Dédié à Jean-François Tarnowski,
Grand découvreur de secrets mélancoliques, hélas trop tôt parti…
THE ADVENTURES OF TINTIN : THE SECRET OF THE UNICORN / LES AVENTURS DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE, de Steven SPIELBERG
La sortie du TINTIN de Steven Spielberg est l’occasion d’un véritable plongeon dans mes souvenirs… En 1995, je planchais sur un mémoire consacré au réalisateur, essayant de trouver une approche différente des formules habituelles qui lui étaient consacrées. Mon professeur de cinéma à l’ESRA, Jean-François Tarnowski, un «spielbergophile» enthousiaste et passionnant, m’avait donné la clé : aborder l’obsession du cinéaste pour l’aviation, à travers plusieurs extraits de ses films, et de là trouver le moyen de comprendre sa vision du Cinéma. Durant ses cours, «Tarno», ainsi que nous l’appelions entre étudiants, avait mentionné certaine ressemblance entre INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT et l’univers de Tintin. Spécialement le passage où l’avion d’Indy et ses amis s’écrase dans l’Himalaya, scène faisant écho par l’humour et l’action à un passage tragique de TINTIN AU TIBET.
Coïncidence (ou plutôt synchronisme jungien), Arte avait consacré une soirée complète de l’automne 1995 à la vie et l’œuvre d’Hergé, le créateur de Tintin et grand fondateur de la Ligne Claire, ce style de bande dessinée qu’il sut faire découvrir et aimer avec ses collègues et complices, Edgar P. Jacobs (BLAKE ET MORTIMER), Bob De Moor (CORI LE MOUSSAILLON) Jacques Martin (LEFRANC, ALIX) et tant d’autres… Cette émission racontait entre autres la difficulté des tentatives d’adaptation de Tintin au cinéma, que ce soit en chair et en os ou en dessin animé. Un passage avait attiré mon attention : le secrétaire d’Hergé racontait que Steven Spielberg, à l’époque de la sortie d’INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT, avait reconnu une ressemblance de caractère entre Short Round (Demi-Lune), le petit chinois orphelin complice d’Indiana Jones, et Tchang, l’ami chinois que Tintin rencontra dans LE LOTUS BLEU et sauva de la mort dans TINTIN AU TIBET. Spielberg avait contacté Hergé peu de temps avant sa mort en 1983. Le maître belge, si réticent d’habitude à accepter de voir son héros adapté au cinéma, avait donné son plein accord, enthousiasmé par la vision des AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE en 1981. «Seul Steven Spielberg peut rendre justice à Tintin» furent ses propres mots.
Interviewé pour la promotion de son film de TINTIN, Spielberg reconnait n’avoir jamais entendu parler de Tintin lorsqu’il tournait L’ARCHE PERDUE, sorti en 1981. Suite aux remarques d’un journaliste français, à la sortie du film, Spielberg intrigué lut les albums et, emballé, obtint les droits d’adaptation cinématographique de la part d’Hergé et de la redoutable société Moulinsart. Il confia à Melissa Mathison, sa scénariste d’E.T. et alors compagne de l’ami Harrison Ford, le soin d’écrire un scénario. Mathison écrivit une aventure originale du petit reporter, mais le film ne fut jamais tourné.
Aiguillé par cette information, je me lançai dans la rédaction de mon mémoire qui commençait par l’image de l’avion de Tchang, écrasé dans les neiges de l’Himalaya, dans la fameuse aventure tibétaine du jeune reporter à la houppette. Quelques mois plus tard, mon mémoire achevé me valut de chaleureuses félicitations écrites de la part de Jean-François Tarnowski. Il est toujours là, dans mes documents, et de temps en temps, je relis sa lettre. S’il y a un paradis pour les cinéphiles, j’espère qu’il s’y trouve et qu’il accueillera avec bienveillance le nouveau film du «Boss», qui a enfin tenu sa promesse d’adapter l’œuvre d’Hergé sur grand écran, après 28 années d’attente.
(Prochain épisode : TINTIN ET LE 7e ART)
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