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Archives pour octobre 2012

La séquence du spectateur… spécial Halloween

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Bonsoir à tous !

Histoire de fêter à la fois Halloween tout en se préparant à la fin du monde (ça file, ça file, mais bon, vous étiez sensés savoir ce qui va arriver dans sept semaines, hein… alors, ne venez pas vous plaindre après) dans la joie et la bonne humeur, un petit extrait de SHAUN OF THE DEAD, cela vous tente ?

Attention, ça tache un petit peu.

Merci Simon Pegg & Nick Frost (le petit rouquin et le bon gros) et leur camarade Edgar Wright derrière les caméras, qui se sont faits connaître en 2004 avec ce petit bijou de comédie horrifique made in England.

Et pour rester dans le ton « Jusqu’ici tout va bien », la jolie affiche de leur prochain méfait :

La séquence du spectateur... spécial Halloween dans La séquence du spectateur... the-worlds-end64944

 

Allez, à la prochaine fois ! … ou peut-être pas ??

Ludovic Fauchier.

Aspie or not Aspie ? Le petit abécédaire Asperger, chapitre 4

D comme…

 

Aspie or not Aspie ? Le petit abécédaire Asperger, chapitre 4 dans Aspie d-charles-darwin-asperger

… Darwin, Charles (1809-1882) :

 

Le biologiste et naturaliste anglais a comme chacun sait révolutionné le monde de la science de son époque et mis à mal, bien malgré lui, l’emprise de la religion sur la science, en élaborant à partir de ses travaux les bases de la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle. Quand il publie son livre L’ORIGINE DES ESPECES, sorti en 1859, il va créer une vraie « bombe à retardement » parmi ses confrères. Rappelons qu’à cette époque, le poids de la religion était tel que, même parmi les scientifiques, l’on croyait fermement à la Création Divine comme seule explication possible à l’origine de la vie et à l’évolution animale sur Terre, et que Dieu avait créé l’Homme… Homme profondément religieux de par son éducation, Darwin hésita pendant longtemps à faire paraître ses travaux sur l’évolution – la mort de deux de ses enfants l’amènera cependant à douter de l’existence d’un Dieu de bonté régissant toute vie sur Terre. Darwin n’a pas, comme on le croit, affirmé que l’Homme descendait du Singe (on lui prête à tort cette affirmation, venue en fait des travaux du français Lamarck) ; mais il a développé dans des directions nouvelles les théories du transformisme posées par celui-ci, en opposition à la vision créationniste du monde longtemps considérée comme la seule valable. Historiquement, ses travaux côtoient ceux du père fondateur des lois de la génétique, Gregor Mendel, un autre scientifique possiblement « Aspie », qu’il ne rencontra jamais.

Darwin, figure respectée et controversée pour ses travaux, est cité comme une hypothétique personnalité « Asperger »… Cet homme très discret, réservé de nature, souffrit toute sa vie de troubles de la santé et de crises personnelles que bien des médecins échouèrent à diagnostiquer et soigner. Aujourd’hui encore, la « Maladie de Darwin » reste source de spéculations, recoupant plusieurs diagnostics possibles : maladie de Chagas probablement contractée durant son grand voyage à bord du navire Beagle, maladie de Menière, syndrome de fatigue chronique, maladie de Crohn, TOCS… toutes ces hypothèses se joignent à celle du syndrome d’Asperger dont il présentait certains aspects. 

Ainsi, dès l’âge de huit ans, il se prit de passion exclusive pour l’histoire naturelle et se spécialiser à l’âge adulte dans les disciplines regroupées dans ce domaine. Même s’il lui faudra pour cela rater ses études médicales à l’Université d’Edimbourg, où il fut un élève médiocre, ainsi qu’à Cambridge où, plutôt que d’étudier pour devenir prêtre anglican, il préfère chasser, faire du cheval, et collectionner les insectes. Et s’opposer ensuite à l’autorité de son père, en acceptant l’offre du capitaine FitzRoy en 1831, comme naturaliste à bord du HMS Beagle. Ce voyage changera sa vie et aboutira, au terme de 28 patientes et discrètes années de recherches, à la parution de son célèbre ouvrage.

Bourreau de travail plongé en permanence dans ses recherches, Darwin souffrait de ce que l’on appellerait aujourd’hui une phobie sociale sévère, survenant souvent avant des réunions et conférences importantes, qu’il se mit à éviter. Tout comme il se mit à éviter les visites sociales de courtoisie à son domicile, préférant la tranquillité d’esprit de ses recherches scientifiques. Pour parer aux visites d’intrus, il se fit installer un miroir signalant l’arrivée de ceux-ci…

Le cinéma s’est rarement intéressé à la postérité de l’histoire de Darwin : quelques tentatives tardives, beaucoup de séries documentaires ou téléfilms, des parodies… A noter quand même : le film CREATION (2009) de Jon Amiel, où Darwin est joué par Paul Bettany (qui avait incarné un médecin « pré-darwinien » aux Galapagos dans MASTER AND COMMANDER…)

Cf. Gregor Mendel

 

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… Data (Brent Spiner), dans la série télévisée et les films STAR TREK NEXT GENERATION.

 

Attention, entrée imminente dans la zone « Geek » !

Officier scientifique et responsable des manœuvres à bord de l’USS Enterprise, le Lieutenant Commandeur Data est à l’équipage du Capitaine Picard ce que Spock est à celui du Capitaine Kirk dans la série et les films classiques de STAR TREK. Selon son interprète Brent Spiner, inspiré par le jeu de Charles Chaplin, Data est le clown blanc et triste, à bord du vaisseau spatial allant fièrement là où nul n’est jamais allé

Androïde doté d’un cerveau positronique (hommage évident à Isaac Asimov), Data raisonne et agit en fonction de sa seule logique, et a du mal à comprendre les émotions humaines, ressemblant en cela à Spock. Mais contrairement à celui-ci qui lutte contre sa propre nature humaine, Data va acquérir sa propre humanité. Pour cela, une puce d’émotivité lui permettra de mieux comprendre le langage social de ses collègues à bord de l’Enterprise. Ce qui ne va pas sans difficultés ni malentendus…

Une fois la puce d’émotivité intégrée à sa programmation de base, Data fait des progrès remarquables, mais se montre en même temps instable. Difficile d’assimiler en très peu de temps le langage complexe des émotions… Toujours est-il qu’il développe sa propre imagination, ses routines personnelles, un sens de l’humour, des dons d’acteur et de chanteur… Il devient même romantique, développant quelques brèves liaisons avec des humaines, et se créera une fille androïde adoptive. Dénué de sensibilité aux émotions tactiles, Data aura une initiation à la limite du « bondage », durant les scènes l’opposant à la maléfique Reine Borg dans le film STAR TREK PREMIER CONTACT…

Sa quête personnelle pour devenir plus humain, comprendre les émotions, et quitter son statut de machine en a fait l’un des personnages les plus populaires de tout l’univers «trekkien»… et un modèle pour nombre d’adolescents atteints du syndrome d’Asperger, amateurs de la série qui se reconnaissent en lui.

 

Cf. Spock ; Isaac Asimov

 

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… David (Haley Joel Osment) dans A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

 

Coïncidence, ce blog nous permet de passer maintenant en revue plusieurs « robots humains », androïdes ou autres, qui ont tous en commun des caractéristiques du syndrome d’Asperger… Les personnes « Aspergers », dans la réalité, sont parfois elles-mêmes qualifiées d’ »extra-terrestres », d’ »ordinateurs vivants » ou de « robots » – tout un vocabulaire science-fictionnel auquel elles sont susceptibles – seraient-elles vouées à devenir une nouvelle « espèce » ? Certes, l’hypothèse est complètement folle, mais pourquoi limiter notre imagination à ce sujet… : l’humanité serait-elle en train de muter vers une nouvelle phase ?

A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE est le résultat de la rencontre des univers de deux cinéastes d’exception, souvent présents dans cet abécédaire : Stanley Kubrick et Steven Spielberg. A l’origine d’A.I., il y a une nouvelle écrite par Brian W. Aldiss, LES SUPERJOUETS DURENT TOUT L’ETE, l’étrange conflit se jouant entre David, un robot (ou « Mécha ») à l’apparence d’un enfant, et sa mère adoptive, nouvelle qui inspira un projet de film à Stanley Kubrick. Cela aurait été son très grand retour à la science-fiction après le monument 2001 : L’ODYSSEE DE L’ESPACE, où, déjà, il abordait brillamment le thème de l’intelligence artificielle, tout en tordant le cou aux lois robotiques d’Asimov, avec l’ordinateur paranoïaque HAL 9000…  Finalement, Kubrick confia A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE à Steven Spielberg, le cinéaste idéal pour le film, finalement sorti en… 2001, deux ans après le décès de Kubrick.

David n’est jamais né, n’a jamais eu d’anniversaire. S’il ressemble à un petit garçon, il n’en est pas un. Dans un proche futur où la science robotique s’est développée, David est le premier robot humain à être conçu pour éprouver et recevoir de l’amour de parents en manque d’enfants. Mais la création du Professeur Allen Hobby (William Hurt), trop parfaite et trop faillible, va surpasser les espoirs les plus fous de son créateur.

S’il n’était pas imaginé et présenté comme un robot, David serait un jeune garçon clairement atteint du syndrome d’Asperger, au vu de son comportement déroutant provoquant l’affection, la curiosité, l’hostilité et l’incompréhension. Les scènes du premier acte du film, chez la famille Swinton, sont très révélatrices en ce sens. Trait typiquement « Aspie », ici inhérent à sa programmation de base, David interprète littéralement tout ce qu’on lui montre et dit – voir le gag de la fausse partie de cache-cache où il surprend sa mère adoptive aux toilettes. Tout aussi littérale chez lui est sa fascination pour PINOCCHIO, le conte de Collodi. Cela deviendra chez lui une idée folle, fixe, qu’il poursuivra envers et contre tout, quitte à en mourir. Comme souvent chez les « Aspies », David comprend très mal les émotions humaines ; il ne sait pas par exemple interpréter correctement l’hostilité de Martin, le vrai fils biologique des Swinton, et se laisse manipuler par ce faux frère. Cette incapacité à comprendre la complexité des sentiments humains va mener à son abandon dans les bois, scène terrible et hautement symbolique d’un film qui puise dans les thèmes les plus sombres des contes de fées…

Difficile aussi, à cause de sa condition de robot, de se lier avec des humains… ses seuls amis, David les trouvera parmi les robots : Teddy, l’ours en peluche électronique, faisant office de conscience, et Gigolo Joe (Jude Law), « Mécha » jouisseur qui va le suivre dans sa quête. Généralement calme et craintif, David peut aussi connaître des crises de violence et de dépression terribles – une étape dramatique dans ce monde où les « Méchas » ne connaissent ni émotions ni conscience de soi. L’anormalité de David le rend donc doublement unique, à la fois chez les humains et chez les « Méchas ».  Aux uns comme aux autres, il prouve qu’une machine est capable de développer un mode de pensée original, et donc de surpasser sa programmation de base pour accéder à un univers d’abstractions, d’imagination et d’interprétation symboliques. Et devenir le « chaînon manquant » entre deux formes de vie qui se sont ignorées pendant des siècles.

Pour mener à bien ce film étrange mêlant quête mythologique, drame familial, éléments science-fictionnels et questionnements philosophiques, il fallait bien l’âme de deux cinéastes eux-mêmes sortis des normes imposées de leur art, et très probablement eux-mêmes « Aspies »… nous reviendrons plus tard sur les cas de Kubrick et Spielberg.

 

Cf. HAL 9000 ; Isaac Asimov, Stanley Kubrick, Steven Spielberg

 

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… David (Michael Fassbender), dans PROMETHEUS.

 

Un autre David, robot humain comme son jeune prédécesseur, mais nettement plus inquiétant… Celui-là est le personnage vedette du film PROMETHEUS de Ridley Scott. Sa fonction est d’assurer les travaux subalternes durant les deux ans de voyage du vaisseau spatial Prometheus, avant sa destination finale : maintenance, réparations techniques, surveillance de l’état de santé de l’équipage humain en sommeil artificiel. David est donc à bord un véritable majordome et homme à tout faire. Il s’acquitte avec le plus grand sérieux de ses routines de travail, montrant ainsi un premier trait typique du syndrome d’Asperger, dont il présente certaines facettes… à défaut d’en incarner le côté le plus positif.

Sa programmation le limite en ce sens. Raide et manquant d’expressivité - marque de fabrique propre à tous les robots humanoïdes de la science-fiction - il se montre souvent évitant, évasif, provoquant la colère de Meredith Vickers (Charlize Theron), la chargée de supervision de la mission. Il se distingue aussi par une excentricité programmée, une véritable obsession pour le film LAWRENCE D’ARABIE, si poussée qu’il imite l’acteur Peter O’Toole à la perfection ; ses citations des répliques rendent même perplexes les membres du Prometheus tout à leur mission… Hasard ? Le vrai Lawrence d’Arabie, de son vrai nom Thomas Edward Lawrence, était peut-être atteint du syndrome d’Asperger. Enfin, David fait preuve d’une curiosité scientifique intarissable qui le rendrait sympathique, si celle-ci ne s’accompagnait pas d’un total manque d’empathie et d’éthique.

Comme les Réplicants de BLADE RUNNER, autre classique de la science-fiction signé Ridley Scott, David cherche à dépasser sa programmation initiale. Mais, à l’inverse de son jeune homonyme d’A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, il reste profondément incapable de comprendre des notions comme l’espoir ou l’amour. Impossible aussi pour lui de comprendre qu’il n’a pas le droit d’espionner les rêves de la scientifique Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) durant son sommeil artificiel. Et, comme HAL 9000 dans 2001 L’ODYSSEE DE L’ESPACE, il développe un ressentiment grandissant envers les humains.

Utilisant sa curiosité scientifique pour répondre à une discrète insulte, David contaminera Charlie (Logan Marshall-Green) par un échantillon d’ADN extra-terrestre mutagène. Les conséquences seront atrocesCe comportement criminel (heureusement inexistant à ce jour chez les Aspies réels…) sera sa réponse au mépris des humains à son égard… On peut même le soupçonner de provoquer la mort de Weyland face au titanesque « Ingénieur » extra-terrestre. David n’en ressort pas lui-même indemne, et c’est assez logiquement que l’androïde finit à l’état de simple tête parlante, comme symbole de son incapacité à ne pas avoir su dépasser son statut initial. 

