TRANSFORMERS 3 : LA FACE CACHEE DE LA LUNE, de Michael BAY
L’Histoire :
En 1961, les écrans radars américains captèrent un phénomène étrange sur la Lune. L’incident fut à l’origine du programme spatial de la NASA, et, le 20 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin posèrent le pied sur la Lune. Une coupure «accidentelle» de transmission permit aux deux astronautes de faire une découverte fantastique… Aux confins de la galaxie, la guerre fit rage sur la planète Cybertron, opposant deux camps de guerriers robotiques, les Autobots, courageux et nobles, menés par Optimus Prime, et les Decepticons, brutaux et avides de pouvoir, dirigés par le maléfique Megatron. Le conflit tournait à l’avantage de ces derniers. Dans un effort désespéré pour sauver sa civilisation, le prédécesseur et mentor d’Optimus, Sentinelle Prime, construisit un vaisseau, l’Arche, équipé de la technologie capable de reconstruire une nouvelle Cybertron ; endommagé par un tir ennemi, l’Arche dériva dans l’espace et fit naufrage sur la Lune, avec à son bord Sentinelle Prime, inanimé, et sa mystérieuse cargaison …
Les Autobots et les Decepticons survivants ont maintenant continué leur guerre sur Terre, et leur présence est connue de toute l’Humanité. Les Autobots ont pu déjouer les plans de conquête de Megatron, grâce à l’aide du jeune Sam Witwicky. Les guerriers Autobots traquent désormais les Decepticons cachés, avec l’aide des forces spéciales du NEST, un groupe d’intervention militaire capable d’agir dans les points les plus dangereux du monde entier – telle l’ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. Optimus Prime et les hommes du Major Lennox y affrontent le redoutable Shockwave et son «protégé» robotique , un ver géant destructeur. Ils découvrent que l’un des réacteurs endommagés de Tchernobyl est un objet extra-terrestre, fabriqué sur Cybertron… De son côté, Sam tente de reprendre une vie normale et décroche un travail éreintant en entreprise. Un de ses nouveaux collègues, Jerry Wang, tente de le prévenir au sujet d’une mystérieuse vague d’assassinats d’hommes et de femmes liés à des découvertes classifiées top secret, en rapport avec les expéditions lunaires survenues jusqu’en 1972. Wang se «suicide» peu de temps après, victime d’un Decepticon assassin, Laserbeak, qui s’en prend également à Sam. Accompagné de sa nouvelle petite amie Carly Spencer, Sam prévient ses amis Autobots et les hommes du NEST d’une menace imminente. Dans l’ombre, Megatron complote une ultime vengeance contre ses ennemis, en se servant du dangereux contenu de l’Arche, toujours échouée sur la Lune…
Impressions :
Lorsqu’ils défendaient leurs théories du cinéma d’auteur, présent à leurs yeux dans l’industrie cinématographique américaine des années 1950, André Bazin, François Truffaut et les membres des Cahiers du Cinéma était bien loin de s’imaginer que celles-ci pourraient un jour s’appliquer à un certain Michael Bay… Ce dernier, symbolisant ces dernières années ce qui irrite précisément les héritiers des Cahiers, est pourtant bien un auteur à part entière. Il produit ses propres films, il supervise toutes les phases de leur création, il a développé un style de mise en scène identifiable… malheureusement, ces critères font justement de lui un épouvantable auteur ! La plupart de ses films – BAD BOYS et sa suite, THE ROCK, ARMAGEDDON, PEARL HARBOUR… – , aussi ratés soient-ils dans leur conception et leur exécution, ont un indéniable effet de fascination sur le spectateur. Le niveau généralement peu exigeant des films en question, leurs succès à l’échelle mondiale et la personnalité très arrogante de Bay font du coup de ce dernier une sorte d’incarnation idéale du «Grand Satan» du cinéma américain, le réalisateur que l’on aime détester. En règle générale, voir un film de Bay, c’est être assuré d’obtenir pour de bon tous les clichés reprochés habituellement sans discernement au cinéma «popcorn» américain : machisme exacerbé, salut au drapeau américain et à sa puissante armée, montage de vidéoclip hystérique façon MTV, déballage complaisant d’effets pyrotechniques et de cascades couvrant des scénarii simplistes… L’association de Bay avec Steven Spielberg comme producteur exécutif de THE ISLAND et de la série TRANSFORMERS provoquait un curieux mélange d’intérêt et de gêne… Difficile a priori en effet de voir le réalisateur de LA LISTE DE SCHINDLER, IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN, E.T. et tant d’autres classiques s’associer à celui qui semblait être l’antithèse absolue de son propre cinéma. Une association contre-nature comme je l’avais dit sur ce blog, à l’occasion de TRANSFORMERS 2, mais qui, surprise, semblait partie pour donner de bons résultats.
