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Spaciba Bolchoï ! – LE CONCERT

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LE CONCERT, de Radu MIHAILEANU 

L’Histoire :  

prestigieux chef de l‘orchestre du Bolchoï à Moscou, Andrei Filipov a vu sa carrière brisée en 1980, lorsqu‘il a refusé de dénoncer ses amis musiciens juifs, s‘opposant aux pressions du gouvernement de Brejnev. Alors que son orchestre jouait le Concerto pour violon de Tchaïkovski durant une soirée de gala, un fonctionnaire du KGB monta sur scène et l‘humilia publiquement. Révoqué, Andrei continue d‘arpenter les coulisses du Bolchoï, en tant que simple homme de ménage, depuis 28 ans…  

Un jour, alors qu’il nettoie le bureau du directeur, Andrei intercepte un fax envoyé par le directeur du Théâtre du Châtelet à Paris, Olivier Morne Duplessis, décidé à faire venir le célèbre orchestre pour un grand concert. Sans réfléchir à son geste, Andrei vole le fax. Il a une idée folle : revenir sur scène à Paris, avec ses anciens amis musiciens, qui ont depuis longtemps abandonné le métier, à la place du véritable orchestre, pour pouvoir enfin jouer le Concerto de Tchaïkovski ! Encouragé par sa femme Irina, Andrei entraîne son vieil ami, Sacha Grossman, violoncelliste reconverti en ambulancier, dans sa mission impossible. Encore faut-il : engager comme négociateur et attaché de relations publiques Ivan Gavrilov, l’ancien employé du KGB qui a jadis humilié Andrei sur ordre de ses supérieurs ; accepter qu’un drôle de sponsor, roi du gaz et épouvantable musicien, finance le voyage à condition d’avoir sa place dans l‘orchestre ; obtenir des faux passeports à la dernière minute ; ne pas éveiller la suspicion de Morne Duplessis et ses acolytes ; et surtout, pouvoir compter sur une troupe très indisciplinée ! L’affaire est d’autant plus délicate qu’Andrei a une exigence bien spécifique, celle d’avoir comme soliste invitée la jeune violoniste Anne-Marie Jacquet…  

La Critique :  

Radu Mihaileanu est le fils d’un journaliste roumain juif, Mordechai Buchman, lequel, échappé d’un camp de concentration nazi, dût ensuite changer d’identité sous le régime communiste de Ceausescu. Mihaileanu quittera son pays écrasé par la dictature, pour se réfugier en Israël en 1980, puis en France où il est devenu cinéaste. Marquée par les remous tumultueux de l’Histoire, la vie de Mihaileanu a donc littéralement nourri son œuvre, inspirant notamment ses deux films les plus connus : TRAIN DE VIE (1998) et VA, VIS ET DEVIENS (2005), deux véritables petits bijoux. Radu Mihaileanu, c’est un fort tempérament, humaniste, chaleureux, plein de tendresse mais aussi un regard lucide sur les faiblesses humaines ; encore mal connu du public jusqu‘à cette année 2009 qui vient de s‘achever, Mihaileanu semblait aussi ne pas être reconnu à sa juste valeur par le milieu du cinéma français – à peine un tout petit César 2005 du meilleur scénario (remarquablement écrit, cela dit) pour VA, VIS ET DEVIENS et rien d‘autre… Mais la persévérance paie. LE CONCERT vient d’obtenir un fort joli succès en salles hexagonales, confirme l’immense talent du cinéaste, et devrait, c‘est du moins ce que l‘on espère, être amplement récompensé aux prochaines cérémonies.   

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Ci-dessus, la bande-annonce du CONCERT.  

 

La bande-annonce donne le ton, sans rien laisser cependant deviner la gravité derrière la bonne humeur. LE CONCERT, c’est d’abord un pur régal de comédie : le film se déguste comme du Lubitsch grand cru, et le souvenir de TO BE OR NOT TO BE n’est pas loin de faire surface. Le chef-d’œuvre comique du grand cinéaste juif berlinois parti à Hollywood ridiculisait en son temps une autre atroce dictature, la machine guerrière du Reich ; on peut parier que l’histoire de cette joyeuse troupe de comédiens polonais se faisant passer pour Hitler et ses sbires au nez et à la barbe des vrais nazis a dû marquer profondément Mihaileanu. On en trouvait des traces dans TRAIN DE VIE, ou chaque situation inquiétante était désamorcée par des pirouettes comiques inattendues et hilarantes, jusqu’à la gifle finale. Point de faux nazis ici, mais une troupe tout aussi indisciplinée d’ex-musiciens russes, juifs et tziganes venues prendre leur revanche sur une Histoire injuste, et bousculer l’autorité avec une bonne humeur communicative !  

Il faut dire que l’histoire personnelle de Mihaileanu, reposant largement sur les changements d’identité nécessaires de son père, conditionne largement le thème récurrent de son cinéma, ce qu’il appelle lui-même «l’imposture positive»* : les juifs fugitifs se faisant passer pour de faux déportés et de faux Nazis (TRAIN DE VIE) ; Moshe, le jeune éthiopien chrétien devenu faux Falasha en Israël (VA, VIS ET DEVIENS)… L’imposture positive, source de nombre de gags et de situations rocambolesque, est ici celle organisée par Andrei, vrai-faux chef d’orchestre décidé à prendre sa revanche personnelle sur l’Histoire. Et d’autres impostures se «greffent» en quelque sorte, à sa propre démarche : voir par exemple l‘hilarant passage au restaurant marocain, rebaptisé à la hâte «Trou Normand» !… Autres impostures qui se mêlent à l’histoire centrale : les manifestations hebdomadaires des nostalgiques de l’URSS – des figurants recrutés à la hâte ! Ou la description d’un congrès au PCF dont les grandes heures sont bien lointaines, désormais… Ou encore, ce concert mémorable du futur sponsor de l’orchestre, un oligarque mafieux, durant un mariage bling-bling en diable…  

 

Il y aurait certes encore beaucoup à dire pour évoquer tout ces détails qui assurent à merveille la comédie : l’ambulance pourrie du brave Sacha ; le bref aperçu des nouveaux métiers des ex-musiciens d‘Andrei (dont un s’est reconverti en compositeur de musique de film porno…) ; le vieux Juif qui tente d’inculquer à son grand fils les valeurs traditionnelles des affaires ; «l’exode» improvisé vers l’aéroport… Le tout dans une ambiance de joyeux bordel garanti : un orchestre russe, juif et tzigane, ça rouspète forcément, ça picole dur, ça s’éparpille dans la capitale… Mihaileanu nous dépeint une communauté chaotique mais pleine de vie, à l’opposé du petit monde culturel français, qui en prend pour son grade : policé, verrouillé, et surtout terriblement condescendant envers ses hôtes.  

Autre thème important, sur lequel Mihaileanu s’est exprimé, le jeu sur le langage, qui nourrit les éléments de comédie du CONCERT : le réalisateur s’est inspiré de ses propres mésaventures lors de son arrivée en France, pour créer des situations savoureuses. À commencer par le français très approximatif de l’ex-KGB, un festival d’expressions vieillottes et d’erreurs d’élocution pour un résultat imparable (voyez les scènes de tractations)… dans le même registre, on retiendra aussi la mémorable réplique d’Andrei, «Je vous baise chaleureusement !», est appelée à devenir un classique.

