En bref… TOMORROWLAND / A la Poursuite de Demain

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TOMORROWLAND / A la Poursuite de Demain, de Brad Bird

l’histoire :

en 1964, le jeune Frank Walker arrive à l’Exposition Universelle de New York pour participer au concours d’inventeurs présidé par David Nix (Hugh Laurie). Mais celui-ci l’éconduit, peu convaincu par le jet-pack qu’il a fabriqué. Frank se voit cependant offrir une chance inouïe par une fillette, Athéna (Raffey Cassidy), qui lui remet un badge très particulier. Il suit discrètement Nix et Athéna à travers l’attraction « It’s a Small World », et le badge lui ouvre la porte d’un univers comme il n’en a jamais vu…

Cinquante ans plus tard, une jeune fille surdouée, Casey Newton (Britt Robertson), utilise ses talents pour saboter le chantier de démolition de la NASA, à Canaveral, espérant ainsi sauver la carrière de son père du chômage imminent. Mais cela lui vaut une arrestation par la police. Libérée par son père, Casey a trouvé un curieux objet : un vieux badge qui, dès qu’elle le touche, la transporte dans un champ immense jouxtant une cité futuriste. La jeune fille ne peut convaincre son père, mais s’obstine et parvient à entrer, durant quelques minutes, dans cette incroyable cité où tous ses rêves d’inventeur en herbe semblent être bien réels. Mais le badge a une énergie limitée, et se vide. Casey enquête, et se rend dans une boutique d’objets collectibles de science-fiction pour en savoir plus, mais tombe dans un piège, le badge suscitant la convoitise d’inquiétants agents. La jeune fille est sauvée in extremis par Athéna, qui est un robot recruteur pour les futurs citoyens de Tomorrowland : une grande cité utopique conçue par des rêveurs, des ingénieurs et des créateurs, pour un monde idéal. Mais tout ne s’est pas bien passé. Athéna doit emmener Casey à la rencontre de Frank (George Clooney), désormais reclus et aigri…

 

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La critique :

Hasard des sorties cinéma, quelques jours seulement après les visions d’un futur apocalyptique réalisées par George Miller pour son phénoménal Mad Max : Fury Road, un autre rêveur nous propose une vision radicalement opposée de l’avenir. Un « avenir qui aurait pu être », délibérément rétro et optimiste, incarné dans ce Tomorrowland (A la poursuite de Demain) que vient de signer Brad Bird. Un réalisateur qu’on aime particulièrement, puisqu’on lui doit, en quinze ans, trois des meilleurs films d’animation américains, avec Le Géant de Fer, Les Indestructibles et Ratatouille. Passé depuis aux films « live », il a su s’adapter aux conditions techniques d’une superproduction comme Mission Impossible : Protocole Fantôme, sur laquelle il imprimait sa patte et faisait du film le meilleur de la saga d’action-espionnage, soigneusement contrôlée par et pour Tom Cruise. Bird fait désormais partie de la « A-List » des réalisateurs désignés pour les blockbusters, mais l’homme a suffisamment de caractère pour ne pas se laisser dicter ses choix : plutôt que de répondre à l’appel de Star Wars : L’Eveil de la Force, il préfère ainsi se plonger avec Tomorrowland dans l’exploration d’un univers futuriste délibérément suranné, celui imaginé par Walt Disney pour ses parcs d’attraction promettant le meilleur pour l’Humanité. Le film se présente donc comme un divertissement idéal pour la famille et les enfants passionnés de science-fiction, et se présente donc en défenseur de l’imagination et de la créativité – tout en offrant le petit « plus » nécessaire des films de Bird : un humour très cartoonesque, mêlé à des courses-poursuites endiablées et une foultitude de petits détails visuels plaisants. Le tout est soigneusement emballé dans un scénario qui revendique sans peine l’héritage des productions de Steven Spielberg, l’intrigue mêlant une quête à la Rencontres du Troisième Type, une jeune fille hyperactive (Britt Robertson, sosie de Kirsten Dunst) qui n’aurait pas détonné dans Les Goonies, une gamine robotique petite sœur du héros d’A.I. Intelligence Artificielle (et dotée de superpouvoirs renvoyant aux Indestructibles), ou ces agents proches des Men In Black, en plus inquiétants. Influence largement assumée, et même revendiquée via les nombreuses citations SF que fait Bird dans la séquence de la boutique de collectibles, où l’on croise aussi bien Robby le Robot que les personnages des Star Wars originaux. A défaut d’être totalement originale, l’intrigue permet au réalisateur de faire feu de tout bois et de nous offrir des idées purement visuelles bourrées d’astuces : la découverte de Tomorrowland par la jeune Casey, qui  »expérimente » en même temps ce Futur idéal et subit les gags malencontreux du temps présent, permet à Bird de démontrer ses dons de conteur visuel, et de nous offrir quelques plans-séquences pleins d’émerveillement.  

