Archives pour mai 2011

Two Rode Together – THE EAGLE / L’AIGLE DE LA NEUVIEME LEGION

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THE EAGLE / L’Aigle de la Neuvième Légion, de Kevin MACDONALD 

L’Histoire : 

en l’an 120 de notre ère, l’Empire Romain s’étend jusqu’à l’île de Bretagne, un vaste territoire de ce qui n’est pas encore l’Angleterre et l’Ecosse. Envoyée en mission dans le nord de l’île, la 9e Légion, commandée par le centurion Flavius Aquila, disparaît après avoir été attaquée par des hordes barbares. 5000 hommes sont ainsi portés disparus, et l’Aigle, emblème de la puissance impériale, est irrémédiablement perdu. En réponse à l’humiliation, l’Empereur Hadrien fait construire un grand mur fortifié, traversant la Bretagne de part en part, pour protéger les colonies romaines des attaques des tribus barbares.    

Vingt ans après, un jeune centurion arrive à son nouveau poste, dans le sud de la Bretagne. Il se nomme Marcus Flavius Aquila, fils du centurion disparu. Le jeune officier veut laver la mémoire de son père, que la rumeur publique a déclaré lâche et responsable de la perte de l’Aigle. Placé à la tête de la garnison de la 8e Cohorte, Marcus donne l’ordre à ses soldats de former une patrouille pour enquêter sur le retard d’une livraison de grain, en dépit des mises en garde de son subordonné Lutorius. La garnison est bientôt attaquée par une armée de guerriers Bretons insurgés, menés par un druide. Durant les combats, Marcus se distingue par sa bravoure au combat, mais est gravement blessé dans le dernier assaut.   

Marcus se réveille dans la maison de son oncle. Il apprend que sa bravoure au combat a été récompensée par Rome d’une décharge honorable, l’empêchant de rétablir le nom de son père. Convalescent, Marcus assiste à un combat de gladiateurs. Il fait épargner un esclave Breton, Esca, fils d’un chef de guerre tué par les Romains. Esca devient son esclave personnel. Quand Marcus apprend que l’Aigle de la 9e Légion aurait été aperçu entre les mains d’une tribu du Nord, il décide de franchir le Mur d’Hadrien, seul, et accompagné d’Esca…  

  

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Impressions : 

  

Commençons par un petit peu d’Histoire… En ces temps lointains, une «terra incognita» s’étendait dans les brumes et le froid de l’actuelle Ecosse, au-delà d’une barrière physique et symbolique : le Mur d’Hadrien délimitait alors l’ancienne frontière entre un territoire «civilisé» et une contrée sauvage, la Bretagne occupée et la Calédonie – comprendre l’Angleterre et l’Ecosse. Au sud de ce mur, c’est encore le territoire romain, un pays «colonisé» et rattaché à l’Empire romain, la civilisation dominante de ce second siècle de notre ère. Au nord de ce même mur, c’est en quelque sorte l’équivalent de ce que fut la Frontière de l’Ouest, territoire des amérindiens, par rapport aux USA durant le 19e Siècle.

Voilà, sommairement posé, le contexte de L’AIGLE DE LA NEUVIEME LEGION. Le livre comme le film sont des pures œuvres de fiction, prenant comme base un fait militaire resté célèbre dans l’histoire militaire de Rome, la disparition de la Légion IX Hispana. Cette compagnie de soldats aguerris fut portée disparue en réalité, aux alentours de l’an 120 de notre ère. Si l’on en croit la thèse des historiens (telle qu’elle est rapportée dans les pages de «l’oracle» Wikipédia…), la 9e Légion aurait en fait disparu en 121, près de la ville de Nimègue dans la future Hollande.   Les faits et les légendes nées autour de cette disparition, qui entacha le prestige de la puissance militaire romaine, ont déjà inspiré beaucoup de récits, en littérature comme au cinéma. Voir par exemple le film CENTURION, du réalisateur écossais Neil Marshal, sorti récemment… sans trop convaincre, le réalisateur livrant un film d’action «bis» lorgnant de façon un peu trop évidente sur le style visuel des batailles de Ridley Scott (GLADIATOR, KINGDOM OF HEAVEN et ROBIN DES BOIS). Le contexte général de l’occupation romaine dans «l’île de Bretagne» avait quant à lui été évoqué dans le film LE ROI ARTHUR (2004) avec Clive Owen et Keira Knightley ; écrit par David Franzoni (AMISTAD et, tiens, GLADIATOR) le film d’Antoine Fuqua proposait une hypothèse fictive intéressante – le mythe du Roi Arthur prenant ici ses racines dans la conquête du territoire par Rome – hélas maltraité par la mise en scène trop clipée, singeant là aussi GLADIATOR sans en égaler le souffle épique.    

Le cadre historique ainsi placé, il ne restait plus qu’à espérer qu’un réalisateur courageux ose s’affranchir des comparaisons inévitables et livre un bon film d’aventures. C’est chose faite grâce à L’AIGLE DE LA NEUVIEME LEGION (en V.O. : THE EAGLE), adapté par Kevin Macdonald.  

  Ce fier cinéaste écossais est, rappelons-le, le petit-fils d’une figure illustre du cinéma britannique : Emeric Pressburger, la «moitié» du duo des Archers formé avec Michael Powell, et créateur de nombreuses merveilles sur pellicule telles que LES CHAUSSONS ROUGES, LE NARCISSE NOIR, COLONEL BLIMP et d’autres superbes classiques des années 1930 à 1950. Excellent documentariste (UN JOUR EN SEPTEMBRE, sur la dramatique prise d’otages des Jeux Olympiques de Munich en 1972, dont Steven Spielberg s’inspira pour la magistrale entrée en matière de son bouleversant MUNICH ; MON MEILLEUR ENNEMI sur la fuite et les protections politiques suspectes dont profita le criminel nazi Klaus Barbie ; TOUCHING THE VOID / LA MORT SUSPENDUE, reconstitution d’un terrible accident d’alpinisme survenu en Amérique du Sud ; UN JOUR DANS LA VIE, coproduit par Ridley Scott, etc.), Macdonald est passé brillamment à la mise en scène de deux longs-métrages de fiction. Il frappa très fort avec LE DERNIER ROI D’ECOSSE en 2006, description décapante de l’amitié entre un jeune médecin écossais (James McAvoy, très bon) et le sanguinaire dictateur ougandais, Idi Amin (fantastique interprétation de Forest Whitaker, tout en fureur ubuesque) ; puis, en 2009, il signa le thriller politique STATE OF PLAY (JEUX DE POUVOIR), avec Russell Crowe, savoureux journaliste «pépère» enquêtant sur une mort suspecte dans l’entourage d’un jeune sénateur ambitieux, incarné par un excellent et inattendu Ben Affleck. 

Macdonald délaisse ici les recoins sombres de la politique et de l’Histoire moderne pour revisiter un classique de la littérature pour la jeunesse, écrit en 1954 par Rosemary Sutcliff, romancière spécialisée dans ces types de récits très prisés outre-Manche. Le cinéaste écossais s’empare de L’AIGLE, pour rendre hommage aux films d’aventures «bruts de bruts» qui l’ont inspiré… et plus encore qu’un simple péplum, il nous livre sans complexe un « western romain celtique » !! 

  

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Pour créer l’ambiance de son film, Macdonald est allé chercher du côté des grands westerns «naturalistes» plutôt que des classiques du film en toges et sandales. En particulier, il est allé fureter du côté des chefs-d’œuvre du grand John Ford, THE SEARCHERS (LA PRISONNIERE DU DESERT) en tête de lice, et une pointe de TWO RODE TOGETHER (LES DEUX CAVALIERS). Suivant l’exemple de Ford qui aimait associer des personnages radicalement opposés en caractère et en stature (qu’il s’agisse de John Wayne et Jeffrey Hunter dans le premier, ou de James Stewart et Richard Widmark dans le second), Macdonald place en rivaux deux caractères forts, antagonistes, méfiants l’un de l’autre, qui vont devoir s’allier dans l’adversité. Macdonald a aussi évoqué l’excellent western de Robert Aldrich, ULZANA’S RAID (FUREUR APACHE), aventure crépusculaire et brutale avec Burt Lancaster ; réalisé en plein durant la Guerre du Viêtnam, ce film était une critique virulente du militarisme et de l’impérialisme américain, les Apaches insurgés évoquant bien sûr les Vietnamiens. Macdonald suit l’exemple d’Aldrich, plaçant en filigrane à son récit d’aventures une critique à peine cachée de l’état de notre monde ravagé par les conflits militaires, économiques et religieux. Il est impossible de ne pas faire le rapprochement, à la vision du film. Les Romains, sûrs de leur puissance écrasante, sont la proie rêvée des insurgés Bretons. Ceux-ci décapitent un soldat, sous le regard horrifié des autres ; pour parfaire le parallèle avec l’actualité, le chef des guerriers Bretons est un druide exalté … à la fois chef militaire et autorité religieuse absolue, encourageant ses hommes à la guerre «sacrée». Macdonald pousse le parallèle jusqu’à donner au druide une évidente ressemblance avec certain vilain barbu récemment exécuté au Pakistan !    

