE DARK KNIGHT : LE CHEVALIER NOIR  

Réalisé par Christopher NOLAN   Scénario de Jonathan NOLAN et Christopher NOLAN, d’après la bande dessinée créée par Bob KANE (DC Comics)  

Avec : Christian BALE (Bruce Wayne, alias Batman), Aaron ECKHART (Harvey Dent, alias Two-Face), Heath LEDGER (le Joker), Gary OLDMAN (Lieutenant James Gordon), Michael CAINE (Alfred), Maggie GYLLENHAAL (Rachel Dawes), Morgan FREEMAN (Lucius Fox), Monique CURNEN (Inspecteur Anna Ramirez), Cillian MURPHY (l’Épouvantail), Chin HAN (Lau), Nestor CARBONELL (Anthony Garcia, le Maire), Eric ROBERTS (Salvatore Maroni), Ron DEAN (l’Inspecteur Wuertz), Michael Jai WHITE (Gambol), Anthony Michael HALL (Mike Engel), Keith SZARABAJKA (l’Inspecteur Stephens), Colin McFARLANE (le Commissaire Loeb), William FICHTNER ( le Directeur de la Banque )  

Produit par Christopher NOLAN, Charles ROVEN, Jordan GOLDBERG, Philip LEE, Karl McMILLAN, et Emma THOMAS (Warner Bros. Pictures / Legendary Pictures / Syncopy / DC Comics)   Producteurs Exécutifs Kevin De La NOY, Benjamin MELNIKER, Michael E. USLAN et Thomas TULL  

Musique James Newton HOWARD et Hans ZIMMER   Photographie Wally PFISTER   Montage Lee SMITH   Casting John PAPSIDERA  

Décors Nathan CROWLEY   Direction Artistique Simon LAMONT, Mark BARTHOLOMEW, James HAMBRIDGE, Kevin KAVANAUGH, Steven LAWRENCE et Naaman MARSHALL   Costumes Lindy HEMMING  

1er Assistant Réalisateur Nilo OTERO   Cascades Richard RYAN  

Mixage Son Lora HIRSCHBERG et Gary RIZZO   Montage Son Richard KING   Effets Spéciaux Sonores Richard KING et Hamilton STERLING  

Effets Spéciaux Visuels Nick DAVIS, Paul J. FRANKLIN, Ian HUNTER et Christian IRLES (Double Negative / Animal Makers / BUF / Escape Studios / Framestore / Gentle Giant Studios / New Deal Studios)   Effets Spéciaux de Maquillages John CAGLIONE Jr. et Lisa JELIC   Effets Spéciaux de Plateau Chris CORBOULD  

Distribution USA : Warner Bros. Pictures  

Durée : 2 heures 32



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