A l’occasion de la sortie de PROMETHEUS, retour sur la filmographie de Ridley Scott… Les chefs-d’œuvre, les réussites, les moins connus et aussi les errances de la filmographie du cinéaste britannique, qui, à 74 ans, attaque déjà son 21ème film : THE COUNSELOR, un thriller avec, excusez du peu, Brad Pitt, Michael Fassbender, Penélope Cruz, Cameron Diaz et Javier Bardem, sur un scénario écrit par Cormac McCarthy (NO COUNTRY FOR OLD MEN, LA ROUTE).
Increvable, Sir Ridley, l’homme au cigare continue d’annoncer les projets pour une bonne décennie ! Sont ainsi annoncés, à plus ou moins long terme, THE KIND ONE avec Casey Affleck ; MOSES (relecture de la vie de Moïse qui risque peut-être d’entrer en concurrence avec un autre projet, GODS AND KINGS, qui intéresserait Steven Spielberg) ; LA GUERRE ETERNELLE d’après le roman de SF de Joe Haldeman (un space opéra adulte plus proche de la Guerre du Viêtnam que de STAR WARS…) ; et d’autres, très hypothétiques, LE MEILLEUR DES MONDES, annoncé il y a des années avec Leonardo DiCaprio ; RED RIDING ; THE DIVE… Enfin, ces jours-ci, Sir Ridley discute d’une éventuelle «suite» à BLADE RUNNER (sur le modèle de PROMETHEUS par rapport à ALIEN) en cours d’écriture…
Au tout début des guerres napoléoniennes, le Capitaine Armand d’Hubert (Keith Carradine), aristocrate membre du corps des Hussards, est chargé d’arrêter le querelleur Capitaine Féraud (Harvey Keitel), pour des
raisons politiques. Une parole anodine de d’Hubert lui vaut la haine mortelle de Féraud, bonapartiste fervent qui le provoque en duel d’honneur… entre les deux hommes, le duel va s’éterniser sur des décennies, au fil des campagnes militaires et des bouleversements politiques de la France.
Mon avis :
Des débuts très remarqués pour Ridley Scott, qui signe un «western napoléonien» joliment maîtrisés, son sens esthétique se manifestant déjà avec de véritables tableaux filmés, n’ayant rien à envier au BARRY LYNDON
de Kubrick. On y voit déjà apparaître les premiers thèmes récurrents de l’œuvre de Scott, spécialement le leitmotiv du duel développé dans ses futures épopées, notamment GLADIATOR.
LA scène :
La traque finale de d’Hubert et Féraud, préfigurant l’affrontement final de BLADE RUNNER, et les sublimes derniers plans de Féraud solitaire (filmés dans la vallée de la Dordogne de mes ancêtres !).
ALIEN (1979)
Détectant un signal radio en provenance d’une planète non répertoriée, l’ordinateur de bord du cargo spatial Nostromo réveille ses sept membres d’équipage avant la fin de leur voyage de retour vers la Terre. L’équipage, commandé par Dallas (Tom Skerritt) et Ripley (Sigourney Weaver) découvre un immense vaisseau extra-terrestre naufragé, et son pilote fossilisé depuis des millénaires… La cargaison du vaisseau : des milliers d’œufs. L’astronaute Kane (John Hurt) commet l’erreur de s’approcher trop près de l’un d’eux…
Mon avis :
L’étoffe dont sont faits les meilleurs cauchemars… ALIEN ou l’exemple type du film qui transcende un scénario finalement très basique, une histoire de série B de monstre venu de l’espace, qui, remis en de bonnes mains, vous donne une leçon de mise en scène de pur cinéma. Un minimum de dialogues, une photographie claustrophobique à souhait, une confrontation mythologique entre la belle Ripley et le monstre conçu par l’artiste fou H.R. Giger… voilà quelques-uns des éléments qui, en 1979, nous ont ramené à la terreur des espaces infinis.
Sans oublier bien sûr la révélation du talent de Sigourney Weaver.
