CARS 2, de John LASSETER & Brad LEWIS
L’Histoire :
L’Aston Martin DB5 Finn McMissile est l’agent secret numéro 1 du MI-6, les Services Secrets de la Grande-Bretagne. En mission spéciale dans le Pacifique suite à un message d’alerte de son collègue Leland Turbo, Finn découvre que son ennemi juré, le Professeur Zündapp, a établi sa base secrète dans une raffinerie de pétrole, d’où il prépare son prochain complot pour menacer la paix dans le monde. Le Professeur Z a mis au point une arme mystérieuse dissimulée sous la forme d’une caméra de télévision ; Finn a juste le temps de photographier l’arme secrète avant de s’enfuir juste à temps, se faisant passer pour mort au fond de l’océan. Pendant ce temps, les paisibles voitures habitants de Radiator Springs fêtent le retour de leur ami Lightning (Flash) McQueen, vainqueur pour la quatrième fois d’affilée de la Piston Cup, et qui revient comme chaque année profiter de vacances bien méritées. Entre eux tous, Mater (Martin), le dépanneur rouillé, est le plus heureux de retrouver son vieux copain, mais lui colle tellement aux pneus que Lightning ne peut retrouver sa petite amie Sally seul en tête à tête. Ce soir-là, à la télévision, Sir Miles Axlerod, le célèbre milliardaire britannique, annonce qu’il organise le Grand Prix Mondial : une série de trois courses disputées au Japon, en Italie et en Angleterre, disputée par les plus grands champions de la course automobile, pour promouvoir son tout nouveau carburant biologique non polluant. En tête de lice des invités, Francesco Bernouilli, le champion italien des Formule 1, nargue Lightning ; Mater prend sa défense en direct, obligeant Lightning à écourter ses vacances pour participer au Grand Prix… Il accepte même d’emmener Mater comme membre de son équipe privée, mais le brave tacot l’embarrasse publiquement par ses gaffes. Et pour ne rien arranger, Mater se retrouve pris à tort pour un espion international par Finn McMissile et son associée, la charmante Holley Shiftwell, qui ont découvert que le Professeur Zündapp veut saboter la course pour accomplir son plan machiavélique…
Impressions :
«Meilleur ou moins bien que l’original ?». Le sempiternel débat est relancé dès qu’une suite sort sur les écrans, et CARS 2 n’échappe pas à la fameuse question. D’un film à l’autre, les choses changent, les enjeux scénaristiques ne doivent pas être les mêmes, au risque de tomber dans la répétition – forcément moins plaisante – du film original. John Lasseter, le grand manitou à la chemise hawaïenne de Pixar et Disney, et ses petits camarades ont donc décidé de «dynamiter» l’univers mis en place dans CARS. Ce dernier, agréable de bout en bout, envoyait ses petits bolides dans une comédie à la Capra, nostalgique, ancrée dans la culture automobile américaine, avec un brin de mélancolie «pépère» et de considérations sur le temps qui passe, les joies de la vie au grand air opposées au monde moderne «speedé». Une leçon de vie gentiment moralisatrice où l’inventivité débordante des petits génies de Pixar était canalisée par un rythme plus nonchalant qu’à l’accoutumée.
Les réalisateurs continuent ici de s’amuser avec la culture automobile, mêlant la sempiternelle histoire de compétition autour du monde à une comédie parodiant les James Bond. Et Dieu sait si les films de l’agent 007 ont eux aussi contribué à populariser la culture automobile ! A commencer par l’iconique Aston Martin DB5, pilotée par Sean Connery dans GOLDFINGER et OPERATION TONNERRE. 007 et sa voiture mythique «fusionnent» ici pour devenir l’incomparable Finn McMissile, distingué espion de Sa Majesté, forcément bardé de gadgets et d’armes secrètes. Sir Sean goûtant les joies d’une retraite bien méritée après plus de 40 ans de bons et loyaux services cinématographiques, c’est son ami et collègue Michael Caine qui prête sa voix «so british» pince-sans-rire à l’Aston Martin intrépide. Bon choix, Caine ayant lui aussi incarné les espions de Sa Majesté à la même époque que Bond-Connery, incarnant l’agent secret pantouflard et parano Harry Palmer durant les «swinging sixties».
Le casting vocal est d’ailleurs, dans sa version originale, un vrai régal. Outre Michael Caine, le film invite John Turturro qui nous refait son inénarrable numéro «à la Jésus» du BIG LEBOWSKI (sans les grossièretés !) pour incarner une Formule 1 volubile et vantarde. Se mêlent à eux Vanessa Redgrave en Rolls Royce royale, Bruce «Evil Dead» Campbell, Jason Isaacs en avion-pilote dévoué, Tony «Monk» Shalhoub, Thomas Kretschmann en super-vilain germanique, et Django en personne, Franco Nero, venu donner sa voix à un vieux «parrain» plein de sagesse.