 

* lisez à ce sujet l’interview de Radu Mihaileanu, publiée sur le site officiel du film :  

http://www.leconcert-lefilm.com/

 

La comédie s‘efface cependant, au fil du récit, laissant peu à peu la place à la tristesse. Mihaileanu dirige parfaitement ce glissement dramaturgique, sans forcer la dose, en suivant simplement la trajectoire personnelle d’Andrei : sous l’URSS de Brejnev, l’oppression des artistes et intellectuels opposés au pesant régime Soviétique était hélas une triste réalité. Persécutions et déportations au goulag, synonyme de mort lente, attendaient ceux qui, aux yeux de Brejnev et ses laquais, risquaient de former un contrepouvoir culturel important. Persécutions dont Mihaileanu, dans LE CONCERT, nous suggère aussi qu’elle se teinte d’antisémitisme – rappelons que la haine des Juifs en Europe ne commença pas et ne se limita pas, hélas, à la funeste Allemagne nazie ; bien avant l’époque Brejnev, sous la Russie des Tsars et l’URSS de Staline, elle fut longtemps pratiquée, voir même approuvée et encouragée – voir l‘histoire des faux Protocoles des Sages de Sion, des Centuries noires et des pogroms…  

Ces éléments, Mihaileanu les fait toutefois passer «en douceur» au spectateur, sans délivrer de discours pesant. Ludique et inspirée, sa mise en scène sait toujours trouver le ton juste, entre les larmes et le rire, jusqu’à ce magnifique Grand Finale. Le grand concert donné par Andrei est non seulement un exercice virtuose de montage purement cinématographique, mais aussi le triomphe d’une histoire de réconciliation et d’Amour inconditionnel. Dans l’échange de regards d’Aleksei Guskov (excellent) et de la belle violoncelliste (Mélanie Laurent et ses immenses yeux bleus, définitivement transformée cette année par ce rôle et sa prestation dans INGLOURIOUS BASTERDS), tout passe, sans surlignage excessif. Avec ce petit je ne sais quoi de fierté paternelle non avouée du chef d’orchestre vieillissant à la jeune musicienne, qui sublime l’ensemble de la séquence.  

 

Spaciba Bolchoï, monsieur Mihaileanu !

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le Camarade Ludovikov  

 

La Fiche Technique : 

LE CONCERT  

Réalisé par Radu MIHAILEANU   Scénario de Radu MIHAILEANU, Alain-Michel BLANC et Matthew ROBBINS  

Avec : Aleksei GUSKOV (Andreï Filipov), Dmitri NAZAROV (Sacha Grossman), Mélanie LAURENT (Anne-Marie Jacquet), François BERLEAND (Olivier Morne Duplessis), MIOU-MIOU (Guylène de La Rivière), Valeri BARINOV (Ivan Gavrilov), Lionel ABELANSKI (Jean-Paul Carrère), Anna KAMENKOVA (Irina Filipova), Alexander KOMISSAROV (Victor Vikitch), Ramzy BEDIA (le Patron du Trou Normand), Guillaume GALLIENNE (le Critique)  

Produit par Alain ATTAL, Valerio De PAOLIS, André LOGIE, Bogdan MONCEAU et Vlad PAUNESCU (Oï Oï Oï Productions / Les Productions du Trésor / France 3 Cinéma / Europa Corp. / Castel Film Romania / RTBF / BIM Distribuzione / Canal+ / France 3 / Eurimages / Région Île-de-France / Belgacom TV / Tax Shelter ING Invest de Tax Shelter Productions / Le Fonds d’Action de la Sacem)  

Musique Armand AMAR   Photo Laurent DAILLAND   Montage Ludovic TROCH   Casting Gigi AKOKA et Hervé JAKUBOWICZ  

Décors Christian NICULESCU et Stanislas REYDELLET   Direction Artistique Vlad ROSEANU   Costumes Viorica PETROVICI et Maira RAMEDHAN LÉVY  

1er Assistant Réalisateur Olivier JACQUET

Mixage Son Bruno TARRIERE   Montage Son Selim AZZAZI  

Distribution BELGIQUE : Cinéart / Distribution FRANCE : EuropaCorp. Distribution / Distribution ITALIE : BIM Distribuzione / Distribution ROUMANIE : —-  

Durée : 1 heure 59

In Memoriam : Karl Malden (1912-2009)

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Karl MALDEN (1912-2009)  

Curieux tour que le Destin vient de jouer une nouvelle fois. Deux célèbres natifs de la même ville de Gary, dans l’Indiana, viennent de s’éteindre à une semaine d’intervalle. Ils ont été applaudis et salués chacun à leur façon au long de leur carrières respectives… et pourtant, à y regarder de plus près, ces deux hommes semblent avoir incarné les deux facettes opposées du redoutable monde du show-business à l’américaine…  

L’un est mort à 50 ans dans des circonstances suspectes, l’autre s’est éteint paisiblement à l’âge canonique de 97 ans. L’un n’était qu’un bébé quand l’autre était déjà un professionnel respecté. La mort de l’un a fait le tour du monde entier en quelques minutes, et fait l’objet d’un matraquage médiatique démesuré, la mort de l’autre a été annoncée avec une sobriété égale à celle de sa carrière exemplaire. L’un a acquis très jeune, très (trop) tôt une gloire et une richesse planétaires, l’autre est resté d’une sage discrétion même au sommet de sa carrière, acquise par un travail de longue haleine. L’un était un dangereux obsédé de la chirurgie esthétique, au point de finir par ressembler à un zombie tout droit sorti de son plus célèbre clip, l’autre a su jouer à merveille d’une gueule reconnaissable entre toutes par un nez proéminent, sans doute le plus beau « pif » du cinéma américain, qu’il n’a jamais retouché. L’un a eu des mœurs plus que douteuses, pour ne pas dire pire (étrange comme on « pardonne » vite aux pédophiles, quand ils sont riches et célèbres…), quand l’autre est resté marié plus de 70 années et n‘a jamais créé le scandale.

L’un, vous vous en doutez, s’appelait Michael Jackson ; mais c’est l’autre qui nous intéresse aujourd’hui. il s’appelait Karl Malden.  

Le doyen des grands acteurs américains vient de nous quitter ce mercredi 1er juillet, dans son domicile de Brentwood à Los Angeles. Si Malden ne fut jamais à proprement parler une star, ni même un habitué des premiers rôles, ses 60 ans de carrière, riche en personnages mémorables, méritaient bien un hommage affectueux et un petit rappel de son parcours. J’en profite pour signaler que je parlerai surtout de ses films les plus mémorables – du moins ceux que j’ai pu voir au hasard de nombreuses diffusions. Vous trouverez la liste complète de la filmographie bien fournie de Karl Malden en fin de texte.  

Il s’appelait en réalité Mladen George Sekulovich. L’aîné de trois frères, il est né le 22 mars 1912 à Gary, d’une maman couturière tchèque, Minnie, et d’un papa serbe, Peter Sekulovich, à la fois ouvrier d’aciérie et laitier. Le petit Mladen sait parler le serbe avant même de savoir parler anglais à la maternelle, et, grâce à ses parents, s’intéressera très vite aux arts. Peter, maître de chorale à l’église locale, aime organiser des pièces jouées en Serbe, souvent basées sur les racines yougoslaves de sa famille – aidé par Minnie et Mladen, qui fait ainsi ses premiers pas en tant qu’acteur dans sa communauté. En grandissant, Mladen est un élève populaire ; vedette de l’équipe de basket-ball, il se serait cassé deux fois le nez en jouant… ce nez, que dis-je, ce roc, ce cap, cette péninsule qui prendra donc cette célèbre forme bulbeuse, si reconnaissable par la suite !  