LA scène :
Festival de morceaux choisis… plus toutefois que LA scène gore du dernier repas du pauvre Kane, le sentiment de peur dans ALIEN vient de ce qui précède et de ce qui suit, suivant l’exemple des meilleurs Hitchcock. L’exploration du vaisseau abandonné jusqu’à la l’ouverture de l’œuf fatal. Brett (Harry Dean Stanton) qui cherche le chat Jones… (depuis, chaque fois que je descends dans un sous-sol, je ne peux pas m’empêcher de penser à cette satanée séquence). Et un petit «extra» personnel, le dernier
dialogue d’Ash (Ian Holm) : «Je ne vous mentirai pas sur vos chances de survie, mais… vous avez ma sympathie.» Quel salaud !
2019. Semblables à l’homme, génétiquement créés pour travailler dans les colonies spatiales, les Réplicants sont interdits de séjour sur Terre. Mais un petit groupe mené par Batty (Rutger Hauer) transgresse l’interdit, et se8 réfugie dans une Los Angeles surpeuplée et polluée. Le Blade Runner Rick Deckard (Harrison Ford), reprend du service pour les repérer et les abattre, alors qu’ils cherchent à rencontrer leur créateur, Tyrell…
Mon avis :
Et un deuxième choc de pure science-fiction, un ! Véritable FAUCON MALTAIS futuriste, sous influence visuelle de Moebius et du METROPOLIS de Fritz Lang, ce polar futuriste séduit et déroute en même temps. A la fois objet artistique unique et univers à part entière, BLADE RUNNER demeure visuellement imbattable, même si ses qualités esthétiques surpassent un récit «ésotérique», variant au fil des cinq montages existants du film.
LA scène :
Des images marquantes, le film en regorge… la scène d’introduction avec cette ville titanesque se reflétant dans un œil humain, et le fameux test de Voight-Kampff qui suit et tourne mal. L’histoire d’amour touchante entre Deckard, le flic qui déteste les Réplicants, et Rachael (Sean Young), la Réplicante qui ignore sa vraie nature de machine. Le meurtre de Tyrell (dont il existe plusieurs variantes d’un montage à l’autre, du plus elliptique au plus graphique). Et les larmes dans la pluie de Rutger Hauer…
LEGEND (1985)
Dans un royaume merveilleux, le sauvageon Jack (Tom Cruise) et la belle princesse Lili (Mia Sara) s’aiment d’amour tendre. Mais le maléfique Darkness (Tim Curry) complote pour régner sans partage sur le Monde. Par la faute des deux amoureux, une licorne sacrée est tuée, une autre capturée par les serviteurs du Prince des Ténèbres. Pour sauver Lili et le monde, Jack ne peut compter que sur l’aide des Elfes de la forêt…
Mon avis :
Un film maudit dans la carrière du cinéaste. Tournage compliqué par les difficultés techniques (créer un monde crédible d’heroic fantasy, en «live», sans images de synthèse), un incendie qui ravage le plateau, et surtout l’ingérence des dirigeants d’Universal qui obligent le réalisateur à couper plus de 20 minutes de son film, enlevant presque toute la noirceur originale du récit pour en faire un conte de fées rassurant.
Le film en a pâti, mais demeure fascinant, par son ambiance visuelle entre Cocteau, les premiers Walt Disney, Tolkien et Arthur Rackham. LEGEND est certainement le plus beau des films de fantasy, et ce n’est pas un hasard si Peter Jackson l’a cité en référence majeure pour sa trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX.
Et puis, franchement, le Diable n’a jamais été aussi beau que dans ce film !
LA scène :
La danse de séduction de Lili, convertie au Mal, et prélude à la magistrale entrée en scène de Darkness. Et toutes les scènes avec ce dernier.
