
COGAN : KILLING THEM SOFTLY, d’Andrew Dominik
Deux minables dévalisent un tripot de la Mafia… Et Jackie Cogan (Brad Pitt), tueur professionnel, est chargé de retrouver et châtier les deux crétins, celui qui leur a donné le plan, et le truand négligent qui s’est fait plumer. En surface, donc, COGAN : KILLING THEM SOFTLY est un film de gangsters tout ce qu’il y a de classique.
Mais le réalisateur Andrew Dominik a une autre idée derrière la tête. Retrouvant son acteur vedette de l’excellent L’ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LÂCHE ROBERT FORD, Dominik se sert du genre « gangsters / Film Noir » pour dresser un portrait sans complaisance d’une Amérique en totale décrépitude. Ce n’est pas pour rien si l’action se situe dans les derniers jours du mandat de George W. Bush, incapable d’endiguer les effets catastrophiques de la crise financière de 2008, conséquence de l’idéologie économique défendue depuis des décennies par les banques de Wall Street… Dominik applique au Film Noir la même approche désillusionnée qu’au western, ses protagonistes évoluant comme des épaves égarées dans un système qui s’étouffe inexorablement.
Brad Pitt assure parfaitement comme à son habitude, incarnant une « Grande Faucheuse » apocalyptique, cynique à souhait (« L’Amérique n’est pas un pays. C’est un business ! »), détaché, et complètement aveugle à la déchéance du petit monde qui l’entoure. La star sait se faire attendre, effectuant au bout de trente minutes une entrée en scène mémorable, sur fond de « The Man Comes Around » de Johnny Cash.
Excellemment interprété (notamment par James Gandolfini, en tueur déchu), COGAN détourne les codes du genre « gangsters » et sait livrer quelques scènes étonnantes (l’exécution du truand campé par Ray Liotta tournant à la séquence abstraite, notamment). Intéressant, à condition de savoir accepter un rythme volontairement lent et un premier degré excluant les excès « tarantinesques » que l’on attribue désormais à ce type de films.
Ludovic Fauchier.
0 commentaire à “En bref… COGAN : KILLING THEM SOFTLY”