Seul vrai échec public dans la filmographie de Bay, THE ISLAND était paradoxalement son meilleur film, une fable de science-fiction à la MEILLEUR DES MONDES menée certes toujours à grande vitesse, mais mieux maîtrisée que ses précédentes «œuvres». Sans doute fallait-il voir l’influence de Spielberg producteur et créatif impliqué, réussissant à canaliser les excès habituels de son associé. Et TRANSFORMERS premier du nom, s’il n’est pas un chef-d’œuvre (en serait-il d’ailleurs autrement, dans un film de robots géants déguisés en camions et se tapant dessus ?), réussissait au moins à garantir un spectacle divertissant. Mais chassez le naturel, il revient au galop… Devenu coproducteur de ses films, Michael Bay a dû se croire «brimé» dans ses habitudes par Spielberg, et livra ensuite un TRANSFORMERS 2 tout en esbroufe et gags médiocres. Le tout plombé par des «inventions» aussi inoubliables que des plans de petites culottes, des testicules de robot géant et un retour au patriotisme bien balourd. La médiocrité de cette suite pouvait à la rigueur être justifiée par l’écriture d’un scénario précipité en trois semaines, pour cause de grève des scénaristes en 2009. Le succès du film appelait forcément une suite, et la prolongation de l’association Bay-Spielberg, sans que cela rassure forcément le spectateur en dépit des messages de Bay assurant sur Internet que, cette fois-ci, le troisième chapitre des TRANSFORMERS allait faire oublier les gros ratés du second. Malheureusement, la vision de ce troisième opus confirme l’idée que Bay n’en fait toujours qu’à sa tête, laissant Steven Spielberg essuyer les plâtres de cette association dissonante. En d’autres termes, TRANSFORMERS 3 est un gros «fast-food» filmique, un beau navet tonitruant tout juste sauvé par de rares idées de cinéma !
Il faut être vraiment très indulgent pour s’intéresser aux nouvelles aventures de Sam Witwicky (Shia LaBeouf) et ses amis robotiques… Et de beaucoup de patience pour trouver quelques points intéressants dans une histoire basique au possible. Le scénario essaie bien de «réinterpréter» l’Histoire de la Conquête Spatiale sous un angle «complot et mystères» (notamment en jouant sur une rumeur tenace prétendant que Neil Armstrong et Buzz Aldrin, sur la Lune, auraient fait des découvertes classifiées Top Secret), tout comme la catastrophe de Tchernobyl qui serait ici le résultat d’une expérience secrète ayant mal tourné ! C’est malheureusement mince, Michael Bay préférant de loin ses sempiternelles poursuites routières, fusillades à foison et bagarres de robots fracassant les immeubles à la création d’un scénario un peu plus ambitieux. Au moins, on ne peut pas lui reprocher de saborder les effets spéciaux et cascades explosives, toujours impeccablement réglés. Ceux-ci ont semble-t-il englouti tout le budget du film, au détriment de tout le reste. Cela étant, parmi ces «badaboums» en rafale que nous assène le réalisateur, une séquence détonne, car elle est plus élaborée que tout le reste : les héros humains traversent de part en part un immeuble qui s’écroule peu à peu sous les assauts d’un «Ver» monstrueux. Une scène folle, à la Spielberg… On notera d’ailleurs que le vilain Megatron se transforme en camion rouillé poussiéreux, tout droit sorti de DUEL. La référence «spielbergienne» saute encore plus aux yeux quand les Decepticons pulvérisent de malheureux figurants en cendres fumantes, exactement comme dans LA GUERRE DES MONDES de 2005 ! Malheureusement, Bay n’étant pas Spielberg, ces scènes de destruction massive n’ont pas la puissance viscérale de ladite GUERRE DES MONDES…
Voilà pour les points positifs… Malheureusement, TRANSFORMERS 3 tire systématiquement l’intérêt du spectateur vers le bas. C’est un véritable festival de ce qu’il ne faut surtout pas faire en matière de «blockbuster» à 200 millions de dollars. Le scénario détruit pour de bon tout le capital sympathie du film original. L’histoire aligne les clichés de rigueur : il y a donc des gentils humains et des gentils robots, des méchants robots et des traîtres chez les humains. Les militaires sont forcément vaillants, l’héroïne aussi sexy que potiche, le traître est un beau gosse mielleux et arrogant, etc. Même les incroyables scènes d’action, point fort du réalisateur, ne surprennent pas tant l’histoire est cousue de fil blanc. Un exemple flagrant : quand les héroïques Autobots meurent dans leur navette, trois quarts d’heure avant la fin du film… à votre avis, qui va réapparaître au moment fatidique et sauver le monde ?