SOMEONE TO WATCH OVER ME (TRAQUEE) (1987)
Mike Keegan (Tom Berenger), policier du Queens, fait partie d’une équipe chargée d’assurer la protection de Claire Gregory (Mimi Rogers), jeune femme de la haute société new-yorkaise qui a été témoin d’un meurtre commis par un mafieux psychopathe, Venza (Andreas Katsulas). Les veillées nocturnes de Mike, dans l’appartement de Claire, l’éloignent de sa femme (Lorraine Bracco) et de leur fils ; et Mike tombe peu à peu amoureux de la belle…
Mon avis :
Après la fresque historique, la science-fiction et l’Heroic Fantasy, Ridley Scott change radicalement de registre pour son premier polar urbain. Moins formaliste qu’à l’accoutumée, il signe un film solide, pas très marquant, mais où il s’intéresse pour la première fois aux rapports humains réalistes, à travers l’histoire d’amour entre le flic endurci et une «princesse» enfermée dans sa tour d’ivoire.
LA scène :
L’évolution des scènes entre Mike et Claire, de la froideur à la tendresse.
BLACK RAIN (1989)
Policier new-yorkais soupçonné de corruption, Nick Conklin (Michael Douglas) arrête un dangereux yakuza, Satô (Yusaku Matsuda), et doit l’escorter pour le remettre à la police d’Osaka, au Japon. Mais Satô s’évade et déclenche une sanglante guerre des gangs. Avec son jeune collègue Charlie (Andy Garcia), Nick s’obstine à vouloir arrêter le yakuza, se retrouvant dans un pays dont il ne comprend ni les règles ni les coutumes…
Mon avis :
Un second polar, plus nerveux cette fois, encore très marqué par l’esthétique des années 80, avec une photo sublime de Jan De Bont, visuellement très proche de BLADE RUNNER. Certains thèmes annoncent AMERICAN GANGSTER. Le film reste une commande efficace conçue pour Michael Douglas, commande dont Scott se sort honorablement. Et tant pis si le film s’égare parfois dans des scènes improbables (un flic américain reçu et aidé par les yakuzas !?!)…
LA scène :
La mort de Charlie, piégé par les motards de Satô sous le regard impuissant de Nick.
THELMA & LOUISE (1991)
Ce devait être un simple week-end entre deux copines : Louise (Susan Sarandon), une serveuse de restaurant, et Thelma (Geena Davis), femme au foyer négligée par son beauf de mari. S’arrêtant dans un bar routier, Thelma et Louise voient leur vie basculer ; un dragueur local tente de violer Thelma, et Louise le tue. La petite virée va tourner à la cavale dans le Grand Ouest, alors qu’un flic compréhensif, Hal (Harvey Keitel), tente d’empêcher le pire…
Mon avis :
Grand succès pour ce «revival» du film de cavale qui est considéré maintenant comme un classique, grâce à la belle entente des deux comédiennes, absolument parfaites. Une histoire d’amitié ou un film féministe revanchard ? Difficile de départager les avis…
Quoiqu’il en soit, Scott déploie une nouvelle fois son savoir-faire pour un film «iconique» (aidé en cela par les paysages de Monument Valley et du Grand Canyon). Et le casting entourant les actrices est impeccable : les RESERVOIR DOGS Harvey Keitel et Michael Madsen… et l’arrivée d’un petit nouveau qui fit craquer tout le monde, le tout jeune Brad Pitt en autostoppeur braqueur !
LA scène :
Rien à redire sur les épisodes tragi-comiques de la cavale des deux héroïnes, mais l’entrée en scène de Brad Pitt fait tout de suite de lui une star, en quelques secondes.
1492 CONQUEST OF PARADISE (1492 CHRISTOPHE COLOMB) (1992)
L’épopée des voyages et désillusions du grand marin génois Christophe Colomb (Gérard Depardieu). Son projet de voyage commercial, vers l’Asie à travers l’Atlantique, est jugé insensé par la toute puissante Eglise, et rencontre l’opposition du ministre Sanchez (Armand Assante) : à cette époque, l’on croyait la Terre plate, l’océan infini et le mot «Amérique» n’existait pas… Obtenant gain de cause auprès de la Reine Isabelle d’Espagne (Sigourney Weaver), Colomb quitte l’Espagne, à l’été 1492, menant trois caravelles dans un voyage fatidique…
Mon avis :
Le mauvais accueil fait au film, lancé officiellement pour la commémoration du 500ème anniversaire de la découverte des Amériques, a marqué le début d’une période creuse pour Scott durant les années 1990. Il faut dire que c’est un drôle d’anniversaire que le cinéaste célèbre, en insistant surtout sur la barbarie de l’époque de Colomb… Mais le vrai problème du film est ailleurs. Un scénario pas tout à fait convaincant, une coproduction internationale déséquilibrée… Depardieu est parfois inspiré, et parfois épouvantablement cabotin. Le film s’en ressent.