Pour en revenir par ailleurs aux liens avec le Western, Macdonald affuble les guerriers tribaux Seal (le peuple Phoque) d’un look étonnant : maquillage boueux et rocheux, évoquant les camouflages des peuples primitifs, et crête iroquoise ! Les adeptes de la vraisemblance historique tiqueront sans doute devant cet aspect «amérindien» prononcé, mais après tout, pourquoi pas… cela cadre avec la vision du réalisateur, et n’est peut-être pas aussi fantaisiste qu’il y paraît. Revoyez certains passages de BRAVEHEART : vous remarquerez que des figurants jouant les guerriers écossais médiévaux portent des «crêtes» assez similaires. Mais le fait de savoir si cette coiffe «à l’iroquoise» est conforme à la réalité historique n’est finalement qu’accessoire. Le choix de Macdonald de confier le rôle du Prince Seal à Tahar Rahim (le PROPHETE de Jacques Audiard !) est assez savoureux : un acteur français maghrébin incarne donc – avec talent – un prince celte aux allures d’Indien ! L’allure «orientale» du physique de Rahim renforce le choix du commentaire sous-jacent de Macdonald qui, sans en avoir l’air, évoque la difficile relation actuelle des puissances occidentales avec les populations arabes insurgées.   

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Par ailleurs, Macdonald ne pouvait pas manquer, vu le sujet et le cadre de son film, de remonter aux origines ethniques de sa chère Ecosse. La description des us et coutumes du peuple Seal est ainsi l’occasion pour le cinéaste d’évoquer, brièvement, une intrigante figure divine. Une grande cérémonie nocturne a lieu, organisée par le chef de la tribu, autour du Dieu Cernunnos. Un dieu anthropomorphe, orné de cornes de cerf, que l’on a retrouvé sur de rares trésors archéologiques en France et au Danemark (le «chaudron de Gundestrup», ci-dessus), et dont le sens symbolique reste mal connu de nos jours. Cette divinité celte a tour à tour été associée aux cultes de la chasse, de la virilité, du renouvellement de la vie… sans que les spécialistes puissent se mettre entièrement d’accord à ce jour. On suppose que cette divinité très ancienne, est associée au cerf, animal qui guide les esprits des morts dans l’au-delà, dans les mythes celtes. Macdonald l’intègre à un moment important de son récit, où nos deux protagonistes vont arriver de nuit à la fin de leur quête personnelle. Voilà un élément symbolique fort, en même temps qu’une représentation honnête, et inédite à l’écran, d’un culte tribal européen préchrétien.  

  

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A la mise en scène, Macdonald fait un quasi sans faute. Même tournées avec des moyens moindres, les séquences d’action n’ont pas à rougir de la comparaison avec de prestigieux aînés. Un éprouvant siège nocturne ouvre le bal avec une intensité viscérale ; en jouant sur l’absence de lumière (idéale pour renforcer l’angoisse de l’attente avant la bataille), des entrées dans le champ visuel et des panoramiques filés «coupés» en pleine course, le réalisateur écossais atteint son but. Entrée en matière réussie, aussitôt suivie d’une seconde séquence encore plus intense, l’exécution des otages et l’assaut des légionnaires formant la «Tortue» de boucliers contre une horde sauvage… Plus loin dans le récit, Macdonald intègre plutôt bien les leçons d’un Michael Mann – voir le dynamisme de la poursuite sauvage finale, façon DERNIER DES MOHICANS. De ce côté-là donc, avec une remarquable économie de moyens, Macdonald assure le spectacle. Il ne fait d’ailleurs pas de compromis pour amadouer le grand public dans cette aventure très intense et brutale. Un guerrier adolescent est tué dans le dos par Marcus, un enfant est égorgé… La violence de l’époque n’est pas pudiquement évacuée, mais clairement montrée telle que les hommes de l’époque pouvaient la vivre au quotidien. 

Pour autant, les batailles et affrontements spectaculaires ne constituent pas le nerf central du film, ce qui n’est pas plus mal. Ne vous laissez pas prendre au piège de l’affiche et de la bande-annonce, L’AIGLE n’est pas un fastueux hommage à l’ère dorée des BEN-HUR et autres SPARTACUS, pas plus qu’il ne cherche à imiter GLADIATOR et les autres péplums «post-modernes» qui ont depuis fleuri avec des fortunes diverses. C’est tout à l’honneur de la part de Macdonald de n’avoir pas cherché à faire non plus un sous-300 de plus… L’approche réaliste de l’aventure garantit un esprit «vieille école», à l’exact opposé de ces «jeux vidéo filmés», gonflés aux images de synthèse et d’effets de style à la dernière mode, tels qu’ils apparaissent dans 300, le remake du CHOC DES TITANS, ou le futur IMMORTALS. L’épopée est ici filmée entièrement en décors extérieurs, mettant en valeur les âpres paysages des Highlands. Le cinéaste, déjà formé au tournage «rude» en extérieurs avec LE DERNIER ROI D’ECOSSE et TOUCHING THE VOID, n’a pas peur de se frotter aux éléments et tire le meilleur parti de séquences tournées en lumière naturelle garantissant la crédibilité de l’aventure. 

Tout n’est pas parfait, cependant, car le film connaît de brèves «chutes» narratives en cours de route… Un problème de rythme imputable au scénario, sans doute, qui fait que le film est constitué d’ «épisodes» distincts, certes plaisants, mais pas toujours homogènes dans le développement des situations… C’est perceptible dans l’évolution des rapports entre Marcus et Esca, qui basculent de l’hostilité réciproque à l’amitié indéfectible de façon assez brusque.   

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 Ces rapports entre les deux personnages sont cependant assez bien dépeints. En bon romain sûr de son droit impérial, Marcus ne voit en Esca, au départ de l’aventure, qu’un «outil» bon à utiliser pour sa quête – les dons linguistiques de ce dernier lui sont indispensables pour se faire comprendre des autochtones. Mais, à l’arrogance et la supériorité de caste du romain, Esca réplique astucieusement, en se servant de son intellect parfaitement affûté. Et il renverse la situation à son avantage au moment fatidique de la rencontre avec le peuple Seal. Esca réussit à duper autant ces derniers que Marcus, en affirmant, en langue celtique : «Il est mon esclave !». Et Marcus, le «dominateur», de vivre alors le parcours humiliant de l’esclave asservi par la force, tandis qu’Esca est reçu avec les honneurs du chef… Ce dernier donnera d’ailleurs à l’officier romain une sacrée leçon d’humanisme au final de l’aventure, conclue par un joli plan et dialogue final au ton indubitablement «Western», les deux cavaliers entrant dans la lueur du soleil ! 

Avec ce sous-texte qui n’était peut-être pas intentionnel de la part du réalisateur, mais qui revient s’imposer «en sourdine» durant tout le film, celui d’une liaison amoureuse platonique entre les deux héros. Sans ironiser facilement sur les plaisanteries faciles liées d’habitude au genre péplum (façon « des hommes en jupe » et autres « est-ce que tu aimes les films de gladiateurs ? » qui ont fait le bonheur d’Y-A-T-IL UN PILOTE DANS L’ AVION ?…), il est impossible de ne pas deviner l’attirance évidente qui semble lier les deux hommes. Voyez comme le regard de Marcus change dès qu’il voit Esca torse nu dans l’arène, et la façon dont ce dernier se tient au-dessus de ce dernier alité, durant une scène d’opération chirurgicale très intense ! Une obsession d’ailleurs chez Macdonald que ces séquences chirurgicales douloureuses, revoir justement TOUCHING THE VOID et LE DERNIER ROI D’ECOSSE… La différenciation physique des deux comédiens – Channing Tatum, tout en force virile «dominante», face à Jamie Bell, au physique plus androgyne… – va d’ailleurs dans ce sens. De là à dire que le centurion romain était blond, qu’il était beau, et qu’il sentait bon le sable chaud, comme le légionnaire d’Edith Piaf revu par Gainsbourg, il n’y a qu’une interprétation que le spectateur est libre de choisir ou pas… Après tout, Macdonald ne suit pas le registre d’Ang Lee et son BROKEBACK MOUNTAIN. La suggestion est souvent plus efficace que la plate démonstration !    

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En tête d’affiche de L’AIGLE…, deux comédiens intéressants : Channing Tatum, un robuste gaillard de 31 ans, dont la côte monte en puissance, et que l’on va souvent revoir dans les prochains mois. Simple figurant dans LA GUERRE DES MONDES de Spielberg en 2005, Tatum a patiemment progressé. Sa carrure athlétique imposante a pu être remarquée dans une scène de PUBLIC ENEMIES de Michael Mann, où il était Pretty Boy Floyd, le braqueur de banques abattu dans le verger par l’agent Purvis (Christian Bale). Le grand public l’a vu dans le blockbuster (assez médiocre) de Stephen Sommers, G.I. JOE. Tatum a aussi interprété un soldat amoureux dans le drame de Lasse Hallström, CHER JOHN, une prestation qui a été saluée par la critique. Le jeune acteur américain n’est pas seulement un athlète à la belle gueule, il a une force tranquille évidente qui passe très bien à la caméra, et donne au personnage de Marcus une intensité psychologique solide. Un nom à suivre, donc. 