Le jeune homme continue à s’intéresser à l’art dramatique, jouant les productions de son lycée. Diplômé de la Emerson High School en 1931, Mladen Sekulovich ne peut décrocher une bourse d’études en athlétisme, et doit travailler durant trois années difficiles (on est en pleine Grande Dépression) dans les aciéries de Gary, tout comme son père. À 22 ans, il change son nom pour devenir « Karl Malden », choisissant son prénom de scène en hommage à son grand-père. Ceci parce que la toute première compagnie théâtrale dans laquelle il fut engagé voulait raccourcir son nom sur les affiches. Une décision qu’il regretta paraît-il par la suite, étant très fier de ses racines serbes… au point d’y faire souvent allusion des années après, dans les scénarii de nombre de ses films. Par exemple, cette réplique dans PATTON : « Passez-moi ce casque, Sekulovich ! ».   Durant cette période, Karl Malden rejoindra la Goodman School de Chicago, puis, détenteur d’une bourse d’études, diplômé du Chicago Art Institute en 1937, il emménagera à New York avec sa fiancée, l’actrice Mona Greenberg, qu’il épousera l‘année suivante. Ils resteront mariés jusqu’à son décès, 71 années plus tard. Karl Malden fait ses débuts à Broadway, enchaînant du travail à la radio et au théâtre. En 1940, Malden jouera son tout premier rôle au cinéma : celui d’un personnage secondaire nommé Red, dans le drame THEY KNEW WHAT THEY WANTED de Garson Kanin, avec Carole Lombard et Charles Laughton. À la même époque, Karl Malden rejoint une prometteuse compagnie théâtrale new-yorkaise, le Group Theatre, et commence à jouer plusieurs pièces sous la direction d’un jeune metteur en scène de grand talent, un certain Elia Kazan, avec qui il se lie d’amitié. Les Etats-Unis entrant dans la 2e Guerre Mondiale fin 1941, Malden doit mettre sa carrière d’acteur entre parenthèses, pour servir son pays en tant que sous-officier des United States Army Air Forces. Durant son service, en 1943, il joue dans un film de George Cukor, WINGED VICTORY. Malden reprend sa carrière sitôt la guerre finie, retrouvant Elia Kazan et le Group Theatre, devenant de ce fait un des premiers grands noms de l’Actor’s Studio qui va former une pépinière de talents pour les décennies à venir. Dont un certain Marlon Brando, avec qui Malden joue la pièce TRUCKLINE CAFÉ de Maxwell Anderson, et qu’il retrouvera au cinéma dans plusieurs films mémorables. Grâce à ses succès dans les pièces ALL MY SONS d’Arthur Miller ou UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR de Tennessee Williams, Malden attire l‘attention des studios de cinéma, avec son physique atypique, et sa forte présence lui permettant aussi bien d‘incarner des personnages sympathiques que des brutes, ou des personnages ambigus. 1947 est l’année de ses véritables débuts au cinéma, sous l’égide de deux cinéastes qui seront ses réalisateurs attitrés durant les deux décennies suivantes. Henry Hathaway lui donne sa chance dans deux films, 13 RUE MADELEINE et surtout KISS OF DEATH / Le Carrefour de la Mort, où il joue un policier croisant Richard Widmark, l‘un de ses partenaires préférés à l‘écran. Cette même année, Elia Kazan lui donne aussi le rôle non crédité d’un policier dans un autre classique du film noir, BOOMERANG. Ce sont ses tout premiers rôles de policiers, un métier qu’il a interprété un grand nombre de fois à l’écran – son autorité naturelle le prédisposant aussi à jouer des personnages solides de militaires, docteurs et prêtres, comme on le verra par la suite.  

Sa carrière au cinéma décolle vraiment en 1951, où il retrouve Elia Kazan, Marlon Brando et l’univers de Tennessee Williams. En 1951, UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR fait sensation. Si Brando et son t-shirt déchiré font sensation, de même que Vivien Leigh, Malden fait mieux que se défendre dans le rôle de Harold « Mitch » Mitchell, le meilleur ami de Stanley Kowalski (Brando). Mitch, un brave type malheureux en amour, courtise la belle Blanche Dubois (Leigh), et qui apprend l’histoire du décès de son mari dans la scène ci-dessous… L’interprétation touchante de Malden lui vaut de remporter l’Oscar du Meilleur Acteur dans un 2e Rôle en 1952.  

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Après ce succès, les propositions des réalisateurs prestigieux affluent. Alfred Hitchcock lui confie le rôle du suspicieux Inspecteur Larrue qui se méfie du prêtre tourmenté joué par Montgomery Clift, dans le passable thriller I CONFESS / La Loi du Silence, en 1953. Cette même année, Malden joue un sympathique sergent, Laverne Holt, dans le film de Richard Brooks TAKE THE HIGH GROUND ! / Sergent la Terreur, où il est le parfait contrepoint du redoutable sergent instructeur joué par Richard Widmark. Elia Kazan lui confie deux superbes rôles dans les deux années qui vont suivre : dans SUR LES QUAIS (1954), Malden décroche une nomination à l’Oscar du Meilleur Acteur dans un 2e Rôle, pour son interprétation irréprochable du Père Barry Corrigan. Un prêtre sympathisant des dockers malmenés par les gangsters de Lee J. Cobb et Rod Steiger, et qui ose leur tenir tête dans une scène magnifique dans la cale d’un navire (ci-dessous). Corrigan est aussi l’homme qui donne une leçon de dignité à Terry Malloy, l’ex-boxeur devenu indic (fantastique Marlon Brando, récompensé de son premier Oscar), et le pousse à se révolter, contre les caïds menés par Cobb.

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BABY DOLL, tourné en 1955, est une nouvelle association réussie pour Malden et Elia Kazan. Ce drame un peu pesant de Tennessee Williams (le climat étouffant du vieux Sud, sans doute) donne à Malden l’occasion de briller dans le rôle d’Archie Lee Meighan, descendant fruste, déchu d’une famille d’aristocrates sudistes, qui n’en peut plus de devoir attendre la nuit de noces avec sa jeune épouse, la ravissante femme-enfant Baby Doll jouée par Carroll Baker. Il faut dire qu’elle le nargue bien en retardant le plus possible la nuit fatidique, suçant sensuellement son pouce en dormant dans un lit trop petit pour elle, sous le regard voyeur d’Archie ! D‘autant plus que la belle se laisse approcher par un rival en affaires, un Italien libidineux joué par Eli Wallach… Pour son rôle, Malden est nommé au Golden Globe du Meilleur Acteur.  

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Ci-dessus : la bande-annonce de BABY DOLL.

 

Karl Malden continuera d’incarner des personnages mémorables dans les années 60. Il campe ainsi un vilain grandiose, Dad Longworth, dans le western culte ONE-EYED JACKS / La Vengeance aux Deux Visages (1961), signé de Marlon Brando. Dans la peau de Longworth, un ancien repris de justice devenu homme de loi, Malden fait subir un sale quart d’heure à son partenaire du TRAMWAY et de SUR LES QUAIS…  La bande-annonce d’époque, ci-dessous. 

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L’acteur campe par la suite en 1962 Harvey Shoemaker, le sévère directeur de prison de BIRDMAN OF ALCATRAZ / Le Prisonnier d’Alcatraz, très bon film carcéral de John Frankenheimer avec Burt Lancaster dans un de ses grands rôles. Il retrouve Henry Hathaway cette même année pour son western à grand spectacle, tourné en Cinérama, LA CONQUÊTE DE L’OUEST (1962), où il campe le patriarche Zebulon Prescott, qui connaît une fin tragique dans les rapides d‘une rivière déchaînée, laissant orphelines ses deux filles jouées par Debbie Reynolds et Carroll Baker, sa chère Baby Doll. 

