Archives pour juin 2011

La Bataille des Blockbusters, 2e Partie : X-MEN LE COMMENCEMENT

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X-MEN : FIRST CLASS / X-Men : Le Commencement, de Matthew VAUGHN  

  

L’Histoire :  

  

Les origines enfin révélées du célèbre groupe de Mutants héroïques sont directement liées à l’histoire de leur fondateur, le Professeur Charles Xavier, et de son éternel adversaire, Erik Lehnsherr, alias Magneto. Jadis, les deux ennemis étaient amis, voués à protéger leurs congénères d’un monde qui les craint et les hait…  

  Ces origines remontent à 1944, lorsque le jeune Erik Lehnsherr est déporté, avec sa famille, dans un camp d’extermination nazi en Pologne. Les pouvoirs du jeune garçon se manifestent alors qu’il est séparé de ses parents, menés vers une mort certaine. Le scientifique du camp, Klaus Schmidt, l’a remarqué. Bientôt, Schmidt se livre à d’atroces expériences sur le jeune garçon, pour déclencher ses pouvoirs de contrôle sur le magnétisme et les objets métalliques… 

A la même époque, aux Etats-Unis, le jeune Charles Xavier, héritier surdoué d’une riche famille de la côte Est, découvre une intruse dans sa demeure : Raven, une fillette Mutante, capable de prendre l’apparence de n’importe quel être humain, camouflage utile pour dissimuler son vrai visage, bleu et reptilien. Charles, lui-même né Mutant, doté de pouvoirs télépathiques, jure de veiller sur Raven comme si elle était sa sœur…  

  1962. Erik Lehnsherr a survécu à l’horreur des camps, mais a juré de retrouver Schmidt, qui a fui à la fin de la 2e Guerre Mondiale. Il parcourt le monde, à la recherche de son tortionnaire, et n’hésite pas à menacer, brutaliser et tuer les anciens alliés de l’ex-Nazi. Celui-ci se fait désormais appeler Sebastian Shaw, et vit aux USA, où il a prospéré dans les affaires avec l’Armée américaine. Président du Club des Damnés, une organisation fournissant «divertissements» en nature et affaires juteuses pour les élites du monde libre, Shaw achète la complicité d’un Colonel véreux, Hendry, pour placer des silos lance-missiles nucléaires en Turquie, près des frontières de l’URSS. Ces activités illicites attirent l’attention d’un agent de la CIA, Moira MacTaggert, qui s’infiltre dans le Club et découvre, à sa stupéfaction, que Shaw, sa maîtresse Emma Frost et leurs hommes de main sont des Mutants, utilisant leurs pouvoirs pour manipuler dans l’ombre les militaires des camps ennemis en pleine Guerre Froide.  

Moira tente d’alerter ses supérieurs, en vain. Elle finit par contacter Charles Xavier, devenu jeune professeur à Oxford et spécialiste des mutations génétiques. Charles, accompagné de Raven, révèle à Moira ses pouvoirs ; Charles accepte de coopérer avec la CIA pour arrêter Shaw, Frost et leurs sbires à Miami. Mais ceux-ci, retrouvés et attaqués par Erik, parviennent à s’échapper. Charles sauve la vie d’Erik, qui accepte de se joindre à lui pour recruter d’autres Mutants, afin de les aider à maîtriser leurs pouvoirs naissants, et empêcher le Club des Damnés d’arriver à ses fins criminelles…   

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Impressions :    

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«To me, my X-Men»… 

Ah, l’art difficile de la préquelle… Ce néologisme barbare est un concept assez simple, mais délicat à gérer pour les scénaristes, puisqu’il s’agit de raconter les origines, la «pré-histoire» d’un film connu de tous, et non pas les évènements qui en découlent comme dans une suite classique. La tendance est venue s’installer tout doucement avec nos Barbus préférés, à commencer par Maître Francis Ford Coppola, qui dans LE PARRAIN II (1974), réussissait l’exploit de nous passionner sans nous perdre avec deux histoires parallèles, une suite et une préquelle mélangées dans le même récit. La partie «origines» remontant aux racines siciliennes de Don Vito Corleone incarné alors par le tout jeune Robert De Niro. Quinze ans plus tard, c’est Steven Spielberg, associé à George Lucas, qui nous livrait une «mini-préquelle» en guise de scène d’ouverture à INDIANA JONES ET LA DERNIERE CROISADE, racontant en 15 minutes la jeunesse mouvementée du célèbre archéologue. Et c’est finalement George Lucas qui a popularisé le concept avec sa seconde trilogie STAR WARS, entre 1999 et 2005, qui est donc la première dans la chronologie de l’univers des films, puisqu’elle raconte les origines d’Obi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker / Darth Vader… Le terme est depuis entré dans le vocabulaire collectif, et il n’est désormais pas rare de voir films, séries et bandes dessinées à succès exploiter l’idée. Au risque, parfois, de s’emmêler les pinceaux dans la narration !  

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 Le parallèle entre les récents STAR WARS et ce nouvel opus des X-MEN est d’ailleurs assez évident. Le succès de la série super-héroïque des mutants Marvel aboutissant à une sorte de conclusion (pour le moins bâclée), dans X-MEN L’ULTIME AFFRONTEMENT, les producteurs ont bien compris l’intérêt qu’ils avaient à relancer l’univers «X» en racontant ses origines, évoquées dès le film original de Bryan Singer sorti en 2000. L’occasion de «rajeunir» des têtes connues, de faire apparaître de nouveaux personnages et de préparer la voie, en cas de succès, à une nouvelle trilogie «spécial origines» ; même s’il y a eu quelques couacs sévères en cours de route… Bryan Singer, maître d’œuvre des deux premiers films (les meilleurs de la série), fut un temps «débarqué» comme un malpropre par la 20th Century Fox en 2006, le réalisateur payant ainsi l’affront d’avoir cédé à la concurrence Warner/DC, pour réaliser un SUPERMAN RETURNS assez fade avec son équipe de tournage des deux premiers X-MEN. En retour, Fox imposa donc en catastrophe un troisième film tourné par le tâcheron Brett Ratner (RUSH HOUR, DRAGON ROUGE) qui plomba sérieusement le capital sympathie de l’univers mutant en livrant un banal «actioner» expédié en moins de 90 minutes, générique de fin compris. Ajoutez à cela WOLVERINE, un film «spin-off» (autre vilain néologisme décrivant une série dérivée d’un film ou une série déjà existante… vous suivez ?) consacré aux origines du mutant le plus populaire de l’univers X, film distrayant mais assez bancal malgré les efforts de Hugh Jackman, et vous aurez une petite idée des errances créatives de la Fox concernant la franchise X-Men.    

