Archives pour mai 2016

En bref… X-MEN : APOCALYPSE

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X-MEN : APOCALYPSE, de Bryan Singer

Plus de trois mille ans avant notre ère, le pharaon En Sabah Nur (Oscar Isaac) était vénéré comme un dieu vivant. Il était le premier Mutant, détenteur de pouvoirs défiant l’imagination. Mais il régnait en tyran absolu sur les simples mortels de l’Egypte antique. En Sabah Nur fut trahi et attaqué par des soldats qui détruisirent sa pyramide. Plongé en animation suspendue, le corps du pharaon reposa désormais sous les ruines pendant des millénaires… 

1983. L’existence des Mutants n’est plus un secret depuis les incidents relatés dans X-Men : Days of Future Past. Désormais tolérés, les Mutants sont aussi persécutés ; mais ils peuvent cependant trouver un foyer à l’Institut fondé par Charles Xavier (James McAvoy). Si elle se montre distante envers son ancien ami, la métamorphe Mystique (Jennifer Lawrence) aide néanmoins de jeunes Mutants à rejoindre son école - comme Kurt Wagner (Kodi Smith-McPhee), téléporteur à l’apparence démoniaque. Parmi les autres nouveaux venus : un lycéen, Scott Summers (Tye Sheridan), qui ne peut ouvrir les yeux sans causer des destructions massives, et Jean Grey (Sophie Turner), télépathe et télékinésiste surdouée. Avec l’aide d’Hank McCoy « Le Fauve » (Nicholas Hoult), Xavier aide ces nouveaux venus à maîtriser leurs dons et à s’intégrer. Erik Lehnsherr (Michael Fassbender), lui, est revenu sur la terre de ses ancêtres, en Pologne, où il vit en paix, marié et père d’une fillette. Son bonheur est de courte durée…

Quand l’agent de la CIA Moira McTaggert (Rose Byrne) découvre au Caire l’existence d’une secte adoratrice d’En Sabah Nur, le pharaon endormi revient à la vie, déclenchant un séisme à l’échelle mondiale. Séisme qui pousse Erik, en Pologne, à se démasquer. Une nouvelle tragédie personnelle va le refaire basculer dans la violence. Pendant ce temps, Charles reprend contact avec Moira, au sujet de sa récente découverte. Ils ignorent qu’En Sabah Nur, découvrant l’état du monde actuel, recrute quatre Mutants à qui il offre une puissance dévastatrice, pour refaire le monde à son image - sa dernière recrue n’étant autre qu’Erik qui reprend son identité de Magnéto. Seuls Charles Xavier et ses jeunes X-Men, rejoints par Mystique et par le bolide humain Peter Maximov (Evan Peters), peuvent empêcher l’Apocalypse qui se prépare…

 

X-Men Apocalypse

Impressions :

     Vu le contexte actuel (bien morose) des actuels films de super-héros, soyons honnêtes : les films X-Men estampillés Bryan Singer sortent du lot, étant l’un des rares bons exemples d’adaptations réussies dans ce genre devenu fourre-tout, ces dernières années. En reprenant en mains une franchise dont le studio 20th Century Fox l’avait un temps dépossédé (ce qui nous avait donné deux ratages, en règle, X-Men : L’Affrontement Final et X-Men Origines : Wolverine), le réalisateur-producteur d’Usual Suspects, avec les excellents  »reboots » de X-Men First Class (produit pour Matthew Vaughn) et X-Men : Days of Future Past (qu’on retitrera ici, pour plus de commodité : DOFP), a dépassé sans difficulté le tout venant des productions rivales Marvel-Disney, tellement hégémoniques qu’elles en deviennent étouffantes.