LA scène :
La description des autodafés de l’Inquisition, où le cinéaste va quand même très loin dans les détails atroces sur les suppliciés garrottés en gros plan…
WHITE SQUALL (LAME DE FOND) (1996)
Un film basé sur une histoire réelle. En 1960, 8 jeunes garçons venus de familles aisées sont inscrits sur un bateau-école, l’Albatross, pour un voyage de 8 mois dans les îles des Antilles. Le sévère capitaine Christopher Sheldon (Jeff Bridges) leur enseignera discipline, respect de soi et des autres, et confiance en eux et en l’équipage. Une expérience formatrice, mais qui sera endeuillée par une tragédie en haute mer…
Mon avis :
Le second film de «l’essoufflement» de Scott… certes, il y a de superbes images maritimes, une scène de tempête vraiment impressionnante et poignante (battue depuis par celle filmée par Peter Weir dans MASTER & COMMANDER, avec Russell «Maximus» Crowe), un Jeff Bridges correct, mais le scénario lorgne avec trop d’insistance du côté du CERCLE DES POETES DISPARUS (de Peter Weir, encore !) pour convaincre.
LA scène :
Le naufrage de l’Albatross.
G.I. JANE (A ARMES EGALES) (1997)
L’ambitieuse sénatrice Lillian DeHaven (Anne Bancroft) fustige le haut commandement militaire américain pour son machisme invétéré. DeHaven sélectionne une jeune femme, le Lieutenant Jordan O’Neil (Demi Moore), analyste tactique dans l’US Navy, afin qu’elle soit la première femme inscrite au programme d’entraînement des Navy SEALS, l’unité la plus dure des commandos de la Marine américaine. Sous la férule du redoutable instructeur Urgayle (Viggo Mortensen), Jordan vit des semaines d’enfer permanent, pour devenir un soldat d’élite…
Mon avis :
Ouch… traiter de la difficile condition des femmes dans l’armée américaine est un sujet intéressant. Mais le traitement simpliste, finissant en propagande interventionniste, laisse pantois… La métamorphose de Demi Moore (comédienne passable jouant ici sur le registre d’une Sigourney Weaver), en «mec» bodybuildé et chauve fait plus rire qu’autre chose… Viggo Mortensen et Anne Bancroft sauvent le film du naufrage, malgré des personnages limités. Scott s’est heureusement rattrapé depuis dans le genre, avec BLACK HAWK DOWN.
LA scène :
Celle qui touche le fond… Jordan est en «stage intensif» pour apprendre à résister aux interrogatoires, mais Urgayle dépasse les bornes en la torturant vraiment, puis s’apprêtant à la violer. Déjà «too much», la séquence finit par l’hallucinante réplique «culte» de Demi Moore, que la courtoisie m’interdit de citer ici…
L’empire romain, en l’an 180 de notre ère, sous le règne du sage Marc Aurèle (Richard Harris). Le général Maximus Decimus Meridius (Russell Crowe), victorieux des barbares à Vindobona, est choisi par l’empereur pour devenir son héritier légitime, et ramener Rome à l’état de République. Une décision qui déplaît à l’instable Commode (Joaquin Phoenix), fils de l’empereur, qui tue son père dans un moment de folie et se proclame nouvel empereur. Désigné ennemi, Maximus s’enfuit et trouve sa famille massacrée. Réduit en esclavage, puis gladiateur, le soldat déchu trouvera dans l’arène le moyen de sa revanche contre le jeune tyran…
Mon avis :
Après le chemin de croix, la résurrection ! Pour ramener à la vie le péplum sous un angle épique réaliste, Ridley Scott s’est ouvertement inspiré du dernier grand classique américain du genre, LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN d’Anthony Mann, avec une touche de SPARTACUS de Stanley Kubrick pour faire bonne mesure. Inspiré, le cinéaste égale ses modèles en actualisant le propos et la mise en scène, et inaugure un style qui a relancé l’intérêt du public pour le genre. Chef-d’œuvre épique.