 A l’annonce donc du tournage de ce nouveau film, par le britannique Matthew Vaughn (KICK-ASS, LAYER CAKE), on pouvait deviner et craindre une exploitation purement mercantile d’une série populaire auprès du jeune public toujours amateur d’exploits super-héroïques. Or, et c’est assez rare pour être signalé, ce X-MEN FIRST CLASS est une bonne surprise inattendue, une réussite dans le genre «Films Comic-books» ! L’explication est peut-être finalement assez simple. Sans vouloir discréditer ou mépriser le travail du réalisateur, ce brusque retour de la qualité créative dans la série est dû sans doute au retour en grâce de Bryan Singer. Le cinéaste d’USUAL SUSPECTS et VALKYRIE est en effet revenu aux affaires «X», affûté et semble-t-il décidé à reprendre le contrôle créatif de la saga mutante. Le film retrouve les qualités techniques des deux premiers opus, tout en offrant un script intelligemment géré, qui valorise ses personnages sans les limiter à des icônes à effets visuels. Ce qui était déjà l’approche de l’univers mutant par Singer à l’origine. C’est le signe d’un nouveau départ, d’un retour à un esprit «fresh and new» dans un monde familier aux amateurs de la série. Et c’est plutôt une bonne nouvelle !    

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Vaughn et Singer s’amusent à replacer les X-Men dans le contexte historique «sixties», avec les indispensables influences populaires de cette époque : à commencer bien sûr par les films de James Bond période Sean Connery ! On y retrouve des similarités évidentes – le contexte «Guerre Froide» et «Crise des Missiles» de DOCTEUR NO, OPERATION TONNERRE et autres ON NE VIT QUE DEUX FOIS. Les méchants se déplacent donc forcément dans un luxueux q.g . mobile, un yacht bardé de gadgets (rappelant celui du méchant Largo dans OPERATION TONNERRE) ; des «girls» sublimes et fatales (mention spéciale à January Jones, de la série MAD MEN, en dominatrice sophistiquée). Les génériques de Maurice Binder sont également cités. Mais la filiation «bondienne» la plus frappante concerne le personnage de Magnéto, ou plutôt Erik Lehnsherr. Le méchant attitré de la série, campé par le vétéran tragédien Ian McKellen, est ici un jeune homme fougueux, hanté par la vengeance, et un assassin impitoyable, comme pouvait l’être 007 à ses débuts. Bonne pioche, les réalisateurs ont engagé l’excellent Michael Fassbender, comédien irlando-allemand remarqué dans 300, HUNGER, CENTURION et INGLOURIOUS BASTERDS, pour incarner ce Magnéto très dur à cuire ! Fassbender crève l’écran à chaque scène, apportant une dose égale de menace et d’énergie au personnage, dont on comprend clairement les motivations. L’acteur devrait être catapulté star sous peu, à la façon de Hugh Jackman sorti de l’anonymat après le succès de X-MEN. Il est d’ailleurs assez amusant de voir que les deux se sont ouvertement inspirés de deux stars «iconiques» sortis eux-même de l’anonymat durant les années 1960. Jackman calquait son Wolverine sur la gestuelle et les regards de Clint Eastwood période Sergio Leone ; pour Fassbender, ce sont les attitudes de Sean Connery en agent secret avec permis de tuer qui viennent à l’esprit.      

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  Au chapitre des autres influences «pop» du film, citons les séries télévisées cultes de la même glorieuse décennie – principalement STAR TREK (du moins sa récente version cinéma «spécial origines» renouvelée avec brio il y a 2 ans par J.J. Abrams) et surtout THE AVENGERS (pas les Vengeurs de chez Marvel, mais la série mythique CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR) ! Vaughn et ses scénaristes s’amusent à une sorte de «retour à l’envoyeur» en l’occurrence. La bande dessinée X-MEN connut une de ses grandes heures de gloire quand ses héros furent opposés pour la première fois au Club des Damnés, une association de super-criminels mutants, élitistes et décadents, et très portés sur l’attirail sadomasochiste du 18e Siècle… Les auteurs de la bande dessinée puisèrent alors leur inspiration dans un épisode mémorable, particulièrement osé pour l’époque, de CHAPEAU MELON… qui montrait la belle espionne Emma Peel tomber dans les griffes d’un groupe de criminels décadents nommés… le Club des Damnés, et revêtir pour l’occasion une tenue de dominatrice cuir – soie – bas résille des plus affriolantes. L’épisode fut censuré à l’époque. Les auteurs de la b.d. X-MEN s’en étaient souvenus, poussant l’hommage jusqu’à créer Emma Frost, un personnage marquant de télépathe manipulatrice (depuis passée «du bon côté de la Force»), ayant le prénom de Mrs. Peel… Le réalisateur et les scénaristes de X-MEN FIRST CLASS ne pouvaient forcément pas passer à côté de la référence, modifiant toutefois le Club des Damnés en association «super-mafieuse» (on se retrouve à Las Vegas, référence évidente aux liens occultes tissés à l’époque entre le clan Kennedy et les gangsters de l’Outfit), dispensant toujours des «divertissements» en nature pour les hommes de pouvoir… 

Par ailleurs, la narration de ce nouveau film repose, on l’a dit, sur les origines des deux principaux antagonistes de la saga, Charles Xavier et Magnéto renvoyant à l’histoire familière des Jedis de STAR WARS ; le bon Professeur X apprenant à devenir le mentor, «l’Obi-Wan» d’une génération de jeunes mutants turbulents, s’opposant aux méthodes musclées de Erik Lehnsherr, évoluant vers le «Côté Obscur de la Force» pour devenir Magnéto, comme Anakin Skywalker devenait l’infâme Darth Vader. Les philosophies de vie des deux amis-ennemis s’opposent selon un schéma classique : l’un prône l’entraide, la compassion et la tolérance quand l’autre défend son droit à la vengeance, et un «idéal» de suprématie radicale. En exagérant un peu, on retrouve là le sempiternel combat, transposé dans le monde des comics, des préceptes de Martin Luther King contre Malcolm X, de Nelson Mandela contre Winnie Mandela…  

  