Là où CARS s’amusait des déboires du champion Lightning coincé chez les «ploucs», CARS 2 suit le schéma inverse : Mater, le clown de service, devient le héros malgré lui qui part de sa paisible petite ville pour se retrouver embringué dans le monde du hi-tech, des courses de haut niveau et des complots à l’échelle mondiale ! Le film suit donc son parcours, privilégiant la comédie survoltée plutôt que de répéter l’ambiance campagnarde de l’original. Certains grinceront un peu des dents devant ce revirement, mais c’est un mieux finalement cohérent. Mater est donc cette fois-ci la vedette, laissant le bondissant Lightning jouer les clowns blancs de service. Les auteurs s’amusent bien, sans trop se forcer, à placer la brave dépanneuse déglinguée dans le maximum de situations du «poisson hors de l’eau», permettant une source de gags attendus et savoureux. Idée maîtresse de Lasseter : au milieu des voitures «stars», attirant les regards et les projecteurs, Mater est l’anonyme de service, le «péquenot» attendrissant qui vient perturber les plans bien huilés des uns et des autres. A l’instar des vedettes burlesques d’antan qui venaient semer la pagaille dans les concerts, réceptions et autres festivités mondaines, la naïveté de Mater déclenche les catastrophes en série et la bonne humeur du public. Mention spéciale aux scènes japonaises où le sympathique tacot découvre les saveurs dévastatrices du wasabi, avant de subir la «torture» des WC japonais ! Déboulant ensuite dans l’univers «bondien» de Finn McMissile, Mater se surpasse dans le burlesque, notamment dans une scène de «déguisement» automobile irrésistible. Et les dialogues sont à la hauteur : « – Mes excuses, je ne me suis pas présenté correctement. Finn McMissile, Intelligence Service Britannique. – Tow Mater, intelligence ordinaire. » !
La bienveillance «pixarienne» étant toujours de rigueur, on évite donc de ridiculiser notre héros plus qu’il n’en faut. Une scène de «rêve» halluciné vient à point nommé aider le tacot à prendre conscience de son statut de clown malgré lui… et le faire ensuite assumer ce statut tout en lui donnant un caractère foncièrement héroïque, au Service Dépannage Secret de Sa Majesté.
Comme toujours dans les productions Pixar, détails visuels et couleurs sont travaillés à la perfection. L’équipe de Lasseter s’est particulièrement amusée à imaginer de nouveaux décors qui sont autant de régals pour les yeux – notamment le circuit de Porto Corsa, mélange méditerranéen des Grand Prix de Monaco et de Monza. Sans oublier le dynamisme total des scènes de course, autre point fort des deux films. Tout aussi réjouissant est le look des «méchants» : caractérisés à la façon des super-vilains de James Bond (qui ont tous, à des degrés divers, des infirmités), les véhicules criminels sont tous affligés de défauts esthétiques marqués. En tête de ces voitures revanchardes, le maléfique Zündapp est le plus savoureux. Caricature de savant fou diabolique Allemand à monocle, le «Professeur Z» doit son nom et son allure à une voiture des années 60 incroyablement kitsch, la Zündapp «Janus» , sorte de pot de yaourt ambulant dont les portières s’ouvraient sur l’avant et l’arrière. A ses côtés, des «sbires» plus comiques que patibulaires, répondant aux noms et aux caractéristiques de voitures «naufragées», telle que la Gremlin ou l’AMC Pacer…
CARS 2 joue donc sur du velours, sans prendre de gros risques, en glissant par ailleurs un petit message écologiste de rigueur – vive les carburants propres et à bas le pétrole ! Sans être le meilleur Pixar réalisé à ce jour, le film remplit son objectif principal : être amusant, coloré et distrayant de bout en bout. Déjà une bonne chose, en attendant un programme plus ambitieux avec le prochain film du studio : BRAVE, une heroic fantasy celtique très prometteuse au vu de ses premières images.
La note :
Ludovic Fauchier, Blogfinger
CARS 2
Réalisé par John LASSETER & Brad LEWIS Scénario de Ben QUEEN
Avec les Voix de (V.O.) : LARRY THE CABLE GUY (Tow Mater – VF : Martin), Owen WILSON (Lightning McQueen – VF : Flash McQueen), Michael CAINE (Finn McMissile), Emily MORTIMER (Holley Shiftwell), Eddie IZZARD (Sir Miles Axlerod), John TURTURRO (Francesco Bernouilli), Joe MANTEGNA (Grem), Thomas KRETSCHMANN (le Professeur Zündapp), Bonnie HUNT (Sally Carrera), Brent MUSBURGER (Brent Mustangburger), Franco NERO (Oncle Topolino), Tony SHALHOUB (Luigi), Jason ISAACS (Siddeley / Leland Turbo), Bruce CAMPBELL (Rod «Torque» Redline), Vanessa REDGRAVE (la Reine d’Angleterre / Mama Topolino), Lewis HAMILTON (Lewis Hamilton), Paul DOOLEY (le Sergent), Darrell WALTRIP (Darrell Cartrip)
Produit par Denise REAM (Pixar Animation Studios / Walt Disney Pictures)
Musique Michael GIACCHINO Direction Artistique Jay SHUSTER
Supervision de l’Animation Dave MULLINS Mixage Son et Effets Spéciaux Sonores Tom MYERS Montage Son Michael SILVERS Distribution USA et INTERNATIONAL : Walt Disney Studios Motion Pictures Durée : 1 heure 46