    Certes, cette franchise nécessite de la part de Singer quelques compromis inévitables avec le studio qui cherche à marquer des points dans la guerre des sagas super-héroïques entre Marvel/Disney et Warner/DC, mais reconnaissons au cinéaste un amour sincère de ses personnages, et une approche « auteuriste » que l’on ne trouve guère ailleurs. La psychologie des personnages, l’écriture dramaturgique jouent ici un rôle plus important que les prouesses des effets visuels, et c’est donc toujours un plaisir de voir un réalisateur concerné s’approprier personnellement cet univers pour lui donner une assise sérieuse. X-Men : Apocalypse est donc du même tonneau que ses prédécesseurs, et poursuit l’histoire du trio Xavier-Magnéto-Mystique, toujours servi par des comédiens de premier ordre. Pourtant, on sent pointer une légère baisse de régime après les audaces de DOFP. Singer et le scénariste Simon Kinberg, en faisant entrer les personnages dans les années 1980, achèvent de « réécrire » pour de bon la franchise en ramenant les personnages malmenés dans les films nommés plus haut : Jean Grey, Cyclope, Diablo (inexplicablement porté disparu depuis X-Men 2), et Tornade, campés par de jeunes acteurs, sont ainsi plus développés, et devraient porter les futurs films. Les amoureux du comics ne sont pas oubliés, le réalisateur cédant au fan service de rigueur avec l’apparition, durant quelques minutes sanglantes, d’un canadien griffu tout droit sorti des cases de la b.d. L’Arme X.

     Au milieu de ces remaniements obligatoires, le film de Singer reste très agréable, même s’il ne surclassera pas First Class et DOFP. Peut-être parce que le très impressionnant méchant de service, Apocalypse (convaincant Oscar Isaac), est un peu sacrifié par rapport au potentiel du personnage (qui est dans la b.d. le bad guy absolu) ? que les nécessités de la « réécriture » de la saga après les dérapages de la Fox pousse Singer à quelques facilités scénaristiques (l’évasion de la base de Stryker, mini-remake de X-Men 2) ? Ou encore, que les trois personnages principaux ont perdu leur effet de surprise par rapport aux deux précédents opus ? Tout cela en même temps, sans doute…. Cela n’empêche pas pour autant Singer de mêler un certain esprit ludique très influencé par les films de l’époque, et un sérieux implacable par ailleurs. Le cinéaste glisse quelques citations et private jokes plaisantes sur le cinéma des années 1980 : quelques images héritées des Aventuriers de l’Arche Perdue (l’éveil d’En Sabah Nur, le châtiment final), des références à John Hughes (la virée des ados en décapotable, la présence fugace d’Ally Sheedy, l’une des teen stars de Breakfast Club, ici en professeur de lycée du jeune Cyclope !), au Retour du Jedi (avec un taquet bien senti pour X-Men III), à l’esthétique dominante de l’époque (couleurs vives et pop, vestes en cuir à épaulettes à la Michael Jackson de rigueur !). Singer fait une nouvelle fois plaisir aux fans en ramenant l’hyperactif Vif-Argent joué par Evan Peters, dont les pouvoirs d’hypervitesse, déchaînés sur fond d’Eurythmics, permettent une scène de sauvetage surréaliste. Apocalypse semble sorti quant à lui d’un film fantastique un peu oublié de nos jours, qui a fait sans doute forte impression sur Singer : La Forteresse Noire (The Keep) de Michael Mann. Comme le monstrueux Molasar dans le film de Mann, Apocalypse se pose en Dieu de l’Ancien Testament, vengeur et dévastateur, punissant ses ennemis en les fusionnant dans la pierre – notons d’ailleurs qu’un certain Ian McKellen, vingt ans avant d’être le vieux Magnéto des X-Men de Singer, y jouait déjà un rescapé des camps de concentration… Parmi les bons points garantissant du film, on constatera que Singer soigne toujours les séquences liées justement à Magnéto incarné par Fassbender : une confrontation tragique en forêt, sans contestation la scène la plus touchante du film, et un passage démentiel où, guidé par Apocalypse, le mutant magnétique rase symboliquement le camp d’Auschwitz. Ceci avant qu’Apocalypse ne prive l’Humanité de ses armes de dissuasion, sur fond de Beethoven. Impressionnant, intense, et classe. 