Dans le rôle de David, Michael Fassbender réussit une remarquable prestation. En supprimant de son jeu toute trace d’affects, effaçant en quelque sorte l’humain en lui, Fassbender crée un personnage ambigu à souhait. A signaler que le comédien venait de se distinguer peu avant dans le rôle du docteur Carl Gustav Jung dans le film A DANGEROUS METHOD. Autre possible personnalité Asperger, le psychiatre Jung élabora sa célèbre théorie de l’Inconscient Collectif, qui est illustrée par le mystère à l’origine du voyage du Prometheus…

 

Cf. HAL 9000, les Réplicants de BLADE RUNNER ; Carl Gustav Jung, Thomas Edward Lawrence

 

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Denver, John (1943-1997) :

Sous les cieux de Roswell, au Nouveau-Mexique, on trouve de tout. Des restes d’OVNI, un autrichien volant… et même la naissance d’un musicien/chanteur/compositeur qui figure aussi sur les listes de personnalités ayant peut-être eu le syndrome d’Asperger. John Denver, peu connu de notre côté de l’Atlantique, fut un extra-terrestre de la chanson country folk américaine. Une figure souriante, optimiste, avec un je ne sais quoi d’étrangeté dans le regard, et une face sombre guère associée au registre « feel good » de ses chansons immensément populaires des années 1970.

De son vrai nom Henry John Deutschendorf, John Denver était le fils d’un sévère officier instructeur de l’US Air Force. Suivant son père à chacun de ses déménagements dans les bases militaires de l’Ouest américain, Denver était un enfant timide, peu aimé de ce père autoritaire, et ne se faisait guère d’amis, se sentant en permanence « étranger » à ses camarades. Il développa très vite une passion pour l’aviation qui ne le quittera jamais. Son autre grande passion lui viendra par le cadeau de sa grand-mère maternelle pour ses 12 ans : une guitare acoustique. La musique deviendra son moyen de communication au monde, et Denver pourra combiner ses deux passions en une seule célèbre chanson, LEAVING ON A JET PLANE, au titre prophétique de son propre destin.

Denver vivra une scolarité difficile, marquée par une fugue en Californie à l’âge du lycée, et se verra forcé de finir ses études, sans enthousiasme. C’est finalement au tournant des années 1960 qu’il pourra enfin devenir musicien et chanteur, en Californie. Après le succès de LEAVING ON A JET PLANE, il entamera une fructueuse carrière de chanteur en solo, avec succès. Le look de Denver, reconnaissable à ses longs cheveux blonds au bol, ses chemises brodées et ses lunettes de grand-mère nous montrent un vrai e.t. de la chanson. Toute l’insouciance vestimentaire des seventies !… En coulisses, pourtant, John Denver n’était pas un tendre et refusait de se laisser dicter sa conduite, comme en témoignera la rupture professionnelle violente avec son producteur Jerry Weintraub.

Denver continuera à oeuvrer dans le registre folk/country qui lui est cher, mais à partir de la fin des années 1970, son engagement dans de nombreuses activités politiques humanitaires prendra le dessus sur son activité musicale. Fervent démocrate, il s’opposera à la politique de Reagan, la NRA, la corruption politique, la censure dans la musique… Au fil du temps, par ailleurs, le chanteur-compositeur développera d’autres centres d’intérêt : la peinture, la photographie, le ski et le golf. Un doux rêveur ? Cela reste à voir… Denver publiera en 1994 son autobiographie, révélant au public un visage bien moins souriant : il y parle franchement de ses addictions à la drogue, son alcoolisme, ses infidélités, ses violences conjugales, et une tentative de suicide…

Chanteur inclassable et en même temps familier dans le paysage musical américain, John Denver trouvera une fin tragique en 1997, dans un crash aux commandes de son avion expérimental. « Cause I’m leaving on a Jet Plane »… 

 

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… Descartes, René (1596-1650) :

Il cogite, donc il est… 

Mathématicien, physicien et philosophe, à une époque où les scientifiques libres penseurs, pour leurs écrits menaçant les vérités officielles et les dogmes religieux, risquaient la censure, la torture (Galilée) ou le bûcher (Giordano Bruno), Descartes a contribué par ses travaux à changer la vision du monde de son époque… même s’il a commis des erreurs. Résultat de ses recherches infatigables, ses idées métaphysiques, parfois contestables et datées, ont néanmoins changé les certitudes de son époque. Et on a déduit que cet esprit curieux de tout, inlassable chercheur et voyageur, a été peut-être un Asperger. Cela reste cependant à prouver.

Orphelin de sa mère, élevé par son père (conseiller au parlement de Bretagne), sa grand-mère et sa nourrice, l’enfant Descartes, remarquablement précoce, pose sans cesse des questions sur tous les sujets qui l’intéressent et révèle très tôt un esprit avide de logique et de raison, passionné par les mathématiques. Décrit comme un homme susceptible et exigeant, René Descartes fut aussi connu pour éviter la société de son temps, préférant écrire et étudier chez lui. Une habitude qui le fera « avancer masqué » dans une époque troublée, refuser les honneurs, et entretenir des relations épistolaires avec ses amis (notamment Elisabeth de Bohême). Le jeune Descartes va voyager à travers l’Europe, se fixant pendant l’essentiel de sa vie en Hollande, où il sera le disciple brillant du physicien Beeckman. C’est d’ailleurs là-bas qu’il fera trois songes, la nuit du 10 novembre 1619, véritable expérience mystique qui lui inspira les bases de sa future méthode scientifique.

Recherchant toujours la compagnie des savants, Descartes subordonne ces rencontres à sa passion de la recherche : mathématiques, géométrie analytique, optique, étude des êtres vivants, musique, chimie, alchimie… La parution du « Discours de la Méthode » va faire sa célébrité, et déclencher les foudres des prédicateurs catholiques, durant la querelle d’Utrecht dans laquelle il risqua la condamnation à mort. Foudres qui se sont peut-être abattues sur lui dans sa dernière année, 1650, alors qu’il venait d’être le tuteur de la Reine Christine… A-t-il été empoisonné par l’aumônier catholique Viogué, qui craignait son influence sur la reine ? Les péripéties du rapatriement du cadavre de Descartes en France seront aussi une véritable énigme, liée à la disparition / réapparition de son crâne et l’impossibilité d’identifier clairement ses restes. Mais ceci est une autre histoire…

 

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… Dick, Philip K. (1928-1982) :

Un intrus dans cette liste ? Sans doute. Philip K. Dick, auteur immense inspirateur de toute la science-fiction moderne et grand paranoïaque notoire, n’a jamais été diagnostiqué autiste ou Aspie. Et pourtant… En revoyant dans les grandes lignes les biographies trouvées à son sujet, souvent contradictoires tant l’écrivain fut difficile à cerner, cette idée peut faire son chemin. Souvent reclus, terriblement anxieux, remarquablement cultivé et intelligent, socialement très maladroit, Dick semble avoir présenté une forme légère potentielle du syndrome. Ceci reste cependant une supposition personnelle, non un diagnostic officiel.

Marqué par le décès de sa soeur jumelle à l’âge de six semaines, Philip Kindred (« esprit jumeau », « âme soeur »…) Dick fut élevé par une mère des plus perturbantes, adepte de méthodes éducatives expérimentales radicales qui l’ont certainement fragilisé. Le jeune Dick se prit de passion pour la musique et la littérature classiques. Sa mémoire et ses connaissances musicales furent remarquables ; il pouvait ainsi, à 12 ans, reconnaître opéras, concertos, symphonies, etc. dès les premières notes. Provocateur précoce, il étudia la grande culture allemande (Beethoven, Wagner, Goethe, Kant…) alors que son pays entra en guerre contre l’Allemagne nazie.

Philip K. Dick vit ses études perturbées par ses problèmes de santé : crises d’asthme et agoraphobie. Il ne finira pas ses études en philosophie à Berkeley, continuant cependant à fréquenter le milieu du campus universitaire. En thérapie, Dick sera diagnostiqué schizophrène semble-t-il à tort, dès ses 15 ans, et se fera prescrire des médicaments, début d’une dépendance qui le poursuivra toute sa vie. Il était particulièrement timide avec la gent féminine ; il évite même un temps leur compagnie, fréquentant un temps le milieu estudiantin homosexuel, plus par besoin de « protection » que par préférence sexuelle. Plus tard, Dick vivra des histoires difficiles avec les femmes ; cinq mariages et autant de séparations, sa dépendance aggravant ses problèmes relationnels.

Au fil des années 1950 et 1960, le talent littéraire de Dick émergea, montrant une écriture mordante, ironique et philosophique ; contournant les clichés du genre pour questionner la Réalité, Dick crée des mondes inquiétants : uchronie, emprise totalitaire des grandes corporations, personnages piégés dans des hallucinations dont ils ne peuvent sortir… Malheureusement, la santé mentale de l’écrivain, fragilisée au fil du temps, s’effondra au cours des années 60-70 : paranoïa grandissante, hallucinations, réclusion, dépressions à répétition et tentatives de suicide. Dans ses dernières années, les phobies se multiplièrent – notamment les foules, les voyages, l’obligation de parler en public… Des phobies que l’on retrouve fréquemment chez les Aspies. L’écrivain donna dans cet état d’esprit une mémorable conférence à Metz, en 1977, devant un parterre d’invités pour le moins perplexes devant ses déclarations et son comportement.

Ce qui mène donc à l’hypothèse posée au début de ce paragraphe. Si rien ne prouve définitivement que Dick ait été un autiste ou un Aspie léger, rien ne vient démentir non plus cette théorie. Quoiqu’il en soit, l’auteur connaissait certainement les travaux sur l’autisme en cours à son époque. En lisant entre les lignes de ses nouvelles et romans (GLISSEMENT DE TEMPS SUR MARS, L’HOMME DORE, LES ANDROÏDES RÊVENT-ILS …?), on peut être tenté de faire des rapprochements entre les « mutants », « Réplicants », « Précogs » et autres, et les personnes atteintes d’autisme à des degrés divers.

Dick décèda quelques semaines avant la sortie du film BLADE RUNNER de Ridley Scott, adapté de sa nouvelle LES ANDROÏDES RÊVENT-ILS DE MOUTONS ELECTRIQUES ? La réputation du film va assurer une nouvelle vie à l’oeuvre de Dick, sous formes d’adaptations cinématographiques de qualité variable. Dans le haut du panier, on trouvera MINORITY REPORT de Spielberg, l’inégal TOTAL RECALL avec Schwarzenegger, SCANNER DARKLY… L’esprit de Dick se retrouve aussi ailleurs, dans toute la production SF contemporaine, de TRUMAN SHOW en passant par MATRIX jusqu’à ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND ou INCEPTION.

 

– cf. Joel Barish, les Réplicants de BLADE RUNNER ; Steven Spielberg

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… Dickens, Charles (1812-1870) :

Au fil des recherches sur les personnes Asperger, on tombe assez souvent sur des informations contradictoires. D’une page Web à une autre, on découvre ainsi que Charles Dickens, l’écrivain anglais le plus populaire du 19ème Siècle, conteur de génie et critique des pires injustices sociales de l’ère victorienne (OLIVER TWIST, DE GRANDES ESPERANCES, UN CHANT DE NOËL…),  avait le syndrome d’Asperger… ou bien qu’il ne l’avait pas. Au gré des informations trouvées ça et là, apparaît une personnalité bien plus complexe que sa légende. Dickens était un homme plein d’humour, philanthrope, révolté par toutes les misères du monde, et passionné par son métier d’écrivain, mais il était aussi décrit comme carriériste, obsessionnel, mélancolique, doublé d’un mari tyrannique et cruel. Etrange monsieur Dickens… ce portrait sommaire ne suffit pas à prouver qu’il était Aspie, bien que quelques indices possibles existent.

Dickens eut une enfance modeste, heureuse, celle d’un « garçon auquel on ne prête pas particulièrement attention« . Ceci avant que sa scolarité soit interrompue, à cause des ennuis financiers de son père. Dickens, âgé de 12 ans, verra celui-ci emprisonné parce qu’il ne peut rembourser 40 livres de dettes. Et selon la loi de l’époque, sa femme et ses plus jeunes enfants le rejoignent en prison… Dickens, recueilli chez une amie de la famille, arrête l’école et travaille très dur à coller des pièces de chaussures dans une usine. Expérience éprouvante dont Dickens s’inspirera pour écrire DAVID COPPERFIELD. Après avoir repris et fini ses études, et travaillé comme clerc d’avoué, reporter sténographe et reporter parlementaire, Dickens adulte développa un talent vite remarqué pour l’écriture. Passionné par le théâtre, Dickens manque de peu une carrière d’acteur, mais continuera toute sa vie à fréquenter le milieu théâtral et écrire des pièces.

Dickens et les femmes, c’est une histoire orageuse ou apparaissent des difficultés relationnelles évidentes, compliquées par le poids des conventions strictes de l’époque. Il épousera en 1836 Catherine Hogarth, l’aînée de trois soeurs qui restèrent proches de Dickens toute sa vie. Cela fut un mariage de convenance, où Catherine, douce, aimable, férue de culture, dut subir les exigences sévères de son mari quand à son rôle d’épouse. Un mariage qui, s’il fut heureux dans les premières années, s’écroulera par la suite. Dickens sera bouleversé par le décès de Mary, sa belle-soeur, au point de prolonger son deuil ; les drames d’une fausse couche, de la mort de leur fille Dora aggravent la crise entre les époux. Plus tard, la liaison de Dickens avec Ellen Ternan, 18 ans, poussera le couple au divorce. L’autre soeur de Catherine, Georgina, veillera sur les affaires de Dickens jusqu’à la fin de sa vie. Le visage le moins plaisant, le plus perturbé, de Dickens apparaît dans la triste histoire de son mariage.

Les dernières années de Dickens se teintent de mystère. Il multiplie les tournées de lecture publique à travers l’Angleterre, s’épuisant à la tâche, tout en rédigeant ses derniers chefs-d’oeuvre (HISTOIRE DE DEUX CITES, DE GRANDES ESPERANCES). Une rumeur forcément difficile à vérifier souligne son comportement excentrique : il déployait son parapluie pour se protéger de « pluies d’oursins »… Signe annonciateur de maladie mentale ?

Dickens brûle pratiquement toute sa correspondance en 1860, laissant les spécialistes spéculer sur sa relation continue avec Ellen Ternan. Féru de spiritisme, il rejoint le Ghost Club ; le 9 juin 1865, Dickens et Ternan échappent au dramatique accident de train de Staplehurst, qui lui inspirera son angoissante nouvelle LE SIGNALEUR, histoire de prémonition et de fantôme… Affaibli par ses tournées de lecture, Dickens, épuisé mourra le 9 juin 1870 - cinq ans exactement après l’accident -, laissant inachevé son roman LE MYSTERE D’EDWIN DROOD.