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L’idée maîtresse du film, et qui porte bien la patte de Singer, est de donner à ces aventures fantastiques un contexte historique «réaliste», de poser des bases narratives crédibles, même dans un univers où il est question de surhommes volants et lançant des rayons lasers par les yeux. La scène d’ouverture du film, nous révélant les origines dramatiques de Magnéto, se situe dans un camp de concentration en 1944… Elle est tirée, plan pour plan ou presque, du film original de Singer, musique comprise. Le réalisateur développe cette scène marquante en développant le traumatisme du personnage (fidèle en cela à la bande dessinée, qui motivait ainsi la haine de Magnéto pour l’Humanité, au-delà des artifices habituels des histoires de super-héros), au-delà de cette première scène choc. Vaughn ajoute une deuxième scène choc, où l’infâme scientifique nazi pousse le jeune mutant à bout, le «conditionnant» de force à devenir un criminel (au grand dam de deux Waffen S.S. qui connaissent un sort douloureux, le crâne broyé dans leur casque de métal !). Le besoin de vengeance de Magnéto se trouve ainsi légitimé, et se trouve au centre des meilleures scènes du film. Il remonte patiemment une piste vengeresse, une «filière des rats», d’une banque suisse à Miami en passant par un bar en Argentine. Des scènes mémorables, particulièrement la scène du faux bar bavarois reconstitué dans la pampa… la filmographie récente de Michael Fassbender (revoir la scène de la taverne des BASTERDS !), ainsi que le ton «tranchant» de la scène, nous fait deviner un règlement de comptes très saignant… C’est bien vu de la part des auteurs qui parlent ainsi au jeune public, sans avoir l’air d’y toucher, d’un fait réel : la fuite de nombreux criminels de guerre Nazis, avec la complicité de la «neutralité» banquière suisse, jusqu’en Amérique du Sud… jusqu’à l’implication des cercles du pouvoir américain. On n’est pas si loin de MARATHON MAN et d’UN ELEVE DOUE, signé justement de Bryan Singer. 

Il y a tout de même une morale amère à la résolution du parcours d’Erik / Magnéto : à vouloir combattre et abattre le criminel qui a volé sa vie, Magnéto adopte finalement la vision pervertie de celui-ci. «Celui qui combat des monstres doit veiller à ne pas en devenir un», avertissait le philosophe Friedrich Nietzche, dont les théories furent d’ailleurs récupérées malgré lui et perverties par l’idéologie nazie… Et, de fait, en appliquant la loi du talion contre son ancien «maître», Erik devient le Surhomme monstrueux que celui-ci voulait l’obliger à devenir. En dépit des efforts du bon Professeur Xavier, la boucle infernale est bouclée…    

Le filigrane historique est toujours présent, et astucieusement exploité, à travers l’atmosphère de Guerre Froide, culminant avec une relecture «super-héroïque» de la fameuse Crise des Missiles Cubains. Rappelons brièvement les faits : entre le 16 et le 28 octobre 1962, le monde faillit basculer de la Guerre Froide à la Guerre Brûlante en un rien de temps. L’URSS fournit en missiles nucléaires le Cuba de Fidel Castro, pointant ses armes de destruction vers la côte américaine toute proche. Il s’en était fallu de peu pour que la 3e Guerre Mondiale, thermonucléaire, fut déclenchée et réduise les deux camps – USA et URSS – en cendres, par une situation d’escalade et de riposte automatique. C’est ce contexte «explosif» qui fournit l’idée à Stanley Kubrick de tourner son DOCTEUR FOLAMOUR. La grandiose farce de Kubrick et son célèbre décor de la Salle de Guerre du Pentagone, avec son halo «nucléaire» nimbant militaires paranoïaques et savants fous, sont d’ailleurs cités délibérément ici. En reprenant le schéma traditionnel de la course contre la montre «à la Bond», les auteurs de X-MEN jouent assez intelligemment avec le contexte paranoïaque de l’époque, plaçant nos jeunes et héroïques Mutants en sauveurs malgré eux de l’Humanité. C’est aussi une façon cachée de saluer les origines de la bande dessinée elle-même, née dans ce contexte de crise internationale. La première mission des X-Men fut en effet une intervention «commando» sur un site de lancement de missiles nucléaires, pris d’assaut par Magnéto. Dans leurs premières aventures, les X-Men étaient d’ailleurs surnommés «les Enfants de l’Atome». Toute une époque !…    

  

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Le contrat de divertissement intelligent est rempli par le réalisateur et ses scénaristes, qui revisitent ce contexte «semi-réaliste», tout en s’amusant avec les obligations plus traditionnelles du film de super-héros. Le film est tonique sans être épuisant, techniquement sans défauts, et sait alterner gravité et humour sans tomber dans les excès. Les fans de la bande dessinée, toujours difficiles à satisfaire, seront gâtés par quelques «Œufs de Pâques» savoureux. Des caméos de visages familiers – à commencer par celui, immanquable, d’un Hugh Jackman en Wolvie déjà bien mal embouché dans les sixties ! Les éléments les plus «iconiques» et identifiables de la b.d. sont présents au bon moment : les uniformes jaunes et noirs (qui collent bien à l’ambiance «pop» de l’époque), l’ordinateur Cérébro dans sa forme initiale de «casque de savant fou», le Blackbird supersonique, etc. Même les aspects les plus abracadabrantesques de la série passent comme une lettre à la poste, notamment l’incroyable champ des compétences scientifiques de Hank McCoy, alias le Fauve. A 18 ans seulement, ce jeune surdoué est à la fois chimiste, ingénieur en aéronautique, informaticien et pilote d’essai ! Plus amusant – et plus «cinéphilique» également -, le personnage connaît une métamorphose largement inspirée, visuellement, du DOCTEUR JEKYLL & MR. HYDE de 1931, dû à Rouben Mamoulian. 

Les «geeks» relèveront quand même des incohérences narratives, liées au développement chaotique des films de la série. Emma Frost est ici une trentenaire séduisante et maléfique, alors que le personnage apparaît, adolescente et gentille, dans WOLVERINE, qui se situe pourtant vingt ans après… Quant au recrutement de la belle rousse télépathe Jean Grey par Charles Xavier et Magnéto, montré au début de X-MEN 3, il semble avoir été totalement oublié… Bonne chance aux futurs scénaristes pour «rafistoler» ces erreurs. Bon, ces détails tiennent plus du chipotage de «geek» qu’autre chose, et ne gâchent pas le plaisir du film. Mieux vaut ne pas chercher trop la petite bête !    