On retrouve à ses côtés avec grand plaisir le jeune britannique Jamie Bell, qui a bien grandi depuis BILLY ELLIOT. A seulement 25 ans, le jeune Bell affiche déjà une jolie carrière – outre le beau film de Stephen Daldry qui l’a révélé, nous l’avons vu chez Peter Jackson (KING KONG, 2005), Clint Eastwood (MEMOIRES DE NOS PERES, 2006) et Edward Zwick (DEFIANCE/Les Insurgés, 2008). Qu’il soit donc en train de danser en cachette, d’affronter un gorille géant furieux, de se battre contre l’Armée impériale japonaise à Iwo-Jima ou contre les Waffen S.S. dans les forêts de Biélorussie, Jamie Bell fait preuve d’un sacré courage physique dans ces tournages difficiles, et d’une belle finesse de jeu qui le rend immédiatement attachant. Des qualités qui n’ont pu que plaire à Steven Spielberg qui le suivait depuis longtemps et qui en a fait son TINTIN. Ici, une nouvelle fois mis à contribution dans un tournage en extérieurs des plus rudes, avec plusieurs scènes d’affrontements et de combats, Bell donne à Esca un plaisant mélange de gravité, de loyauté et de colère intériorisée. Mentionnons aussi la présence toujours sympathique de ce bon vieux Donald Sutherland, bon pied bon œil le temps de quelques scènes ; de Mark Strong (nouveau « Roi des méchants de l’écran » depuis SHERLOCK HOLMES et ROBIN DES BOIS), ici méconnaissable en ex-légionnaire «celtifié». Et donc le contre-emploi inattendu donné par Macdonald à Tahar Rahim. En guerrier «Celtique-Iroquois» implacable, le jeune acteur français est aussi méconnaissable qu’intimidant.    

A sa façon, et malgré ses menus défauts, L’AIGLE DE LA NEUVIEME LEGION est un bon plaisir de cinéphile nostalgique des grandes aventures en territoire indien, des amitiés viriles et des affaires d’honneur, le tout traité avec intelligence. 

Macdonald ? C’est tout ce que j’aime !! 

Mon Avis : 

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Centurion Ludovicus, de la Légion du Vrai Faucon   

La fiche technique : 

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 THE EAGLE / L’Aigle de la Neuvième Légion    

Réalisé par Kevin MACDONALD   Scénario de Jeremy BROCK, d’après le roman «L’Aigle de la Neuvième Légion» de Rosemary SUTCLIFF    

Avec : Channing TATUM (Marcus Flavius Aquila), Jamie BELL (Esca), Donald SUTHERLAND (Oncle Aquila), Tahar RAHIM (le Prince Seal), Mark STRONG (Guern), Denis O’HARE (Lutorius), Ned DENNEHY (le Chef Seal), Julian Lewis JONES (Cassius), Lukacs BICKSKEY (le Druide), James HAYES (Stephanos)  

  

Produit par Duncan KENWORTHY et Caroline HEWITT (Toledo Productions / Film4 / Focus Features)   Producteurs Exécutifs Miles KETLEY, Charles MOORE et Tessa ROSS    Musique Atli ÖRVARSSON   Photo Anthony Dod MANTLE   Montage Justine WRIGHT  Casting Des HAMILTON et Jina JAY    

Décors Michael CARLIN   Direction Artistique Peter FRANCIS, Neal CALLOW et Zsuzsa KISMARTY-LECHNER   Costumes Michael O’CONNOR    1er Assistant Réalisateur Tommy GORMLEY   Réalisateur 2e Équipe Alfonso GOMEZ-REJON   Cascades Domonkos PARDANYI    

Mixage Son Danny HAMBROOK   Montage Son et Effets Spéciaux Sonores Glenn FREEMANTLE    Effets Spéciaux de Maquillages Graham JOHNSTON    

Distribution GRANDE-BRETAGNE et INTERNATIONAL : UIP / Distribution USA : Focus Features / Distribution FRANCE : Metropolitan Filmexport     Durée : 1 heure 54    Caméras : Arricam LT et Arriflex 235    

Hammer Time – THOR

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THOR, de Kenneth BRANAGH  

L’Histoire :

Dans le désert du Nouveau-Mexique, près de la petite ville de Puento Antigua, les astrophysiciens Jane Foster et Erik Selvig et leur assistante Darcy Lewis étudient le système stellaire, à la recherche d’anomalies récemment signalées. Sous leurs yeux, un étrange phénomène se produit : une lumière surnaturelle illumine les cieux, puis une trombe surgit de nulle part… sorti de celle-ci, un homme, colosse aux cheveux blonds, erre et est renversé par la voiture de Jane. Indemne, l’homme crie des mots incohérents avant de s’écrouler. Les trois scientifiques viennent-ils de rencontrer un fou… ou un Dieu ?  

En l’an 965 de notre ère, un paisible village de Norvège fut le théâtre d’une guerre impitoyable entre les monstrueux Géants de Glace, et leurs ennemis jurés, les Dieux d’Asgard, protecteurs des hommes. Le Seigneur Odin, Roi d’Asgard, remporta la victoire sur Laufey, Roi des Géants. Ils signèrent un pacte de paix épargnant leurs mondes respectifs. Odin, père de deux fils, Thor et Loki, éleva ceux-ci avec sagesse et justice ; lorsqu’ils auront atteint l’âge adulte, l’un des deux sera choisi comme l’héritier du trône d’Asgard, la cité dorée des Dieux.  

Odin désigne finalement Thor, devenu adulte, et Dieu du Tonnerre, comme son unique successeur. Mais le jour de son intronisation comme Roi d’Asgard, des Géants s’introduisent dans la salle des trésors, et tentent de s’emparer d’un Coffre aux immenses pouvoirs. Guerrier intrépide et puissant, mais aussi vaniteux et impulsif, Thor veut se rendre en Jotunheim, le Royaume des Géants, pour leur faire payer leur trahison. Odin s’y refuse, et interdit à quiconque de désobéir à son ordre. Thor désobéit et entraîne sa bien-aimée, la valeureuse Dame Sif, ainsi que Loki et les Trois Guerriers – Fandral, Hogun et Volstagg – en Jotunheim à ses côtés. L’arrogance de Thor provoque une violente bataille, et la guerre est de nouveau déclarée. Odin, prévenu par Loki, sauve Thor et ses compagnons d’aventure. Mais, à leur retour en Asgard, Odin prive Thor de ses pouvoirs et le bannit sur Terre. Loki, le Dieu de la Malice, découvre quant à lui le secret de ses origines, et profite de l’exil de son frère pour se revendiquer seul héritier du trône de la fière Asgard…  

Emmené à l’hôpital de Puento Antigua, l’homme qui dit s’appeler Thor intrigue Jane et ses collègues par son comportement. Dans le désert, à des kilomètres de là, des routiers découvrent un marteau enchâssé dans la pierre : Mjölnir, l’arme de Thor, que seul celui-ci peut soulever. L’objet attire l’attention des services secrets du SHIELD…  

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Impressions :  

Le fait est maintenant accompli : la branche cinéma de Marvel Comics, Marvel Studios, s’est lancée dans une vaste campagne de conquête des salles de cinéma. Inutile ici, je pense, de vous refaire l’inventaire de tous les super-héros Marvel qui ont connu des fortunes diverses dans leurs adaptations cinématographiques.

Si auparavant, les grands studios tablaient sur une seule sortie estivale, centrée sur les X-Men ou Spider-Man, la donne a changé. Désormais rattaché aux studios Disney, Marvel Studios mène une véritable bataille de productions super-héroïques face à la Distinguée Concurrence, affiliée quant à elle à Warner Bros. Cet été 2011, propice aux sorties de «blockbusters» toujours susceptibles de rameuter dans les salles obscures le jeune public, joue carrément la surenchère. Trois productions Marvel majeures – THOR dont il est question ici, la «préquelle» des X-MEN et CAPTAIN AMERICA – contre une seule production DC/Warner, GREEN LANTERN… Et cela ne s’arrêtera pas là. Si vous êtes allergique au genre super-héroïque, navré de vous l’apprendre, mais vous allez passer des mois difficiles… En revanche, si vous êtes comme moi un «geek» vieillissant, indulgent avec le genre, élevé aux fracassants exploits des héros de la Maison des Idées, et toujours ému par le souvenir des SUPERMAN avec Christopher Reeve, vous serez certainement ravi de voir les héros de votre jeunesse prendre vie à l’écran. Tout en gardant quand même un œil critique ! 

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Le tableau de Marten Eskil Winge, « La Bataille de Thor contre les Géants »… bien avant Marvel, la légende de Thor inspirait déjà les artistes.

La saison estivale américaine 2011 démarre donc en fanfare avec l’arrivée sur les écrans d’une figure « historique » de l’univers Marvel, et l’un de ses héros les plus difficiles à adapter au premier degré, le puissant Thor, dieu du Tonnerre. L’entrée en scène du surhomme venu d’Asgard s’inscrit dans la continuité de la «machine de guerre Marvel» lancée depuis 2008. Chaque film de l’univers des «Vengeurs», groupe de super-héros iconiques de l’univers Marvel rassemblant au fil des décennies les « stars » de la compagnie, Iron Man, Hulk ou autres Captain America, servant à poser les jalons du futur film consacré à cette fine équipe, et qui sortira l’an prochain. Un pari narratif assez gonflé, puisque c’est bien la première fois qu’un «univers partagé» est ainsi élaboré sur plusieurs films racontant les exploits de personnages aux pouvoirs fantastiques.

Le cas de Thor est assez «périlleux» ; personnage adoré des fans de comics durant les années 1960-70, lorsque le grand dessinateur Jack Kirby donnait une fureur épique et cosmique sans pareil à ses exploits, le personnage n’avait jamais été transposé en «live» dans un film. Difficile de rendre crédible un colosse blond à cape rouge et casque ailé, maniant un marteau magique et s’exprimant dans un langage théâtral au possible, à base de «Si fait!» et de «Perfide, quelle fourberie est-ce là?!». Le plus mythologique des héros Marvel avait eu droit à des dessins animés, et une pitoyable apparition dans un téléfilm de L’INCROYABLE HULK ringard au possible… et c’était tout.  