Il faut surtout souligner l’incroyable «non-style» de mise en scène de Bay, toujours aussi limité dans sa conception du montage et du découpage de la mise en scène, réduite à ses sempiternels effets «dans ta face». Il expérimente, si l’on ose dire, de nouveaux effets de montage inutiles (le «cut-fondu au noir», antidramatique au possible), et n’hésite pas à caviarder des stocks-shots animaliers dans une séquence, donnant au film un cachet digne d’une vieille production bis italienne… De toute évidence redevenu incontrôlable, Bay en profite pour bombarder son film de blagues pénibles – Sam coincé dans les W.C. avec un énergumène qui défait son pantalon, la «tchatche» limite raciste et misogyne de certains personnages… Même les parents de Sam, drôles dans le premier film, deviennent ici de pénibles caricatures – mention spéciale à la maman qui brandit un livre de conseils sexuels finement titré «Elle Jouit D’Abord» !!!
Et les acteurs ?… Manifestement fatigués par les excès de leur réalisateur, Shia LaBeouf, Josh Duhamel et Tyrese Gibson assurent le minimum professionnel nécessaire, ne se sentant plus vraiment concernés par ces histoires de robots géants. John Turturro, Frances McDormand et John Malkovich, habitués des frères Coen (une constante chez Bay d’engager des acteurs familiers des frangins réalisateurs de TRUE GRIT), font ce qu’ils peuvent pour faire sourire en cabotinant beaucoup. Et puis… il faut bien parler de l’erreur majeure de casting de TRANSFORMERS 3. Le choix d’une nouvelle petite amie pour le jeune Sam, survenu après la fameuse affaire du «clash» survenu entre Megan Fox et Michael Bay, ayant entraîné l’éviction de la pulpeuse comédienne.
Le réalisateur d’ARMAGEDDON n’est pas réputé pour ménager ses acteurs sur le plateau. Et il aime les pousser physiquement à bout – poursuites, fusillades, etc. Le style hyper-testostéroné de Bay, identifiable facilement, dérape souvent vis-à-vis de ses actrices vedettes… A quelques exceptions près (Scarlett Johansson dans THE ISLAND), la Femme dans le cinéma de Michael Bay se doit d’être une dulcinée passant son temps à attendre le retour du héros la larme à l’œil, tout en prenant des poses sexy à tout bout de champ… On peut comprendre, après coup, que Liv Tyler n’aime pas parler d’ARMAGEDDON (la scène des crackers…)… Du «sexy» au sexisme, il n’y a qu’un pas que Megan Fox n’a pas dû apprécier : revoir certaines scènes «petite culotte» de TRANSFORMERS 2, franchement limites dans une production grand public. Excédée par l’attitude de Bay à son égard, elle n’a rien trouvé de mieux que de le traiter, par médias interposés, de Nazi ! L’insulte est discutable, elle a au moins le mérite de montrer au grand jour les tensions qui existaient entre le réalisateur et la comédienne… Celle-ci a donc été débarquée. Pas plus élégant pour autant dans son attitude, Bay affirme que c’est Steven Spielberg qui s’est fâché contre l’actrice. On peut tout à fait comprendre la réaction du cinéaste de LA LISTE DE SCHINDLER vis-à-vis de l’insulte de Miss Fox… et désapprouver celle de Bay, usant d’un argument «d’abord c’est pas moi c’est l’autre», assez puéril… Pour rajouter au malaise général sur l’affaire, deux robots «tchatcheurs» assez vulgaires traitent carrément le personnage de Mikaela (jouée par Megan Fox dans les deux premiers TRANSFORMERS) de «pouffe» qu’ils ne pouvaient pas sentir. Si ça n’est pas Michael Bay lui-même qui signe le dialogue, cela y ressemble fort en tout cas, hélas. Megan Fox ne se penchera plus en débardeur sur les belles mécaniques de la série, au grand dam du spectateur mâle… Et comme si cela ne suffisait pas, Michael Bay engage une nouvelle venue aux «talents» franchement limités. Rosie Huntington-Whiteley est certes une ravissante mannequin en lingerie de Victoria’s Secret, mais elle n’a pas du tout le peps de Megan Fox. Son entrée en scène laisse d’ailleurs peu de doute sur la «vision» que Bay a de sa nouvelle héroïne : elle est uniquement là pour montrer ses fesses. Littéralement. Reviens, Megan, ils sont devenus fous !