    Ne boudons pas notre plaisir : s’il souffre peut-être d’un manque de surprise et de la lassitude ressentie vis-à-vis d’un genre surexploité, X-Men : Apocalypse s’avère un film de super-héros plus intéressant que les récentes « guerres civiles » orchestrées chez les concurrents. Et c’est de bon augure pour Singer qui va mettre ses Mutants en légère pause, le temps de s’attaquer à une nouvelle version de 20 000 Lieues sous les Mers, très prometteuse sur le papier.

 

Ludovic Fauchier.

 

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La fiche technique :

Réalisé par Bryan Singer ; scénario de Simon Kinberg, d’après la b.d. et les personnages créés par Stan Lee et Jack Kirby (Marvel Comics) ; produit par Simon Kinberg, Lauren Shuler Donner, Bryan Singer, Kathleen McGill et John Ottman (20th Century Fox Film / Marvel Entertainment / TSG Entertainment / Bad Hat Harry Productions / Donner’s Company / Kinberg Genre)

Musique : John Ottman ; photo : Newton Thomas Sigel ; montage : Michael Louis Hill et John Ottman

Direction artistique : Michele Laliberte ; décors : Grant Major ; costumes : Louise Mingenbach

Effets spéciaux de plateau : Steve Hamilton et Cameron Waldbauer ; effets spéciaux visuels : John Dykstra, Colin Strause, Greg Strause, Nicolas Chevallier , Nikos Kalaitzidis, Anders Langlands, Michael Maloney, Jonathan Piche-Delorme (Cinesite / Digital Domain /DDI / HydraulX / Legacy Effects /  MPC / MELS Studios / Prime Focus World / Rising Sun Pictures / Solid FX) ; cascades : James M. Churchman et Walter Garcia

Distribution : 20th Century Fox Film Corporation

Caméras : Red Epic Dragon

Durée : 2 heures 24

En bref… THE NICE GUYS

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THE NICE GUYS, de Shane Black

Los Angeles, 1977. Le suicide apparent d’une star du porno, Misty Mountains, est un fait divers comme un autre - pas de quoi émouvoir Jackson Healy (Russell Crowe). Gros bras de son métier, Jackson est celui que l’on engage - pour une somme ridicule - pour décourager les voyous, escrocs et autres minables reluqueurs de collégiennes ; Jackson débarque toujours chez eux pour les « persuader » de se tenir à carreau après un passage à l’hôpital. C’est ainsi que la jeune Amelia Kuttner (Margaret Qualley) l’engage pour terroriser un détective privé particulièrement incompétent, Holland March (Ryan Gosling). Celui-ci la suivait pour raisons professionnelles : Holland a été engagé par la tante de Misty, persuadée d’avoir vu sa défunte nièce bien vivante, deux jours après sa mort, et en cherchant des pistes, Holland a trouvé le nom de la jeune fille parmi les relations de la suicidée mystérieuse.

Jackson débarque donc chez Holland et lui casse le bras… Mais quand il réalise qu’Amelia a ensuite disparu, sans explications, Jackson demande à Holland de l’aider à retrouver sa commanditaire. Misty et Amelia, la fille de Judy Kuttner (Kim Basinger), influente figure politique locale, sont liées à une conspiration de très grande ampleur. La brute bourrue et le calamiteux détective vont mettre les pieds dans un sacré sac de nœuds, et les cadavres ne tarderont pas à pleuvoir… Enfin, pour se tirer d’affaire, ils pourront toujours compter sur le cerveau de leur fine équipe : la petite Holly (Angourie Rice), la fille ado de Holland !