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 Autre point positif qui conclut ce tour d’horizon, le choix des comédiens est judicieux dans l’ensemble : on l’a dit, Fassbender vole les meilleures scènes, et on ne peut qu’attendre de sa part le meilleur dans la suite d’une prometteuse carrière. L’acteur sera l’interprète de Carl Gustav Jung dans DANGEREUSES METHODES, le prochain film de David Cronenberg, face à Keira Knightley, Vincent Cassel et Viggo Mortensen en Sigmund Freud. Dans le «X-Casting», il faut mentionner le talentueux écossais James McAvoy (ATONEMENT / Reviens-Moi, LE DERNIER ROI D’ECOSSE). Incarnant le jeune Charles Xavier, McAvoy réinvente avec humour, autorité tranquille et charme juvénile le personnage incarné par Patrick Stewart dans les films originaux. «Son» Charles Xavier est un jeune professeur débordant de vie, draguant ses étudiantes, et apprenant dans le feu de l’action à devenir un éducateur et un chef spirituel à une joyeuse bande de jeunes têtes brûlées. McAvoy s’en tire très bien. On donnera aussi une très bonne note à la prometteuse Jennifer Lawrence (jeune comédienne surdouée révélée dans LOIN DE LA TERRE BRÛLEE, LE COMPLEXE DU CASTOR et surtout WINTER’S BONE), qui recrée le personnage de Mystique, la métamorphe bleue. Loin d’être encore la criminelle mémorable, vicieuse et hyper-sexy campée à l’origine par Rebecca Romijn dans les films de Singer, la Mystique juvénile incarnée par Lawrence est une jeune femme paumée et vulnérable, particulièrement touchante. Ce n’est pas une tâche facile, étant donné le maquillage et les effets visuels complexes qu’elle doit subir, et elle s’affirme comme une actrice à suivre. Les autres jeunes comédiens sont aussi très bons, apportant la fraîcheur et l’humour indispensables. Enfin, on aura une pensée réjouie pour ce bon vieux Kevin Bacon, délectable en super-vilain jouisseur, élitiste et cynique en diable.   

Enfin, signalons en bonus l’excellente musique du film signée d’un nouveau venu, Henry Jackman. Ce jeune compositeur n’a pas de lien de parenté avec l’interprète de Wolverine. C’est un des plus récents disciples de Hans Zimmer, et des plus doués, comme en témoignent l’écoute du thème de Magnéto, nerveux en diable, et ce superbe thème principal. Pas de bon film de super-héros sans une musique héroïque à la hauteur (souvenez-vous du SUPERMAN de John Williams, des BATMAN de Danny Elfman, ou ceux de Zimmer et James Newton Howard…), et Jackman trouve enfin le son adéquat pour les X-Men.    

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En résumé, dans ce premier combat des blockbusters estivaux, les X-Men ont pris l’avantage sur les Pirates. Voilà un excellent film X !    

La note :  

  

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Ludovic Fauchier, X-Blogueur    

  La Fiche Technique :     

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X-MEN : FIRST CLASS / X-Men : Le Commencement 

Réalisé par Matthew VAUGHN   Scénario d’Ashley MILLER & Zack STENTZ et Jane GOLDMAN & Matthew VAUGHN, d’après la bande dessinée « X-Men » créée par Stan LEE & Jack KIRBY (Marvel Comics)    

Avec : James McAVOY (Charles Xavier, alias le Professeur X), Michael FASSBENDER (Erik Lehnsherr, alias Magneto), Kevin BACON (Sebastian Shaw), Rose BYRNE (Moira MacTaggert), Nicholas HOULT (Hank McCoy, alias Beast – VF : le Fauve), January JONES (Emma Frost), Jennifer LAWRENCE (Raven Darkhölme, alias Mystique), Lucas TILL (Alex Summers, alias Havok), Jason FLEMYNG (Azazel), Edi GATHEGI (Armando Munoz, alias Darwin), Alex GONZALEZ (Riptide), Caleb Landry JONES (Sean Cassidy, alias Banshee – VF : le Hurleur), Zoé KRAVITZ (Angel Salvadore), Oliver PLATT (l’Homme au Costume Noir), Michael IRONSIDE (le Capitaine), Glenn MORSHOWER (le Colonel Hendry), et les Caméos NC de Hugh JACKMAN (Logan, alias Wolverine) et Rebecca ROMIJN (Mystique, adulte)  

Produit par Gregory GOODMAN, Simon KINBERG, Lauren SHULER DONNER et Bryan SINGER (Bad Hat Harry Productions / Donners’ Company / Marv Films / Marvel Enterprises / Marvel Studios / 20th Century Fox Film Corporation)   Producteurs Exécutifs Stan LEE, Josh McLAGLEN et Tarquin PACK 

Musique Henry JACKMAN   Photo John MATHIESON   Montage Eddie HAMILTON et Lee SMITH   Casting Roger MUSSENDEN, Jeremy RICH et Lucinda SYSON  

Décors Chris SEAGERS   Direction Artistique John KING, Grant ARMSTRONG,  Paul BOOTH, Alex CAMERON, Steve COOPER, Tom FROHLING, Alan GILMORE, James HAMBIDGE, Marc HOMES, Joe HOWARD, Adam O’NEILL et Su WHITAKER   Costumes Sammy SHELDON  

1ers Assistants Réalisateurs Josh McLAGLEN et Kim H. WINTNER   Réalisateur 2e Équipe Josh BLEIBTREU, Spiro RAZATOS, Brian SMRZ et Alexander WITT   Cascades Jeff HABBERSTAD et Tom STRUTHERS  

Mixage Son Simon HAYES   Montage Son et Effets Spéciaux Sonores Craig BERKEY 

Effets Spéciaux Visuels Nicolas AITHADI, Jay BARTON, Stéphane CERETTI, Vincent CIRELLI, Laurens EHRMANN, Matt JOHNSON, Greg STEELE et Guy WILLIAMS (Digital Domain / Weta Digital / 4DMax / Cinedev / Cinesite / Hydraulx / Luma Pictures / Method Studios / MPC / POV / Proof / Rhythm and Hues / The Senate Visual Effects / Spectral Motion / The Third Floor / Trixter Film / The Visual Effects Company)   Effets Spéciaux de Maquillages Mike ELIZALDE (Amalgamated Dynamics)   Effets Spéciaux de Plateau Chris CORBOULD 

Distribution USA et INTERNATIONAL : 20th Century Fox Film Corporation   Durée : 2 heures 12  

 Caméras : Panavision   

La Bataille des Blockbusters, 1e Partie : PIRATES DES CARAÏBES, LA FONTAINE DE JOUVENCE

L’été est arrivé ! … Enfin… «météorologiquement» parlant, il semble même être arrivé trop tôt, avant de repartir bien avant son début officiel sur le calendrier, mais là n’est pas le sujet…  Comme vous le savez, la saison estivale est le terrain de jeu des superproductions américaines, qui comme chaque année, nous offrent le pire et le meilleur en matière de grands spectacles fracassants, truffés de cascades et d’effets spéciaux à foison. Déjà bien avancée aux States (où les grands studios lancent leurs «formules 1» dès le mois d’avril), la cuvée 2011 nous présente deux mastodontes en la matière. Dans le coin gauche du ring, le pirate le plus «rock’n roll» de tous les temps, trois films et trois victoires au box-office. Dans le coin droit du ring, une bande de mutants aux pouvoirs surhumains, également trois films et trois victoires au box-office. Deux franchises extrêmement populaires, évidemment destinées en priorité au jeune public, cœur de cible privilégié des films en question.    Ne cherchons pas trop la petite bête envers ces films, il faut les apprécier comme ils sont, des «pop-corn movies» conçus pour le seul divertissement. Ils sont aussi conçus pour relancer une nouvelle série de films, démarche évidemment commerciale compréhensible vu leur succès. Et si le marketing cherche à nous convaincre d’aller plutôt voguer en haute mer, le vainqueur en qualité n’est pas forcément celui annoncé…   