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Malden retrouve Richard Widmark et Carroll Baker dans le superbe western de John Ford, CHEYENNE AUTUMN / Les Cheyennes, en 1964. Dans cet hommage tragique aux Indiens d’Amérique, forcés à l’exil et pourchassés par l’Armée, Malden interprète le Capitaine Oskar Wessels, un officier d’origine allemande, forcé d’appliquer à la lettre des ordres criminels, vouant les Cheyennes à l’extinction. La bande-annonce ci-dessus.   

    

L’année suivante, Malden interprète un autre personnage en proie à un grade dilemme moral : Shooter, le croupier de poker, ami du KID DE CINCINNATI, alias Steve McQueen. On serait tenté de dire que dans ce bijou du film de poker, il y a Malden dans les cartes… et effectivement, l’acteur incarne un homme intègre qui, malheureusement pour lui, se fait corrompre par le tricheur Slade (Rip Torn), à la veille du grand tournoi opposant McQueen, Torn et de prestigieux opposants, dont Edward G. Robinson. Malden retrouve Steve McQueen dans un autre très grand western, NEVADA SMITH (1966) de Henry Hathaway. Malden y joue Tom Fitch, un personnage détestable et un beau « méchant » de western, qui a eu le tort de massacrer les parents adoptifs de Max Sand, alias McQueen. Lequel est bien décidé à se venger, en gagnant la confiance du criminel méfiant joué par Malden… Un extrait, ci-dessous, sous-titré en danois.

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À la fin de cette décennie, Karl Malden brille encore une fois dans le rôle historique du Général Omar N. Bradley, sage et pragmatique officier américain, dans le triomphateur PATTON (1970) de Franklin J. Schaffner. Malden y est une nouvelle fois parfait, en second rôle face à l’explosif George C. Scott. Ce dernier décroche l’Oscar du Meilleur Acteur, mérité pour sa prestation dans le rôle du Général Patton, ce fou de guerre mégalomane, poète guerrier et paranoïaque complet. Le tempérament belliqueux de Patton/Scott est parfaitement équilibré par le personnage pondéré de Bradley, qui vient tempérer les excès de son partenaire. Malden a notamment droit à une grande scène, où Bradley perd son calme légendaire et engueule vertement Patton en plein champ de bataille pour le remettre à sa place : « Je ne t’ai pas choisi, George ! Ike t’a choisi ! Parfaitement ! … Je t’aime bien George, tu es le meilleur commandant en chef, mais tu ne sais jamais quand tu dois fermer ta gueule ! Tu es un véritable emmerdeur !!! ». Et le colérique Patton de se calmer aussitôt !  

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ci-dessus : la bande-annonce de PATTON.    

Au tournant des années 70, Karl Malden va raréfier ses apparitions au cinéma. En 1971, on le verra en reporter retraité aveugle, dans le giallo culte de Dario Argento, et en patron de ranch dans le beau western de Blake Edwards, WILD ROVERS / Deux Hommes dans l’Ouest, avec William Holden et Ryan O’Neal en vedette. La suite est connue des fans de séries policières télévisées : de 1972 à 1977, Karl Malden jouera le Lieutenant Mike Stone, dans les 120 épisodes des RUES DE SAN FRANCISCO, où il a pour partenaire un juvénile Michael Douglas. Pour son interprétation comme toujours irréprochable, Malden sera nommé au Golden Globe du Meilleur Acteur de Télévision en 1976, et nommé quatre fois aux Emmy Awards, de 1974 à 1977.  

Avec l’âge, Malden diminuera certes ses apparitions mais restera toujours actif et professionnel jusqu’au bout du nez (désolé…), dans des productions de moindre envergure et de nombreux téléfilms. Sa dernière apparition au cinéma remonte à 1987, avec le drame CINGLÉE de Martin Ritt, où rôle il joue le rôle d’Arthur Kirk face à Barbra Streisand et Richard Dreyfuss. Finalement, Mr Malden, sortira de sa retraite, pour finir sa carrière en beauté, sur une dernière grande performance en 2000, dans l’épisode de THE WEST WING / A la Maison Blanche : TAKE THIS SABBATH DAY. Dans le rôle du Père Thomas Cavanaugh, Malden, âgé de 88 ans, donne une belle leçon à Martin Sheen, comme le prouve l‘extrait ci-dessous, sa dernière grande scène.

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Pour ceux qui comprendraient mal l’anglais, une traduction succincte : Cavanaugh (Malden) dit au Président Bartlett (Sheen) qu’il lui rappelle un homme, des années auparavant, très croyant et pieux, qui refusait d’évacuer sa maison alors qu’une crue allait l’engloutir. Un bulletin radio, un sauveteur en canot et un pilote d’hélicoptère viennent tour à tour l’avertir du danger, et lui offrent une chance de s’en aller sain et sauf. L’homme refuse à chaque fois, persuadé que Dieu l’aime et le sauvera. L’homme meurt noyé. Arrivé au Paradis, l’homme demande à parler à Dieu. « Je croyais que Tu m’aimais, pourquoi ne m’as-Tu pas sauvé ? » Et Dieu de répondre : « Je t’ai envoyé un bulletin d’alerte, un sauveteur en canot et un hélicoptère. Merde, mais qu’est-ce que tu fous ici ? » 

Toute ressemblance entre ce personnage et celui joué par Malden dans SUR LES QUAIS n’est pas fortuite. Après le tournage du film de Kazan, le vénérable comédien avait gardé la bible du Père Barry Corrigan et l’utilisa pour cet épisode, son ultime prestation d’acteur !  

Merci, Mr. Malden, pour tous ces souvenirs du grand et du petit écran. 

Filmographie complète de Karl Malden :

1940

THEY KNEW WHAT THEY WANTED, de Garson Kanin, avec Carole Lombard et Charles Laughton – rôle de Red

1944

WINGED VICTORY, de George Cukor, avec Edmond O’Brien, Red Buttons et Lee J. Cobb – rôle d’Adams

1947

13 RUE MADELEINE, de Henry Hathaway, avec James Cagney – rôle d‘un instructeur parachutiste (NC)

BOOMERANG, d’Elia Kazan, avec Dana Andrews – rôle de l’Inspecteur White (NC)

KISS OF DEATH / Le Carrefour de la Mort, de Henry Hathaway, avec Victor Mature et Richard Widmark – rôle du Sergent William Cullen

1948

Télévision : THE FORD THEATRE HOUR :

LITTLE WOMEN, adaptation des QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARCH, de Carl Beer, avec Kim Hunter – rôle non indiqué

1950

THE GUNFIGHTER / L’Homme au Revolver, de Henry King, avec Gregory Peck – rôle de Mac

WHERE THE SIDEWALK ENDS / Mark Dixon Détective, d’Otto Preminger, avec Dana Andrews et Gene Tierney – rôle de l’Inspecteur Thomas

HALLS OF MONTEZUMA / Okinawa, de Lewis Milestone, avec Richard Widmark et Jack Palance – rôle de Doc Jones

Télévision : ARMSTRONG CIRCLE THEATRE, de William Corrigan et John Fitchen : NOMMÉ BUT LOVE – rôle non indiqué

1951

UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR d’Elia Kazan, avec Marlon Brando, Vivien Leigh et Kim Hunter – rôle de Harold « Mitch » Mitchell.

Oscar du Meilleur Acteur dans un 2e Rôle.

1952

THE SELLOUT, de Gerald Mayer, avec Walter Pidgeon – rôle du Capitaine Buck Maxwell

COURRIER DIPLOMATIQUE, de Henry Hathaway, avec Tyrone Power – rôle du Sergent Ernie Guelvada.