 

The Nice Guys

Impressions :

     Ironie du sort… l’association Shane Black – Joel Silver, pour The Nice Guys, sonne aujourd’hui comme le retour aux affaires de deux vieux briscards old school qui ont fait les grandes heures du cinéma d’action des années 1980-90. Le premier, scénariste avant tout, avait offert au second, producteur qu’on ne présente plus, le pitch en or du plus emblématique des buddy moviesL’Arme Fatale, en 1987. Près de trente ans après des fortunes diverses, les deux hommes, forcément éclipsés dans la jungle hollywoodiennes par des rivaux et les effets de mode du moment (des productions Jerry Bruckheimer aux super-héros Marvel-Disney), signent un retour en force qui est aussi un retour en grâce pour le scénariste-réalisateur.

     On ne devrait pas oublier qu’avant d’être dépassé par Quentin Tarantino, Shane Black, influencé par les polars des seventies, avait imposé sa patte immédiatement sur des polars immédiatement reconnaissables : généralement, un duo de personnages mal assortis, losers-nés attendrissants et dépressifs tombant dans des sacs de nœuds bien saignants, s’en sortant passablement déglingués mais toujours prêts à sortir la punchline qui tue au bon moment. Avant que la franchise Arme Fatale soit détournée et ridiculisée par les exécutifs de Warner (un polar hard boiled qui céda la place à des séquelles de plus en plus parodiques), rappelons que Black aura aussi signé les scénarii de deux échecs devenus cultes : Le Dernier Samaritain de Tony Scott avec Bruce Willis, et Au Revoir à Jamais avec Samuel L. Jackson, et fait le script doctor chez John McTiernan (Predator et Last Action Hero), avant de disparaître des écrans radar. Jusqu’à la sortie de Kiss Kiss Bang Bang en 2005, filmé par ses soins, offrant un rôle en or à Robert Downey Jr. Black aura repris du service pour son ami en réalisateur à louer auteur d’un très estimable Iron Man 3, commande de Marvel traversée d’éclairs purement « shaneblackiens » (le faux Mandarin amateur de foot joué par Ben Kingsley, c’était une idée à lui !). Bonne nouvelle, avec The Nice Guys, Shane Black a retrouvé la patate, et renoue avec la verve de Kiss Kiss Bang Bang.

La formule ne change pas, mais elle est diablement efficace, servi par le maître du polar décalé, toujours prompt à balancer dans une intrigue de film noir seventies des gags et des dialogues aux petits oignons (« Enfin bon, personne n’a souffert. – Qu’est-ce que tu racontes ?! Plein de gens sont morts !! – Oui, bon… mais ils sont morts très vite. »). Pour que la balade fonctionne, il faut un duo de grand talent, et Black a trouvé deux vrais pros. Russell Crowe, plus ours mal léché que jamais, empâté dans une veste en cuir bleu, est le clown blanc de service, le cogneur au grand cœur complètement désarmé devant la candeur de la gamine de son nouveau copain, joué par Ryan Gosling. On a eu tendance à sous-estimer le talent de ce dernier suite à la hype de ses films chez Nicolas Winding Refn, mais il faut bien l’admettre : Gosling est ici parfait à contre-emploi, hilarant dans la défroque d’un privé de troisième zone, un gros pleutre irrésistible par sa naïveté bien peu compatible avec son métier. Les deux lascars, déboulant comme des chiens dans un jeu de quille à travers la faune du LA de l’époque, brillent par leur incompétence à mener une enquête (voir la scène de la party…) et forcent sans problème la sympathie du spectateur. La plume de Black, derrière les francs moments de rigolade, n’oublie pas de les rendre terriblement humains et faillibles, ces deux bozos au cœur d’artichaut qui tentent de retrouver leur dignité dans un univers corrompu à souhait. Servi par un duo idéal, The Nice Guys va vous réconcilier avec vos zygomatiques et vous servir un bon polar, on the rocks. Un grand merci à Shane Black, dont on attend désormais de voir comment il va relancer la franchise Predator, comme annoncé. Osera-t-il balancer de nouveau des vannes de cul, comme il le faisait dans le premier film ?