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PIRATES OF THE CARIBBEAN : ON STRANGER TIDES  / Pirates des Caraïbes – La Fontaine de Jouvence, de Rob MARSHALL  

  

L’Histoire :    

Cadix, Espagne. Deux pêcheurs ramènent dans leurs filets un vieil homme, vivant, répétant sans cesse le nom de Ponce de Leon, un explorateur disparu depuis deux siècles. La découverte parvient jusqu’aux oreilles des officiers de la marine royale du Roi d’Espagne…      

Pendant ce temps, à Londres, la population attend le procès et la pendaison imminente de Jack Sparrow, enfin capturé et qui doit répondre de ses actes de piraterie contre la Couronne. Mais le procès n’est qu’une nouvelle ruse de Jack pour sauver la vie de son second, Joshamee Gibbs, avant de reprendre un équipage, un bateau et l’océan… Ruse qui tourne court : capturé, il est amené devant le Roi George, tandis que Gibbs est enfermé dans la Tour de Londres. Quelle n’est pas la surprise de Jack de voir son vieux rival et néanmoins ennemi, Hector Barbossa, muni d’une jambe de bois… et surtout, nommé Corsaire officiel de Sa Majesté ! Barbossa a perdu corps et bien le Black Pearl et son équipage, et propose à Jack d’être son second sur son navire de guerre impérial, le Providence. Jack refuse net et s’enfuit. Après une course-poursuite endiablée dans les rues de Londres, notre filou de pirate se cache dans la taverne de la Fille du Capitaine, où il apprend qu’un imposteur recrute un équipage en son nom. Jack tombe nez à nez avec l’imposteur, une séduisante jeune femme, Angelica Malon, qu’il a jadis séduite et abandonnée.  

Après des retrouvailles agitées, Angelica entraîne Jack en sécurité loin des soldats du Roi, pour mieux le piéger. Elle est en effet la «rabatteuse» attitrée, et l’officier en second, du plus cruel et sanguinaire pirate ayant jamais existé, Edward Teach dit Barbe Noire… Jack se retrouve bientôt prisonnier, comme l’équipage du galion Queen Anne’s Revenge, dont un jeune missionnaire, Philip. Barbe-Noire règne d’une main impitoyable sur son navire, qui lui obéit littéralement au doigt et à l’œil, et oblige Jack à le mener en un territoire périlleux, qu’il connaît sans avoir osé s’y rendre. La mythique Fontaine de Jouvence, qui fut jadis recherchée par Ponce de Leon. La Fontaine aux pouvoirs miraculeux attire également la cupidité des Rois Anglais et Espagnols ; une course contre la montre s’engage entre les équipages de Barbe Noire, de Barbossa et des Espagnols…  

  

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Impressions :    

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They yarrrh back !    

Jerry Bruckheimer est un producteur pragmatique. On peut critiquer le producteur californien à juste titre, lui qui, de TOP GUN à ARMAGEDDON, n’a cessé de soutenir des films portés sur l’esthétique «clip» et les effets de style à la mode plutôt que sur un travail cinématographique rigoureux. Mais il ne faut pas nier l’évidence, sa formule marche, et ses films «cartonnent» régulièrement. La trilogie des PIRATES DES CARAÏBES, autrement plus sympathique que les navets patriotards précédemment cités, est là pour le prouver. Trois films qui ont rapporté plus de 3 milliards de dollars de recettes en salles donnent forcément à Bruckheimer l’envie de continuer à donner au grand public ce qu’il attend : de nouvelles aventures du Capitaine Jack Sparrow, le pirate filou, rock et «folle» incarné par Johnny Depp.     Ce quatrième volet, toujours écrit par les scénaristes de la série, Ted Elliott et Terry Rossio, est l’occasion d’un nouveau départ pour le Capitaine Jack. Le troisième film, JUSQU’AU BOUT DU MONDE, bouclait la boucle de l’histoire d’Elizabeth Swann et Will Turner (Keira Knightley et Orlando Bloom), et se concluait sur une ultime pirouette de Jack, une nouvelle fois roulé par ce vieux forban de Barbossa (Geoffrey Rush), qui lui volait de nouveau son cher navire… Jack roulant en retour Barbossa en gardant la carte d’un nouveau trésor mythique, la Fontaine de Jouvence.  

Ce gag final sert donc de point de départ à une nouvelle aventure, centrée sur les deux frères ennemis de la côte. L’objectif déclaré étant de revenir à la «simplicité» narrative du premier film, et d’amorcer ainsi une nouvelle trilogie. On peut certes grincer un peu des dents devant la démarche délibérément commerciale de l’entreprise, mais il faut rappeler l’évidence : le Cinéma mélange l’art et l’argent, et le cinéma américain de pur divertissement n’a certes pas en la matière nos pudeurs hexagonales de vieille fille.  Et, reconnaissons qu’en matière d’aventures et de spectacles, les PIRATES ont jusqu’ici tenu leurs promesses. Nuançons tout de même le propos, la trilogie originale, réalisée par Gore Verbinski, aussi sympathique soit-elle, a aussi des défauts de conception sans doute liées à la personnalité écrasante de son producteur en chef. C’était assez flagrant dans les deux suites, tournées à la suite l’une de l’autre, alourdies par une multitude de sous-intrigues rendant les films assez pesants.    

Gore Verbinski, étant parti sous d’autres cieux s’occuper de son caméléon RANGO (toujours avec Johnny Depp), cède la place de réalisateur à Rob Marshall (CHICAGO, MEMOIRES D’UNE GEISHA, NINE) sans que l’on note de gros changements dans la direction de la série ; la «patte» de Bruckheimer et des studios Disney demeurant la même que sur la trilogie originale, tandis que l’on retrouve le gros de l’équipe créatrice des précédents films.  Réalisateur compétent, Rob Marshall est en fait plus chargé de lier tous les éléments du film, à défaut d’y apporter une vraie touche personnelle. Tout juste apporte-t-il quelques «touches» de comédie musicale à un bref passage, une scène de défi romantique entre Jack et la belle traîtresse Angelica, femme pirate campée par la charmante Penélope Cruz. Le reste dépend du savoir-faire indéniable de l’équipe des PIRATES, notamment dans deux morceaux de bravoure : la fuite de Jack qui traverse tout Londres, sans toucher le sol une seule fois, et l’attaque des Sirènes… sublimes, mais mortelles ! Rajoutez à cela quelques instants de cruauté, assurés par l’infâme Barbe Noire (Ian McShane, le vilain Swearengen de la série western DEADWOOD, une gueule inoubliable) défoulant sa colère sur un pauvre mutin… Bref, le spectacle est assuré et plaisant… à défaut de retrouver la fraîcheur et les surprises du premier film.   