LA scène :
Des morceaux de bravoure en pagaille : la grande bataille qui ouvre le film ; le combat «Carthage» au Colisée (où Maximus retrouve ses réflexes de commandant pour sauver ses amis d’une mort programmée) ; le duel des tigres ; le duel final… n’oublions pas le meurtre de Marc Aurèle, la découverte de la famille de Maximus tuée, comme dans LA PRISONNIERE DU DESERT de John Ford. Et la folie grandissante de Commode. Petit bonus personnel : le rituel de Maximus frottant ses mains dans la terre avant chaque combat.
HANNIBAL (2001)
Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), le brillant ex-psychiatre et assassin cannibale, s’est évadé depuis des années, vivant à Florence sous une fausse identité. Il se rappelle au bon souvenir de l’agent du FBI Clarice Starling (Julianne Moore), disgraciée par ses supérieurs après une bavure. Un inspecteur italien, Pazzi (Giancarlo Giannini), alléché par la prime promise pour la capture de Lecter, tente seul de le démasquer. Et dans l’ombre, un ancien patient de Lecter, le milliardaire pervers Mason Verger (Gary Oldman), prépare une vengeance sordide contre le tueur en série qui l’a jadis horriblement mutilé…
Mon avis :
La suite longtemps attendue du SILENCE DES AGNEAUX ne fait pas l’unanimité, loin de là… et si, pourtant, elle était meilleure que ce dernier ? Adapter le sulfureux roman de Thomas Harris n’était pas chose facile, et Scott doit assumer la suppression des passages les plus glauques du roman. Le film se défend pourtant, malgré des séquences bien malsaines (les apparitions de Verger, les cochons…), grâce à son ambiance florentine, et on retrouve avec plaisir Anthony Hopkins, qui s’amuse toujours autant en psychopathe raffiné. Et Julianne Moore succède honorablement à Jodie Foster.
LA scène :
Un dîner presque parfait pour le bon docteur, fin gourmet et médecin légiste, aux dépens de Krendler (Ray Liotta), sous les yeux d’une Clarice immobilisée…
BLACK HAWK DOWN (LA CHUTE DU FAUCON NOIR) (2001)
Reconstitution de la Bataille de Mogadiscio qui eut lieu en Somalie, en octobre 1993. Pour neutraliser un seigneur de guerre, Mohammed Farrah Aïdid, qui affame et massacre la population civile, le général Garrison (Sam Shepard) met en place l’Opération Irene : des commandos des U.S. Marines, des Rangers et des Delta Force (interprétés entre autres par Josh Hartnett, Ewan McGregor, Eric Bana) capturent les complices d’Aïdid au cœur de Mogadiscio, et les ramener à leur base pour interrogatoire. L’opération devait durer 30 minutes. Suite à une série d’erreurs et d’incidents successifs, elle va dégénérer en bataille meurtrière, les soldats étant assaillis à chaque coin de rue par les miliciens d’Aidid alertés de leur venue…
Mon avis :
Intense, éprouvant, épuisant… L’un des meilleurs films sur la «guerre asymétrique». Certes, le film s’intéresse plus aux combats qu’au questionnement politique, mais comme le dit l’un des soldats : «la politique disparaît dès que les balles sifflent»… Et Scott sait contourner les pièges «patriotards» de son producteur Jerry Bruckheimer, se montrant finalement sévère envers la plus puissante armée du monde.
Côté acteurs, mention spéciale à Eric Bana qui crève l’écran. Vous reconnaîtrez aussi, dans de petits rôles, Orlando Bloom et Tom Hardy.
LA scène :
Les batailles mises à part, on retiendra une scène de dialogue-confrontation entre le pilote d’hélico et l’un des lieutenants d’Aïdid. Et l’image symbole du cinéma de Ridley Scott : le dessin d’un samouraï perdu dans la forêt, par l’un des soldats avant le départ en mission.