 

Ludovic Fauchier.

 

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La fiche technique :

Réalisé par Shane Black ; scénario de Shane Black et Anthony Bagarozzi ; produit par Joel Silver, Aaron Auch et Ethan Erwin (Silver Pictures / Misty Mountains / RatPac-Dune Entertainment / Waypoint Entertainment)

Musique : David Buckley et John Ottman ; photo : Philippe Rousselot ; montage : Joel Negron

Direction artistique : David Utley ; décors : Richard Bridgland ; costumes : Kym Barrett

Distribution USA : Warner Bros. Pictures / Distribution France : EuropaCorp. Distribution

Caméras : Arri Alexa XT

Durée : 1 heure 56

En bref… CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR

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CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR, d’Anthony & Joe Russo

Les évènements de Captain America : Le Soldat de l’Hiver ont confronté Steve Rogers (Chris Evans) à un ennemi inattendu : James « Bucky » Barnes (Sébastian Stan), son ami qu’il croyait mort durant la 2ème Guerre Mondiale. Bucky a survécu ; mais, prisonnier de l’organisation criminelle HYDRA, il a subi des lavages de cerveau incessants durant des décennies, qui ont fait de lui le Soldat de l’Hiver, le plus dangereux tueur au monde. Privé de tout libre arbitre, Bucky a commis des meurtres innombrables, pour ses maîtres. Mais le combat contre Steve a partiellement réveillé ses anciens souvenirs.

Depuis l’affrontement, Captain America mène ses collègues Avengers à la poursuite de Brock Rumlow « Crossbones » (Frank Grillo), ancien agent de l’HYDRA devenu mercenaire terroriste. Retrouvé à Lagos, au Nigeria, Rumlow affronte l’équipe de Cap ; vaincu, il tente de se suicider en se faisant sauter parmi la population. En utilisant ses pouvoirs télékinétiques pour protéger les civils, Wanda Maximoff, la Sorcière Rouge (Elizabeth Olsen), ne peut empêcher le pire. Des citoyens bénévoles du Wakanda, un petit Etat africain, sont tués. C’est une crise politique sans précédent qui s’abat sur les Avengers, obligés de rendre des comptes devant les Nations Unies pour leurs actions. Sur l’insistance du Secrétaire d’Etat à la Défense Thaddeus Ross (William Hurt), les héros devront signer les Accords de Sokovie, restreignant leur liberté d’action au bon vouloir des dirigeants américains et de l’ONU. L’équipe a des opinions divisées à ce sujet : si Tony Stark / Iron Man (Robert Downey Jr.) soutient le projet, ralliant Natacha Romanov / Black Widow (Scarlett Johansson), James Rhodes / War Machine (Don Cheadle) et l’androïde Vision (Paul Bettany) à son point de vue, Steve et Sam Wilson / Faucon (Anthony Mackie) s’y opposent, voyant là une atteinte aux libertés individuelles et refusent donc de signer les Accords. La situation empire quand, le jour de la signature, le Roi du Wakanda T’Chaka (John Kani) est tué dans un attentat apparemment déclenché par Bucky. Le fils de T’Chaka, le Prince T’Challa (Chadwick Boseman), jure de tuer l’assassin de son père. Steve et Sam, eux, tentent de retrouver Bucky pour le ramener à la raison. Dans l’ombre, un certain Colonel Zemo (Daniel Brühl) manipule les héros pour les monter les uns contre les autres, pour sa propre vengeance. Entre Tony Stark et Steve Rogers, la dispute va atteindre un point de non-retour…

 

Captain America Civil War

Impressions :