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Rien à redire du côté de l’interprétation. Johnny Depp nous gratifie une nouvelle fois d’un show familier, désormais bien rôdé. On retrouve également aux côtés du Capitaine Jack les deux autres vétérans de la saga, ces bonnes vieilles trognes de Geoffrey Rush –Barbossa, poudré et perruqué , très Long John Silver avec sa jambe de bois – et Kevin McNally alias Maître Gibbs, le fidèle second… Les créateurs de la série n’ont d’ailleurs pas oublié de glisser quelques «Œufs de Pâques» à l’intention de leurs fans, ramenant «Papa» Keith Richards pour une courte scène, et le singe capucin du Black Pearl pour un bref caméo ! Du côté des nouvelles têtes, Penélope Cruz apporte son charme ibérique à l’aventurière Angelica, amante et rivale de Jack ; et Ian McShane est fait pour le rôle de Barbe-Noire. La partie «romantique» de la saga est par contre un peu sacrifiée avec le départ définitif de Keira Knightley et Orlando Bloom…  Le couple de jeunes premiers, joués par Sam Claflin et Astrid Bergès-Frisbey (jeune comédienne franco-espagnole qu’on a pu voir dans LA PREMIERE ETOILE ou LA FILLE DU PUISATIER), aussi touchants soient-ils, ne peut pas vraiment rivaliser avec le couple de leurs célèbres prédécesseurs. Leur romance à l’écran, évoquant ouvertement LA PETITE SIRENE (le conte d’Andersen plus que le dessin animé Disney), est assez secondaire à l’intrigue.    

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Cette accumulation d’intrigues est d’ailleurs un problème récurrent dans les films des PIRATES. Coutumier du fait, Jerry Bruckheimer semble souvent pousser ses réalisateurs à rajouter trop d’éléments narratifs à leurs films. C’était assez flagrant dans les précédents épisodes, la longueur est un défaut assez récurrent dans la série. Rob Marshall a fait de son mieux pour revenir à une durée acceptable (137 minutes quand même) mais qui frise souvent le «Syndrome Mal aux Fesses»…  L’autre souci du scénario étant un relatif manque d’originalité. Les scénaristes ont beau faire, les péripéties de ce nouveau volet rappellent de façon un peu trop évidente le tout premier film : Jack est poursuivi par les hommes de l’Amirauté Britannique ; il mesure les talents d’un rival pirate lors d’un duel acrobatique ; le méchant pirate de service (Barbe-Noire à la place de Barbossa) apparaît exactement à la fin du premier acte ; le méchant cherche à se défaire d’une malédiction et commande un navire «diabolique» ; Jack se tire d’une situation finale désespérée par une ruse similaire au coup des pièces d’or aztèques, etc. Autant, donc, pour l’originalité.    

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On se consolera avec, tout de même, quelques éléments intéressants que les scénaristes ont ajouté à leur univers de flibuste fantaisiste : d’abord, un méchant mémorable, Barbe-Noire, pirate emblématique et historique dont le vrai nom était Edward Teach. Il a réellement existé et a gagné une réputation de terreur des mers l’associant pour toujours au Pirate tel que l’imaginaire collectif le représente. Son apparition dans le film est d’ailleurs fidèle à sa légende, le montrant orné d’une barbe enfumée, une coutume du vrai Teach pour effrayer ses ennemis et se doter d’une réputation diabolique.  Robert Louis Stevenson, l’immortel écrivain de L’ÎLE AU TRESOR, lui consacra un chapitre dans un de ses grands romans, LE MAÎTRE DE BALLANTRAE. Le cinéma ne fut pas en reste, Jacques Tourneur mit en scène Teach dans le magnifique ANNE OF THE INDIES (LA FLIBUSTIERE DES ANTILLES, 1951), film dans lequel les auteurs ont apparemment puisé beaucoup : Thomas Gomez y jouait le rôle de Barbe-Noire, père adoptif de la femme pirate jouée par Jean Peters. Le personnage de celle-ci se nommait Anne Providence ; Rob Marshall et les scénaristes jouent avec ce nom pour le placer sur les bateaux «stars» de leur film, Queen Anne’s Revenge et Providence. Ils reprennent aussi la scène classique de l’abandon sur l’île déserte, avec un pistolet et une balle, qui était déjà dans le classique de Tourneur. Et Raoul Walsh, vétéran du film d’aventures viril de l’ancien Hollywood, consacra au pirate un méconnu BARBE-NOIRE LE PIRATE (1952), avec la belle Linda Darnell et un familier des rôles de corsaires dans le rôle-titre, Robert Newton. Celui-ci joua également Long John Silver de L’ÎLE AU TRESOR 1950 de Byron Haskin pour les studios Walt Disney ! Toujours pour Disney, Peter Ustinov campa quant à lui un débonnaire FANTÔME DE BARBE NOIRE en 1968… Un film réalisé par Robert Stevenson, quasi homonyme de l’écrivain !!   

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L’autre élément intéressant du film est à la fois d’ordre historique et mythologique. La fameuse Fontaine de Jouvence, objet de toutes les convoitises dans le film, fut un de ces trésors légendaires entrés dans la légende du Nouveau Monde, au même titre que l’El Dorado et les cités perdues. Les scénaristes jouent avec l’Histoire d’un vrai conquistador espagnol, Juan Ponce de Leon, mort en 1521 des suites d’une attaque indienne lors d’une expédition en Floride, empoisonné par leurs flèches. Il décéda à Cuba, et son tombeau se trouve à Porto Rico, dans le Vieux San Juan. Ce n’est que bien après sa mort que la légende l’associera à la quête de la Fontaine de Jouvence. Ponce de Leon recherchait en fait une source d’eau curative du côté de Bimini, pour soigner les effets inévitables du vieillissement – notamment les défaillances sexuelles !  La Fontaine de Jouvence est quant à elle un mythe très ancien, qui fut «réactualisé» par les récits de conquête du Nouveau Monde. On la situe tantôt en Floride, tantôt au Honduras. On trouve des fontaines de vie similaires dans des légendes et des textes anciens : germaniques, celtiques, perses, etc. Assimilée au mythe de la quête du Graal, la précieuse Fontaine a aussi inspiré de grands peintres tels que Lucas Cranach et Jérôme Bosch. Il est sans doute certain que les créateurs du film ont fait des recherches du côté du JARDIN DES DELICES, le panneau central du triptyque de Bosch montrant de gracieuses Sirènes se baigner dans les eaux pures de la fontaine miraculeuse… L’ambiance esthétique du film puise donc directement aux sources du mythe.   