On ressort du film mécontent de tant de paresse et de bêtise affirmée par le réalisateur, principal responsable des dégâts. Et on s’interroge sur l’implication du producteur exécutif Steven Spielberg… Elle semble réduite à peu de choses, vu la quinzaine de producteurs impliqués, dont celle de Bay lui-même… Sûrement occupé sur plusieurs projets en même temps, Spielberg s’est-il fait «piéger» par la personnalité de Bay et ses succès au box-office ? C’est possible… On préfère en tout cas de très loin quand il s’implique sur des projets plus personnels avec Clint Eastwood, Peter Jackson (LOVELY BONES) ou les frères Coen (TRUE GRIT). C’est d’autant plus regrettable que risque de traîner comme un boulet la réputation de son embarrassant poulain pour les années à venir. On espère donc que leur collaboration va s’arrêter là. Autant aller voir SUPER 8, un film d’été réussi estampillé Spielberg, bien plus inventif et intense que cette catastrophe industrielle sans magie…
La note :
Ludovic Fauchier (fondateur du CPLRDMFSLC, Comité Pour Le Retour de Megan Fox Sous Le Capot)
La Fiche Technique :
TRANSFORMERS : DARK OF THE MOON / TRANSFORMERS 3 : LA FACE CACHEE DE LA LUNE
Réalisé par Michael BAY Scénario d’Ehren KRUGER
Avec : Shia LaBEOUF (Sam Witwicky), Josh DUHAMEL (Major William Lennox), John TURTURRO (Seymour Simmons), Tyrese GIBSON (Robert Epps), Rosie HUNTINGTON-WHITELEY (Carly Spencer), Patrick DEMPSEY (Dylan), Frances McDORMAND (Charlotte Mearing), Kevin DUNN (Ron Witwicky), John MALKOVICH (Bruce Brazos), Julie WHITE (Judy Witwicky), Alan TUDYK (Dutch), Ken JEONG (Jerry Wang), Buzz ALDRIN et Bill O’REILLY dans leur propre rôle, et les voix de Peter CULLEN (Optimus Prime), Hugo WEAVING (Megatron), Leonard NIMOY (Sentinelle Prime), Frank WELKER (Shockwave / Soundwave), Jess HARNELL (Ironhide), Charles ADLER (Starscream)
Produit par Ian BRYCE, Tom DeSANTO, Lorenzo di BONAVENTURA, Don MURPHY, Kenny BATES, Allegra CLEGG, Matthew COHAN, Michael KASE, Michelle McGONAGLE et Linda PIANIGIANI (Paramount Pictures / Hasbro / Di Bonaventura Pictures) Producteurs Exécutifs Michael BAY, Brian GOLDNER, Steven SPIELBERG et Mark VAHRADIAN
Musique Steve JABLONSKY Photo Amir M. MOKRI Montage Roger BARTON, William GOLDENBERG et Joel NEGRON Casting Denise CHAMIAN
Décors Nigel PHELPS Direction Artistique Richard L. JOHNSON, Benjamin EDELBERG et Kevin ISHIOKA Costumes Deborah Lynn SCOTT
1er Assistant Réalisateur Simon WARNOCK Cascades Kenny BATES, Troy ROBINSON et Garrett WARREN
Mixage Son Jeffrey J. HABOUSH, Greg P. RUSSELL et Christian SCHAAMING Montage Son Erik AADAHL Effets Spéciaux Sonores P.K. HOOKER, Ai-Ling LEE, Tobias POPPE et John MARQUIS
Effets Spéciaux Visuels Scott FARRAR (ILM / Digital Domain / Atomic Fiction / Kerner Optical / Legend 3D / Lightwave International / Method Studios / Mova / Prana Studios / Prime Focus / Tinsley Studio) Effets Spéciaux de Plateau John FRAZIER
Distribution USA : Paramount Pictures / Distribution INTERNATIONAL : UIP Durée : 2 heures 37
Caméras : Arri Alexa, Arriflex 235, Panavision Panaflex Platinum, Red One Camera, Silicon Imaging SI-2K et Sony CineAlta F35