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Archives pour septembre 2013

En bref… NO PAIN NO GAIN

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NO PAIN NO GAIN, de Michael Bay

Inspiré d’une histoire vraie survenue à Miami entre 1994 et 1995, le film suit les déboires de Daniel Lugo (Mark Wahlberg), bodybuilder et coach de fitness au Sun Gym Club, rêvant de vivre vite la belle vie et d’y arriver par n’importe quel moyen. L’un de ses clients, Victor « Pepe » Kershaw (Tony Shalhoub), se vantant de sa réussite financière comme patron de sandwicherie, Daniel décide de le kidnapper pour lui extorquer son argent et ses biens. Il entraîne dans son plan son ami Adrian Doorbal (Anthony Mackie) et un troisième larron, Paul Doyle (Dwayne « The Rock » Johnson), ex-taulard converti au christianisme. Ils en sont sûrs : travaillé « san violence », Kershaw acceptera de cracher l’argent. Mais les trois kidnappeurs adeptes de la muscu sont de piètres criminels, et tout va sérieusement déraper…

 

En bref... NO PAIN NO GAIN dans Fiche et critique du film no-pain-no-gain

Je suis sûrement masochiste, et les distributeurs de grands pervers. Ceux-ci ont choisi, cette semaine, les deux extrêmes du cinéma : d’un côté, Jimmy P., d’Arnaud Desplechin, digne représentant d’un cinéma français engoncé d’ordinaire dans ses poses « auteurisantes-fémisardes » qui me font passer d’instinct à « l’ennemi » américain (cela dit, il semble que le films de Desplechin est très bon, alors tout espoir n’est pas perdu) ; de l’autre, le nouveau film de Michael Bay. Et là, tout est dit… En près de vingt ans, Bay a quand même réussi à commettre les blockbusters les plus vilains, les plus putassiers, malmenant les règles élémentaires du langage cinématographique cohérent, et cependant à créer des « machins » fascinants. S’il y a eu quelques exceptions dans ses films, il faut bien l’avouer, ceux-ci provoquent généralement le même effet qu’un accident de la route ou un clip de rappeurs sur MTV : on a beau détester, on ne peut s’empêcher de regarder. C’est autrement inexplicable, c’est triste, et malheureusement, c’est comme ça…

On a cru à un petit miracle quand le réalisateur des blockbusters les plus bourrins de Hollywood (les Bad Boys, Rock et autres Armageddon, pour ceux qui auraient oublié ses premiers ravages) semblait avoir appris quelques leçons de mise en scène de la part de Steven Spielberg, sur les premiers films de leur collaboration (The Island, son meilleur film, et le premier Transformers) ; puis, malheureusement, la Bête a repris le dessus, Bay « transformant » les épisodes suivants de sa saga robotique en monument de bêtise bovine. Mettant temporairement en pause Optimus Prime et ses acolytes avant un quatrième opus, Bay a décidé de faire, avec No Pain No Gain, son film indépendant, une comédie noire reposant soi-disant sur ses personnages et sur un sujet qui est d’habitude du pain béni pour les frères Coen. Fratrie pour laquelle Bay a depuis des années une admiration étrange, vu que leur cinéma est aux antipodes du sien ; Bay « emprunte » d’ailleurs souvent quelques-unes des gueules favorites des Coen dans ses films : notamment Steve Buscemi, John Turturro, Billy Bob Thornton ou Peter Stormare. Cette admiration serait louable, s’il n’y avait une différence de taille entre eux : les Coen ont du talent ; Bay, lui, n’en a pas.