Voilà pour les principales touches d’inventivité d’un PIRATES DES CARAÏBES de bonne facture, mais sans grande surprise. On apprécie le spectacle, les clowneries de Johnny et la grande aventure, tout en constatant que la formule ne change pas trop… En attendant le prochain épisode, annoncé par la désormais traditionnelle scène d’après la fin du générique.   

La note :    

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Ludovic Fauchier, On Stranger Blogs    

piratesdescarabesiv5.jpg    PIRATES OF THE CARIBBEAN : ON STRANGER TIDES  / Pirates des Caraïbes – La Fontaine de Jouvence   

Réalisé par Rob MARSHALL   Scénario de Ted ELLIOTT & Terry ROSSIO, d’après l’attraction des parcs Disneyland, et inspiré par le roman « On Stranger Tides » de Tim POWERS    

Avec : Johnny DEPP (Capitaine Jack Sparrow), Penélope CRUZ (Angelica Malon), Geoffrey RUSH (Capitaine Hector Barbossa), Ian McSHANE (Capitaine Edward Teach dit «Barbe Noire»), Kevin R. McNALLY (Joshamee Gibbs), Sam CLAFLIN (Philip), Astrid BERGES-FRISBEY (Syrena), Stephen GRAHAM (Scrum), Keith RICHARDS (le Capitaine Teague, «Papa»), Richard GRIFFITHS (le Roi George II), Greg ELLIS (Groves) et Judi DENCH (la Dame de la Haute Société)    

Produit par Jerry BRUCKHEIMER, Melissa REID et Pat SANDSTON (Jerry Bruckheimer Films / MPC / Translux / Walt Disney Pictures)   Producteurs Exécutifs John DeLUCA, Ted ELLIOTT, Chad OMAN, Terry ROSSIO, Mike STENSON et Barry H. WALDMAN    

Musique Hans ZIMMER   Photo Dariusz WOLSKI   Montage David BRENNER, Michael KAHN et Wyatt SMITH   Casting Lucy BEVAN    

Décors John MYHRE   Direction Artistique Drew BROUGHTON, John CHICHESTER, Robert COWPER, Zack GROBLER et Tomas VOTH   Costumes Penny ROSE    

1er Assistant Réalisateur Peter KOHN  Réalisateur 2e Équipe George Marshall RUGE  Cascades Greg POWELL et George Marshall RUGE    

Mixage Son Ivan SHARROCK   Montage Son et Effets Spéciaux Sonores Shannon MILLS    

Effets Spéciaux Visuels Ben SNOW, Gary BROZENICH, Tony CLARK, Ian HUNTER, Charlie ITURRIAGA, Gregory OEHLER, David SANGER et Simon STANLEY-CLAMP (ILM / BlueBolt / Cinesite / HPI / Hydraulx / Kerner Optical / Mova / MPC / Pixel Liberation Front / Rising Sun Pictures)   Effets Spéciaux de Plateau Neil CORBOULD et John FRAZIER    

Distribution USA et INTERNATIONAL : Walt Disney Studios Motion Pictures   Durée : 2 heures 17    

 

Caméras : Red Epic et Red One    

Crouching Tigresse, Hidden Panda ! – KUNG FU PANDA 2

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KUNG FU PANDA 2, de Jennifer YUH NELSON  

L’Histoire :  

Jadis, la dynastie des nobles et sages Paons régnait sur la Chine. Ils créèrent la science des feux d’artifices pour émerveiller le peuple. Malheureusement, le jeune Seigneur Shen, l’héritier désigné du trône de la cité impériale, découvrit un autre usage possible pour ces feux «magiques» : celui d’en faire des armes meurtrières. La Divinatrice lui apprit que, s’il persistait dans cette voie dangereuse, un guerrier tout de blanc et de noir viendrait un jour le combattre et le détruire. Orgueilleux, courroucé, Shen décida alors d’anéantir un paisible village voisin, celui des Pandas. Ses parents, horrifiés par son geste, le bannirent de la cité. Mais Shen jura de revenir se venger…    

Ignorant tout de cette histoire, Po, le panda, est enfin devenu le Guerrier Dragon, le valeureux maître du kung-fu qu’il rêvait d’être depuis toujours. Il coule des jours paisibles dans la Vallée de la Paix, aux côtés de son mentor, le vénérable Shifu, et de ses amis les Furious Five (en VF, les Cinq Cyclones) : Tigresse, Singe, Mante, Grue et Vipère. Mais de mauvaises nouvelles leur parviennent : un village de la Vallée est attaqué. Des bandits Loups, envoyés par Shen, volent tous les objets en métal. Po et ses amis affrontent et mettent en déroute les Loups… sauf leur chef, Boss, porteur d’un signe qui perturbe Po en pleine bagarre. Un signe qui évoque son seul souvenir de sa mère… Po se rend auprès de Ping, l’oie patron de restaurant de nouilles qu’il a toujours considéré comme son père ; celui-ci, à contrecœur, lui révèle qu’il est un orphelin qu’il a adopté alors qu’il n’était qu’un bébé. La nouvelle bouleverse Po, alors même que Shen revient dans la Cité Impériale, pour défier et vaincre les membres du Grand Conseil du Kung-fu . Seuls Po et les Cyclones peuvent arrêter le paon félon…  

 Image de prévisualisation YouTube  Impressions :   

Retour en force du héros de kung-fu le plus «king size» de sa génération : Po, le bon gros panda, amateur de boulettes vapeur, de soupe aux nouilles et de gâteaux d’amandes, trois ans après ses premiers exploits animés. C’est un retour attendu, vu le capital sympathie énorme qu’avait obtenu le premier KUNG FU PANDA, et, bonne nouvelle, c’est un retour gagnant ! 

En suivant la trame très classique du parcours initiatique du héros plantigrade, les auteurs se sont amusés à créer une nouvelle intrigue constituant le «second palier» de son parcours initiatique : après sa formation et son apprentissage «à la dure» pour devenir un vrai héros, Po va cette fois en apprendre plus sur lui-même et ses origines, tout en continuant à livrer de joyeux combats au nom du Bien et de la Justice. Avec, pour faire bonne mesure, une double ration d’acrobaties, de gags en rafale, de péripéties et de bonne humeur générale. Sha-sha-boooey !  