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Donner toute sa stature mythologique au personnage, tout en respectant ses aspects science-fictionnels, et rendre le film crédible, n’est donc pas une chose aisée. Le choix de Kenneth Branagh, annoncé comme réalisateur du film, en avait surpris plus d’un. Brillant comédien, l’acteur irlandais formé au théâtre de Shakespeare n’a pas a priori le profil type du faiseur de blockbusters d’action et d’effets spéciaux. Ses qualités de cinéaste, assez variables d’un film à l’autre, oscillent entre de nombreuses adaptations de Shakespeare : le remarquable et épique HENRY V, le plaisant (mais excessif) BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN, un HAMLET interminable… Hors Shakespeare, il signa entre autres un thriller néo-hitchcockien un peu indigeste, DEAD AGAIN, une adaptation de FRANKENSTEIN qui, si elle se montre fidèle au roman de Mary Shelley, divisa l’opinion à sa sortie en 1994, et un remake peu marquant du LIMIER de Mankiewicz avec Jude Law et Michael Caine. A priori, voir Branagh adapter les aventures d’un super-héros Marvel, un Dieu issu de la mythologie scandinave tombé sur Terre, relève du choix incongru. Même ses comédiens ont été les premiers à reconnaître la bizarrerie de la situation !  Pourtant, Branagh a dû se montrer convaincant auprès des pontes du studio, et s’en est relativement bien sorti. Qui aurait cru que le comédien – metteur en scène, familier du théâtre shakespearien, était en fait un authentique «nerd» des super-héros ? L’argument n’est pas en soi une garantie de réussite automatique ; si un Sam Raimi, grand amoureux des comics, a pu réussir sa trilogie consacrée à Spider-Man, d’autres « fans » ont livré de véritables purges filmiques, l’exemple de Mark Steven Johnson, autoproclamé fan numéro 1 de Daredevil, étant le plus évident.  

Quoiqu’il en soit, Branagh, en bon Irlandais à la fois connaisseur des comics de Thor depuis son enfance et de ses propres racines culturelles, a su remarquer, les familiarités entre la mythologie scandinave et celle, celtique, qui l’a bercé dans son enfance. Il faut dire aussi que les références shakespeariennes, implantées par Stan Lee et Jack Kirby dans le comics d’origine, ont dû faire « tilt » dans l’esprit de Branagh. Le phrasé « elizabéthain » des personnages, leurs caractérisations, leurs alliances et rivalités n’ont pu que plaire au comédien-réalisateur. Ainsi, dans son film, Thor est dépeint comme un jeune prince ambitieux faisant le rude apprentissage du pouvoir, tel Henry V ; le sage Odin, incarné par ce bon vieux Anthony Hopkins, est assez similaire au Prospero de LA TEMPÊTE et au Roi Lear, partagé ici entre ses deux fils ; et Loki, l’éternel rival comploteur et maître menteur, devient un autre Iago… Autre exemple : le glouton, fanfaron et volumineux Volstagg, ami loyal du Dieu du Tonnerre, principal personnage humoristique de la bande dessinée, ici incarné par Ray Stevenson (la série ROME… et le dernier film du PUNISHER, encore un Marvel comics) renvoie ouvertement à Falstaff, personnage tout droit sorti de HENRY V. Une touche de légende arthurienne vient aussi se mêler à ces éléments mythologico-shakespearo-science-fictionnels (ouf), via les séquences liées à Mjölnir enchassé dans la roche, référence évidente à Excalibur, l’épée des Rois !  

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Et, autre argument en faveur du réalisateur, son goût affirmé pour la science-fiction «vieille école» – comprendre les grands classiques des années 1950. Notamment PLANETE INTERDITE, le look des machines et décors d’Asgard recréant les scènes de la forteresse Krell du film de 1956 ; et surtout, LE JOUR OU LA TERRE S’ARRÊTA. Quand il créa pour les besoins du comics le personnage du Destructeur, robot sentinelle invincible, Jack Kirby, grand amateur lui-même de science-fiction, s’inspira ouvertement du robot star du film de Robert Wise : le titanesque Gort, impassible sentinelle équipée d’un «rayon de la mort» des plus intimidants pour les simples armées humaines. Branagh ramène le robot dans l’une des grandes scènes de THOR, assumant pleinement la double référence science-fictionnelle. Voir photos ci-dessus.  

 

La mise en scène de Branagh est professionnelle de bout en bout, et tire le meilleur parti de son visuel très travaillé. Rien à redire de négatif sur la forme du film, qui reste accessible et divertissant… Le jeune public appréciera les traditionnels « Oeufs de Pâques » glissés dans chaque film Marvel – les apparitions savoureuses de Stan « The Man » Lee et du scénariste J. Michael Straczynski venus essayer de soulever le Marteau mythique ; la salle des trésors d’Asgard, enfermant quelques artefacts familiers du Marvel Univers (notamment l’Oeil d’Agamotto, amulette mystique du Sorcier Suprême, le Docteur Strange) ; l’habituelle scène de fin de générique amenant Nick Fury (Samuel L. Jackson), et l’apparition – un peu gratuite, il faut bien le dire – d’un bouillant archer familier aux amateurs de comics, incarné par le « Démineur » Jeremy Renner… des petits ajouts conçus pour servir de fil rouge narratif avant le très attendu film des VENGEURS. 

Mais quelques réserves empêchent toutefois de placer THOR au même niveau de qualité d’émerveillement que les « classiques » grand public du genre, les SUPERMAN de Richard Donner ou SPIDER-MAN de Sam Raimi (les BATMAN de Christopher Nolan les surclassant tous, mais leur aspect ciblé « adulte » les place dans un autre registre). Branagh cède à l’un de ses péchés mignons, l’excès de style « pour le style » assez pesant : notamment des scènes d’exposition cadrées à l’oblique, sans justification particulière, si ce n’est de vouloir donner un « look BD » envahissant.

Les scènes d’action sont menées avec une énergie toute « celtique », si l’on peut dire… reste toutefois le problème de la lisibilité liée à l’utilisation du fameux « procédé 3D », définitivement le nouveau gadget à la mode depuis certain film de James Cameron et ses indigènes bleus. On devrait plutôt parler d’ailleurs de « mise en relief » ou de « stéréoscopie », termes certes moins accrocheurs et vendeurs que « 3D »… Sur l’apport technique et esthétique que ce gadget technique est censé apporter, je garde les mêmes réserves que d’habitude. Dans THOR comme dans d’autres superproductions de fantaisie ou de science-fiction, le procédé n’est réellement efficace que dans les scènes « larges » et descriptives : quand il représente l’univers d’Asgard ou le royaume des Géants, Branagh signe quelques jolis effets de paysage évoquant le bon vieux procédé « caméra multiplane » qu’employait jadis Walt Disney dans ses premiers classiques. Par contre, lorsque l’action s’emballe, le film perd en lisibilité… le montage « cut » des scènes d’action à la mode s’accomode mal des effets 3D. La grande scène de bataille entre les héros et les Géants en est emblématique ; on a tout juste le temps de repérer qui est qui, dans cette séquence où chaque protagoniste porte une tenue sombre, face à des monstres à peau sombre dans un lieu ténébreux… Difficile parfois de s’y retrouver pour le spectateur qui « subit » les effets de relief « dans ta face » au lieu de s’intéresser aux actions des personnages. Dommage donc, car cela gâche quelque peu le plaisir d’un film conçu pour le pur divertissement, et qui accomplit son contrat, mais n’arrive pas à transmettre l’émerveillement attendu dans les meilleurs films du genre.  

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Du côté du casting, il n’y a pas de critiques majeures à apporter. Branagh, même aux commandes d’une superproduction, s’attache au jeu de comédiens, et réussit un mélange intéressant de visages familiers et de nouvelles têtes. Anthony Hopkins est comme toujours impérial dans un rôle bâti sur mesure, lui qui a déjà joué les souverains vieillissants de la mythologie nordique – le Roi Hrothgar dans le BEOWULF de Robert Zemeckis. Natalie Portman « décompresse » après l’épuisant BLACK SWAN, et apporte son charme habituel de princesse de STAR WARS, sans trop surprendre. Notons aussi le talentueux comédien suédois Stellan Skarsgard, habitué des rôles ambigus, ici dans un contre-emploi amusant de savant dépassé, et l’imposant Idris Elba, inattendu en dieu Heimdall, gardien vigilant du Bifrost, le Pont Arc-en-Ciel. Le scénario aurait pu peut-être se passer par contre des interventions comiques de la « sidekick » gaffeuse interprétée par Kat Dennings ; c’est moins le jeu de la jeune comédienne que les interventions « sitcom » de son personnage qui agacent… D’autant plus qu’on aurait bien aimé voir un peu plus les personnages de Sif, des Trois Guerriers et de Frigga (Rene Russo, deux petites scènes…) mis en valeur.  