De là à conclure, à partir de ces éléments, que Dickens était un Aspie, il y a beaucoup de pas que l’on hésitera à franchir…

 

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… Dickinson, Emily (1830-1885) :

L’écriture est une activité solitaire, exigeante, et potentiellement aliénante pour une personnalité fragile. L’exemple de la poétesse américaine Emily Dickinson est particulièrement représentatif de cette étrangeté d’attitude. Terriblement introvertie depuis son enfance, elle vécut une grande partie de sa vie en recluse. Le voisinage la considérait comme une excentrique, la surnommant « la Dame Blanche » d’Amherst, sa ville natale du Massachusetts qu’elle quitta rarement. Ses amitiés intenses, exclusives, elle les vivait par la plume, par ses correspondances. Ses poèmes, jamais titrés, ne respectant pas les normes de ponctuation en cours, n’ont pratiquement jamais été publiés de son vivant. Elle les gardait dans une cachette qui fut découverte après sa mort. Il faudra attendre l’année 1955 pour que le talent d’Emily Dickinson soit enfin reconnu comme celui d’une très grande femme de lettres, et une figure majeure de la poésie mondiale.

Tout concorde, dans l’histoire d’Emily Dickinson, pour voir en elle une personne atteinte du syndrome d’Asperger à un degré très élevé. Cette fille d’un homme politique très important du Massachusetts était décrite comme une petite fille très sage, attirée par des passions exclusives : le piano, et surtout la botanique. Les plantes, fleurs et le jardinage n’auront aucun secret pour elle, faisant l’objet de ses premiers poèmes, et sa réputation dans sa communauté. Vivant dans un milieu puritain protestant très strict, Emily Dickinson se rebella discrètement, en n’effectuant pas la déclaration de foi rituelle, et en s’éloignant des offices religieux.

Ses correspondances et amitiés exclusives représentaient un aspect fondamental de sa vie. Elle trouva, à divers âge de son existence, des précepteurs plus âgés qu’elle : son père, puis Leonard Humphrey, Benjamin Franklin Newton… ce dernier déclencha sa passion pour la littérature et l’écriture. Il y eut aussi le pasteur Charles Wadsworth, l’éditeur Samuel Bowles qui publia ses premiers poèmes, corrigés contre son gré, Thomas Wentworth Higginson. La plus exclusive – et la plus violente pour Emily – de ces amitiés est celle qui la lia à sa future belle-soeur Susan Gilbert, qui la soutient professionnellement tout en étant distante à son égard.

La Mort prit une place obsessionnelle dans sa vie et son oeuvre. Emily Dickinson vécut dans une angoisse permanente, causée par la mort d’une amie d’enfance, alors qu’elle avait 14 ans, et cette angoisse entraînera plus tard chez elle de terribles dépressions, comme après la mort de Humphrey. Le comportement de Dickinson changea surtout à partir de 1866, suivant sa période la plus productive. De plus en plus recluse, tout à son jardinage et ses activités domestiques, elle préfèrait parler à ses visiteurs à travers une porte, évitant les invités dans sa demeure, et refusait les voyages. Une fragilité évidente qui s’aggravera dans les dernières années après les décès successifs de proches et d’amis, jusqu’à son propre décès.

Les manuscrits cachés par Emily Dickinson, recueils de ses poèmes méthodiquement révisés et copiés vers 1858, seront un véritable trésor littéraire qui mettra, suite à des dissensions juridiques et familiales, révélé enfin au public en 1955, dans une publication complète respectant son style unique pour la toute première fois.

 

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… Diogène de Sinope (- 413 / – 327 avant J.C.) :

Qui a bien pu être le premier « Aspie » de l’Histoire ? Ou plutôt : le plus ancien jamais répertorié ? Diogène de Sinope, le philosophe qui selon la légende vivait dans un tonneau, rencontra Alexandre le Grand, et se promenait en plein jour une lanterne allumée, serait un candidat idéal… Célèbre pour sa misanthropie, le plus célèbre représentant de l’école cynique influença à des siècles de distance des philosophes tels que Kierkegaard, Nietzsche (qui dans LE GAI SAVOIR déformera l’épisode de la lanterne à sa propre convenance…), Foucault et Onfray.

La légende s’étant emparée depuis des siècles du personnage, les anecdotes et les interprétations rendent impossible l’affirmation d’un éventuel syndrome d’Asperger chez Diogène. Reste qu’il a sérieusement détonné dans la société d’Athènes, de son vivant. Esprit mordant, critique et férocement subversif, il vécut dans la pauvreté totale, allant pieds nus, dormant dans une jarre (et non pas un tonneau), méprisant ouvertement richesses et conventions sociales. Un cynique au sens premier du terme, vivant « comme un chien ». On raconte que Diogène prônait le détachement envers l’amour, la liberté sexuelle totale, qu’il évitait pourtant les rapports sexuels en se masturbant sur la place publique, affirmait l’indifférence à la sépulture, l’égalité entre hommes et femmes, la négation du sacré, la suppression des armes et de la monnaie… autant de sources de scandales aux yeux des Athéniens. L’épisode de la lanterne est quant à lui source d’interprétations très différentes : critiquait-il en pratique les théories de « l’homme idéal » de Platon, plaisantait-il ou le prit-il au pied de la lettre ?

Va-nu-pieds débauché ou figure ascétique héroïque, Diogène présente en tous les cas à sa façon des traits hypothétiques de l’Aspie le plus radical : comportement asocial, exigence morale et logique poussée à l’extrême, raisonnement et idées « détachées » de certaines réalités, misanthropie, esprit observateur aux opinions cinglantes… Ces quelques critères méritent réflexion. Signalons aussi sa postérité médicale très particulière : les médecins ont donné son nom à une maladie de la vieillesse, le «Syndrome de Diogène», un trouble du comportement de la personne âgée menant à des conditions de vie négligées ou insalubres, accumulation d’objets hétéroclites, déni de son état, isolement social, refus de l’aide extérieure, personnalité distante et paranoïaque… Howard Hughes (que nous retrouverons dans cette liste), dans ses années de réclusion, en offre le meilleur exemple.

Diogène n’a pas été oublié par le monde de la fiction. Dans les aventures de Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle donna au club de gentlemen fréquenté par Mycroft Holmes (le frère de Sherlock, l’homme de l’ombre des services secrets de Sa Majesté) le nom de Club Diogène. Hasard, Mycroft et plus encore Sherlock Holmes sont des Aspies fictifs très bien cernés… Plus près de nous, la série télévisée française KAAMELOTT cite Diogène dans l’épisode où le naïf Perceval (que nous retrouverons aussi en détail…), piquant une grosse colère antisociale, se cache dans un tonneau ! 

– cf. Howard Hughes, Friedrich Nietzsche ; Sherlock Holmes, Perceval (version KAAMELOTT)

 

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… Dylan, Bob 

Depuis maintenant plus de cinquante ans, Bob Dylan, a dépassé le simple statut de porte-parole d’une époque en colère pour devenir un artiste total : chanteur, compositeur, poète, écrivain, peintre, et occasionnellement acteur et réalisateur. Ses recherches musicales permanentes, ses changements de registre incessants, sa personnalité exigeante et son refus des étiquettes continuent de surprendre même ceux qui croient le connaître. On ne sera pas trop étonné de voir le nom de l’insaisissable Dylan apparaître dans des listes de personnalités supposées avoir le syndrome d’Asperger. Là encore, la prudence est de mise pour ce qui est une simple hypothèse, mais, au vu du parcours, de l’attitude et de la personnalité de l’intéressé, on peut effectivement se poser des questions.

Descendant d’immigrés juifs ukrainiens et turcs, le jeune Dylan (de son vrai nom Robert Zimmerman) se passionne très tôt pour un domaine exclusif : la musique. Vers 8/9 ans, il apprend le piano, et plus tard la guitare et l’harmonica ; à l’adolescence, il écoute les bluesmen à la radio, la country de Hank Williams, et les rockers. Les quelques informations disponibles sur sa jeunesse rapportent surtout qu’il fréquente les formations musicales, joue et chante dans des fêtes, des concours de jeunes talents. Diplôme de fin d’études en poche, il va à l’Université du Minnesota en 1959 mais s’y ennuie, et cesse de suivre les cours d’art au bout de quelques mois. Il préfère de loin fréquenter le quartier de Dinkytown, le coin des artistes et marginaux de la génération Beat. C’est là que ce gamin aux allures de lutin vagabond, un brin mythomane sur ses origines, s’invente son nom d’artiste et découvre la musique folk. Le jeune homme marginal part ensuite à New York, à la rencontre de son héros Woody Guthrie. Dylan se voit rejeté par les patrons des clubs musicaux qui ne veulent pas de lui ; il faut dire qu’avec sa voix bizarre – rauque, nasillarde, faussement monotone -, et son regard indiscernable, Dylan n’entre vraiment pas dans les cases…

Cette période de vaches maigres est heureusement formatrice, Dylan fréquentant des personnes décisives qui lui font découvrir les richesses de la littérature mondiale, les grands poètes et les mouvements étudiants contestataires. Dylan découvre ainsi qu’il est capable de participer, par l’écrit et le chant, à l’éveil politique des consciences. Tout cela finira par payer avec les succès de ses albums, THE FREEWHEELIN’ et THE TIMES THEY ARA A-CHANGIN’, symboles de la contestation contre l’ordre établi et l’injustice. Mais il y gagne une image médiatique qui l’agace autant que son nouveau statut de star. Le « vagabond » Dylan n’aime ni l’idolâtrie hystérique, ni la complaisance, pas plus que les règles admises du show-business à l’américaine. Il quitte ainsi le ED SULLIVAN SHOW quand on cherche à lui interdire de chanter TALKIN’ JOHN BIRCH SOCIETY.

Un discours calamiteux au banquet de l’ECLC, où on lui remet en 1964 le prix Tom Paine pour son engagement, est assez symptomatique de ce que peut ressentir le jeune homme, mis subitement sous les feux de la rampe. « Je suis tombé dans un piège quand j’ai accepté le prix Tom Paine […]. Dès que je m’y suis pointé, je me suis senti oppressé. […] Ça m’a vraiment pris à la gorge. Je me suis mis à boire. J’ai… vu un groupe de gens qui n’avaient rien à voir avec mon genre d’idées politiques. J’ai regardé le parterre et j’ai eu la trouille. […] On aurait dit qu’ils donnaient de leur argent parce qu’ils culpabilisaient ». Le commentaire de Dylan est à la fois impitoyablement lucide, mais aussi révélateur de ses difficultés sociales, très familières aux personnes Asperger.

Durant la suite de sa carrière, Dylan n’aura de cesse que de refuser les étiquettes qu’on lui impose, tout en continuant ses explorations musicales et littéraires d’une part, et en cherchant à se protéger d’autre part. Ce qui cause souvent l’incompréhension de ses admirateurs des débuts, comme de ses fans. Comme au milieu des années soixante, où il abandonne folk et chansons protestataires acoustiques pour le rock électrique, provoquant critiques et huées en concert (Newport, 1965). Durant toute la suite de sa carrière musicale, Dylan, sans se soucier du qu’en dira-t-on, multipliera les changements de registre incessants. Folk, rock, blues, country, rockabilly, gospel, jazz… il travaille sur toutes les facettes de l’univers musical américain. Iconoclaste, il se convertit au christianisme à la fin des années 1970… pour revenir finalement à ses racines judaïques en 1983 avec l’album INFIDELS. Côté vie privée, c’est souvent tumultueux : Dylan se protége lorsqu’il épouse en secret Sarah Lowndes en 1965 ; mais leur rupture sera la cause d’une dépression sérieuse. Quelques exemples des hauts et les bas d’une vie bien remplie, avant tout dédiée à la musique et à la poésie.

Au cinéma, Bob Dylan est un « personnage » bien réel qui fascine toujours. Si on laisse de côté son seul film mis en scène par ses soins, RENALDO ET CLARA, on s’intéressera à deux documentaires : DON’T LOOK BACK de D.A. Pennebaker (1967) qui montre l’artiste durant sa tournée anglaise controversée de 1965, et celui de Martin Scorsese, NO DIRECTION HOME (2005), qui nous « éclairent » tous deux sur la personnalité de Dylan. Personnalité qui a aussi inspiré le film I’M NOT THERE. (2007) de Todd Haynes. Les différentes facettes de Dylan y sont incarnés par six comédiens différents – dont une prestation mémorable de Cate Blanchett. Enfin, Bob Dylan, en tant que simple acteur, est entré dans la légende du western avec son rôle de lanceur de couteaux mutique, Alias, dans le chef-d’oeuvre de Sam Peckinpah, PAT GARRETT & BILLY THE KID (1973), où sa personnalité « décalée » trouve un rôle à sa mesure. 

 

à suivre…

 

Ludovic Fauchier.

 

En bref… PAPERBOY

En bref... PAPERBOY dans Infos en bref paperboy

PAPERBOY, de Lee Daniels

A la fois enquête policière, thriller poisseux et drame familial, ce film dû au réalisateur de PRECIOUS doit avant tout son intérêt à son groupe d’acteurs prenant ici un plaisir évident à casser leur image respective : en particulier Nicole Kidman métamorphosée en groupie à détenus péroxydée, et John Cusack en assassin « redneck » graisseux. Et, après son mémorable KILLER JOE, Matthew McConaughey continue son spectaculaire changement de registre…

Dommage toutefois que le film, en se reposant sur quelques scènes trash (et même white trash), ne soit pas vraiment à la hauteur des contre-emplois proposés, et laisse le spectateur au final assez perplexe…

Ludovic Fauchier (qui ne sait donc pas quoi penser du film). 

Aspie, or not Aspie ? Le Petit Abécédaire Asperger, chapitre 3

C comme…

 

Aspie, or not Aspie ? Le Petit Abécédaire Asperger, chapitre 3 dans Aspie c-henry-cavendish-asperger

… Cavendish, Henry (1731-1810) 

 

Ce scientifique britannique, à la fois chimiste, physicien et philosophe en histoire naturelle, fut le découvreur de l’hydrogène, et l’auteur de travaux sur la mesure de la gravitation et sur l’électricité, tout au long du 18ème Siècle.

Au vu de quelques biographies sommaires, Cavendish semble curieusement n’avoir pas « existé », en dehors de ses travaux. Comme si ce grand savant ne s’était exprimé que par ses seules recherches. Le médecin et écrivain Oliver Sacks en a déduit, en se basant sur les témoignages de son comportement excentrique et asocial, que Henry Cavendish devait être atteint du syndrome d’Asperger, même si cette théorie est discutée.

Peu d’informations sur sa jeunesse. On sait que Cavendish était le fils d’un lord, figure éminente de la vie politique et scientifique de l’époque, et qu’il perdit sa mère très jeune. Après une scolarité dans une école privée, Cavendish étudia les sciences au Peterhouse College de Cambridge, dont il sortit en 1753 sans aucun diplôme, après trois ans d’études… Héritier d’un de ses oncles, il va acquérir un cabinet de physique et une grande bibliothèque, vivant avec son père. Il suit ce dernier, notamment dans des rencontres à la Royal Society et le Royal Society Club, dont il sera un membre respecté, mais aussi l’un des plus asociaux.