Comme une impression de déjà vu chez les super-héros… Alors que les concurrents D.C. et Warner viennent juste de lancer un Batman V. Superman estampillé Zack Snyder qui divise plus qu’autre chose, Marvel et Disney répliquent avec ce troisième volet de Captain America opposant le Super-Soldat à la star de l’univers partagé des Avengers, son compagnon d’armes Iron Man. Pas vraiment de coïncidence, mais on voit que les super-héros « démocratiques » ont du souci à se faire en invitant dans leurs films un confrère milliardaire plus « vendeur » au box-office… La franchise Captain America n’est pourtant pas dénuée de qualités en elle-même ; un premier volet hypersympathique avec son ambiance « pulp/serial/2ème Guerre Mondiale » à la Indiana Jones, et un second volet situé quelque part entre Les 3 Jours du Condor, Un Crime dans la Tête et la saga Jason Bourne, qui voyait la Légende Vivante critiquer la dérive totalitaire-sécuritaire de l’Amérique. Les frères Russo, auteurs de ce Captain America : Le Soldat de l’Hiver, rempilent donc ici pour un Civil War continuant la saga du héros, tout en se pliant aux impératifs de l’univers partagé Marvel. Une mission pas si simple que cela à remplir, Civil War version comics ayant été l’un des crossovers les plus audacieux jamais sortis chez Marvel ces dernières années. Ses auteurs, Mark Millar et Steve McNiven, avaient osé et réussi un ouvrage politique ; opposant des super-héros par dizaines entre les camps d’Iron Man et de Captain America (ils sont presque tous là, une bonne centaine, diversement impliqués : Wolverine, les 4 Fantastiques, Luke Cage, Daredevil, le Punisher, les X-Men, Deadpool, etc. plus quelques super-vilains recrutés de force), divisés sur des questions faisant écho aux excès sécuritaires de l’ère Bush (le Patriot Act, Guantanamo…), Civil War proposait un peu plus que des affrontements dantesques entre surhommes bigarrés. Chacun des deux camps avait des arguments à faire valoir sur un point crucial : faut-il sacrifier sa liberté personnelle au profit de la sécurité collective, au risque de laisser les mains libres à un Etat totalitaire, ou lutter pour préserver celle-ci au détriment des vies civiles (je ramasse les copies dans une heure) ? Malheureusement, le film des frères Russo, s’inspirant très librement du comics, reste limité par ses obligations de divertissement familial, botte en touche et préfère l’option « fan service » aux confrontations plus éthiques.

Une belle occasion manquée, encore que le film soit par ailleurs assez plaisant, mais toujours victime de la surenchère propre au genre. Cap cherche toujours à sauver/racheter son vieux copain Bucky, mais dans le même temps, une demi-douzaine d’arcs narratifs s’accumulent, pour le bonheur des fans et la perplexité des spectateurs moins impliqués : Tony Stark gère mal le deuil de ses parents (sa mère s’appellerait-elle Martha ?), la Vision et la Sorcière Rouge entament une romance, Cap a une liaison avec l’Agent 13 Sharon Carter (descendante de son défunt grand amour), un certain Zemo réclame vengeance, la Panthère Noire fait son apparition (plutôt réussie ma foi), Spider-Man est recruté (il a désormais le visage du jeunot Tom Holland, vivant avec une Tante May terriblement MILF, la toujours charmante Marisa Tomei !), Ant-Man vient dérider le public avec quelques vannes sur Pinocchio, d’autres Super-Soldats existent, Black Widow a un dilemme, Hawkeye sort de sa retraite, War Machine paie les pots cassés, Martin « Bilbo » Freeman vient jouer les guest stars… Ouf, cela fait quand même beaucoup pour un film assez long (Thor et Hulk ont un mot d’excuse, partis faire la tournée des tavernes en Asgard), plaisant mais déséquilibré (et trop LONG !!). Et qui, après des prémices prometteurs (la question de la responsabilité des super-héros dans les destructions massives est tout de même abordée), n’ose pas aller trop loin dans l’opposition Iron Man / Captain America. La conclusion de leur affrontement, qui cherche visiblement à ménager le grand public en attendant les suites d’Avengers déjà en préparation, déçoit. Reste toutefois quelques bons points, dus essentiellement au charisme tranquille de Chris Evans, et au numéro familier de Robert Downey Jr., ainsi que de jolies trouvailles dans les scènes d’action qui viennent pimenter le style visuel assez lisse du film. Notamment une homérique fuite de Bucky et Cap, qui démarre d’une cage d’escalier grouillant de SWATS armés jusqu’aux dents jusqu’à une poursuite routière à laquelle se mêlent la Panthère Noire et le Faucon ; et cet affrontement final des héros dans l’aéroport, offrant quelques grands moments dignes des meilleures b.d. Marvel (Ant-Man passant en mode Giant-Man !!). Reste que ces acrobaties sont bien sages par rapport à la charge politique féroce dont le film prétendait s’inspirer.