Point positif : la révélation des deux découvertes majeures du film, des « bleus » qui assurent face à des acteurs chevronnés ; le jeune comédien australien Chris Hemsworth (apparu brièvement dans le nouveau STAR TREK en paternel du Capitaine Kirk) endosse la personnalité impétueuse de Thor sur ses robustes épaules. Il prête un mélange adroit d’énergie, de charisme viril et d’humour à un personnage difficile à rendre crédible sur le papier. Et notons aussi l’excellente prestation de Tom Hiddleston dans le rôle de Loki. Ce comédien britannique au physique émacié évoquant les jeunes John Malkovich ou Gary Oldman, rôdé sur les planches de théâtre et la télévision britannique, donne une touche de complexité intéressante à son personnage de « vilain » manipulateur. On devrait bientôt reparler de lui, qui a rejoint le casting du CHEVAL DE GUERRE de Steven Spielberg.  

La mission de Branagh, malgré les scories constatées, est accomplie de façon satisfaisante. La saga « vengeresse » se poursuivra maintenant en août avec le CAPTAIN AMERICA du sympathique Joe Johnston, collaborateur de longue date de Steven Spielberg et George Lucas. Le Super-soldat de la Démocratie est fin prêt à affronter les hordes nazies et l’infâme Crâne Rouge. Que son bras reste puissant. Si fait !      

 

 

La note : 

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Ludovic Fauchier, complètement marteau

 

La Fiche technique :  

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THOR  

Réalisé par Kenneth BRANAGH   Scénario d’Ashley MILLER & Zack STENTZ et Don PAYNE, d’après la bande dessinée créée par Stan LEE, Larry LIEBER et Jack KIRBY (Marvel Comics)  

Avec : Chris HEMSWORTH (Thor), Natalie PORTMAN (Jane Foster), Tom HIDDLESTON (Loki), Anthony HOPKINS (Odin), Stellan SKARSGARD (Erik Selvig), Kat DENNINGS (Darcy Lewis), Clark GREGG (l’Agent Coulson), Idriss ELBA (Heimdall), Colm FEORE (Laufey, Roi des Géants de Glace), Ray STEVENSON (Volstagg), Tadanobu ASANO (Hogun), Joshua DALLAS (Fandral), Jaimie ALEXANDER (Sif), Rene RUSSO (Frigga), les caméos de Stan LEE (Stan the Man), J. Michael STRACZYNSKI (le premier routier), et les apparitions NC de Samuel L. JACKSON (Nick Fury) et Jeremy RENNER (Clint Barton)  

Produit par Kevin FEIGE, Victoria ALONSO, Debra JAMES et Craig KYLE (Paramount Pictures / Marvel Entertainment / Marvel Studios)   Producteurs Exécutifs Mike BODKIN, Louis D’ESPOSITO, Stan LEE, David MAISEL et Patricia WHITCHER  

Musique Patrick DOYLE   Photo Harris ZAMBARLOUKOS   Montage Paul RUBELL   Casting Sarah FINN et Randi HILLER  

Décors Bo WELCH   Direction Artistique Maya SHIMOGUCHI, Pierre BUFFIN, Joe CEBALLOS, Kasra FARAHANI, Luke FREEBORN, Sean HAWORTH et A. Todd HOLLAND   Costumes Alexandra BYRNE  

1er Assistant Réalisateur Luc ETIENNE   Réalisateur 2e Équipe Vic ARMSTRONG   Cascades Andy ARMSTRONG et Gary Ray STEARNS  

Mixage Son Peter J. DEVLIN   Montage Son Michael W. MITCHELL et Hugo WENG   Effets Spéciaux Sonores Michael BABCOCK  

Effets Spéciaux Visuels Nicolas CHEVALLIER, Vincent CIRELLI, Robert NEDERHORST, Kelly PORT, Wesley SEWELL, Craig VEYTIA (BUF / CEG Media / Digital Domain / Fuel VFX / HPI / Legacy Effects / Luma Pictures / The Base Studio / The Third Floor / Whiskytree)   Effets Spéciaux de Plateau David ROUXEL et Daniel SUDICK  

Distribution USA : Paramount Pictures / Distribution INTERNATIONAL : UIP   Durée : 1 heure 54  

Caméras : Arriflex 435, Panavision Panaflex Millennium XL et Platinum

Philip K. Dick rêve-t-il d’adaptations cinématographiques ? – THE ADJUSTMENT BUREAU et SOURCE CODE

Au programme d’aujourd’hui, deux thrillers de science-fiction, aux thèmes apparemment assez similaires…

La paranoïa et manipulations forcées du destin y sont de mise ; les protagonistes y croisent une belle inconnue dont ils tombent amoureux, à leurs risques et périls ; et, surtout, ils doivent énormément à Philip K. Dick. Le défunt auteur de romans et nouvelles hallucinées qui ont donné à l’écran de célèbres adaptations filmées est l’auteur de la nouvelle à l’origine du film ADJUSTMENT BUREAU… et SOURCE CODE, s’il n’est pas adapté d’un de ses textes, lui doit certainement beaucoup par l’esprit. Or, le premier film échoue là où l’autre réussit !    

Mais avant d’aller plus loin, profitons de l’occasion qui nous est offerte de passer en revue les différentes adaptations de l’auteur à l’écran. Philip K. Dick et le cinéma, c’est déjà une longue histoire chaotique, comprenant aussi bien des réussites, des déceptions, des petites pépites et de terribles trahisons ! 

  

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L’auteur vit, peu de temps avant sa mort, la toute première d’entre elles, BLADE RUNNER, basée sur son roman « Les Androïdes Rêvent-ils de Moutons Electriques ? », par Ridley Scott, en 1982. Plutôt hostile à toute tentative d’adaptation hollywoodienne, Dick fut emballé par la projection que lui réserva le futur cinéaste de GLADIATOR. Depuis, BLADE RUNNER est reconnu comme un chef-d’œuvre (presque) indiscutable du genre… du moins en ce qui concerne l’esthétique. De ce côté-là en tout cas, le film est irréprochable, grâce aux magnifiques effets spéciaux de Douglas Trumbull, le magicien des effets de 2001 L’ODYSSEE DE L’ESPACE et RENCONTRES DU TROISIEME TYPE, qui crée une Los Angeles futuriste et tentaculaire. Grâce également à l’ambiance créée par les savants éclairages de Scott et son chef opérateur Jordan Cronenweth, et l’équipe artistique… Ce lointain descendant de METROPOLIS croisé au FAUCON MALTAIS, lorgnant aussi de très près sur les bandes dessinées de Moebius parues dans la revue Métal Hurlant, aux thèmes passionnants (la création d’une forme de vie artificielle, trop semblable à l’Homme), a toutefois souffert pendant longtemps de problèmes de clarté de scénario. Divers remontages portant sur des détails à l’importance variable d’une version à l’autre (la licorne, pour ne citer qu’un exemple) n’ont pas non plus aidé à sa compréhension. L’interprétation est de qualité ; Harrison Ford campe un savoureux Marlowe dépressif du futur… même si l’acteur se sentit vite perdu dans les décors et les gadgets techniques envahissants de Scott, il donne une certaine gravité résignée à son personnage de détective privé. Mais c’est Rutger Hauer, inoubliable androïde en révolte contre son créateur (le comédien « kubrickien » Joe Turkel) qui reste dans les mémoires. Très bon film pour ses qualités techniques et visuelles évidentes (maintes fois imitées dans des dizaines de productions de SF par la suite), quelque peu décevant dans son récit prometteur, BLADE RUNNER reste tout de même dans le haut du panier des adaptations de Dick.    

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Plus en tout cas que le film suivant, tout aussi célèbre pourtant, TOTAL RECALL, réalisé par Paul Verhoeven en 1990. Le cinéaste hollandais, fou génial, auteur virulent de SOLDIER OF ORANGE et ROBOCOP, poursuivait son aventure hollywoodienne avec un Arnold Schwarzenegger alors au sommet de sa forme et de sa gloire au box-office mondial. Une association explosive pour l’adaptation de « Souvenirs à Vendre » de Dick, histoire azimutée de manipulation mentale cachant un obscur secret situé sur Mars, planète de toute les obsessions de l’auteur… Gros succès, TOTAL RECALL déçut tout de même les admirateurs de Verhoeven et irrita les amateurs de Dick. Seuls les fans moins exigeants de « Schwarzy » y trouvèrent leur compte, le film étant une version futuriste ultra-violente de LA MORT AUX TROUSSES, un blockbuster d’action pétaradante centré autour de sa méga-star, plus prompt à castagner et mitrailler ses ennemis qu’à se poser des questions métaphysiques («si che suis pas moi, qui che suis, portel ?»). La dimension « dickienne » est rapidement évacuée au profit des effets spéciaux, des explosions et de l’action non-stop… de facture assez correcte pour l’époque (notamment les métamorphoses animatroniques assurées par Rob Bottin, l’artiste fou de THE THING et HURLEMENTS), les truquages ont cependant pris depuis un sérieux coup de vieux.  Quelques points positifs… outre la relance de la carrière de Sharon Stone (parfaite dans le registre mi-ange mi-démon. Les castagnettes du Chêne Autrichien en gardent un souvenir douloureux !), Verhoeven a tout de même tenté de « subvertir » l’image de Schwarzenegger, n’hésitant pas à le tourner plus d’une fois à l’écran en dérision : gentil mari effacé, Quaid (Schwarzenegger) subit toutes sortes de déguisements et métamorphoses grotesques – déformations « cartoonesques » à foison, serviette-turban sur la tête et travestissement en grosse femme… Plus sérieux, le film redevient « dickien » quelques instants, lors de la séquence de l’hôtel martien. Qui est ce curieux docteur surgi de nulle part qui vient avertir Quaid qu’il est toujours en plein délire psychotique, que ce qu’il vit n’est pas réel ? Pendant quelques minutes, TOTAL RECALL vacille un peu sur ses fondations, on se prend à espérer que Verhoeven va reprendre la situation en main pour orienter le film dans la paranoïa complète… mais les lois du box-office reviennent reprendre leur droit, enchaînant bagarres et fusillades sanglantes jusqu’au générique de fin. Une bonne occasion ratée, donc.    