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Les scénaristes du premier film ont rempilé avec de nouvelles idées, toujours en s’amusant des codes et clichés traditionnels du film d’arts martiaux. Les relations entre les personnages ayant évolué depuis la première aventure, la narration change en conséquence. Le vénérable Shifu, ayant résolu son propre conflit à la fin du film précédent, se tient maintenant en retrait et ne participe plus à l’action. Comme il le dit lui-même, il a dépassé le stade de résoudre ses problèmes à coups de poing, et assume la place de maître zen de son défunt mentor, la tortue Oogway (venu faire un caméo amical en ouverture, comme remplaçant du petit pêcheur de DreamWorks !). Po n’exaspère (presque) plus ce patient professeur, et, action oblige, s’intègre désormais à la bande des Cinq Cyclones. Ceux-ci sont désormais les «complices» à temps complet en gags du nounours glouton, et les auteurs se sont bien amusés à développer tout particulièrement un duo contrasté, avec Po et Tigresse. Bien servis par les interprétations en VO de Jack Black (déchaîné comme on l’aime) et Angelina Jolie (dont la seule voix parvient à rendre sexy un personnage de cartoon grand public !), les deux personnages forment désormais un «couple» atypique, comme dans un «buddy movie» à l’ancienne construit sur les contrastes de caractères. Tigresse campant donc la dure à cuire au grand cœur, et Po endossant comme à l’habitude son rôle de clown. Ses facéties et les réactions consternées de la féline fournissent la meilleure dynamique narrative de ce second film, une sorte de relation de grande sœur et petit frère à la «Lucy & Linus».   

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L’autre personnage valorisé par ce second opus étant Ping, l’oie «papa poule» du panda,  toujours aux fourneaux de son échoppe de nouilles. Le personnage, de simple excentricité scénaristique qu’il semblait être dans le premier film, devient ici plus développé, gagnant une profondeur affective bienvenue. Les scénaristes nous livrent enfin l’explication tant attendue de la curieuse filiation Ping-Po, depuis le premier film. Comment un jars maigrichon peut-il être le papa d’un panda dodu ? Avec de grandes difficultés… La réponse vient par l’intermédiaire de savoureux flash-backs, à la fois émouvants et drôles, sur l’adoption par Ping du bébé Po !    

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A nouvelle aventure, nouveaux personnages, et nouveaux interprètes. Le casting animalier de KUNG FU PANDA s’enrichit donc de «guest stars» de choc prêtant leurs talents vocaux à des personnages toujours dans la tradition des récits d’arts martiaux. Nous avons donc la prestation gag de Jean-Claude Van Damme, «Muscles from Brussels» dans la peau écailleuse du Maître Crocodile. Savoureux, mais il y a mieux encore ; la calme et pénétrante voix de Michelle Yeoh, en chèvre Divinatrice, stoïque narratrice et chœur antique du film. Et un méchant de choix, succédant au féroce léopard Tai Lung du 1er film : Lord Shen, un paon forcément vaniteux, dévoré d’ambition, auquel Gary Oldman, grand spécialiste des méchants de Cinéma, donne une personnalité sournoise et sarcastique à souhait. Oldman trouve le timing juste, gardant le sérieux impérial de son personnage dans une aventure foncièrement loufoque. 

Un humour qui n’exclut cependant pas des enjeux dramatiques bien cernés, un point fort de la série. Si, dans le premier film, Po était l’élément perturbateur d’un conflit filial entre Shifu et Tai Lung, cette seconde aventure est réellement centrée sur lui. Le bon gros plantigrade doit maintenant en apprendre plus sur lui-même, et ses origines, selon la logique des récits héroïques ; et le méchant de service est donc intimement lié à son histoire. Dans l’affrontement entre Po et Shen, les auteurs s’amusent à opposer deux états d’esprit opposés. Po, le nouveau maître du Kung-fu, c’est la créativité débridée, instinctive, qui doit être maîtrisée pour atteindre la sérénité de l’esprit. Shen, c’est l’ambition mal gérée, alimentée par les différends familiaux, et l’esprit de conquête matérialiste à souhait, qui transforme une idée créative, simple et universelle – la science des feux d’artifice – pour en faire un instrument de pouvoir – les armes à feu. La grande habileté des créateurs du film étant, comme il se doit, de faire passer le message sans pathos, en profitant de chaque scène opportune pour lancer un festival d’inventivité survoltée.    

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La réalisation technique de KUNG FU PANDA 2 est impeccable, égalant et même surpassant les jolies trouvailles visuelles du premier film. Les scènes animées façon celluloïd en 2 dimensions, comme la grandiose ouverture rêvée de l’original, sont cette fois-ci réparties en plusieurs flash-backs émouvants, tout au long du film. Les séquences d’action et de poursuites sont virevoltantes à souhait, et les effets de lumière impeccablement soignés. Bref, ce KUNG FU PANDA 2 atteint son objectif haut la patte : c’est un festival ininterrompu de rires en rafales et de bagarres «énormes», accomplies par des personnages attachants à souhait… avec des éclairs de tendresse bienvenue entre les éclats de rires.  

  

On ne négocie pas la topissitude. Ni la séductivité. Ska-doosh !!  

   La note :    

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Ludovic Fauchier, Kung Fu Blogueur 

La Fiche technique :  

  

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KUNG FU PANDA 2

Réalisé par Jennifer YUH NELSON   Scénario de Jonathan AIBEL & Glenn BERGER    

Avec les voix de (V.O.) : Jack BLACK (Po), Angelina JOLIE (Tigresse), Gary OLDMAN (Lord Shen), Dustin HOFFMAN (Shifu), Michelle YEOH (la Divinatrice), Jackie CHAN (Singe), Lucy LIU (Vipère), James HONG (Ping), Seth ROGEN (Mante), David CROSS (Grue), Jean-Claude VAN DAMME (Maître Crocodile), Danny McBRIDE (Boss Loup), Dennis HAYSBERT (Maître Buffle), Victor GARBER (Maître Rhino Tonnant)    

Produit par Melissa COBB, Jonathan AIBEL et Glenn BERGER (DreamWorks Animation)   Producteur Exécutif et Consultant Créatif Guillermo Del TORO    Musique John POWELL et Hans ZIMMER   Montage Maryann BRANDON et Clare KNIGHT       Supervision de l’Animation Rodolphe GUENODEN, Philippe Le BRUN et William SALAZAR   Réalisation Technique de l’Animation Kristafer VALE   Direction Artistique Raymond ZIBACH    

Mixage Son James BOLT et Andy NELSON   Montage Son Susan DUDECK     

Effets Spéciaux Visuels Alex PARKINSON   Générique créé par Michael RILEY    

Distribution USA : Paramount Pictures    Durée : 1 heure 30    



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