MATCHSTICK MEN (LES ASSOCIES) (2003)
Roy Waller et Frank Mercer (Nicolas Cage et Sam Rockwell) sont des escrocs opérant au grand jour à Los Angeles. Mais Roy, atteint de troubles obsessionnels compulsifs sévères, a de plus en plus de mal à sortir de chez lui pour effectuer ses combines. Et pour ne rien arranger, il se retrouve obligé d’accepter la garde d’Angela Fenton (Allison Lohman), sa fille qu’il n’a jamais connu, et qui s’avère meilleure que lui à son propre jeu…
Mon avis :
Après l’éreintant BLACK HAWK DOWN, cette comédie grinçante produite par Robert Zemeckis paraît bien anodine. Scott met ses obsessions et son style habituel en retrait, se reposant sur un script très astucieux. Cage est relativement sobre (et n’avait pas encore torpillé sa carrière à l’époque…), mais c’est Allison Lohman, 23 ans, qui marque le film en Lolita plus futée que son géniteur.
LA scène :
Les scènes d’Allison Lohman…
KINGDOM OF HEAVEN (2005)
Au 12ème Siècle, le forgeron Balian (Orlando Bloom), veuf fugitif, rejoint son père Godefroy (Liam Neeson) et un groupe de chevaliers en partance pour la Terre Sainte. Héritant des terres de Godefroy, Balian s’éprendra de la princesse Sybille (Eva Green), sœur du roi lépreux Baudouin (Edward Norton), affaibli par les complots politiques qui se trament autour de lui. Quand des Templiers tuent des marchands musulmans, le seigneur Saladin (Ghassan Massoud) réclame vengeance et relance la guerre sainte, entamée un siècle auparavant par les premiers Croisés…
Mon avis :
Le film aurait dû être le second chef-d’œuvre épique de Scott. Si GLADIATOR était sa CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN, KINGDOM OF HEAVEN aurait pu être son CID… Hélas, le film a été largement tronqué au montage à sa sortie, et le rythme comme l’histoire s’en ressentent. Heureux possesseurs de DVD qui ont pu apprécier un tout autre film en Director’s Cut, restituant toutes les intrigues complètes (le meurtre du prêtre, le rôle plus tragique de Sybille, etc.).
KINGDOM version cinéma : un bon film d’aventures, mais décevant compte tenu des attentes.
KINGDOM version Director’s Cut : un chef-d’œuvre !
LA scène :
Pour les amateurs d’action : l’attaque des chevaliers dans la forêt, l’assaut sur Kerak, et le siège de Jérusalem. Pour les romantiques : la première apparition d’Eva Green, sublime en tenue de reine byzantine. Pour les cinéphiles : les scènes références à David Lean et Sergio Leone.
Dans la version Director’s Cut : les scènes tragiques où Sybille réalise que son enfant est incurable de la lèpre, et décide d’abréger ses souffrances…
Max Skinner (Russell Crowe), cynique courtier de la City à Londres, apprend qu’il vient d’hériter du domaine viticole de son oncle Henry (Albert Finney), en Provence. D’abord réticent à venir sur place, Max s’attarde et décide de se lancer dans la production viticole. Les choses se compliquent avec l’arrivée d’une inconnue, sa cousine héritière Christie (Abbie Cornish), et avec la présence de la jolie Fanny (Marion Cotillard) dans les parages…
Mon avis :
Un autre «film de vacances» pour Ridley Scott… Ce n’est pas désagréable, loin de là, merci à Russell Crowe, Marion Cotillard et le cher Albert Finney, mais la comédie n’est pas le genre où Scott est le plus à l’aise. On se consolera avec les superbes images des vignobles de Provence…
LA scène :
La scène où Max imite Peter O’Toole dans LAWRENCE D’ARABIE !