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L’adaptation suivante de Dick date de 1990. Cocorico, elle est française ! CONFESSIONS D’UN BARJO est signée d’un certain Jérôme Boivin, réalisateur atypique d’un BAXTER dont le héros est un chien méchant et pensant… Comédie grinçante interprétée par Hippolyte Girardot, Anne Brochet et Richard Bohringer, le film est depuis tombé dans l’oubli. En 1995, le Canada se distingue à son tour avec une bonne petite surprise, SCREAMERS (PLANETE HURLANTE), basée sur la nouvelle « Second Variety ». Un script adapté par Dan O’Bannon – déjà co-auteur de TOTAL RECALL – qui tombe entre les mains du réalisateur Christian Duguay. Sous l’apparence d’un récit d’action futuriste, c’est une excellente série B bien menée. Un groupe de soldats – menés par Peter Weller, le ROBOCOP de Verhoeven – embarqués dans une guerre interminable se retrouve piégé sur une planète où des machines intelligentes, les « screamers » créés pour mettre fin au conflit, ont évolué. Elles imitent si bien les formes de vie les plus complexes qu’elles finissent par se croire réelles… La suspicion gagne les rangs du commando dès lors que tous croient que les redoutables « screamers » se cachent parmi eux… Une ambiance de décrépitude, quelque part entre Tchernobyl et la guerre civile yougoslave, donne à ce film un cachet particulier et tout à fait appréciable.    

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Dans un registre assez proche, l’américain Gary Fleder signe en 2002 une nouvelle adaptation, IMPOSTOR, assez fidèle à l’esprit du romancier. Dans un proche futur où l’Humanité est en guerre contre les extra-terrestres Centauriens, le directeur de l’armement à la solde d’un gouvernement fasciste, Spencer Olham (Gary Sinise), se retrouve suspecté d’être un « faux humain » par les services secrets de son camp ;  fabriqué par l’ennemi, il aurait été manipulé et rendu volontairement amnésique, porteur d’une bombe vivante… Le sujet est intéressant, le film correctement interprété par de solides professionnels (Sinise, Madeleine Stowe, Vincent D’Onofrio)… seul bémol, la limitation de son budget oblige le réalisateur à caviarder son film d’inserts d’effets visuels d’autres films – notamment STARSHIP TROOPERS et ARMAGEDDON.    

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Si, jusqu’ici, BLADE RUNNER était généralement considéré comme la seule et unique adaptation valable de l’univers de Philip K. Dick, un autre film va lui tenir la dragée haute vingt ans plus tard. Et quel film ! Steven Spielberg signe avec MINORITY REPORT un bijou de « SF Noire » qui transcende la nouvelle originale de Dick, « Rapport Minoritaire ». D’abord conçu comme une préquelle à TOTAL RECALL, le scénario subit, entre les mains du cinéaste de LA LISTE DE SCHINDLER, une révision complète. Le résultat en vaut la chandelle. Sous son aspect séduisant de film d’action à suspense, MINORITY REPORT pose d’importantes questions éthiques sur une société sécuritaire qui n’est que le reflet à peine déformé de notre propre monde. Grâce aux mutants Précogs, une « parapolice » hi-tech, PréCrime, peut désormais empêcher tout crime en arrêtant le criminel… avant son passage à l’acte annoncé par les visions des Précogs. Une police préventive donc, pour le bien de la société, terriblement efficace grâce aux talents qu’a son chef d’équipe, John Anderton (Tom Cruise, grandiose dans une performance sur le fil du rasoir), pour « décoder » les visions des trois Précogs. Mais un tel pouvoir exercé sur le citoyen lambda débouche sur une dérive totalitaire qui ne dit pas son nom… Arrêter et emprisonner sans procès un homme qui n’a pas encore commis de crime, est-ce encore de la Justice, ou un simulacre ? Ce n’est que l’une des nombreuses questions que Spielberg nous pousse à nous poser dans ce film fou. Il est aussi question de trafics d’organes et de drogues dévastatrices pour l’esprit, de manipulations génétiques arbitraires, d’alliances louches entre le gouvernement américain et les sociétés de sécurité privées, de disparition totale de la vie privée…  La maîtrise des scènes d’action trépidantes fait « passer la pilule » de la noirceur du message que le cinéaste nous adresse alors aux premières heures de l’ère Bush, annonciatrice d’autres arrestations « préventives » et détentions arbitraires, celles de Guantanamo.    

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Le studio DreamWorks enchaînera sur une autre adaptation de Dick en 2004, PAYCHECK. Malheureusement, en cherchant à « surfer » sur le succès de MINORITY REPORT, dont il copie le look et certains thèmes, le réalisateur John Woo n’en retrouve pas l’inspiration. Il est fortement question de manipulations gouvernementales et de guerres « préventives », mais le traitement, orienté comme un film d’action hollywoodien de plus, ne convainc pas. Encore moins heureux, Lee Tamahori, réalisateur néo-zélandais jadis inspiré (L’ÂME DES GUERRIERS), devenu depuis un simple exécutant de Hollywood, réalise un « véhicule » pour Nicolas Cage en 2007, NEXT, d’après « L’Homme Doré », angoissante nouvelle de Dick sur un mutant sociopathe doté de pouvoirs prémonitoires. Du texte de ce dernier, il ne reste pratiquement rien, le gimmick des visions prémonitoires servant juste de prétexte à un étalage d’effets spéciaux pour une énième traque au complot terroriste. Comble de la trahison, le FBI, bête noire de l’écrivain, devient ici sympathique ! Et Cage (le comédien de plus en plus « plastifié », ces dernières années, semble prendre plaisir à enchaîner les navets et saboter ainsi sa carrière) et Tamahori plagient au passage une scène marquante de MINORITY REPORT, la « torture oculaire » héritée d’ORANGE MECANIQUE… Julianne Moore est dramatiquement sous-employée, et on se console devant la plastique irréprochable de Jessica Biel. C’est peu… La trahison est totale. Le résultat est sans appel, NEXT est une catastrophe filmique et la pire des adaptations dickiennes.    

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Pour voir une adaptation réussie de Dick en 2007, il faudra se tourner vers un cinéma affranchi des règles du blockbuster standardisé. La très bonne surprise vient de Richard Linklater, réalisateur de SCANNER DARKLY, d’après SUBSTANCE MORT. Une réussite qui doit son caractère hallucinatoire à une technique originale, le rotoscoping, les prises de vues réelles, en « live », étant ensuite retravaillées en animation traditionnelle. Cela donne au film, plongée dans le quotidien d’une pitoyable bande de drogués (en tête d’affiche, Keanu Reeves et de beaux disjonctés : Winona Ryder, Robert Downey Jr. et Woody Harrelson) subissant les effets dévastateurs d’une drogue qui rend schizophrène, un aspect familier et perturbant au possible.  De nouvelles adaptations « dickiennes » sont annoncées, et devraient apparaître sur le grand et le petit écran dans les années à venir. La plus avancée n’est pas la plus rassurante. TOTAL RECALL va connaître une nouvelle mouture. Difficile de dire, à ce stade de la production, si le film sera une répétition de la version Schwarzenegger-Verhoeven, ou une relecture plus fidèle au texte de Dick. Un a priori rassurant, Colin Farrell en sera la vedette ; après avoir été remarqué en agent du FBI tenace dans MINORITY REPORT, le bouillant acteur irlandais retrouve donc un univers familier, aux côtés de la charmante Kate Beckinsale chargée de succéder à Sharon Stone dans le rôle de la gentille/méchante épouse du héros. Moins rassurant, le choix du réalisateur, Len Wiseman, « auteur » des UNDERWORLD et DIE HARD numéro 4 laisse craindre que le film sera plutôt un « blockbuster pétaradant » de plus, au lieu d’une œuvre de science-fiction « dickienne » pure. On guettera avec plus d’intérêt la mise en chantier de deux autres projets nettement plus intéressants : à la télévision tout d’abord, où Ridley Scott produirait une mini-série ambitieuse, LE MAÎTRE DU HAUT CHÂTEAU. Un des romans les plus célèbres de Dick, maintes fois récompensé pour cette uchronie, description terrifiante d’une Amérique vaincue par l’Axe pendant la 2e Guerre Mondiale, et morcelée entre ses conquérants – le Japon impérial et l’Allemagne nazie ! Du tout bon pour le cinéaste de BLADE RUNNER, qui retourne à ses amours sciences-fictionnelles en ce moment même, avec PROMETHEUS, situé dans l’univers d’ALIEN avant les évènements de ce film… L’autre projet, tout aussi alléchant, et tout aussi difficile à adapter, est la mise en chantier d’UBIK par Michel Gondry. Histoire difficilement racontable où un petit groupe d’enquêteurs se retrouve pris au piège de l’esprit d’un mort en animation suspendue, et « enfermé » dans les souvenirs de ce dernier… Le cinéaste français va pouvoir donner libre cours à ses expérimentations visuelles les plus folles, et revenir à un univers finalement assez proche de son magnifique ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND.    

Il est maintenant temps de revenir à notre «comparatif» du jour, opposant une mystérieuse agence de redresseurs de destin et un curieux voyageur temporel quelque peu angoissé !  