 

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Cependant, Tomorrowland est loin d’être un film parfait. Car si le visuel et le rythme narratif du film sont irréprochables, le problème vient plutôt des intentions et du propos des auteurs… Il faut bien l’admettre au risque de passer pour un grincheux, le film manque à plusieurs reprises de basculer dans l’énorme autopromotion du studio Disney par lui-même. Le malaise commence dès les premières secondes du film, où le château de la Belle au Bois Dormant, logo de la firme, est remplacé par la cité futuriste de Tomorrowland. Voilà une équation assez simple à comprendre pour le spectateur : Tomorrowland = Disneyland, un endroit magique et merveilleux, où tout le monde doit aller (pour payer son billet en saison ?). Le film enfonce le clou quelques instants après en faisant de l’attraction « It’s a Small World », estampillée Walt Disney, le point de passage vers ce cet univers… La mise en abyme passe au second plan, derrière la publicité évidente faite aux parcs d’attraction imaginés par le papa de Mickey Mouse. Certes, admettons quand même que Tomorrowland exploite habilement l’attraction du même nom pour en faire un film correct, mais il faut avouer que ces productions ne s’embarrassent pas trop de problèmes éthiques pour encourager les gens à venir faire du tourisme dans les Disneyland du monde entier. Si cela avait si bien réussi aux Pirates des Caraïbes, pourquoi se gêner ?

Mais le cœur du problème est ailleurs ; le scénario écrit par Bird et Damon Lindelof semble avoir été rédigé sous le contrôle permanent des cadres du studio, soucieux de ne pas trop déranger les petits enfants et leurs parents. Lorsque les personnages de Tomorrowland abordent les délicats problèmes de l’avenir du monde actuel, pas vraiment joyeux, ils ne peuvent s’empêcher de donner dans l’optimisme forcé, qu’on devine « télécommandé » par les patrons des studios Disney. Que le film encourage les spectateurs à rêver, à imaginer un avenir meilleur et à ne pas renoncer, c’est une bonne chose ; qu’il tombe, lors de longs dialogues un poil moralistes dans le positivisme excessif et les poncifs de l’aventure disneyienne, c’est par contre beaucoup plus embarrassant, d’autant plus que le film refuse les contradictions et les questions plus « adultes » sur l’Histoire de la Science… Voir par exemple cette scène où le personnage joué par George Clooney tente d’expliquer à la jeune fille que les inventeurs Edison et Tesla se détestaient. Mais la gamine robotique l’interrompt sèchement : « on ne veut pas entendre cette histoire-là ! ». On a l’impression d’entendre les hommes en costume-cravate de Disney tousser dans le dos de Brad Bird. Sans doute pour le rappeler à l’ordre et éviter d’évoquer les aspects les moins reluisants du héros national américain Edison… Le personnage de Clooney se fait ainsi rabrouer en permanence dès qu’il essaie de faire valoir un point de vue plus mature sur la Science. Bien sûr, on est dans une production Disney, où les enfants sont toujours les rois et les adultes souvent des vieux schnoques, mais ce parti pris devient ici assez agaçant. Le film aurait sûrement gagné à ne pas se laisser envahir par les clichés habituels, du genre « les enfants sont l’Avenir », « l’Aventure, c’est super », etc. Mais ce n’est pas le raisonnement de la maison Disney, où l’on n’aime pas voir les réalisateurs tenir un discours trop « subversif » dans un film conçu pour divertir. David Fincher, qui a vu son 20 000 Lieues sous les Mers rejeté par les mêmes responsables, pourrait témoigner dans ce sens.

Tout aussi regrettable est l’attitude que semblent développer les auteurs du film (le réalisateur, ou les producteurs ?), tout à leur logique positiviste, envers d’autres productions décrivant des futurs plus sombres pour l’Humanité. Tomorrowland dérape même en osant critiquer les films « apocalyptiques » jugés responsables du défaitisme et du pessimisme ambiant. Le discours n’est pas d’une grande finesse ; passe encore que le méchant joué par Hugh Laurie critique le goût de l’espèce humaine pour l’autodestruction, mais que le film se permette de jouer les moralisateurs vis-à-vis de la concurrence (Mad Max : Fury Road étant de toute évidence attaqué), là, c’est déjà moins acceptable… On sait que les producteurs de blockbusters estivaux aiment bien se tirer dans les pattes, à travers leurs films respectifs (rappelez-vous des peluches de Godzilla écrabouillées par les météorites dans Armageddon, en 1998), et il est dommage de voir Tomorrowland tomber dans ce travers qui ne s’imposait pas.

L’expérience de Tomorrowland est donc, au final, assez mitigée. On peut l’apprécier pour ce qu’il est, à savoir un sympathique film d’aventures SF, léger et parfois astucieux, capable de plaire aux plus jeunes et à leurs parents nostalgiques des productions Spielberg des années 1970-1980 ; malheureusement, ce capital sympathie est alourdi par les lourdes pattes du studio Disney, grippant la jolie machine conçue par Brad Bird.

 

Ludovic Fauchier.

 

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La fiche technique :

Réalisé par Brad Bird ; scénario de Brad Bird et Damon Lindelof ; produit par Brad Bird, Jeffrey Chernof, Damon Lindelof et Debbi Bossi (Walt Disney Company / A113 Productions / Babieka)

Musique : Michael Giacchino ; photographie : Claudio Miranda ; montage : Walter Murch et Craig Wood

Direction artistique : Ramsey Avery et Don Macaulay ; décors : Scott Chambliss ; costumes : Jeffrey Kurland

Effets spéciaux de plateau : Mike Vézina ; effets spéciaux visuels : John Knoll, Thierry Delattre, Xavier Fourmond, Craig Hammack, Joseph Kasparian, Ara Khanikian, Eddie Pasquarello et Philippe Theroux (ILM /  Halon Entertainment / Hybride Technologies / Plowman Craven & Associates / Rodeo FX) 

Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures

Caméras : Sony CineAlta F65 et CineAlta PMW-F55  

Durée : 2 heures 10

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