Ne faisant pas étalage de sa richesse, le fortuné Cavendish vivait à la spartiate, tout en aidant financièrement étudiants et miséreux. Ses recherches toucheront aux domaines de la mécanique, de l’optique, du magnétisme, et surtout de la chimie. Utilisant des méthodes de travail inédites pour l’époque, il créera l’hydrogène, gaz inflammable qu’il parvient à isoler, et le gaz carbonique (dioxyde de carbone), dépassant en précision les travaux de Lavoisier en France. Ses autres expériences l’aideront à mesurer la constante de gravitation d’Isaac Newton et de là, à établir la densité moyenne de la Terre. Ceci n’étant qu’une réussite parmi d’autres très nombreuses avancées et observations réalisées par ses soins.

Mais par ailleurs, Cavendish était un homme solitaire. Silencieux, maladivement timide et hypersensible, il détesta dès sa jeunesse la société et l’idée du mariage. Il refusait de regarder les femmes, même ses servantes à qui il s’adressait par écrit, et se fit construire un petit escalier pour éviter de rencontrer sa femme de ménage. Sa conduite était tout aussi évitante envers le Royal Society Club, manquant souvent des réunions hebdomadaires pour continuer ses travaux en laboratoire… Et lorsqu’il était présent, sa conduite avait de quoi dérouter : des confrères demandant son point de vue sur un sujet de recherche bien précis ne devaient pas s’adresser directement à lui. Et s’il jugeait la conversation intéressante, Cavendish marmonnait une réponse, avant de se réfugier dans un coin plus tranquille dès que les regards se tournaient vers lui…

Conduite singulière qui faisait partie d’un ensemble d’autres « excentricités » traduisant un profond malaise du principal intéressé. Cavendish ne s’habillait pas à la mode, et porta le même chapeau durant trente années. Il refusa toujours de se faire peindre en portrait, les images que nous avons de lui provenant des esquisses dessinées durant ses réunions officielles. On ne lui connaissait aucune relation proche, en dehors des membres de sa famille. Et, en dehors de la science, il ne s’intéressait qu’à sa collection de meubles élégants.

Son comportement timide et secret fit qu’il ne publia qu’à grand peine ses travaux. Ses manuscrits non publiés, préservés dans les archives familiales durant soixante ans, vont lui assurer une renommée posthume. Le physicien James Clerk Maxwell, premier directeur du laboratoire de physique de Cambridge dédié à Cavendish les déchiffrera et publiera. Et le monde scientifique de redécouvrir que ce grand timide de Cavendish avait défini les principes de la thermodynamique moderne, étudié les forces électrostatiques avant Coulomb, conçu la résistance électrique avant Ohm, etc. …

Curieux personnage donc que ce Cavendish refusant les mondanités et les honneurs qu’il aurait pourtant pu obtenir de son vivant, préférant le silence et le travail à toute tentative de socialisation.

 

Cf. Isaac Newton, Oliver Sacks

 

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… Conseil, dans le roman 20 000 LIEUES SOUS LES MERS, de Jules Verne.

 

Cherchant à rendre scientifiquement crédible son futur roman d’aventures sous-marines, Jules Verne se tourna vers un ingénieur français, Jacques-François Conseil, pour lui fournir tous les éclaircissements techniques concernant le sous-marin qu’il imagine : le Nautilus du Capitaine Nemo… En gage de remerciement pour tous ses bons conseils, ce grand amateur de noms « codés » qu’était Verne donnera celui de Conseil à l’un des personnages du roman.

Conseil est donc le domestique et assistant du professeur Aronnax, le narrateur ; un jeune homme belge décrit par son maître comme un «brave garçon», flegmatique en toute occasion. Calme et imperturbable face aux colères de son ami le bouillant harponneur Ned Land, Conseil a une particularité typique de l’Asperger : il est une véritable encyclopédie vivante, classificateur maniaque du règne animal. Ayant vécu et travaillé aux côtés de l’éminent zoologue Aronnax, Conseil fait preuve d’une mémoire exceptionnelle pour classer toutes les espèces d’animaux par embranchement, ordre, genre, famille, genre, etc. qu’il se fera un plaisir d’énumérer. Mais curieusement, il est incapable de reconnaître visuellement l’animal qu’il classifie

Un personnage secondaire, donc, qui serait vite oublié des lecteurs de Verne s’il n’était pourvu de cette particularité faisant de lui un « proto-Aspie » de fiction… On peut certes deviner que Jules Verne, dans le cadre des romans éducatifs pour la jeunesse qu’il était tenu d’écrire par contrat, avait créé ce personnage dans le seul but d’instruire le lecteur sur la classification scientifique des animaux marins. Mais on peut aussi se demander si l’écrivain français n’avait pas eu une sorte de prémonition… en s’attachant par ailleurs à imaginer des figures de savants excentriques, distraits, plongés dans leurs expériences, qui peuplent ses romans, Verne avait-il « deviné » le syndrome ? A moins que ces énumérations et classifications permanentes dans ses romans, qui rebutent quelque peu le lecteur moderne, ne traduisent chez l’écrivain un très hypothétique syndrome d’Asperger…

Quoiqu’il en soit, de toutes les adaptations cinématographiques plus ou moins fidèles de 20 000 LIEUES SOUS LES MERS, la plus célèbre reste celle produite par Walt Disney en 1954 et mise en scène par Richard Fleischer ; Conseil y est incarné par Peter Lorre. Personnage comique et passablement poltron, Conseil perd ici ses quelques caractéristiques « Aspies »… On sera curieux de voir ce que le cinéaste David Fincher, qui planche activement sur une nouvelle version du film, fera du personnage, lui qui nous avait décrit un beau cas d’Asperger avec son portrait de Mark Zuckerberg dans THE SOCIAL NETWORK.

 

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… Cooper, Sheldon (Jim Parsons), dans la série THE BIG BANG THEORY.

 

Cette sitcom, racontant les déboires de deux jeunes physiciens, Leonard Hofstadter (Johnny Galecki) et Sheldon Cooper, deux « geeks » colocataires du même appartement, et dont la vie est compliquée par la présence en face de chez eux de la jolie Penny (Kaley Cuoco), serveuse aux rêves d’actrice, fait un malheur auprès desdits « geeks » américains qui ont vite fait de l’insupportable – et irrésistiblement comique – Sheldon un de leurs frères de fiction. Il faut dire que le comportement franchement et férocement asocial de Sheldon fait tout le sel de la série ; ses excentricités dont Leonard, le « normal » fait souvent les frais, sont une source de gags permanents.

Sheldon est un surdoué de la physique théorique, mais une catastrophe sociale ambulante. Il faut dire qu’il tire une extrême fierté de son parcours et de ses aptitudes : entré à l’université à 11 ans, détenteur de nombreux prix de physique, doctorats en sciences et maîtrises, Sheldon a un QI de 187 et une mémoire photographique (ou éidétique). Malheureusement pour lui (mais heureusement pour le spectateur), ses talents ne l’ont pas rendu modeste ; Sheldon est tellement persuadé de sa supériorité intellectuelle qu’il rabaisse souvent Leonard et leurs amis Howard et Rajesh. Ce qui ne l’empêche pas de participer, à sa façon, à leurs activités durant leur temps libre : jouer aux jeux vidéo et aux jeux de rôles, se faire des marathons de films, discuter de leurs recherches, etc., bref, d’être des « geeks » dans toute leur splendeur.

Socialement inepte, Sheldon prend tout au pied de la lettre et ne peut tenir une simple conversation normale. Il ne s’intéresse pas vraiment à son entourage, même s’il devient le confident de Leonard et Penny. Ceci à son grand désagrément, l’histoire d’amour entre son colocataire et sa voisine perturbant son goût maniaque pour l’ordre et le calme. En dehors des sciences et de la théorie des cordes, son champ d’expertises, Sheldon a la passion des trains, sujet sur lequel il est intarissable, et a pour seul héros et modèle Spock, le logique Vulcain de STAR TREK. Sheldon souffre par ailleurs de TOCS liés à la phobie des germes, et suit des rituels quotidiens précis, s’asseyant à la même place chaque jour, programmant méthodiquement ses sorties dans un restaurant différent chaque jour de la semaine, etc. Il ne supporte ni l’alcool ni le café, qui ont sur lui des effets désastreux. Complétons le portrait de l’énergumène par ses relations avec ses proches. En dehors de ses quelques amis, Sheldon n’a pas beaucoup de relations. Mis à part Amy Farrah Fowler, une neurobiologiste bien « atteinte » comme lui, avec qui il a une liaison toute platonique, et sa mère Mary, évangélique convaincue, la seule personne avec qui il se montre sincère.

Au vu de toutes ces caractéristiques, il ne fait donc aucun doute que Sheldon Cooper est un personnage « Aspie » évident. Pourtant, les auteurs de la série et son interprète s’en défendent, mûs par une sorte de réflexe de défense « hollywoodien », sur l’air de « je l’ai dit mais ne je l’ai pas dit fort »… Cette prudence excessive, un poil hypocrite, trouve son explication probable dans l’exigence du politiquement correct qui a pour le moins parasité les relations entre les scénaristes/producteurs/réalisateurs de fictions, et les groupes de défense des minorités ethniques/sexuelles/religieuses et des handicapés… Il faut dire qu’aux USA, ces lobbies sont souvent prêts à sonner la charge, sans trop de subtilité, contre toute représentation jugée négative à l’encontre de toute différence.

Les créateurs de BIG BANG THEORY anticipent ainsi les reproches éventuels qui leur seraient faits, ce qui est quand même un peu dommage ; d’autant que Jim Parsons, récompensé de plusieurs Emmys et Golden Globes pour son interprétation, contribue à populariser à sa façon les Aspies en faisant de Sheldon un personnage somme toute très attachant, grâce à ses défauts. Bazinga !

Cf. Spock

 

A suivre…

 

Ludovic Fauchier.

En bref… 20 000 LIEUES SOUS LES MERS

En bref... 20 000 LIEUES SOUS LES MERS dans Infos en bref en-attendant-20-000-lieues-sous-les-mers-version-fincher...20 000 LIEUES SOUS LES MERS, le retour !

Les dernières nouvelles de la planète Cinéma sur le Net font part d’une information très alléchante : une nouvelle adaptation du classique roman d’aventures de Jules Verne est dans les projets imminents de David Fincher depuis plusieurs mois maintenant. Il semble que les choses s’accélèrent alors que les studios Disney, propriétaires des droits du film de 1954 signé Richard Fleischer, avec Kirk Douglas, James Mason et Peter Lorre, veulent voir une nouvelle version des exploits du Capitaine Nemo et de son Nautilus.

Andrew Kevin Walker, le scénariste de SEVEN pour Fincher, s’était mis au travail depuis quelques temps. Et aujourd’hui, on apprend que Fincher a approché son vieil ami Brad Pitt pour incarner l’intrépide harponneur Ned Land incarné jadis par Kirk Douglas. Ce serait donc leur quatrième association après SEVEN, FIGHT CLUB et BENJAMIN BUTTON (où, déjà, un sous-marin menaçait la vie du héros…). On attend la confirmation, Fincher étant aussi occupé par d’autres projets (notamment la suite de son précédent MILLENIUM). Et on peut spéculer sur le prochain interprète du Capitaine Nemo…

Ludovic Fauchier, « Mobilis in Mobile »

Aspie, or not Aspie ? Le Petit Abécédaire Asperger, partie 2

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Aspie, or not Aspie ? Le Petit Abécédaire Asperger, partie 2 dans Aspie b-raymond-babbitt-dustin-hoffman-dans-rain-man

… Babbitt, Raymond (Dustin Hoffman), dans RAIN MAN

 

Dans la mémoire collective, l’autisme a le visage de «Rain Man», ce personnage qui a valu un Oscar du Meilleur Acteur à Dustin Hoffman en 1989. Pantalon et chemise (de chez K-Sport, c’est important) bien serrés, stylos bille en pochette, démarche raide, regard évitant, paroles marmonnées répétant en boucle les répliques d’Abbott & Costello, Raymond exaspère son jeune frère Charlie (Tom Cruise), golden boy arrogant qui se croit spolié de son héritage au bénéfice de ce grand frère inconnu, placé en institution
spécialisée… Au cours du voyage qu’ils vont faire ensemble, l’égoïste Charlie va changer de point de vue sur Raymond, et s’humaniser grâce à lui. Et découvrir son talent extraordinaire pour les mathématiques, doublé d’une mémoire photographique parfaite (la fameuse scène des cure-dents, qu’il peut compter sans erreur).

Les scénaristes du film se sont inspirés de Kim Peak, un autiste mathématicien, pour créer Raymond. Peak ayant également le syndrome d’Asperger, on affirme que Raymond est donc forcément aussi un Asperger. Cela reste discutable… Certes, comme bien des «Aspies», Raymond vit selon des règles de vie rigides, et n’aime pas que l’on dérange son quotidien… Cependant, ses excentricités (prendre un avion de la compagnie australienne Qantas, regarder à heure fixe son programme télévisé favori…) sont beaucoup trop amplifiées, trop «fabriquées» si l’on peut dire, pour que l’on voit en lui un Aspie.

Le film, de bonne facture, demeure même assez angélique dans sa description de l’autisme. Charlie sera changé en bien grâce à son frère, et Raymond fera de même (le petit coup de tête affectueux qu’il donne à Charlie). Tout ira somme toute pour le mieux dans le meilleur des mondes. Si seulement c’était aussi facile dans la réalité, pour les autistes et leur famille… Etonnant par ailleurs que tout le monde se soit à l’époque focalisé sur la prestation d’Hoffman, excellent comédien qui cependant crée un personnage trop «calculé» (un comble pour un génie des mathématiques…), au détriment de celle de Cruise, dont le personnage évolue subtilement.

RAIN MAN, ou une vision très hollywoodienne de l’autisme.

 

b-hrundi-v.-bakshi-peter-sellers-dans-la-party dans or not Aspie ?… Bakshi, V. Hrundi (Peter Sellers) dans LA PARTY.

 

Invité par erreur dans une soirée huppée donnée par un grand producteur hollywoodien, Hrundi V. Bakshi, acteur hindou terriblement gaffeur, va faire passer à ses hôtes une nuit qu’ils ne seront pas prêts d’oublier !

Si Hrundi se trouve dans cet abécédaire, c’est pour une raison particulière. Sa naïveté et ses bévues, au-delà des gags irrésistibles qu’il donne dans le chef-d’œuvre de Blake Edwards, illustrent la maladresse sociale de l’Aspie dans toute sa splendeur. Et le fait qu’il soit incarné par Peter Sellers, un acteur insaisissable dont les biographies laissent penser qu’il avait peut-être une forme particulière du syndrome (on y reviendra), renforce cette idée.