  

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THE ADJUSTMENT BUREAU / L’Agence, de George NOLFI    

 

L’Histoire :    David Norris est un jeune politicien ambitieux, charismatique et populaire. Député natif de Brooklyn, il brigue le poste de Sénateur de l‘État de New York. La voie vers le succès électoral est toute tracée, mais la publication dans la presse d‘une photo gênante lui coûte la victoire au dernier moment. Déprimé, David tente de rédiger sans conviction un discours de défaite. S‘absentant quelques instants aux toilettes de l‘Hôtel Waldorf, il rencontre par hasard une magnifique jeune femme, venue s‘incruster à la fête électorale. Une brève conversation, et c‘est le coup de foudre. La belle inconnue s’éclipse, sans avoir dit son nom à David. Sous le charme, le jeune politicien improvise un discours qui remotive magistralement ses supporteurs.     Quelque temps plus tard, il retrouve par hasard la jeune femme dans le bus. Elle se nomme Elise, danseuse ballerine professionnelle. Une rencontre amoureuse idéale… sauf pour les inquiétants hommes en complet gris, imperméables et chapeaux mous qui suivent David à son insu. Ceux-là cherchent à empêcher toute romance entre David et Elise, dans un but précis… En pleine préparation de sa future campagne électorale, David trouve ces inquiétants personnages dans les bureaux de son équipe, en train de «réinitialiser» ses collègues et son personnel, paralysés.      Cherchant à leur échapper, il est capturé. Le chef de l’équipe de ces étranges intrus, Richardson, et son adjoint, Harry Mitchell, lui expliquent qu’ils ont été chargés de veiller sur sa destinée, suivant les ordres venus d’en haut, du Bureau des Ajustements… Il n’arrivera rien à David, à part des bonnes choses pour sa carrière politique, à la seule condition qu’il ne revoit jamais Elise. Autrement, sa mémoire sera effacée de force…    Image de prévisualisation YouTube 

 

Impressions : 

 

Mêler des genres aussi disparates que le thriller, la science-fiction à la Dick et la romance, nécessite une certaine dose de courage… autant que d’inconscience.    Le scénariste George Nolfi signe son premier film en adaptant une nouvelle de Dick, titrée chez nous « Rajustement ». Était-ce vraiment une bonne idée ? Quand on examine le CV de Nolfi, collaborateur régulier de Matt Damon, on peut tout de même en douter… On lui doit le scénario de l’épouvantable OCEAN’S 12, le pire de la trilogie réalisée par Steven Soderbergh. Un invraisemblable « film de vacances entre copains » budgété à 120 millions de dollars, où les acteurs en totale roue libre improvisent sans y croire un instant sur un scénario fumeux… Nolfi a également co-signé pour Damon le script de THE BOURNE ULTIMATUM / La Mort dans la Peau, troisième volet de la série « Bourne ». Divertissement d’action rythmé, qui se contente de copier pratiquement à l’identique le récit du film précédent. Autant dire que cela fait un peu « léger » pour un réalisateur débutant qui veut s’attaquer frontalement à une adaptation cinématographique de l’univers tortueux de Dick.  Malheureusement, au terme de la projection, l’a priori se confirme. Nolfi livre un divertissement léger mais sans audace. Comme quoi Matt Damon, plutôt inspiré dans ses précédents choix de films, devrait à l’avenir se méfier de certains « copains » du métier…     Pour la défense de Nolfi, il faut reconnaître qu’il part avec un handicap difficile à gérer. La nouvelle originale de Dick, titrée « Ajustement » et parue en français dans un volumineux recueil de nouvelles chez Denoël (les curieux y trouveront aussi les nouvelles à l’origine de TOTAL RECALL, MINORITY REPORT, PAYCHECK et NEXT), date des premières années du futur grand auteur du MAÎTRE DU HAUT CHÂTEAU. Histoire courte, assez représentative des hésitations du jeune écrivain dans sa période « vaches maigres », elle contient les germes de ses futurs thèmes récurrents – climat de paranoïa, manipulations mentales d’une « agence » nébuleuse – mais reste assez « légère ». La nouvelle contient une bonne dose d’humour « dickien » – un chien parlant et paresseux, employé de l’Agence, joue malgré lui un rôle déterminant dans la découverte de la Vérité par le héros ! Mais, après ces prémices alléchantes, Dick termine sa nouvelle en queue de poisson, une dizaine de pages en tout. Somme toute, c’est plus un « pitch » qu’une histoire complètement développée.  Nolfi a gardé l’idée initiale de l’Agence surveillant les destinées de tout un chacun, et la « gaffe » initiale… mais il n’a pas gardé le « chien-espion » de la CIA céleste ! Malheureusement, en cherchant à s’affranchir de l’ambiance dickienne pour privilégier la romance, il a aussi quelque peu saboté son intrigue.   

 

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Il est regrettable qu’après un début intéressant, le réalisateur semble hésiter… une fois que David Norris, le personnage interprété par Matt Damon, découvre la réalité cachée derrière sa fulgurante ascension politique, Nolfi louvoie entre le thriller paranoïaque et la « love story » contrariée, sans trop savoir où mener son récit. Les « ajusteurs », dont la tenue évoque les agents du FBI des années Kennedy, ont beau répéter au héros qu’il ne doit plus chercher à retrouver la belle Elise, le scénario ne définit qu’assez vaguement la menace vécue par le protagoniste. Il ne doit plus revoir la jolie femme et s’en remettre à cette mystérieuse Agence « qui lui veut du bien », point barre. Une vague réflexion sur le libre-arbitre et les accidents du hasard tient lieu d’alibi intellectuel à un récit assez léger, où il apparaît d’ailleurs que l’Agence, plus indulgente que menaçante, serait aux ordres d’un certain « Grand Patron » qui ne serait autre que le bon Dieu en personne. L’occasion de plonger dans un vertige métaphysique comme les aimait Philip K. Dick est donc ratée, au profit d’une récupération religieuse « gentille » et malvenue. Il ne reste, pour se consoler, que quelques prémices « dickiennes » essentiellement rassemblées dans la séquence où Norris découvre les « Ajusteurs » en plein travail dans ses bureaux… Saluons quand même quelques trouvailles techniques étonnantes, comme ce plan-séquence où le couple poursuivi franchit des kilomètres de ville en quelques ouvertures de portes « téléporteuses ».  Reconnaissons aussi le professionnalisme des comédiens embarqués dans cette décevante aventure : Matt Damon qui hérite d’un rôle sur mesure et sans surprise ; le méconnu et très bon Anthony Mackie (boxeur « caillera » dans MILLION DOLLAR BABY et militaire angoissé dans THE HURT LOCKER / DEMINEURS) en surveillant dévoué ; Terence Stamp, toujours impérial et inquiétant, malgré un rôle trop court ; et la craquante Emily Blunt dont la caméra tombe amoureuse à chaque plan ! Interprétation correcte donc, mais une certaine déception se fait ressentir pour ce qui restera une adaptation divertissante mais tiède, et besogneuse.    

La note : 

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La fiche technique : 

THE ADJUSTMENT BUREAU / L’Agence 

Réalisé par George NOLFI    Scénario de George NOLFI, d’après la nouvelle « Adjustment Team / Rajustement » de Philip K. DICK   

 

Avec : Matt DAMON (David Norris), Emily BLUNT (Elise Sellas), Anthony MACKIE (Harry Mitchell), Terence STAMP (Thompson), Michael KELLY (Charlie Traynor), John SLATTERY (Richardson), Donnie KESHAWARZ (Donaldson), Anthony RUVIVAR (McCrady), Christine LUCAS (Christine), Shane McRAE (Adrian Troussant), et les apparitions NC de Jon STEWART et Michael BLOOMBERG (eux-mêmes)     Produit par Bill CARRARO, Michael HACKETT, Chris MOORE, George NOLFI, Michael BEDERMAN, Eric KRIPKE et Joel VIERTEL (Universal Pictures / Media Rights Capital / Gambit Pictures / Electric Shepherd Productions)   Producteurs Exécutifs Isa DICK HACKETT et Jonathan GORDON     Musique Thomas NEWMAN   Photo John TOLL   Montage Jay RABINOWITZ   Casting Cathy SANDRICH    Décors Kevin THOMPSON   Direction Artistique Stephen H. CARTER   Costumes Kalisa WALICKA-MAIMONE   1ers Assistants Réalisateurs Steve APICELLA, Peter SOLDO et H.H. COOPER   Cascades et Réalisateur 2e Équipe G.A. AGUILAR    Mixage Son Danny MICHAEL    Effets Spéciaux Visuels John BAIR, Jim RIDER, Mark RUSSELL, Justin BALL et Randall BALSMEYER (Big Film Design / RhinoFX / Brainstorm Digital / Wildfire VFX / Proof / Phosphene / HPI / Realscan 3D)     Distribution USA : Universal Pictures / Distribution INTERNATIONAL : UIP   Durée : 1 heure 46     Caméras : PanArri 435, Panaflex Millennium XL et Platinum    

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SOURCE CODE, de Duncan JONES 