OPERATION SECRET, de Lewis Seiler, avec Cornel Wilde – rôle du Major Latrec

RUBY GENTRY, de King Vidor, avec Jennifer Jones et Charlton Heston – rôle de Jim Gentry

1953

I CONFESS / La Loi du Silence, d’Alfred Hitchcock, avec Montgomery Clift et Anne Baxter – rôle de l’Inspecteur Larrue

TAKE THE HIGH GROUND ! / Sergent la Terreur, de Richard Brooks, avec Richard Widmark – rôle du Sergent Laverne Holt

1954

LE FANTÔME DE LA RUE MORGUE, de Roy Del Ruth, avec Claude Dauphin – rôle du Docteur Marais

SUR LES QUAIS, d’Elia Kazan, avec Marlon Brando, Eva Marie Saint, Lee J. Cobb et Rod Steiger – rôle du Père Barry Corrigan. Nommé à l’Oscar du Meilleur Acteur dans un 2e Rôle.

1955

Télévision : OMNIBUS : reprise de UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR, de Michael Ritchie, toujours avec Marlon Brando et Kim Hunter, et Jessica Tandy dans le rôle de Blanche. Malden reprend le rôle de Mitch.

1956

BABY DOLL d’Elia Kazan, avec Carroll Baker et Eli Wallach – rôle d’Archie Lee Meighan. Nommé au Golden Globe du Meilleur Acteur.

1957

FEAR STRIKES OUT / Prisonnier de la Peur, de Robert Mulligan, avec Anthony Perkins – rôle de John Piersall

Karl Malden réalise cette année-là le film TIME LIMIT / La Chute des Héros, avec Richard Widmark. Il fait une apparition non créditée dans le rôle d’un prisonnier de guerre.

BOMBARDIER B-52, de Gordon Douglas, avec Natalie Wood – rôle du Sergent Chuck V. Brennan

1959

THE HANGING TREE, de Delmer Daves, avec Gary Cooper, Maria Schell et George C. Scott – rôle de Frenchy Plante. Malden termine le tournage du film en remplacement de Daves.

1960

POLLYANNA, de David Swift, production Walt Disney, avec Jane Wyman, Hayley Mills, Adolphe Menjou et Agnes Moorehead – rôle du Révérend Paul Ford

1961

THE GREAT IMPOSTOR / Le Roi des Imposteurs, de Robert Mulligan, avec Tony Curtis – rôle du Père Devlin

ONE-EYED JACKS / La Vengeance aux Deux Visages, de et avec Marlon Brando, et avec Katy Jurado, Ben Johnson et Slim Pickens – rôle du Shérif Dad Longworth

PARRISH / La Soif de la Jeunesse, de Delmer Daves, avec Claudette Colbert et Troy Donahue – rôle de Judd Raike

1962

ALL FALL DOWN / L’Ange de la Violence, de John Frankenheimer, avec Eva Marie Saint, Warren Beatty et Angela Lansbury – rôle de Ralph Willart

NOMMÉ OF ALCATRAZ / Le Prisonnier d’Alcatraz, de John Frankenheimer, avec Burt Lancaster – rôle de Harvey Shoemaker

LA CONQUÊTE DE L’OUEST, le segment « Les Rivières » réalisé par Henry Hathaway, avec James Stewart, Debbie Reynolds, Carroll Baker, Agnes Moorehead et Walter Brennan – rôle de Zebulon Prescott

GYPSY / Gypsy, Vénus de Broadway, de Mervyn LeRoy, avec Natalie Wood et Rosalind Russell – rôle de Herbie Sommers. Deuxième nomination au Golden Globe du Meilleur Acteur.

Pour l’anecdote : Karl Malden chante et danse aux côtés de Rosalind Russell et Natalie Wood, mais ses deux chansons, « Together Wherever We Go » et « You’ll Never Get Away From Me », seront supprimées au montage…  

1963

COME FLY WITH ME de Henry Levin – rôle de Walter Lucas. Pour l’anecdote, ce film sur trois charmantes hôtesses de l’air a inspiré à Steven Spielberg une scène grandiose d’ARRÊTE-MOI SI TU PEUX. Vérifiez en tapant une recherche sur ImdB.com !

1964

DEAD RINGER / La Mort Frappe Trois Fois, de Paul Henreid, avec Bette Davis – rôle du Sergent Jim Hobbson

CHEYENNE AUTUMN / Les Cheyennes, de John Ford, avec Richard Widmark, Carroll Baker, Sal Mineo, Dolores Del Rio, Ricardo Montalban, Edward G. Robinson, John Carradine et James Stewart – rôle du Capitaine Oskar Wessels

1965

LE KID DE CINCINNATI, de Norman Jewison, avec Steve McQueen, Edward G. Robinson, Ann-Margret, Rip Torn, Tuesday Weld, Joan Blondell et Cab Calloway – rôle de Shooter

1966

NEVADA SMITH, de Henry Hathaway, avec Steve McQueen, Suzanne Pleshette, Arthur Kennedy et Martin Landau – rôle de Tom Fitch

MURDERER’S ROW / Bien Joué Matt Helm, de Henry Levin, avec Dean Martin et Ann-Margret – rôle de Julian Wall

1967

HOTEL / Hôtel Saint-Gregory, de Richard Quine, avec Rod Taylor, Catherine Spaak, Melvyn Douglas et Merle Oberon – rôle de Keycase

THE ADVENTURES OF BULLWHIP GRIFFIN / L’Honorable Griffin, de James Neilson, avec Roddy McDowall et Suzanne Pleshette – rôle du Juge Higgins

UN CERVEAU D’UN MILLIARD DE DOLLARS, de Ken Russell, avec Michael Caine et Françoise Dorléac – rôle de Leo Newbigen

1968

BLUE, de Silvio Narizzano et ( NC ) Yakima Canutt, avec Terence Stamp et Ricardo Montalban – rôle de Doc Morton

CHAUDS, LES MILLIONS, d’Eric Till, avec Peter Ustinov et Maggie Smith – rôle de Carlton J. Klemper

1970

PATTON, de Franklin J. Schaffner, avec George C. Scott – rôle du Général Omar N. Bradley

1971

LE CHAT A NEUF QUEUES de Dario Argento, avec Catherine Spaak – rôle de Franco Arno

WILD ROVERS / Deux Hommes dans l’Ouest, avec William Holden et Ryan O’Neal – rôle de Walter Buckman

1972

UN VERANO PARA MATAR / Meurtres au Soleil, d’Antonio Isasi-Isasmendi – rôle du Capitaine John Kiley

de 1972 à 1977 :

la série télévisée LES RUES DE SAN FRANCISCO, de Dennis Donnelly et Theodore J. Flicker, avec Michael Douglas – rôle du Lieutenant Mike Stone. Nommé au Golden Globe du Meilleur Acteur de Télévision en 1976, et nommé quatre fois aux Emmy Awards, de 1974 à 1977.

1977

Téléfilm : CAPITAINES COURAGEUX, de Harvey Hart, avec Ricardo Montalban – rôle de Disko Troop

1979

BEYOND THE POSEIDON ADVENTURE / Le Dernier Secret du Poséidon, d’Irwin Allen, avec Michael Caine, Sally Field, Telly Savalas et Slim Pickens – rôle de Wilbur Hubbard

MÉTÉORE, de Ronald Neame, avec Sean Connery, Natalie Wood, Martin Landau, Trevor Howard et Henry Fonda – rôle de Harry Sherwood

1980

Télévision : pilote et série télévisée SKAG – rôle de Pete « Skag » Skagska

1981

Téléfilm WORD OF HONOR de Mel Damski, avec John Malkovich – rôle de Mike McNeill

Téléfilm MIRACLE ON ICE de Steven Hilliard Stern – rôle de Herb Brooks

1982

TWILIGHT TIME, de Goran Paskaljevic – rôle de Marko Sekulovic (!)