Tout Aspie adulte devrait se reconnaître dans les tentatives répétées que fait Hrundi pour se mêler aux convives ; l’ennui pour lui, c’est qu’il ne «cadre» pas avec les codes sociaux très particuliers de ce type de soirée. Et de plus, Hrundi veut tellement bien faire qu’il pêche par excès, et rate chacune de ses tentatives… Par exemple, en riant excessivement à une plaisanterie dont il n’a pas entendu le début, il s’attire le regard perplexe des autres invités : gêne pour lui, et rire pour le spectateur. Tout est question de timing dans cette soirée, et Hrundi, par ses réactions à contretemps, ruine toutes ses tentatives de s’intégrer. Ainsi, s’il commence à danser avec une jolie fille qui l’invite, la chanson s’interrompt aussitôt. Quand ça ne veut pas…

Ces tentatives régulièrement ratées de jouer le jeu social en vigueur, on les retrouve très souvent chez les personnes atteintes du syndrome d’Asperger ; à tel point que, découragées, elles finiront plutôt par éviter ce type de situations embarrassantes pour elles.

Hrundi a d’autres traits typiques de l’Aspie, traités toujours par l’humour et cette science du gag qu’Edwards trouva ici dans le cinéma de Jacques Tati. La maladresse, notamment : depuis le coup du décor explosé dans l’hilarant prologue du film (parodiant GUNGA DIN) jusqu’au gag du poulet rôti transformé en couvre-chef, en passant par la chaussure flottante, Hrundi, dans LA PARTY, représente par le rire les maladresses fréquentes que peut faire un «Aspie» avec les objets, la nourriture, etc. Tout comme sa
mauvaise appréciation des distances : c’est soit « trop près » (il se colle derrière le joueur de billard, au lieu de rester à distance prudente au moment fatidique !), soit « trop loin » (lorsqu’il s’éclipse à l’autre bout de la pièce après une nouvelle bévue…) ! Là encore, c’est un trait particulier de l’Aspie. Tout comme l’est sa proverbiale naïveté qui lui fait prendre au pied de la lettre des expressions qu’il ne comprend pas («Vous ne travaillerez plus jamais dans un film !! – Est-ce que cela inclut aussi les téléfilms, monsieur ?»).

Mais heureusement, LA PARTY n’est pas qu’une moquerie aux dépens de son personnage principal ; le film envoie un discours positif sur l’anticonformisme, parfaitement en phase avec l’année de sortie du film, 1968. A ce parterre d’invités éteints par les conventions de leur milieu, Hrundi amène finalement son honnêteté foncière, et le chaos final prendra des airs de douce revanche. L’authenticité reprend le dessus sur les codes normatifs en vigueur ; Hrundi peut redevenir lui-même au lieu de se forcer à suivre le troupeau des invités. Il y parvient, accompagné de quelques complices : Michelle la jolie chanteuse française, le majordome ivrogne, le gamin désobéissant, les hippies, l’éléphanteau… bref, tous ceux qui ne trichent pas dans ce monde de faux semblants !

 

Cf. Peter Sellers, Jacques Tati ; Chauncey Gardner

 

b-joel-barish-jim-carrey-dans-eternal-sunshine...

… Barish, Joel (Jim Carrey) (ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND)

 

Joel est déprimé en ce jour de la Saint-Valentin. Sans raison particulière, il décide de ne pas aller au travail, et d’aller traîner sur la plage de Montauk… Durant son voyage, il note quelques pensées qui lui viennent à l’esprit. «J’aimerais tant faire une rencontre. Plus facile à dire qu’à faire. Vu que je ne peux pas regarder une inconnue sans baisser aussitôt les yeux.»

Voilà posé en trois phrases le problème quotidien de tout Aspie : le fameux contact visuel, cette chose toute simple dans les relations humaines, et qui pose tant de difficultés aux personnes atteintes du syndrome…

Il rencontre Clementine Kruchinsky (Kate Winslet) ; elle est fantasque, bavarde, joyeuse, râleuse, imaginative… tout le contraire de Joel, sérieux, peu causant, en permanence anxieux. Commence une histoire d’amour qui va prendre, grâce au scénario de Charlie Kaufman et à la réalisation de Michel Gondry, un tour totalement inattendu. La romance va tourner à la rupture, et basculer dans la science-fiction surréaliste à la Philip K. Dick, par l’intermédiaire d’une machine à effacer les souvenirs pénibles de leur liaison ratée.

Certes, ETERNAL SUNSHINE… n’est pas un film sur le syndrome d’Asperger ; mais il parle précisément à beaucoup d’Aspies qui se reconnaîtront dans le personnage joué par Carrey. L’acteur (qui, dans la vraie vie, a été diagnostiqué souffrant d’hyperactivité) réussit là un tour de force : il laisse tomber le masque de son personnage habituel de «cartoon» humain, et prolonge l’évolution amorcée par ses personnages du TRUMAN SHOW et MAN ON THE MOON. En renonçant à ses tics de jeu habituels, il redevient authentique, faisant preuve dans le film d’une sensibilité de jeu qu’on ne lui connaissait pas en dehors des deux titres cités.

ETERNAL SUNSHINE… aborde aussi des thèmes qui ne peuvent qu’être mis en relation avec le syndrome. Notamment celui de la Mémoire ; le récit brouille peu à peu les frontières entre ce que nous percevons comme la réalité, le Présent, et les souvenirs du personnage, supposés être le Passé. En se faisant effacer les souvenirs de son histoire ratée avec Clementine, Joel croyait se libérer du poids de ceux-ci. Mais seulement voilà, la mémoire d’un Aspie pouvant être un véritable tyran, celle de Joel refuse l’effacement programmé des bons moments, comme des mauvais, passés avec Clementine, lorsque ceux-ci risquent d’être perdus à jamais. Il s’enfuit peu à peu dans son passé, ses souvenirs enfouis, jusqu’à la petite enfance, entraînant avec lui le souvenir de Clementine.

Et même apparemment éliminé, cet amour indestructible, aliénant, ramènera les deux amants «effacés» à leur point de départ, la plage de Montauk. Tout est une boucle, un éternel recommencement, dans ce film immensément poétique, fou et triste.

Il serait bon aussi de se demander si les deux maîtres d’œuvre du film ne seraient pas eux-mêmes un peu «Aspies»… Les protagonistes de Charlie Kaufman sont en effet socialement défaillants, obsessionnels, anxieux (revoir DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH, ADAPTATION. …). Déjà, le scénario d’HUMAN NATURE, le premier film réalisé par Michel Gondry, montrait un scientifique typiquement «Aspie» joué par Tim Robbins. Le cinéaste français, également bricoleur, musicien, et dessinateur entre autres talents, a montré dans ses films ultérieurs quelques personnalités border line attachantes : Gael Garcia Bernal dans LA SCIENCE DES RÊVES, Jack Black et Mos Def dans SOYEZ SYMPAS REMBOBINEZ, et Seth Rogen et Jay Chou dans le film de super-héros GREEN HORNET semblent tous être tombés d’une autre planète…

 

Cf. Philip K. Dick ; Andy Kaufman

 

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… Bartok, Bela (1881-1945)

 

Premier par l’ordre alphabétique d’une grande série de compositeurs dans cet abécédaire, le nom de Bela Bartok apparaît dans des listes d’hypothétiques personnalités atteintes du syndrome d’Asperger. Les éventuels indices du syndrome se laissent avant tout deviner dans son parcours et ses travaux…

Comme tant de ses illustres collègues, le jeune Bartok s’est révélé être un enfant doué pour la musique dès son plus jeune âge ; sa mère Paula, institutrice et pianiste, fut sa première enseignante musicale.

Elève de l’Académie royale de musique de Budapest, il baigne en plein dans l’atmosphère du courant national qui s’empare de la Hongrie (alors toujours dominée par l’Empire austro-hongrois). Dans ce contexte, un évènement déterminant : la découverte des chants et musiques traditionnelles de son pays, qu’il va recueillir avec son ami Zoltan Kodaly. Un autre drôle de coucou, ce Kodaly, inspirateur d’une méthode d’enseignement pédagogique musical bien connue des spectateurs de RENCONTRES DU TROISIEME TYPE, d’un certain Steven Spielberg lui-même Aspie probable, fils d’une pianiste et descendant d’immigrants d’Europe Centrale. Synchronismes, synchronismes !…

Mais revenons à Bartok. Ses recherches vont être déterminantes pour sa carrière et ses futures œuvres. Avec le concours de Kodaly, Bartok mettra en place une véritable méthode d’étude scientifique de ces musiques : recherches sur le folklore musical (ce que l’on nommera «diffusionnisme»), archivage, transcriptions et classements des musiques, chants, etc. Il ne s’arrêtera pour ainsi dire jamais ces études et archivages poussés, jusqu’à la fin de sa vie. Voilà une obsession et un goût du classement rigoureux qui traduit quelque chose de proche du syndrome d’Asperger… et qui se traduit aussi dans ses compositions personnelles, d’une rigueur mathématique implacable. L’alliage de la rigueur scientifique et de la création musicale fit de Bartok un véritable «ethnomusicien».

Si ces recherches furent lancées dans le cadre du courant nationaliste, Bartok se détacha cependant des arrière-pensées idéologiques et politiques de ce mouvement. La musique et sa mémoire, son histoire et sa diffusion primaient sur tout le reste. Ce mépris grandissant pour l’idéologie nationaliste ne plaira pas en Hongrie.

D’une grande exigence et intransigeance morale, Bartok refusait absolument toute assimilation politique au fascisme, au nazisme ; opposé au régime fasciste hongrois de Horthy, il dut finalement fuir son pays pour les USA. Son travail n’y fut guère apprécié, Bartok n’ayant eu que quelques rares défenseurs comme le chef d’orchestre Sergei Koussevitzky et le violoniste Yehudi Menuhin. La reconnaissance fut tardive et posthume.

Le Cinéma a participé à sa façon à la popularisation du travail de Bela Bartok. Les compositeurs de musiques de film, formés à l’écoute de ses compositions, ne l’ont pas oublié – notamment Miklos Rozsa, son compatriote, dont les musiques écrites pour les grands films noirs (DOUBLE INDEMNITY / ASSURANCE SUR LA MORT, LOST WEEKEND / LE POISON, ASPHALT JUNGLE / QUAND LA VILLE DORT, et tant d’autres) adoptent souvent une tonalité «Bartok» indéniable ; plus tard, un autre géant de la musique de film, Jerry Goldsmith, perpétuera l’héritage de Bartok (notamment à travers FREUD, LA PLANETE DES SINGES, ALIEN). Et John Williams, dans le morceau «Auschwitz-Birkenau» de LA LISTE DE SCHINDLER, s’inspirera lui aussi du compositeur hongrois.

N’oublions pas enfin l’emploi par Stanley Kubrick de sa Musique pour Cordes, percussion et Mouvement Céleste numéro 3 comme fond sonore obsessionnel de plusieurs scènes de SHINING…

 

Cf. Stanley Kubrick, Steven Spielberg

 

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… Beethoven, Ludwig van (1770-1827) :

 

D’un compositeur à un autre… le «divin Ludwig», héros du protagoniste d’ORANGE MECANIQUE, était-il un Aspie ?… Son nom est parfois apparu au gré de publications, plus en tant qu’hypothèse que comme cas avéré. Etablir une biographie complète de Beethoven étant le travail d’une vie, on ne s’y risquera pas ici… mais tout au plus, on peut relever les indices les plus intéressants dans le cas de «l’hypothèse Asperger».

Une enfance difficile, marquée par la mort de quatre enfants dans la famille, l’éducation brutale d’un père alcoolique, musicien médiocre qui voulait en faire le nouveau Mozart, les dépressions de la mère… Le talent musical du jeune Beethoven n’apparaît vraiment que lorsqu’il n’est pas «éduqué» par son père. On notera l’amitié qu’il conservera toute sa vie pour le médecin Wegeler ; l’amitié exclusive étant souvent signalée dans les portraits d’Aspies, c’est un début de piste…

Lorsqu’il a 17 ans, son mécène, le comte Ferdinand von Waldstein, lui fait rencontrer brièvement Mozart à Vienne. Ce dernier est impressionné par le talent du jeune homme. Waldstein lui présentera ensuite celui qui sera son mentor, Joseph Haydn. Mais leur relation est difficile, malgré l’estime de Beethoven pour son professeur ; l’indiscipline de Beethoven, la méfiance respective, la possible jalousie de Haydn (selon le point de vue de Beethoven) ne leur profite guère… On sait que les relations sociales normales sont perturbées pour les jeunes Aspies, et que cela peut, dans des cas très graves, mener à la paranoïa… Difficile pourtant de se faire une opinion certaine dans le cas de Beethoven. Continuons.

Beethoven ressent les premiers effets de sa surdité naissante, qui le frappera à 28 ans, pour les 28 années suivantes de sa vie… Son infirmité serait fatale à sa brillante carrière… Il se retire de la vie
publique, ce que la société de son époque aura bien du mal à comprendre ; n’étant pas de plus d’un caractère facile, Beethoven se fera souvent accuser de misanthropie. Un malentendu dans tous les sens du terme…

Son handicap causera une grave crise dépressive pendant laquelle il rédigera son Testament d’Heiligenstadt : « Ô vous, hommes qui pensez que je suis un être haineux, obstiné, misanthrope, ou qui me faites passer pour tel, comme vous êtes injustes ! Vous ignorez la raison secrète de ce qui vous paraît ainsi. […] Songez que depuis six ans je suis frappé d’un mal terrible, que des médecins incompétents ont aggravé. D’année en année, déçu par l’espoir d’une amélioration, […] j’ai dû m’isoler de bonne heure, vivre en solitaire, loin du monde… »

Tiens, voilà des propos qui sonnent familièrement pour un Aspie… sans constituer pour autant une preuve directe.

Beethoven, malgré sa surdité, malgré la dépression (qui le frappera de nouveau vers la fin de sa vie, le rendant incapable de créer entre 1812 et 1817), continuera à composer de magnifiques symphonies et tant d’autres oeuvres musicales. Férocement indépendant, défenseur d’idées démocratiques, Beethoven se montrera un critique acharné du règne napoléonien. Témoin cet incident à l’automne 1806, où il refuse obstinément de complaire à son mécène, le prince Lichnowsky, qui veut qu’il joue du piano pour des officiers français de Napoléon. Il s’ensuit entre Beethoven et Lichnowsky une sévère querelle, et un billet cinglant du compositeur envoyant son protecteur aller se faire voir…

Il y aura aussi les déceptions amoureuses, fréquentes et nombreuses pour Beethoven, qui aimait la compagnie des belles dames d’Europe, mais ne connut que des échecs : avec Joséphine von Brunsvik, Thérèse Malfatti, Giulietta Giuciardi, Antonia Brentano, Maria Von Erdödy, Amalie Sebald… et à qui donc était destinée «La Lettre à l’Immortelle Bien-aimée» ?