L’histoire vraie de l’ascension criminelle et de la chute de Frank Lucas (Denzel Washington). Bras droit, puis héritier du caïd de Harlem Bumpy Johnson, Frank, en pleine Guerre du Viêtnam, met à profit son intelligence acérée pour s’enrichir grâce au trafic d’héroïne, et acheter des policiers véreux des Stupéfiants. Un inspecteur intègre, Richie Roberts (Russell Crowe) rassemble une petite équipe de choc pour identifier et neutraliser le
nouveau caïd de Harlem, qui met un point d’honneur à ne pas se faire remarquer…
Mon avis :
Un polar avec une histoire digne des meilleurs Lumet ; un script riche, fouillé, documenté, de Steven Zaillian ; la reconstitution parfaite d’une époque (le New York des années 1970, âpre et sale). Crowe et Denzel Washington se livrent à un jeu du chat et de la souris, et ce dernier est parfait de bout en bout. Définitivement le film somme des polars de Ridley Scott, et son chef-d’œuvre du genre.
LA scène :
Frank Lucas se fait respecter en abattant un rival en pleine rue, devant témoins, façon PARRAIN. L’achat fatal d’un manteau de fourrure. La descente des hommes de Roberts dans l’immeuble transformé en laboratoire. Et l’étonnante description de l’amitié se développant entre Lucas et Roberts.
BODY OF LIES (MENSONGES D’ETAT) (2008)
Alors qu’un attentat vient d’ensanglanter l’Angleterre, Roger Ferris (Leonardo DiCaprio), agent de terrain de la CIA, parcourt le Moyen-Orient à la recherche d’informations qui pourront le mener à repérer et arrêter Al-Saleem, le chef du groupuscule islamiste auteur de l’attentat. Chapeauté depuis l’Amérique par son supérieur Ed Hoffman (Russell Crowe), Ferris entre en contact avec Hani Salaam (Mark Strong), le chef des services secrets jordaniens, pour échanger avec lui des informations précieuses. Avant de réaliser qu’il doit aussi se méfier d’Hoffman, qui mène en secret une autre opération…
Mon avis :
Les contrecoups politiques de la Guerre d’Irak et la menace terroriste internationale… une situation complexe, inextricable, pour un très solide thriller d’espionnage. DiCaprio est intense comme à son habitude, Crowe est jubilatoire en superviseur faussement «pépère». Et la révélation du talent de Mark Strong, crédible et intimidant chef des services secrets jordaniens.
LA scène :
Les scènes où Ferris doit gagner la confiance de Hani Salaam, tout en se défiant de lui. L’histoire d’amour impossible de Ferris avec l’infirmière iranienne (Golshifteh Farahani), et le respect de ses coutumes. Et l’apparition de Hoffman, supervisant une mission stratégique en pantoufles et peignoir depuis sa villa de banlieue !
1192. Après la mort du roi Richard Cœur de Lion à Châlus, l’archer Robin Longstride (Russell Crowe) et ses compagnons de combat décident de s’enfuir pour rentrer au pays qui connaît des heures sombres. Le traître Godfrey (Mark Strong) ami de Jean (Oscar Isaac), le nouveau Roi d’Angleterre, manipule ce dernier pour préparer en secret l’invasion des troupes françaises de Philippe Auguste.
Respectant un serment fait à un chevalier mourant, Loxley, et usurpant son identité, Robin se rend à Nottingham, fief de sa veuve Marian (Cate Blanchett) et de son père Walter (Max Von Sydöw)…
Mon avis :
Retour pour Scott en terrain connu : batailles furieuses, complots politiques, trame historique précise… mais presque trop facile, après GLADIATOR et KINGDOM ? Reste un film très plaisant, intéressante relecture réaliste de la légende de Robin des Bois dans le contexte de l’époque.
Russell Crowe est égal à lui-même en chef d’une «horde sauvage» médiévale. De même que Cate Blanchett, convaincante Marian au tempérament de guerrière. Et le grand Max von Sydöw, émouvant vieux chevalier.
Et puis, bon sang de bois, quelle musique !
LA scène :
Bien sûr, les batailles (Châlus, la plage) sont toujours aussi trépidantes. Mais on préfèrera l’évolution de la difficile relation Robin-Marian, et les scènes avec Walter. Ainsi que les apparitions de Godfrey, accompagné par un thème musical de «bad guy» réussi.