1983

L’ARNAQUE 2, de Jeremy Kagan, avec Jackie Gleason, Teri Garr et Oliver Reed – rôle de Gus Macalinski

1984

Téléfilm WITH INTENT TO KILL, de Mike Robe, avec Holly Hunter – rôle de Thomas E. Nolan

Téléfilm FATAL VISION, de David Greene, avec Eva Marie Saint – rôle de Freddy Kassab. Emmy Award du Meilleur Acteur dans un 2e Rôle dans une Série ou un Téléfilm, en 1984.

1985

Téléfilm ALICE AU PAYS DES MERVEILLES, de Harry Harris, avec Red Buttons, Donald O’Connor, Shelley Winters, Sammy Davis Jr., Telly Savalas, Roddy McDowall et Ringo Starr ! – rôle du Morse

1986

BILLY GALVIN, de John Gray – rôle de Jack Galvin

1987

CINGLÉE, de Martin Ritt, avec Barbra Streisand, Richard Dreyfuss et Eli Wallach – rôle d’Arthur Kirk

1988

Téléfilm MY FATHER, MY SON / La Mort à Retardement, de Jeff Bleckner, avec Keith Carradine – rôle d’Elmo Zumwalt Jr.

1989

Téléfilm THE HIJACKING OF THE ACHILLE LAURO, de Robert E. Collins, avec Lee Grant – rôle de Leon Klinghoffer

1990

Téléfilm CALL ME ANNA, de Gilbert Cates, avec Patty Duke – rôle du Docteur Harold Arlen

1991

Téléfilm ABSOLUTE STRANGERS, de Gilbert Cates, avec Patty Duke – rôle de Fred Zusselman

1992

Téléfilm BACK TO THE STREETS OF SAN FRANCISCO, de Mel Damski – Karl Malden reprend son rôle de Mike Stone, quinze ans après la fin de la série.

1993

Téléfilm THEY’VE TAKEN OUR CHILDREN : THE CHOWCHILLA KIDNAPPING, de Vern Gillum, avec Julie Harris – rôle d’Ed Ray

2000

la série télévisée THE WEST WING / A la Maison Blanche, créée par Aaron Sorkin : épisode 14 de la 1e saison, TAKE THIS SABBATH DAY, avec Martin Sheen, Rob Lowe et Moira Kelly – rôle du Père Thomas Cavanaugh.

 

Autres récompenses obtenues par Karl Malden :

Bambi Award en 1979.

Golden Boot Award en 1997.

Lifetime Achievement Award en 1998 au Festival International du Film de Temecula Valley.

Prix Mary Pickford en 2002 aux Satellite Awards.

Life Achievement Award en 2004 aux Screen Actors Guild Awards. Étoile sur le Walk of Fame au 6231 Hollywood Blvd.

Le retour de l’Expérience Ultime de l’Horreur Épuisante ! – JUSQU’EN ENFER

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DRAG ME TO HELL / Jusqu’en Enfer, de Sam Raimi  

L’Histoire :  

Pasadena en Californie, 1969. Une médium, Shaun San Dena, tente de sauver la vie et l‘âme d‘un jeune garçon, tourmenté par des hallucinations terrifiantes depuis qu‘il a volé un collier à des Gitans. Hélas, Shaun et les parents du garçon ne peuvent empêcher l‘enfant de connaître un destin terrifiant…  

De nos jours. Christine Brown travaille dans une banque de crédit immobilier. Toujours aimable et souriante avec ses clients, Christine espère gagner une promotion imminente, synonyme de meilleur salaire et d’ascension sociale. Mais elle apprend que son patron, Mr. Jacks, la met en concurrence avec un nouveau venu arriviste, Stu Rubin. Christine risque de voir ses chances professionnelles s’envoler si elle continue de se montrer trop gentille avec la clientèle. Un jour, une vieille gitane, Silvia Ganush, vient lui réclamer une troisième prolongation de prêt pour sa maison, alors qu‘elle n‘a pas remboursé les deux premiers, et risque donc d‘être mise à la rue. Hésitante devant ses supplications, Christine décide finalement de lui refuser le prêt. Furieuse, Madame Ganush est finalement expulsée par la sécurité après avoir menacé Christine.

Les chances professionnelles de celle-ci s‘améliorent après l’incident, mais Christine est loin de se douter de ce qui l’attend… La vieille gitane est très rancunière. Elle l’agresse le soir même, et, après une lutte violente, lui lance une malédiction puis s‘enfuit. La police recueille le témoignage de Christine, et son petit ami, Clay Dalton, vient la réconforter. Passant devant la boutique d’un diseur de bonne aventure, Rham Jas, Christine décide de le consulter, pour se rassurer, malgré les objections de Clay. Mais Rham est effrayé par la découverte de la malédiction qui plane désormais sur Christine, et la rembourse immédiatement. Ce soir-là, alors qu’elle prépare un important contrat bancaire pour le lendemain, la jeune femme est attaquée chez elle par une entité invisible. En dépit des efforts de Clay pour la réconforter, Christine fait un cauchemar où Madame Ganush vient de nouveau l’agresser. Rham Jas lui apprend peu après qu’elle est victime d’une terrifiante malédiction gitane : un démon, le Lamia, va venir la tourmenter pendant trois jours avant de l’emporter en Enfer pour l’Éternité. La malédiction peut cependant être levée si Christine accepte d’apaiser le jeteur du sort : Madame Ganush, qu’elle décide d’aller voir immédiatement pour lui faire ses plus sincères excuses. Hélas ! La vieille sorcière vient de mourir, laissant Christine aux prises avec l’inéluctable malédiction…  

La Critique :  

On craignait de l’avoir quelque peu perdu dans les méandres des super-productions Marvel, mais Sam Raimi demeure finalement un grand incorrigible. Réalisateur heureux de la trilogie à succès SPIDER-MAN, l’ami Sam avait quelque peu déçu ses fans de la première heure avec le troisième volet des exploits du super-héros arachnéen. Certes, SPIDER-MAN 3 terminait en beauté la série (en attendant le retour de Raimi aux manettes d’un quatrième opus en préparation), un vrai rêve d’amoureux des comics magistralement mis en images, mais le film donnait l’impression que Raimi était souvent encombré par l’obligation de gérer un budget ahurissant (258 millions de dollars !), et d’accepter les exigences des cadres de Marvel pour placer le vilain Venom, un personnage qu’il n’appréciait pas, dans un scénario déjà lourdement chargé. Un poil trop long et bien plus désillusionné que ses deux prédécesseurs, SPIDER-MAN 3 sonnait comme un constat désenchanté de la part de Raimi envers son personnage fétiche, et décevait une bonne partie du public. Pour certains, le turbulent Sam était en train de se faire engloutir tout cru par l’impitoyable système hollywoodien… 

Mais le réalisateur venu du Michigan, formé à l’école du « cinéma système D », devait bien sentir qu’il lui fallait revenir à ses racines. À savoir de se tourner vers une production à petit budget, dans le genre qui l’a consacré en 1982, avec son désormais classique EVIL DEAD : le film d’horreur comique totalement décomplexé. Retour aux sources parfaitement négocié avec ce DRAG ME TO HELL, titré chez nous Jusqu’en Enfer, un petit film tonique, tout en trouille et en rires, une nouvelle Expérience Ultime de l’Horreur Épuisante, pour reprendre le sous-titre original de la trilogie EVIL DEAD !  