On citera rapidement les années de tristesse de la fin de sa vie, la pauvreté, la désaffection du public viennois, l’hostilité politique de Metternich, la mort de son frère Kaspar-Karl, les procès contre sa belle-sœur (tutelle de son neveu Karl), la maladie (Beethoven décèdera probablement victime du saturnisme), et une tentative de suicide…

Résumons : un talent immense dans son domaine (la musique devenue son moyen de communication au monde extérieur), des difficultés évidentes à se rendre sociable, une exigence morale en acier trempé, un sens de l’amitié exclusif, une vie amoureuse malheureuse, une hypersensibilité qui se traduit par sa fameuse surdité, des crises dépressives terribles… Cela semble correspondre au «profil Asperger», même si le doute reste de mise, faute d’éléments vraiment probants.

Inutile d’épiloguer sur les adaptations de la vie de Beethoven au cinéma, ayant donné lieu à plusieurs biographies plus ou moins fidèles depuis les années 1930 ; on citera pour mémoire celle où Beethoven est incarné par Gary Oldman dans IMMORTAL BELOVED / LUDWIG VAN B. (1994). Quant à l’emploi de sa musique, utilisée dans des centaines de films, on reverra et on écoutera évidemment ORANGE MECANIQUE magistralement adapté par Stanley Kubrick !

 

cf. Stanley Kubrick, Wolfgang Amadeus Mozart

 

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… Bell, Alexander Graham (1847-1922)

 

Le hasard dans ce blog faisant bien les choses, la surdité de Beethoven permet une transition toute trouvée. Alexander Graham Bell, le scientifique, ingénieur et inventeur écossais, lutta par la science toute sa vie contre ce handicap ayant frappé sa mère, sa sœur et son épouse…

Bell fut sensibilisé dès sa jeunesse à l’importance de la communication : son père, son oncle et son grand-père ayant été d’éminents professeurs de diction et d’élocution. Ses travaux l’amèneront à créer un ingénieux appareil de communication à distance, un objet nommé téléphone (maison) en 1876… Alexander Graham Bell fut un de ces inventeurs extraordinaires, dont les notes biographiques à son sujet laissent supposer que ce précurseur réel du Professeur Tournesol (lui-même un peu dur d’oreille…) a eu le syndrome d’Asperger.

Bell était un enfant paisible, très timide et curieux de tout ce qui l’entoure : encouragé par sa famille et son entourage, il se passionne pour la botanique, l’art, la poésie et la musique. Enfant, il crée ses premières expériences scientifiques, et, pour venir en aide à un ami voisin, invente à 12 ans une machine à décortiquer les grains de blé. Il apprend le piano tout seul, sans professeur ni manuel. La surdité qui frappe sa mère l’affecte profondément, mais il ne se laisse pas abattre et crée, pour elle, un système de langage manuel (comparer avec le futur système de langage pour sourds-muets créé par Zoltan Kodaly, cité plus haut…). Ces conversations l’amèneront à étudier et expérimenter dans le domaine de l’acoustique. Les enseignements de son père sur l’identification des symboles phonétiques (le «System of Visible Speech») seront tout aussi fondamentaux. Accompagnant celui-ci dans des démonstrations publiques, Bell peut ainsi déchiffrer et lire des symboles latin, gaélique et sanskrit sans avoir appris auparavant leur prononciation.

Contrastant avec ces réussites, le jeune Bell est un élève médiocre à la Royal High School qu’il quitte dès ses 15 ans : souvent absent des cours, il manque d’intérêt pour les matières non scientifiques. A 16 ans, il enseigne déjà l’élocution et la musique tout en étant lui-même étudiant en grec et latin… En parallèle, il fabrique avec son frère la tête d’un automate capable de prononcer un mot, «Mama».

Véritable bourreau de travail, s’investissant au fil des ans dans ses recherches sur la transmission du son par l’électricité et son enseignement pour les jeunes sourds-muets (il aura notamment pour élève la future écrivaine Helen Keller – celle-là même qui inspira la pièce et le film THE MIRACLE WORKER / MIRACLE EN ALABAMA – et sa future femme, Mabel Hubbard, qui fut sa dernière élève), Bell mettra souvent sa santé en péril. Il devra finalement abandonner son travail d’enseignant pour les sourds-muets, pour le bien de sa santé, pour se consacrer à ses seules recherches.

Dans ses expériences sur l’acoustique, Bell créera un piano électrique, puis le télégraphe harmonique, étapes décisives qui amèneront à la fameuse journée du 10 mars 1876, où a lieu le premier appel téléphonique de l’Histoire : «Mr Watson (son assistant) – venez ici – je veux vous voir».
Le téléphone révolutionna l’histoire des communications humaines ; ironie du sort, Bell le considéra comme une intrusion de la vie privée, refusant d’en installer un dans son laboratoire. Prémonition lointaine de l’invasion des médias modernes dans la vie ordinaire, bien avant Internet et Facebook ?

Membre fondateur de la National Geographic Society, Bell voua toute sa vie à la science, dans différents domaines. Un esprit insatiable, lecteur vorace de l’Encyclopedia Britannica perpétuellement à la recherche de nouveaux sujets de recherche et d’inventions. Bell déposa d’innombrables brevets et fit des recherches variées : on lui doit l’invention du détecteur de métaux, de l’hydroptère, des travaux exploratoires en télécommunications optiques, le photophone, une variété de phonographe, des véhicules aériens, l’audiomètre, les cellules de sélénium et j’en passe…

Nuançons tout de même l’admiration dans le propos, et rappelons que Bell fut aussi la cible de critiques : ses méthodes d’enseignement aux sourds-muets, jugées brutales ; ainsi que la controverse sur la vraie paternité de l’invention – une course au brevet gagnée contre Elisha Gray ; tout récemment, la réhabilitation des travaux antérieurs de l’italien Antonio Meucci, dont il se serait inspiré pour son téléphone, vient nous rappeler que les inventeurs du 19ème siècle ne se faisaient pas de cadeaux entre eux. Voir ainsi la rivalité entre Edison et Tesla…

Plus grave, la question de l’éthique scientifique nous rappelle que Bell appartenait à une époque où l’on croyait à la Science sans remise en questions : décidé à en finir totalement avec le handicap de la surdité, Bell fut un ardent défenseur de l’eugénisme, prônant la stérilisation de personnes handicapées ; pratiques appliquées de son vivant, au nom de la science toute-puissante, et dont on sait vers quoi elle  aboutiraient plus de dix ans après sa mort, en Allemagne…

Concluons sur une note plus légère en rappelant, que, du côté du Cinéma, la vie de Bell fit l’objet d’un vieux classique de l’Âge d’Or de Hollywood : THE STORY OF ALEXANDER GRAHAM BELL (ET LA PAROLE FUT…, 1939) où son personnage est joué par Don Ameche.

 

Cf. Thomas Edison, Nikola Tesla ; Tryphon Tournesol

 

b-doc-emmett-brown-christopher-lloyd-dans-retour-vers-le-futur… Brown, Emmett « Doc » (RETOUR VERS LE FUTUR)

 

Nom de Zeus (ou, en VO ; «Great Scott !») ! Nous voilà passés d’un inventeur réel à un autre totalement fictif… et passablement allumé : Doc Brown (Christopher Lloyd), le savant «geek» par excellence, figure emblématique de la trilogie RETOUR VERS LE FUTUR de Robert Zemeckis. L’incroyable invention de Doc Brown entraînera l’ado Marty McFly (Michael J. Fox) dans des aventures inoubliables, un voyage à travers le Temps, sur 130 ans d’histoire de sa famille et de la bonne ville de Hill Valley.

Naturellement excentrique et passablement «cartoonesque», le personnage de Doc est vite devenu le nouvel archétype du savant fou. Son interprète, Christopher Lloyd, décrit comme un homme discret et réservé (tiens, lui aussi ?…), s’est fait une spécialité des rôles d’hurluberlus à l’écran. Il est intéressant de voir comment Doc évolue dans la trilogie, du Géo Trouvetout hyperactif et speedé dans les deux premiers films, avant d’apparaître sous son vrai visage dans le chapitre final : ce zébulon est en réalité un grand sensible…

On ne sera pas étonné de découvrir chez Doc quelques traits familiers du syndrome, traités par la comédie :

Il vit en solitaire dans le manoir familial, étant probablement vieux garçon. Socialement mal à l’aise, Doc en est devenu quelque peu misanthrope, avouant ne rien comprendre aux femmes… avant la rencontre de l charmante institutrice Clara Clayton (Mary Steenburgen). Doc n’a pour seul ami que Marty McFly, à qui il vient en aide en permanence, gagnant le titre improvisé d’ »oncle » de circonstance.

Son seul sujet d’intérêt dans la vie : la Science ! Descendant d’une famille allemande, les Von Braun (Werner étant resté au pays), Doc vit depuis l’enfance par celle-ci, et pour celle-ci. C’en est au point qu’il baptise ses chiens des noms d’Einstein et Copernic, et de garder chez lui les photos encadrées de ses héros : à part Einstein (auquel il semble aussi avoir volé sa coupe de cheveux…), s’y trouvent Thomas Edison, Isaac Newton et Benjamin Franklin… tous présents dans cette liste ! Il a curieusement oublié Nikola Tesla et Alexander Graham Bell… Bien que diplômé en science physique, Doc passe pour un incapable, un maboul aux yeux des bonnes gens de Hill Valley. Il faut dire que, bien avant que les évènements de RETOUR VERS LE FUTUR soient lancés, Doc avait la fâcheuse tendance d’inventer des machines inefficaces…

On lui doit notamment : l’ouvre-boîte automatique de nourriture pour chiens, la machine à lire les pensées, un fusil à lunettes et un réfrigérateur mécaniques (fabriqués en plein Far West)… Et son chef-d’œuvre : le convecteur temporel, adapté à la fabuleuse voiture DeLorean qui, grâce aux talents de Doc, peut être télécommandée à distance, traverse le Temps et l’Espace, peut voler et être reconvertie en diligence !

Un des traits les plus «Aspies» de Doc : son vocabulaire élaboré, scientifique à l’excès, pour parler de choses très simples (le bal de la promo du lycée devient chez lui «un rituel rythmique dansant»!). De plus, Doc a du mal à comprendre le langage d’ado de Marty qu’il prend au pied de la lettre, notamment sa fameuse expression «C’est pas le pied» (en VO, «This is heavy», «c’est lourd»).

Comme il arrive souvent aux Aspies, Doc est hyperémotif, s’exaspérant  quand Marty ne comprend rien à ses explications scientifiques, ou hurlant de peur face à certains imprévus (par exemple quand Marty revient de l’an 1985 quelques secondes seulement après y avoir été renvoyé…). Et, tout à ses travaux scientifiques, Doc se montre parfois aussi complètement inconscient, volant à des terroristes le matériel nucléaire nécessaire à ses expériences. Un autre bizarrerie chez lui, constatée parfois chez les Aspies : il ne supporte pas l’alcool.

Pour autant, ces traits de caractère évoluent au fil de la trilogie… Le sympathique maboul, aidant de son mieux Marty à faire se rencontrer ses parents en 1955 et à repartir à son époque, resterait un personnage en deux dimensions, si le troisième RETOUR VERS LE FUTUR ne venait pas nous révéler le vrai Doc. Le savant allumé était en fait un «masque» social… Quand il rencontre la douce Clara, institutrice au cœur solitaire, Doc laisse enfin apparaître sa vraie personnalité. Terriblement timide, il réussit néanmoins à faire craquer la belle, partageant avec elle son amour de la science et ses lectures de leur auteur favori, Jules Verne. La romance a lieu sous le regard d’un Marty bien étonné de découvrir cette facette inattendue de Doc, et obligé de jouer le parent de substitution ! Tâche d’autant plus difficile que Doc a trouvé l’époque et l’endroit idéal pour se sentir enfin socialement intégré, sortir de ses habitudes et gagner en maturité affective durant l’ère des pionniers de l’Ouest…

Résultat de cette évolution joyeusement menée : Doc et Clara se marient, et reviennent au présent, grâce à leurs efforts communs sur une locomotive transformée en machine temporelle. Pour de nouvelles aventures menées en famille, avec leurs fils, Jules et Vern !

Pour finir, notons que dans la filmographie du réalisateur Robert Zemeckis, on trouve fréquemment des personnages marginaux, excentriques, introvertis… partageant tout ou partie des traits typiques du syndrome. Nous y reviendrons. Il serait intéressant du coup de trouver ce que cela révèle du caractère même du cinéaste des RETOUR VERS LE FUTUR.

 

cf. George McFly ; Grendel, Forrest Gump et Bubba Blue ; Thomas Edison, Albert Einstein, Benjamin Franklin, Isaac Newton ; Steven Spielberg

 

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… Bruckner, Anton (1824-1896)

 

Le «Maître de Saint-Florian», «Ménestrel de Dieu», grand compositeur et organiste de l’époque post-romantique allemande, incompris de la critique musicale de son temps, était “moitié simplet, moitié Dieu” à en croire l’expression de son ancien élève et ami Gustav Mahler…

La vie de Bruckner fut, à l’instar du personnage lui-même, d’une grande simplicité, extrêmement pieuse. Toute son existence, essentiellement passée à Vienne, semble avoir été orientée autour du même centre d’intérêt, la musique.

Fils d’un instituteur, il se fit remarquer par son talent musical à l’orgue paroissial, à l’âge de 10 ans. Lui-même devenu ensuite instituteur à l’Abbaye de Saint-Florian, il se forma à la théorie musicale, l’harmonie et l’orgue, révélant un don exceptionnel pour l’improvisation.

Discret, d’une grande modestie malgré les honneurs, obstiné dans l’élaboration patiente de son œuvre musicale, Anton Bruckner fut aussi décrit comme un homme naïf, très provincial, mais paradoxalement capable d’écrire des compositions musicales à la structure mathématique rigoureuse. Bruckner affichait aussi d’autres traits de caractère curieux, amplement suffisants pour qu’il soit cité comme un Asperger potentiel.

Perfectionniste et obsessionnel, Bruckner réécrivait ses propres œuvres en permanence. Il était atteint de comptomanie : il comptait les feuilles dans les arbres, les fenêtres des immeubles, les pavés des chaussées, les perles des colliers des dames, etc. Jusqu’à un âge très avancé, il continuait à grimper au sommet des clochers des églises autrichiennes, pour étudier méthodiquement leurs positions. Ces obsessions étaient si intensens qu’il dut partir en cure de soins, en mai 1867.