No Pain No Gain, salué par des critiques décérébrés (ou vendus), est certainement ce que le réalisateur a commis de pire. Vous êtes prévenus : ce film est une atrocité, une bouse immonde, un crime contre la notion de bon goût et d’intelligence cinématographique. C’est toujours aussi mal mis en scène et tape-à-l’oeil (une constante chez Bay) ; seuls quelques acteurs surnagent dans ces eaux boueuses et arrivent à retenir l’intérêt du spectateur ; notamment Ed Harris, toujours impeccable et malheureusement présent une quinzaine de minutes. C’est bien peu, face à la bêtise généralisée des personnages principaux, vite antipathiques et jamais touchants (Wahlberg et The Rock sauvent les meubles, de temps en temps). Mais là où No Pain No Gain devient vite insupportable, au-delà des sempiternelles figures de style de Bay (grosses voitures, poses viriles, lumière électrique et montage incohérent au possible), c’est dans son fond, vite abject. Ce film est incroyablement vulgaire, misogyne, raciste et profondément répugnant. Bay se défoule tour à tour sur les obèses, les femmes (classées selon lui en deux catégories : les boudins et les « bitches »), les nains, et étale un nombre invraisemblable de tortures et humiliations sur le kidnappé, qui est juif. Comme si cela ne suffisait pas, donc, Bay a envie d’ajouter « antisémite » à sa liste de défauts… Ajoutez à ce fond bien rance et jamais drôle des extrêmes gros plans sur des projections de bave, de pisse, de poils pubiens, d’orteils explosés ou de mains coupées, balancées plein pot sur le spectateur, et vous avez une assez bonne idée de l’état d’esprit du réalisateur… Des spectateurs pourtant d’habitude « blindés » aux imbécilités de Bay sont partis avant la fin. Ce fut mon cas. Dans quelques siècles, les historiens de l’art qui évalueront la culture d’un pays à son cinéma seront sans doute effarés devant cette « chose ». En attendant ce jour, Bay continuera ses affronts cinématographiques, avec la certitude arrogante du beauf « tout-pour-ma-gueule » qu’il a finalement toujours été.

Et dire qu’il est reparti pour filmer un quatrième Transformers toujours produit par Steven Spielberg… Hm, Steven ?! Tu n’es absolument pour rien dans cette cochonnerie de No Pain No Gain, mais par pitié, arrête de soutenir Bay ! Pourquoi n’aides-tu pas plutôt tes confrères plus brillants, ceux qui traversent une mauvaise passe ? Guillermo Del Toro ou George Miller galèrent des années avant de monter un film ; John McTiernan croupit en prison ; Peter Weir ou Paul Verhoeven n’arrivent plus à tourner… Et pourtant, Bay, lui, a pignon sur rue. Rends-toi service en nous rendant service : lâche Bay, par pitié !

 

Ludovic Fauchier (furax).

En bref… THE WORLD’S END (Le Dernier Pub avant la Fin du Monde)

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The World’s End (Le dernier pub avant la fin du monde), d’Edgar Wright

Gary King (Simon Pegg) n’a jamais oublié la nuit du 20 juin 1990, passée à fêter la fin du lycée avec ses copains Andy, Oliver, Steven et Peter. Ils s’étaient lancés dans le « Golden Mile » (ou « Barathon« ) : la tournée des douze pubs de leur ville natale de Newton Haven. Complètement cuits, les cinq amis avaient abandonné avant d’arriver au bout, au World’s End… Vingt ans après, Gary n’a pas bougé d’un pouce, et s’est juré de finir son pari. Il retrouve Andy (Nick Frost), Oliver (Martin Freeman), Steven (Paddy Considine) et Peter (Eddie Marsan), tous rangés et responsables, et les convainc de revenir à Newton Haven. Les cinq quadragénaires sont loin de se douter que leurs retrouvailles imbibées vont sérieusement déraper d’une façon qu’ils n’auraient jamais pu prévoir…

 

En bref... THE WORLD'S END (Le Dernier Pub avant la Fin du Monde) dans Fiche et critique du film the-worlds-end

Bonjour chers amis neurotypiques ! On va s’y remettre après cette longue, longue interruption estivale…