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Ci-dessus : la bande-annonce qui fait peur !  

 

DRAG ME TO HELL est donc tout à fait dans l’esprit des thèmes et codes familiers de la première trilogie « raimienne ». Dès les premières minutes, passée l’apparition du logo classique de la Universal (nous replongeant du coup à la fin des années 70, l’époque où le jeune réalisateur faisait ses premiers films amateurs) et une séquence pré-générique déjà bien énervée, les nostalgiques d’EVIL DEAD se retrouvent en terrain familier : le déchaînement des violons stridents de la musique de Christopher Young les renvoient, sur un mode symphonique des plus somptueux, au thème musical de Joseph Lo Duca et à l’univers sonore d’EVIL DEAD. On y croisera, comme c’est la coutume chez Raimi, sa voiture fétiche : l’Oldsmobile Delta 88 « Classic » présente dans tous ses films (à l’exception bien sûr de son western THE QUICK AND THE DEAD / Mort ou Vif ), qui participe à sa façon à la mise en place angoissante des mésaventures de la pauvre Christine Brown…

Les connaisseurs du cinéma de Raimi des débuts constateront aussi avec plaisir que le réalisateur délaisse volontairement les techniques d’effets spéciaux perfectionnés pour revenir à un cinéma « fait main », à base de maquillages grimaçants et d’effets « shakycam » comme il les affectionne. Rappelons que ce terme désigne une technique popularisée par les EVIL DEAD : pour simuler les attaques d’une force démoniaque invisible, filmées du point de vue de celle-ci, Raimi et son équipe avaient monté une caméra sur une mobylette traversant l’intégralité de la cabane dans laquelle se réfugiait le héros joué par Bruce Campbell. À l’image, les images ainsi « secouées » (« shaky ») par la caméra avaient le dynamisme d’un dessin animé survolté. On en retrouve dans DRAG ME… quelques traces, notamment dans les scènes où la charmante Alison Lohman est secouée dans les airs par les forces infernales. Les scènes d’attaque de l’affreuse Madame Ganush et les manifestations du démon procèdent des mêmes techniques familières, provoquant ce mélange unique de rire et d’effroi dont Raimi sait jouer à merveille.

À ce titre-là, DRAG ME TO HELL est une réussite. C’est un véritable numéro de train-fantôme où le cinéaste n’hésite pas à pousser physiquement le spectateur à bout, le poussant à subir par le son et l’image l’équivalent des tourments physiques qui s’abattent sur son héroïne. Laquelle, en bonne protagoniste « raimienne », est joyeusement malmenée par son réalisateur qui n’hésite pas à lui faire subir les gags gore les plus burlesques, et les plus dégoûtants, vu le nombre de matières répugnantes qu’elle se prend en plein visage à chaque attaque de la vieille sorcière ! Incorrigible, ce Sam, on vous dit…  

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Ci-dessus : c’est court, mais c’est bon… un extrait de DRAG ME TO HELL qui prouve que Sam Raimi sait toujours faire sursauter le spectateur !    

 

Le film se prête bien au petit jeu des références. Quand il ne fait pas dans l’autocitation de ses premières œuvres, Raimi s’amuse aussi à glisser des allusions assez faciles à percevoir. Grand amateur de burlesque, Raimi cite à nouveau les gags des 3 Stooges. Ce trio de comiques qui sévissait dans les années 30 à 50 est presque totalement inconnu en France, mais bénéficie outre-Atlantique d’un véritable culte – au point même que les frères Farrelly vont les réadapter au goût du jour avec Jim Carrey, Sean Penn et Benicio Del Toro !… Les Stooges, Larry, Curly et Moe représentaient en quelque sorte l’équivalent « plouc » des Marx Brothers, trois imbéciles campagnards passant leur temps à se chamailler et surtout à se brutaliser, à coups de marteaux, scies, et autres objets douloureux assénés sur la tête, les mains et les pieds… Un humour burlesque dont Raimi aura conservé des traces dans ses EVIL DEAD, notamment cette scène d’anthologie du second opus où Bruce Campbell se faisait assommer fracasser des dizaines d’assiettes sur le crâne par sa propre main possédée ! DRAG ME TO HELL n’est pas en reste, notamment quand Christine, attaquée par Madame Ganush, a recours aux grands moyens pour s’en débarrasser : une agrafeuse, et plus tard une enclume, comme dans les cartoons !

Pour rester dans l’ambiance burlesque qui émaille le métrage, Raimi glisse aussi l’extrait en arrière-plan d’un bon vieux western de 1939, DESTRY RIDE AGAIN / Femme ou Démon, de George Marshall. Les connaisseurs reconnaîtront la scène anthologique du crêpage de chignons entre Marlene Dietrich et Una Merkel (reflétant dans le film les bagarres entre Christine et la sorcière). On reconnaîtra aussi dans l’écriture du script une tonalité sardonique héritée des EC Comics, célèbres b.d. d’horreur (LES CONTES DE LA CRYPTE) se concluant toujours sur une chute ironique, synonyme de châtiment horrifique pour le protagoniste principal. Sans vouloir déflorer la fin du film, celui-ci est tout à fait dans le ton de ces comics jadis vilipendés par les censeurs américains.

Plus discrètement, le script rend peut-être aussi et surtout un bel hommage caché à un chef-d’œuvre oublié du cinéma Fantastique : NIGHT OF THE DEMON / Rendez-vous avec la Peur, le film de 1957 de Jacques Tourneur. Le thème du maléfice irrévocable, et certaines des manifestations du Démon, représenté sous sa forme cornue classique (comme dans les peintures de sabbats par Francisco Goya, une autre influence esthétique évidente pour le film de Raimi), semblent en effet tout droit sortis de ce grand film d’angoisse. Sans compter que la dernière scène de DRAG ME TO HELL, située dans une gare, évoque le grand finale du film de Tourneur.  

Mais ces allusions et ces trouvailles techniques ne suffiraient pas à faire un bon film si Sam Raimi n’avait pas décidé d’étoffer quelque peu son script. Le trublion des débuts s’est assagi, sans renier ses premières œuvres. Plus mature, le cinéaste avait déjà su montrer une parfaite aisance à créer des personnages crédibles dans un cadre fantastique, témoin son film avec Cate Blanchett et Keanu Reeves, THE GIFT / Intuitions. Sorti en 2000, THE GIFT mêlait adroitement la chronique sociale réaliste avec des séquences de pur Fantastique. Ce même souci d’ancrer un univers extraordinaire dans un contexte réaliste caractérisait aussi les SPIDER-MAN (n’excluant pas par ailleurs les joyeux excès « à la EVIL DEAD », comme la mémorable scène des tentacules du Docteur Octopus attaquant les chirurgiens dans SPIDER-MAN 2). Même principe ici, sur un mode tout de même bien plus caustique que THE GIFT !

La force de DRAG ME TO HELL vient surtout d’un regard particulièrement cinglant de Raimi, qui passe littéralement à la moulinette la Crise financière bancaire américaine… et en fait l’élément déclencheur des malheurs de sa brave héroïne. Si celle-ci avait fait preuve d’un peu plus de compassion, ou si elle avait eu un employeur moins obsédé par la rentabilité, elle n’aurait pas fait les frais de la colère de la vieille femme démunie ! Et Christine, poussée à bout, envisagera même de se débarrasser de son odieux collègue, via des moyens surnaturels. L’esprit de compétition poussé à son extrême degré « maléfique », en quelque sorte… À ce titre, DRAG ME TO HELL est aussi un commentaire ironique sur le désastre économique américain. Et un commentaire social tout aussi cinglant – dans ce registre, la séquence de présentation de Christine chez ses futurs beaux-parents, guindés et richissimes, est un sommet de drôlerie grinçante.