Bruckner était énormément maladroit dans ses relations aux autres. Jamais marié, il fit de nombreuses et infructueuses propositions de mariage à des jeunes filles de ses élèves. Sa piété religieuse (intransigeante chez lui, au point qu’il refusera d’épouser une jeune femme ne voulant pas se convertir au catholicisme) le poussait en fait à faire ces demandes, Bruckner espérant ainsi ne pas commettre de péché en épousant une
femme vierge. Il répéta ces propositions jusqu’à un âge avancé, guère convenable aux yeux de la bonne société autrichienne, et dut se résoudre à enseigner strictement aux garçons.

Centre d’intérêt exclusif, pensée mathématique, rigueur morale inflexible, troubles obsessionnels, grandes difficultés à s’adapter aux règles sociales de l’époque… voilà donc des indices qui tendent à confirmer l’hypothèse Asperger chez Bruckner. En attendant bien sûr, confirmation ou infirmation.

 

Cf. Gustav Mahler

 

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… Burton, Tim

 

Alors là, aucun doute possible…Au vu des informations données au fil de ses interviews et des livres qui lui sont consacrés, le cinéaste à la coiffure en pétard donne suffisamment d’indices sur sa personnalité pour qu’il soit admis dans ce chapitre : «Il est l’un des nôtres, gooba-gabba, gooba-gabba !»

Tim Burton naît à Burbank, Californie, juste à côté des studios d’animation de Walt Disney, et des studios Warner Bros. et Columbia. Une ville ensoleillée toute l’année, uniforme, anesthésiante de tranquillité satisfaite… celle-là même qui inspirera la petite ville de banlieue conformiste d’EDWARD AUX MAINS D’ARGENT. Le jeune Burton est un petit garçon sage, très introverti et imaginatif, qui chronomètre la durée de dilution des fumées d’échappement des avions passant au-dessus de sa maison, dessine, joue et adore regarder les films qui passent à la télé… spécialement les films d’épouvante d’Universal (comme les FRANKENSTEIN avec Boris Karloff), les adaptations d’Edgar Poe jouées par Vincent Price, les films de monstres japonais, des films bis à base de savants fous et de monstres globuleux en carton-pâte…

De son propre aveu, Burton enfant n’avait pas vraiment d’amis, et préférait, en grandissant, réaliser dans le jardin familial ses premiers films, en Super 8 (comme on le voit dans le court-métrage de 1984
FRANKENWEENIE qu’il vient d’adapter cette année). Il garda des relations distantes avec ses parents, au point d’emménager chez sa grand-mère à 12 ans, puis de vivre seul à 15 ans, dans un petit appartement au-dessus de chez elle. Il se forme ainsi à se débrouiller seul, travaillant après les cours.

Ses dons artistiques lui valent à la fin des années 1970 d’étudier à Cal Arts, filiale du groupe Walt Disney destinée à former les futurs animateurs du studio. Il passera plusieurs années à s’ennuyer d’ailleurs chez eux, se sentant incapable de dessiner à la chaîne le mignon petit renardeau de ROX ET ROUKY…  Trop bizarre pour la gentillesse normative des films Disney (il s’enlève un jour une dent de sagesse et dessine sur le mur des bureaux avec son sang !), Burton réalise chez eux deux courts-métrages «OVNIS», VINCENT et FRANKENWEENIE, véritables autoportraits de ses obsessions : Edgar Poe, Vincent Price, la banlieue étouffante, les films de Frankenstein, les chiens, le conformisme de la société américaine… Puis il quitte sans regrets les studios, et après un bref passage à la réalisation télévisée, s’embarque pour le Cinéma avec son premier long-métrage, PEE-WEE’S BIG ADVENTURE…

La suite est connue. Le talent de Burton révèle son univers mêlant poésie visuelle, mélancolie, macabre gothique et humour débridé, de film en film : BEETLEJUICE, BATMAN, EDWARD AUX MAINS D’ARGENT, BATMAN RETURNS (BATMAN LE DEFI), sa production NIGHTMARE BEFORE CHRISTMAS (L’ETRANGE NOËL DE MR. JACK), ED WOOD, MARS ATTACKS !, SLEEPY HOLLOW, LA PLANETE DES SINGES, BIG FISH, CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE, CORPSE BRIDE (LES NOCES FUNEBRES), SWEENEY TODD, ALICE AU PAYS DES MERVEILLES, DARK SHADOWS et maintenant FRANKENWEENIE, en attendant ceux à venir… Il est devenu un artiste à part entière, un conteur populaire gardant, quelle que soit la valeur du film réalisé, une imagination visuelle reconnaissable et unique. La revanche du «misfit», de l’enfant lunatique à la coiffure noire en cascade.

Dans cette filmographie unique en son genre, apparaissent des titres plus autobiographiques : EDWARD AUX MAINS D’ARGENT, ED WOOD, BIG FISH… reflètent des périodes fondamentales de sa vie. Pour connaître l’état d’esprit de Burton, sa relation au monde, mieux vaut donc voir ses films plutôt que guetter des
informations promotionnelles sur le Net. Ils parlent d’eux-mêmes.

Soulignons juste, pour continuer dans l’optique «Asperger» de ce texte, quelques autres aspects de la vie de Tim Burton qui vont dans ce sens. Des relations avec les femmes, rares et guère heureuses (un divorce «à l’hollywoodienne» avec sa première femme, l’actrice et mannequin Lisa Marie) avant sa rencontre
avec Helena Bonham Carter, devenue depuis LA PLANETE DES SINGES son actrice fétiche et son épouse. Et, dans son métier, Burton s’est trouvé de solides amitiés, celles-là même qui lui faisaient défaut dans son enfance. Une équipe de collaborateurs artistiques de premier ordre, présents d’un film à l’autre depuis des années : notamment le directeur artistique Rick Heinrichs, la costumière Colleen Atwood, le compositeur Danny Elfman… Et, en tête d’une troupe d’acteurs revenant régulièrement avec joie dans ses tournages, l’inusable Johnny Depp, complice fidèle de Burton depuis EDWARD AUX MAINS D’ARGENT !

 

Cf. Edward (EDWARD AUX MAINS D’ARGENT), Willy Wonka, le Monstre de Frankenstein

 

 

A suivre…

 

Ludovic Fauchier

En bref… TED

En bref... TED dans Infos en bref ted

TED, de Seth McFarlane.

En quelques lignes, un résumé de TED, à la façon d’une bande-annonce de Jean-Luc Godard…

« TED. Un film. Un homme. Une femme. Un ours en peluche. Flash Gordon. Un homme. Une femme. Un ours. Flash. Ah-aaah. Sauveur de l’Univers. Un homme. Un ours en peluche. De la drogue. De l’alcool. Un canapé. Un homme. Un ours en peluche. Pourquoi ? Une comédie. Pas très drôle. Des blagues cracra. Norah Jones. Flash Gordon. Mort à ming. Parce que. Jadis. Une comédie. Le cinéma américain. Jadis. Lubitsch, Hawks, Wilder. McCarey, Preston Sturges. Maintenant. Un homme. Une femme. Un ours. Un canapé. De la drogue. De l’alcool. Un excrément. Par terre. Flash Gordon. Un homme. Un ours. Une bagarre. Une fessée de Mark Wahlberg. Cul nu. Par l’ours. Voilà. TED. Une comédie. Un succès. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Flash Gordon. Sauveur de l’Univers. »

Ludovic Fauchier (un poil fatigué…)

Aspie or not Aspie ? Le Petit Abécédaire Asperger, partie 1

A, comme…

 

Aspie or not Aspie ? Le Petit Abécédaire Asperger, partie 1 dans Aspie a-garth-algar-dana-carvey-dans-waynes-world1

… Algar, Garth (les films WAYNE’S WORLD).

 

Garth, interprété par Dana Carvey, est apparu aux côtés de son copain Wayne (Mike Myers) dans le mythique Saturday Night Live Show - la célébre émission comique télévisée qui lança les carrières de John Belushi, Bill Murray, Dan Aykroyd, Eddie Murphy, Steve Martin et tant d’autres - et l’a tout naturellement suivi dans ses deux films.

Avec ses lunettes carrées, ses cheveux blonds en pétard et sa mâchoire avancée, impossible de ne pas oublier ce lascar, caricature du grand ado attardé des années 1980-90. Garth présente bien quelques signes typiques du syndrome d’Asperger… exagérés par l’humour. 

Tout d’abord ses centres d’intérêt, très poussés pour tout ce qui a trait au heavy metal, aux séries télé classiques (surtout STAR TREK ; on est « geek » ou on ne l’est pas…), jouer au hockey, faire le top 10 hebdomadaire des plus belles femmes… et animer avec Wayne leur émission câblée depuis le sous-sol de la maison parentale. Bricoleur occasionnel, Garth adore créer des gadgets à la Mission : Impossible, d’une efficacité très relative…

Ce brave garçon inoffensif est souvent le souffre-douleur (tolérant) des blagues de Wayne ; par ailleurs, son monde intérieur est… hum, spécial, totalement imprégné de pop culture, et il aime se poser de graves questions existentielles (« tu trouves Bugs Bunny sexy quand il s’habille en lapine ? »).

Garth est aussi un très grand craintif. Il déteste les imitations du vilain farfadet par Wayne, panique dès qu’il se trouve dans une situation imprévue et intimidante (tout Aspie se reconnaît dans un cas comme celui-là…), et, timide à l’excès, s’éclipse du champ de l’action dès que possible. Guère à l’aise avec la gent féminine, il tombe à la renverse dès qu’une belle blonde croise son regard. Dans le second film, une blonde fatale (Kim Basinger du temps de sa splendeur) l’entraîne dans une situation à la BASIC INSTINCT dont il se sort in extremis…

Mais ce qui le caractérise avant tout autre chose, c’est son indéfectible amitié pour Wayne, amitié synonyme de « teufs » perpétuelles. « Excellent ! »

 

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… Allen, Woody :

 

Notoirement introverti, névrosé, obsédé par les mêmes sujets de conversation depuis des décennies, que ce soit dans ses films ou dans la réalité (pêle-mêle : les femmes, le jazz, Manhattan, le cinéma de Bergman et de Fellini, les écrits de Marshall McLuan, la psychanalyse, etc.), « Woody » a bien des comportements identifiables du syndrome. Ses célèbres tics, manies et névroses compulsives l’ont d’ailleurs aidé à créer son personnage à l’écran.

Lucide et sévère sur son oeuvre, qu’il juge passable, il s’étonne toujours du culte excessif à ses yeux que lui portent les journalistes français. Et si je puis me permettre, il n’a pas vraiment tort… Ce n’est pas que son cinéma soit mauvais, disons qu’Allen est un bien meilleur écrivain, dialoguiste et dramaturge qu’un cinéaste complet. Chez lui, l’idée des personnages, de l’histoire, des thèmes et des dialogues incisifs l’emporte toujours sur le langage visuel spécifique du Cinéma.

Rappelons pour l’anecdote qu’il fut un élève médiocre à l’école, préférant amuser les copains avec ses tours de carte, la magie faisant d’ailleurs partie depuis toujours de ses centres d’intérêt. Il a abandonné ses études en communication et cinéma à l’université de New York, pour se consacrer à l’écriture. La passion du jazz l’a pris depuis ses 14 ans, et rejaillit sur la bande son de tous ses films. Il n’hésite pas d’ailleurs à donner des petits concerts de jazz comme clarinettiste.

Cinéaste adoré des festivals, Woody Allen déteste cependant se montrer en public, refuse les conférences de presse et le cirque promotionnel habituel, refusant systématiquement les invitations de ce genre chaque fois qu’il finit un film. On citera brièvement par ailleurs la difficulté de ses relations avec les femmes ; on se souvient de sa liaison de longue date avec Diane Keaton, qui lui a inspiré ANNIE HALL, tout comme on se souvient du scandale de la séparation d’avec Mia Farrow, suivie de son mariage avec Soon-Yi Prévin, la fille adoptive de celle-ci.

 

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…Andersen, Hans Christian (1805-1875) :

 

Selon les biographies qui lui sont consacrées, le célèbre auteur de LA PETITE SIRENE, LA PETITE MARCHANDE D’ALLUMETTES, LE VILAIN PETIT CANARD, LES HABITS NEUFS DE L’EMPEREUR, etc. était un drôle d’oiseau. Un petit homme timide, excentrique pour la très rigoriste société danoise de son époque… et sans doute plus encore.

L’enfance d’Andersen fut, à l’image de ses contes, malheureuse. Né dans un milieu pauvre, il fut un garçon solitaire et imaginatif. Le théâtre sera sa grande passion. Sa mère le croit fou quand il se met à écrire des pièces de théâtre, crée pour l’occasion un petit théâtre, dessinant les décors, costumes, fabriquant les robes pour ses poupées… tout ceci dès un très jeune âge.

Malheureux au travail (qu’il commence à 13 ans !), il se retrouve ballotté entre les petits métiers et les aléas de l’éducation ; ainsi, à 18 ans, il se retrouvera au collège avec des enfants de 12 ans ! L’expérience sera pour lui un mauvais souvenir, qui lui inspirera sûrement son VILAIN PETIT CANARD, texte qui continue de parler à tous les enfants jugés «différents» à travers les âges.

Voyageur infatigable, observateur pointu, il y trouvera l’inspiration de ses écrits, et sera d’ailleurs le seul écrivain danois de son époque à être plus apprécié à l’étranger que dans son propre pays, sa célébrité causant bien des jalousies. On le critiquera pour son égocentrisme. Cette célébrité sera liée en partie à une capacité de se lier d’amitié très facilement avec les grands auteurs de l’époque (il rencontre Dickens, Balzac, Chamisso, Lamartine…).

Toutes les sources s’accordent à dire que la personnalité «étrange et fascinante» d’Andersen était vraiment unique pour son époque : parfois affabulateur, souvent susceptible, gaffeur, hypocondriaque et hypersensible… le grand écrivain danois méritait bien d’être mentionné dans cet abécédaire.

 

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…Anderson, Wes :

 

Ce talentueux cinéaste américain appartient à la jeune génération venue du cinéma indépendant, dont il est, avec Sofia Coppola, Spike Jonze, Paul Thomas Anderson (aucun lien de parenté), David O. Russell et quelques autres, un des plus éminents représentants.

Les qualités attachantes et atypiques de ses films s’inspirent, on le devine, d’évènements personnels. Ainsi THE ROYAL TENENBAUMS (LA FAMILLE TENENBAUM), qui suit les affres d’une fratrie d’enfants surdoués devenus adultes, s’inspire de sa jeunesse et du divorce de ses parents (il n’avait que 8 ans). Comme tant d’autres futurs cinéastes, il se «forme» en s’amusant à faire ses propres films en Super 8. Il est à noter qu’Anderson est diplômé de philosophie, mais n’a pas fait d’études de cinéma dans les prestigieuses universités américaines spécialisées en la matière.