Un constat, au fait, avec l’inévitable comparaison avec le dernier opus de la Distinguée Concurrence : vaut-il mieux une adaptation « sérieuse », premier degré, adulte, aux partis pris qui risquent de ne pas plaire à tous, ou un film « disneyien » diluant son propos dans l’humour et la neutralité du style ? Les chiffres du box-office ont donné raison à la seconde option, ce qui est assez inquiétant pour l’évolution du genre super-héroïque à l’écran. Aussi plaisant et distrayant soit-il, Captain America : Civil War témoigne de la routine décidée par la maison Disney. En attendant des adaptations imminentes et, on l’espère, plus ambitieuses des studios concurrents (prochain sur la liste : X-Men Apocalypse du généralement très bon Bryan Singer), on jugera sur pièces les futurs films de l’univers partagé Marvel : Docteur Strange, Thor : Ragnarok, Captain Marvel, Black Panther, Avengers : Infinity War, les futurs Spider-Man et encore d’autres… jusqu’à ce que la coupe soit pleine ?

Ludovic Fauchier.

 

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La fiche technique :

Réalisé par Anthony & Joe Russo ; scénario de Christopher Markus & Stephen McFeely, d’après les personnages créés par Stan Lee, Joe Simon, Jack Kirby, Steve Ditko, Roy Thomas, etc. et la b.d. « Civil War » créée par Mark Millar & Steve McNiven (Marvel Comics) ; produit par Kevin Feige, Mitchell Bell, Ari Costa, Christoph Fisser, Henning Molfenter, Trinh Tran, Lars P. Winther et Charlie Woebcken (Marvel Entertainment / Marvel Studios / Studios Babelsberg)

Musique : Henry Jackman ; photo : Trent Opaloch ; montage : Jeffrey Ford et Matthew Schmidt

Direction artistique : Greg Berry ; décors : Owen Paterson ; costumes : Judianna Makovsky

Effets spéciaux de plateau : Carlo Perez et Daniel Sudick ; effets spéciaux visuels : Alexandro Cioffi, Vincent Cirelli,  Trent Claus, Dan Deleeuw, Russell Earl, Florian Gellinger, Ray Giarratana, Jamie Hallett, Tim LeDoux, Greg Steele (ILM / Animal Logic / Base FX / Cantina Creative / Capital T / Cinesite / DDI / Double Negative / Exceptional Minds / Image Engine Design / Legacy Effects / Lola Pictures / Luma Pictures / Method Studios / Plowman Craven & Associates / Prime Focus World / RISE Visual Effects Studios / Sarofsky /  Stereo D / The Third Floor / Trixter Films / Virtuos) ; cascades : Doug Coleman, Mickey Giacomazzi, Florian Hotz et Spiro Razatos

Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures

Caméras : Red Epic Dragon, Arri Alexa 65 et XT Plus

Durée : 2 heures 27



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