L’Histoire : 

un homme se réveille subitement, dans un train à destination de Chicago, face à une jeune femme qui lui fait la conversation. Désorienté, l’homme ignore comment il s’est retrouvé à bord du train, ni pourquoi la jeune femme qui lui fait face le connaît, et l’appelle « Sean »… alors qu’il est persuadé de se nommer Colter Stevens, militaire en mission en Afghanistan. Très perturbé, Colter se rend aux toilettes du train pour reprendre ses esprits… et réalise que son reflet est celui d’un autre homme. La jeune femme le rejoint, lui demandant des explications sur son comportement. Il a à peine le temps de lui répondre que le train est détruit par une terrible explosion. Tout le monde est tué…    

Et pourtant, Colter Stevens se réveille, vivant, sanglé dans une capsule hermétiquement fermée. Sur un moniteur, une femme officier, Colleen Goodwin, tente de le calmer et de le raisonner. Après une période de panique, Colter comprend qu’il s’est porté volontaire pour une mission très particulière. Ce matin même, un train à destination de Chicago a été détruit par un attentat terroriste. Embarqué dans une étrange machine à la conception révolutionnaire, le « Source Code », Colter se retrouve à vivre en temps réel les dernières minutes avant l’explosion fatidique. Il doit absolument trouver la bombe, et l’auteur de l’attentat, qui se trouvait à bord du train. Colter se retrouve une nouvelle fois «projeté» à bord du train, revivant les mêmes évènements en compagnie de la jeune femme, Christina… 

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Impressions :    

Et si, tout compte fait, il fallait chercher l’esprit « dickien » dans un film original ? L’auteur a profondément influencé nombre de films de science-fiction dont les thèmes favoris se retrouvent dans nombre de films. Pêle-mêle, on peut citer TWELVE MONKEYS / L’ARMEE DES DOUZE SINGES de Terry Gilliam, THE TRUMAN SHOW de Peter Weir, GATTACA d’Andrew Niccol (également auteur du scénario du TRUMAN SHOW, et qui va rempiler en fin d’année avec un nouveau film, NOW, dans le ton de ses premières œuvres), DARK CITY d’Alex Proyas, MATRIX des Wachowski (du moins ses prémices, avant que le film ne tourne au fourre-tout « kung fu et fusillades »), ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND, donc, ou encore le monumental INCEPTION de Christopher Nolan. Toutes ces productions sont, à des degrés divers, redevables à Philip K. Dick de l’originalité de leurs sujets. Et, à sa façon, SOURCE CODE s’inscrit dans cette lignée d’un cinéma de science-fiction novateur, tout en assurant haut la main sa garantie de divertissement.    

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Qui est donc le réalisateur de SOURCE CODE, Duncan Jones ? Un jeune quadragénaire, sujet britannique, d’abord connu pour ses illustres géniteurs. Il est en effet le fils de David Bowie et de son ex-épouse Angela, son égérie des années « glam rock » des années 70, celle-là qui inspira à Mick Jagger la célèbre chanson « Angie » ! Le petit Duncan naquit en plein dans les années où son célèbre papa s’incarnait sur scène en « Ziggy Stardust », extra-terrestre androgyne et chantait « Ground Control to Major Tom » (« Ground Control to Major Tom / Take your protein pills and put your helmet on… »). Chanson « planante » qui fut inspirée à Bowie par la vision du chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre de la grande science-fiction, 2001 : L’ODYSSEE DE L’ESPACE de Stanley Kubrick ! Un Papa très marqué par la SF, puisqu’il tourna aussi dans le remarquable et déroutant HOMME QUI VENAIT D’AILLEURS en 1976, et apparut au fil des ans dans divers films fantastiques, notamment une prestation mémorable en Nikola Tesla dans LE PRESTIGE de Nolan… Avec un héritage pareil, il n’est pas étonnant de voir que le petit Duncan adore tout autant la science-fiction, « biberonné » à STAR WARS comme à l’œuvre de Kubrick ! Pas plus que de le voir signer un premier long-métrage, MOON, avec Sam Rockwell, qui puise directement son inspiration visuelle et narrative dans 2001, avec une touche de SILENT RUNNING, le beau film moins connu de Douglas Trumbull (qui se trouvait être le cocréateur des effets visuels de 2001 !). Un premier film, récit d’un homme solitaire employé sur une base lunaire, qui tourne le dos aux clichés de la SF « blockbuster », et qui fut salué pour sa maîtrise et l’interprétation intense de Rockwell.    Jones poursuit dans la même veine avec ce SOURCE CODE, écrit par un jeune scénariste, Ben Ripley, lui aussi féru de SF, qui s’est fait les dents sur quelques commandes de films « direct-to-video » sans grand intérêt. Amusante coïncidence, ou synchronisme jungien, l’association de Jones et Ripley évoque deux noms bien « marqués » par un classique du genre qui nous intéresse ici : respectivement les noms du chat et de l’héroïne, les deux survivants du Nostromo dans ALIEN !    

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L’anecdote mise à part, les deux hommes ont dû s’amuser à concocter une intrigue certes très référentielle mais aussi très astucieuse, et solidement construite. En se basant sur le récit à suspense le plus basique qui soit (la sempiternelle bombe à retardement), Jones et Ripley se servent de l’argument science-fictionnel pour réussir un joli tour de force technique et émotionnel. Ils auraient pu rebaptiser leur film «Je suis vivant et vous êtes morts», pour rester dans l’esprit de l’univers de Dick. Les révélations et retournements de situation sont suffisamment bien dosés pour maintenir le spectateur en haleine, sans le faire décrocher. Et ceci avec des éléments référentiels somme toute assez clairs (manipulations gouvernementales, thriller, réalité altérée, et love story contrariée) ; les auteurs ont su doser les ingrédients narratifs tout en construisant une intrigue ingénieuse. C’est une sorte de mélange entre DEJA VU (le thriller de Tony Scott avec Denzel Washington remontant le temps pour déjouer un attentat) et UN JOUR SANS FIN (pour l’aspect «variations sur une même situation»)… avec une pointe de la fameuse série CODE QUANTUM, ouvertement citée par la brève participation vocale de Scott Bakula.    Le thème archi-rebattu du voyage temporel est ici transformé en « voyage quantique ». Jones et Ripley choisissent de ne pas s’attarder sur les détails techniques de la mission de Colter Stevens (Jake Gyllenhaal, investi à fond dans son rôle), pour mieux s’intéresser à son évolution durant les fameuses 8 minutes fatidiques. Ce dernier passe de l’incrédulité à la peur, puis à la suspicion, la colère, le détachement, ou l’empathie, selon le degré d’informations qui lui sont peu à peu délivrées par sa superviseuse, Goodwin (Vera Farmiga, intrigante). L’histoire d’amour naissante entre Colter et Christina (l’attachante brunette Michelle Monaghan) est touchante, bien menée, sans paraître «téléguidée» par les auteurs. Tout ceci nous mène petit à petit à un joli climax, émouvant sans être excessif, et à un ultime rebondissement qu’aurait sans doute apprécié Dick.    

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Ajoutons à tout cela que Jones, à la mise en scène, fait preuve d’une maîtrise technique digne de ses prestigieux aînés. Les cadrages, mouvements de caméras et enchaînements de montage sont impeccablement pensés et adaptés au récit. Avec des spécialistes comme Don Burgess, l’ancien chef opérateur de Zemeckis, période FORREST GUMP / CONTACT, et Paul Hirsch, ancien monteur de George Lucas et Brian De Palma, Duncan Jones avait peu de chance de saboter son propre travail. Et les effets spéciaux ne prennent jamais le dessus sur le film lui-même ; ils ne servent pas à une démonstration de savoir-faire excessif, mais sont utilisés uniquement quand la nécessité technique l’impose.    Une très bonne surprise, et un réalisateur à suivre. 

La note : 

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Ludovic Fauchier, ajusté et codé. 

La fiche technique :  

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SOURCE CODE    

Réalisé par Duncan JONES   Scénario de Ben RIPLEY    

Avec : Jake GYLLENHAAL (Colter Stevens), Michelle MONAGHAN (Christina Warren), Vera FARMIGA (Colleen Goodwin), Jeffrey WRIGHT (le Docteur Rutledge), Michael ARDEN (Derek Frost), Cas ANVAR (Hazmi), Russell PETERS (Max Denoff ), Brent SKAGFORD (George Troxel), Craig THOMAS (l’Homme d’Affaires à la Montre Dorée), et la voix de Scott BAKULA (le Père de Colter)     Produit par Mark GORDON, Philippe ROUSSELET, Jordan WYNN, Stuart FENEGAN, Sarah PLATT et Tracy UNDERWOOD (The Mark Gordon Company / Vendome Pictures / Vendôme Productions)   Producteurs Exécutifs Jeb BRODY, Fabrice GIANFERMI et Hawk KOCH    

Musique Chris BACON   Photo Don BURGESS   Montage Paul HIRSCH    

Décors Barry CHUSID   Direction Artistique Pierre PERRAULT   Costumes Renée APRIL    

1ers Assistants Réalisateurs Buck DEACHMAN et W. Michael PHILLIPS   Réalisateur 2e Équipe Raymond PRADO    

Mixage Son Marc FISHMAN et Scott MILLAN   Montage Son Tom BELLFORT et Branden SPENCER   Effets Spéciaux Sonores Tom BELLFORT    

Effets Spéciaux Visuels Wayne BRINTON, Sébastien MOREAU et Louis MORIN (Modus Fx / MPC / Mr. X / Oblique FX / Rodeo FX)   Effets Spéciaux de Plateau Ryal COSGROVE    

Distribution CANADA : E1 Entertainment / Distribution FRANCE : SND / Distribution USA : Summit Entertainment   Durée : 1 heure 33    



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