Autodidacte du cinéma, Wes Anderson affectionne les personnages hors des normes sociales qui se retrouvent dans chacun de ses films : BOTTLE ROCKET, RUSHMORE, THE ROYAL TENENBAUMS (LA FAMILLE TENENBAUM), LA VIE AQUATIQUE, A BORD DU DARJEELING LIMITED, FANTASTIC MISTER FOX, MOONRISE KINGDOM. Un univers très personnel donc, entre humour à froid, poésie et mélancolie, au style visuel très reconnaissable.

Au vu de ses interviews et apparitions publiques, Wes Anderson ressemble bien aux personnages de ses films… on peut légitimement deviner chez lui un syndrome d’Asperger, par sa façon de parler, de bouger et de regarder ses interlocuteurs.

Cf. les personnages de Max Fischer (RUSHMORE), Sam et Suzy (MOONRISE KINGDOM), Margot Tenenbaum (LA FAMILLE TENENBAUM) ; voir aussi Oliver Sacks (parodié par Bill Murray dans LA FAMILLE TENENBAUM).

 

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… Asimov, Isaac (1920-1992) :

 

Le «Bon Docteur» Asimov, l’écrivain des ROBOTS (et ses fameuses lois de la Robotique connues de tout amateur de science-fiction) et de FONDATION, était ce que l’on appelle un polymathe.

Cet enfant émigré juif russe, new-yorkais d’adoption, apprit tout seul (… enfin, avec l’aide de ses petits camarades…) à lire l’anglais à cinq ans. Il commença à écrire ses premières histoires à 11 ans. L’écriture sera sa passion, et il quittera très peu sa ville de New York, plongé dans ses écrits et ses conférences.

Diplômé en chimie et biochimie, Asimov était une personnalité érudite, cultivée, humaniste ; incollable sur les sujets scientifiques qu’il a contribué à populariser, il était aussi pourvu d’un ego démesuré, même si cela le rendait plus attachant qu’agaçant aux yeux de ses proches.

Sa sensibilité particulière apparaît dans une nouvelle qu’il réadapta en roman, LE PETIT GARCON TRES LAID : des scientifiques ramènent de la Préhistoire un enfant Néanderthal pour qui une infirmière se prend d’affection. Le petit garçon ne s’adapte pas à ce nouveau monde, malgré les trésors d’intelligence et de sensibilité dont il fait preuve, et repart à son époque, changé à jamais par la relation filiale avec l’infirmière. Une histoire touchante qui n’est pas sans faire penser à E.T. … Asimov a d’ailleurs écrit aussi sur les extra-terrestres un petit ouvrage très sérieux, CIVILISATIONS EXTRA-TERRESTRES. Suivant un raisonnement scientifique rigoureux, et une logique digne de Mr. Spock (Asimov travailla sur les scénarii de la série STAR TREK de son ami Gene Roddenberry), Asimov arrive à la conclusion qu’il existe dans notre galaxie 530 000 planètes habitées par une civilisation technologique.

Ses livres ont connu beaucoup de succès mais n’ont que rarement été adaptés au cinéma… mis à part L’HOMME BICENTENAIRE (1999) avec Robin Williams et I, ROBOT (2004) avec Will Smith. Des résultats inégaux, pour des films se rapprochant des univers de Steven Spielberg, qui sur la robotique
signera le plus réussi A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (et bientôt ROBOPOCALYPSE). Hasard de cet abécédaire ? Le nom d’Asimov, dont on a supposé qu’il avait le syndrome d’Asperger, précède plusieurs personnages de robots «humains» présentant des traits Aspies ; nous y reviendrons.

Cf. Homme de Néanderthal, Spock… et les personnages « robotiques » qui seront présentés ultérieurement.

 

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…Asperger, Hans (1906-1980)

 

Il nous faut bien citer ici l’homme à l’origine de la découverte du syndrome portant son nom…

Ce médecin autrichien, psychiatre de la prestigieuse école viennoise, est malheureusement resté dans l’ombre… Ses recherches sur l’autisme n’ont semble-t-il jamais été traduites et publiées en France. Les travaux d’Asperger restèrent de son vivant cantonnés à son propre pays, la mauvaise publicité faite par d’autres «médecins» sous le nazisme ayant sans doute joué en sa défaveur. Asperger protégea pourtant ses patients des infâmes programmes d’épuration des «anormaux» validés et supervisés par les médecins du IIIe Reich. Il lutta d’ailleurs pour valoriser une vision positive de l’autisme.

La psychiatre américaine Lorna Wing, dans ses propres travaux sur l’autisme, le fit connaître à titre posthume à travers son étude du cas de quatre enfants, «les Petits Professeurs», comme Asperger les appelaient, cas qui seront à la base de ce que l’on nomme maintenant le syndrome d’Asperger : ces enfants ont du mal à se faire des amis, adoptent en toute circonstance une attitude et une expression rigide, et ont des connaissances extrêmement poussées dans les domaines qui les intéressent.

Les éléments biographiques d’Asperger sont plutôt rares… Il était décrit comme un enfant réservé, passionné de langage et de poésie, et ayant du mal à se faire des amis. Il semble bien donc qu’Asperger était lui-même un «Aspie». Il n’y a jamais vraiment de hasard…

 

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…Assange, Julian

 

L’énigmatique fondateur-rédacteur-porte-parole de WikiLeaks est-il une menace… ou un grand incompris ?

Avant de s’emballer et de le désigner régulièrement comme ennemi public numéro 1 pour tout ce qui a trait aux informations privées et aux secrets d’Etat, les médias seraient bien inspirés parfois de revenir sur l’homme lui-même pour comprendre ses motivations réelles…

La personnalité d’Assange semble en effet être une véritable énigme. Né en Australie sur Magnetic Island (on dirait un titre de roman de Jules Verne !), Assange est un homme en fuite permanente, depuis l’enfance (il n’a pas connu son père) et une vie d’errance due aux ennuis maritaux de sa mère. Le portrait qu’en a fait son beau-père parle d’un enfant «à l’intelligence très pointue, qui sait faire la différence entre le bien et le mal… il défendait toujours l’opprimé et se mettait très en colère contre les gens qui se liguaient contre plus faible qu’eux».

Surdoué de l’informatique, il va tout naturellement orienter sa carrière professionnelle dans ce domaine, et devenir un cyberactiviste inventif, un hacker aux visées humanistes. Ses compétences ne s’arrêtent pas là, puisqu’Assange a aussi étudié la physique, les mathématiques, la philosophie et les neurosciences.

Toute l’œuvre d’Assange se base sur son observation de l’asymétrie informationnelle entre les pouvoirs publics (soit les Etats) et les citoyens. Pour (vraiment) simplifier sa vision des choses, Internet permettrait de rétablir la balance en faveur du public sur les Etats, et affaiblir le contrôle des informations de ces derniers. Publier et divulguer les secrets d’Etats de la planète entière serait (toujours selon Assange) serait donc le meilleur moyen de corriger cette asymétrie.

On se doute que les gouvernements du monde entier, et leurs services secrets (dont ceux du Pentagone…) ne sont pas d’accord et veulent sa peau… Les subites accusations de viol de 2010 ressemblent fort, d’ailleurs, à une vilaine manipulation de services secrets pour salir sa réputation et sa crédibilité.

On peut aisément deviner que son histoire inspirera prochainement un film…

Quant à savoir s’il a le syndrome d’Asperger, c’est une autre histoire et une source d’hypothèses pas vraiment vérifiées… Son visage, masque impassible impossible à déchiffrer, semble correspondre au profil. De même
que ses compétences poussées en informatique, et l’originalité de ses raisonnements dans son champ de compétences. Les accusations de viol dont il a fait l’objet cadrent quant à elles bien mal avec l’image paisible de l’Aspie «ordinaire».

 

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 …Austen, Jane (1775-1817)

 

La grande romancière britannique d’ORGUEIL ET PREJUGES, RAISON ET SENTIMENTS, etc., figure originale de l’Angleterre du début du 19ème siècle, est parfois citée comme une hypothétique «Aspie»… Cela reste cependant difficile à prouver. Les informations générales trouvées sur sa vie montrent bien cependant une personnalité anticonformiste.

On sait qu’elle ne fut jamais mariée (ce qui, dans la société anglaise de l’époque, est déjà en soi incroyable) et connut quelques rares histoires d’amour malheureuses. Personnalité vive, intelligente, pleine d’ironie, critique pointue de la bonne société britannique, Jane Austen fut aussi extrêmement discrète sur ses activités d’écrivaine, ses romans ayant été publiés anonymement de son vivant. Très attachée à ses habitudes, entourée, soutenue et encouragée par sa famille, elle vécut mal le déménagement obligé, par le travail de son père, à Bath, et connut sans nul doute une crise dépressive la rendant incapable d’écrire. Un emménagement ultérieur à Chawton, où elle passera ses dernières années, relancera sa créativité.

L’image de la «Gentille Tante Jane», auteur de romans spirituels, a semble-t-il reposé sur un malentendu entretenu par ses proches après sa mort… En effet, la popularité de ses romans a bénéficié de la publicité faite en 1869 par la biographie SOUVENIR DE JANE AUSTEN, écrite par son neveu James Edward Austen-Leigh ; celui-ci établit une image «socialement correcte», quelque peu faussée de la vraie personnalité de l’écrivaine. Des éléments biographiques ont été supprimés ou modifiés. Pourquoi ?

SOUVENIR DE JANE AUSTEN fait ainsi l’impasse sur un secret de famille : un de ses six frères, George, était «mentalement anormal», et fut confié à une famille locale. On sait par ailleurs qu’une très grande partie de la correspondance de Jane Austen, un bon millier de lettres, a été délibérément détruite par sa sœur.

Les psychologues ont commencé heureusement depuis à cerner la complexité du personnage, tels D.W. Harding qui dans les années 1940, remarqua que ses romans si plaisants cachaient en réalité une «haine contrôlée» de son milieu. En tous les cas, l’œuvre d’Austen sera réévaluée, montrant son exigence de morale, son observation sévère et ironique des conventions de son époque, vis-à-vis de la condition féminine.

Si les œuvres de Jane Austen ont souvent été adaptées à l’écran, il est étonnant de constater qu’elles sont souvent très récentes. Le succès de RAISONS ET SENTIMENTS (1995), d’Ang Lee, avec Emma Thompson, Kate Winslet et Hugh Grant y est sûrement pour beaucoup. On signalera rapidement qu’en 2007, la romancière devint le sujet d’un film : BECOMING JANE (JANE), sur sa romance malheureuse entre Jane Austen et son amour de jeunesse Thomas Lefroy, interprétés par Anne Hathaway et James McAvoy.

Quant à savoir si cela suffit à «classifier» Jane Austen comme ayant le syndrome d’Asperger, c’est une autre histoire qu’il reste à écrire…

 

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…Aykroyd, Dan :

 

On connaît le comédien venu du Saturday Night Live Show, star au cinéma de quelques comédies mythiques des années 80 : 1941, LES BLUES BROTHERS, SOS FANTÔMES et autres UN FAUTEUIL POUR DEUX… L’acteur, féru de rhythm ’n blues et de spiritisme, affirma dans une interview radio avoir été diagnostiqué du syndrome d’Asperger dans son enfance, à l’âge de 12 ans, ainsi que du syndrome de la Tourette. Aykroyd étant né en 1952, il aurait donc été diagnostiqué en 1964… ce qui est impossible puisque le syndrome d’Asperger n’a commencé à être cité que dans les années 1990.

Aykroyd est évidemment connu pour son excentricité, l’affirmation est donc probablement un canular de sa part. A moins qu’elle n’ait été mal interprétée, et qu’il n’ait été diagnostiqué rétrospectivement qu’à l’âge adulte ?

Bien essayé quand même, Blues Brother. Te voilà donc cité à titre honorifique !

Cf. Bill Murray ; le personnage d’Egon Spengler.

 

Ludovic Fauchier.

En bref… HITCHCOCK again

Nouvelles photos du film HITCHCOCK parues aujourd’hui sur le Net !

En bref... HITCHCOCK again dans Infos en bref hitchcock64779

Anthony Hopkins en Sir Alfred Hitchcock dans toute sa splendeur…

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… le même avec Dame Helen Mirren en Alma Hitchcock, au travail du montage de PSYCHOSE…

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…Scarlett Johansson dans le rôle de Janet Leigh dans le rôle de Marion Crane (désolé les fans polissons, pas de photo du tournage de la scène de douche)…

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… et James D’Arcy en Anthony Perkins incarnant Norman Bates, le « gentil » hôtelier aux sévères problèmes oedipiens. On attend de voir Jessica Biel dans le rôle de Vera Miles. En tout cas, encore un grand bravo aux maquilleurs et costumiers (je me répète, mais… Oscar ?)

 

Ludovic Fauchier, depuis le Bates Motel.

En bref… SAVAGES

En bref... SAVAGES dans Infos en bref savagesSAVAGES, d’Oliver Stone

On croyait l’avoir perdu de vue depuis une bonne décennie et pas mal de déceptions (ALEXANDRE, WORLD TRADE CENTER, WALL STREET 2…), mais c’était mal connaître Oliver Stone, un autre « papy cinéaste » qui retrouve la rage à 66 ans ! Il retrouve ici la lignée « noire » de TUEURS NES et U-TURN, et signe un SAVAGES bien saignant. Une relecture d’Alice au Pays des Merveilles qui deviendrait ici un « Alice in Narcoland » mâtiné de western et d’horreur, qui nous rassure aussi sur la férocité retrouvée de celui qui fut aussi jadis le scénariste de SCARFACE… ceux qui se souviennent de la terrible séquence de la tronçonneuse du film de DePalma se retrouveront ici en terrain familier.

Côté casting, le film assure dans l’ensemble : Taylor Kitsch (JOHN CARTER) et Aaron Taylor-Johnson (KICK-ASS) assurent, entourés par Salma Hayek en « Reine des Narcos » vieillissante et John Travolta en agent véreux, excellents. Mais c’est Benicio Del Toro, monstrueux en exécuteur des basses oeuvres du cartel, qui vole les meilleurs moments du film. Seuls petits bémols, quelques longueurs et excès de style « stoniens » (le cinéaste n’a jamais fait dans la dentelle visuelle), et le jeu de l’actrice principale Blake Lively (GOSSIP GIRL), loin d’être transcendante face à ses partenaires.

Malgré tout, un bon thriller bien saignant pour les amateurs.

Ludovic Fauchier.

 

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