Retour au blog, donc, avec ce très sympathique nouvel opus du duo Simon Pegg-Nick Frost, concluant la « trilogie du Cornetto » entamée avec Shaun of the Dead et continuée avec Hot Fuzz. Pour se rafraîchir la mémoire, rappelons que Pegg et Frost sont devenus, en l’espace d’une décennie, un duo comique de premier plan. Simon Pegg, le petit rouquin nerveux (ici teint en noir), et Nick Frost, le joufflu débonnaire, se firent connaître dans la série comique Spaced (Les Allumés), détournement référentiel et très britannique de la pop culture, qui leur fournira en 2004 l’inspiration de leur très réussi Shaun of the Dead. Mis en scène par leur ami Edgar Wright, Shaun revisitait les films de zombies à la George Romero en les déplaçant dans le paysage britannique, pour finir par un assaut apocalyptique (et bourré de gags) au milieu d’un pub ! Succès immédiat, et trois ans plus tard, Pegg, Frost et Wright récidivaient avec Hot Fuzz, hommage décomplexé aux « buddy movies » d’action à la Joel Silver / Michael Bay, toujours transposés dans la campagne anglaise. Nouvelle réussite pour un film survitaminé, bourré d’humour et de situations délirantes. Simon Pegg, devenu le chouchou de J.J. Abrams (Mission : Impossible III et Star Trek), a retrouvé Frost chez Steven Spielberg et Peter Jackson (Tintin coécrit par Wright, où ils incarnent les Dupondt) et dans le décevant Paul (non réalisé par Wright, ce qui explique sans doute bien des choses) ; les deux camarades retrouvent Wright (parti en solo réaliser Scott Pilgrim, et travaillant sur Ant-Man pour Marvel) pour boucler leur trilogie en revisitant à leur façon les films sur la Fin du Monde, devenus monnaie courante ces derniers temps. Ils sont rejoints pour la circonstance par d’excellents comédiens venus se mêler à leurs délires : deux habitués des seconds rôles du cinéma britannique et américain, Eddie Marsan (Sherlock Holmes) et Paddy Considine (In America). Sans oublier Bilbo Baggins en personne, Martin Freeman, parfaitement à son aise dans la comédie pince-sans-tire. Sont également de la partie Rosamund Pike (très loin ici de la méchante Bond Girl de Meurs un Autre Jour) et Pierce Brosnan, venu nous rappeler que, chez Frost et Pegg, les anciens agents 007 ne sont pas ce qu’ils semblent être. Revoir Timothy Dalton dans Hot Fuzz….

Il faut bien admettre qu’après les réussites précédentes du trio, The World’s End laisse un petit arrière-goût d’inachevé… Le film reste suffisamment drôle et enlevé pour passer un bon moment, mais on devine une légère baisse d’inspiration dans l’écriture. Il faut dire que le script fait un grand écart permanent entre deux genres de films très dissemblables : d’un côté, le récit d’invasion science-fictionnelle, de l’autre une comédie « alcoolisée » sur les désillusions adultes de cinq ex-copains ; la rupture de ton permanente entre le rire et l’inquiétude tente de retrouver l’étincelle de Shaun (jusqu’à faire du sacro-saint pub le cadre principal de l’action) sans y parvenir tout à fait. Les comédiens, heureusement, s’entendent à merveille et restent crédibles ; dans la première partie, ils nous offrent un régal de comédie dramatique, entre quatre adultes « pépères » et responsables, embrouillés en permanence par leur ex-copain toujours immature. Il est amusant d’ailleurs de constater que les rôles s’inversent : alors que jusqu’ici Pegg jouait le type « sérieux », relativement responsable, et Frost était le clown de service, éternel ado attardé, c’est désormais Frost qui joue l’adulte et Pegg le gamin irresponsable. Lorsque vient la fameuse invasion, le film part totalement en vrille sans trop de finesse, mais heureusement, l’humour et les références font passer la pilule. On pense beaucoup aux Femmes de Stepford, aux Body Snatchers et à John Carpenter (notamment They Live et The Thing, détourné le temps d’une savoureuse séquence de suspicion généralisée)… Wright, Pegg et leurs camarades ne peuvent s’empêcher de rajouter à leur film de fin du monde des moments complètement absurdes, comme ces bastons collectives à la Jackie Chan / Sammo Hung, une confrontation science-fictionnelle illustrant un peu lourdement la métaphore du passage à l’âge adulte (représenté ici sous forme de « conformisme alien » à la They Live), ou ce final narratif à la Mad Max qui semble venir d’un autre film n’ayant rien à voir avec le début de l’histoire…

On l’aura compris, The World’s End pratique l’enchaînement de ruptures de ton de façon tellement frénétique et intensive qu’il perd une partie de son capital sympathie initial. Pas aussi maîtrisé que Shaun of the Dead ou inspiré que Hot Fuzz, il est heureusement sauvé par sa bande de copains, ses idées absurdes et ses moments joyeusement imbibés. Et il semble clairement marquer la tournée de séparation d’une bande de trublions, célébrée dans de généreuses pintes de bière. Burp.

 

Ludovic Fauchier of the Dead.



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