Raimi excelle d’ailleurs dans la création de personnages issus de milieux modestes, bien éloignés des modèles de « gagnants » imposés traditionnellement par le cinéma américain courant. Par exemple, Ash Williams (Bruce Campbell) est gérant de supermarché, rayon bricolage (EVIL DEAD 3) ; Hank Mitchell (Bill Paxton) épicier (UN PLAN SIMPLE) ; Annie Wilson (Cate Blanchett) est mère au foyer et tireuse de cartes (THE GIFT) ; Peter Parker (Tobey Maguire), étudiant, vient d’une famille modeste et gagne mal sa vie comme photographe (SPIDER-MAN)… Impeccablement campée par la craquante Alison Lohman (qu’on avait vue en fille ado arnaqueuse de Nicolas Cage dans MATCHSTICK MEN / Les Associés, de Ridley Scott, et en petite fiancée d’Ewan McGregor dans BIG FISH de Tim Burton), Christine Brown est un personnage attachant, typique des protagonistes de Sam Raimi. Cette jeune femme peu confiante en elle, complexée par ses origines fermières et des ennuis de santé, demeure crédible de bout en bout, même lorsque les forces surnaturelles se déchaînent contre elle. N’ayant rien à voir avec les sempiternelles bécasses des mauvais films d’horreur, Christine affirme peu à peu son caractère dans la tourmente, sans jamais se départir d’une profonde gentillesse naturelle. Ce qui, au final, lui coûtera très cher ! Car il s’agit après tout d’un film d’horreur, ne l’oubliez pas…    

Très drôle, parfois un rien prévisible, mais souvent effrayant, DRAG ME TO HELL est une « respiration » bienvenue pour Raimi entre deux superproductions, et la garantie d’un retour aux sources survolté !  

Déconseillé à ceux qui aiment les chatons et les chèvres… et à ceux qui détestent les mouches et les vieilles femmes.    

Ma note :  

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Ludiconomicon Ex-Mortis  

la Fiche Technique :  

DRAG ME TO HELL / Jusqu’en Enfer  

Réalisé par Sam RAIMI   Scénario de Sam RAIMI & Ivan RAIMI   Avec : Alison LOHMAN (Christine Brown), Justin LONG (Clay Dalton), Lorna RAVER (Silvia Ganush), Dileep RAO (Rham Jas), David PAYMER (Jim Jacks), Adriana BARRAZA (Shaun San Dena), Chelcie ROSS (Leonard Dalton), Reggie LEE (Stu Rubin), Molly CHEEK (Trudy Dalton), Bojana NOVAKOVIC (Ilenka Ganush)  

Produit par Grant CURTIS, Sam RAIMI, Robert G. TAPERT et Cristen CARR STRUBBE (Ghost House Pictures / Buckaroo Entertainment / Mandate Pictures)   Producteurs Exécutifs Joshua DONEN, Joseph DRAKE et Nathan KAHANE  

Musique Christopher YOUNG   Photo Peter DEMING   Montage Bob MURAWSKI  

Décors Steve SAKLAD   Direction Artistique James F. TRUESDALE   Costumes Isis MUSSENDEN  

1er Assistant Réalisateur Michael J. MOORE   Réalisateurs 2e Équipe Randy BECKMAN et Bruce JONES  

Mixage Son Marti D. HUMPHREY et Chris M. JACOBSON   Montage Son Paul N.J. OTTOSSON et Jussi TEGELMAN   Effets Spéciaux Sonores Paul N.J. OTTOSSON  

Effets Spéciaux Visuels Bruce JONES, Jeppe N. CHRISTENSEN, John GROWER, Jason HOWEY, Aaron KAMINAR et Thomas SCHELESNY (Tippett Studio / ReThink VFX / Michael Kaelin & Associates / i.e. Effects)   Effets Spéciaux de Maquillages Howard BERGER et Gregory NICOTERO (KNB EFX Group)   Effets Spéciaux de Plateau James D. SCHWALM  

Distribution USA : Universal Pictures / Distribution FRANCE : Metropolitan Filmexport  

Durée : 1 heure 39

Kevin Spacey

J’inaugure ici une nouvelle rubrique, une biographie consacrée à une personnalité marquante du cinéma. Histoire de changer un petit peu des hommages aux artistes, acteurs et réalisateurs hélas disparus, évoqués en ces lignes, j‘évoquerai ici le parcours de personnalités toujours de ce monde, et bien actives…  Répondant donc très tardivement à la demande d’une sympathique internaute, je vais tenter de décrire la carrière d’un acteur extrêmement talentueux, Kevin Spacey. 

J’en profite pour dire aux internautes qui liront ces lignes qu’ils peuvent aussi me suggérer d’autres biographies sur les acteurs, actrices, cinéastes, etc. de leur choix. J’essaierai, dans la mesure du possible, d’y répondre de mon mieux. 

Et je vous demande de bien vouloir m’excuser d’avance si certaines informations concernant Mr. Spacey sont erronées ou invérifiables. Comme vous le savez, le Net est une prodigieuse source d‘informations, mais elles ne sont pas forcément très fiables… 

Bonne lecture quand même !  

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Kevin SPACEY  

En l’espace d’une décennie, il a créé quelques-uns des rôles les plus marquants de ces dernières années à l‘écran. Reconnu pour incarner souvent des personnages ambigus et manipulateurs, Kevin Spacey est un comédien complet, capable de passer, d’un rôle à l’autre, du personnage le plus charmeur et sympathique au pire criminel qui soit. Se définissant avant tout comme un homme de théâtre, c’est à cette passion qu’il a consacré sa vie et une grande partie de sa carrière.  

D’une grande discrétion dans sa vie privée, Kevin Spacey, malgré son immense notoriété, n’est pas quelqu’un qui recherche les feux de la rampe à tout prix. Cette volonté de cacher sa vie personnelle aux médias lui a valu certaines rumeurs douteuses sur son célibat de longue date, mais il s’en amuse plus qu‘il ne s‘en vexe. La discrétion de Spacey provient, comme il le dit lui-même en 1998 au London Evening Standard, d’une forte volonté qui marque un grand professionnalisme : « Ce n’est pas que je veuille créer une sorte de mystique à la c.. en gardant le silence sur ma vie personnelle, c’est juste que moins vous en savez sur moi, plus il est facile de vous convaincre que je suis le personnage à l’écran. Cela permet au public d’aller dans une salle de cinéma et de croire que je suis cette personne. »

Pas question donc, pour Kevin Spacey, de livrer sa personne publique aux médias à tout bout de champ, si cela doit nuire à la qualité finale de l’œuvre. Au vu de la qualité globale de ses performances, on ne saurait lui donner tort. Voyons son parcours, en ce beau mois de juin 2009.  

L’acteur est né sous le nom de Kevin Spacey Fowler, le 26 juillet 1959 à South Orange dans le New Jersey. Il est le plus jeune de trois enfants, nés de Thomas Fowler (un écrivain technique) et Kathleen Spacey Fowler (une secrétaire personnelle). Après avoir souvent changé de domicile en raison des contrats professionnels du père, la famille s’établit finalement en Californie du Sud, où le jeune Kevin devient vite un garçon très turbulent. Après avoir mis le feu un jour à la cabane en bois de sa sœur, il sera inscrit par ses parents à l’Académie Militaire Northridge ! Il en sera expulsé quelques mois plus tard, pour avoir, semble-t-il, tapé sur la tête d’un camarade avec un pneu… 

À l’adolescence, Kevin Spacey entre à la Chatsworth High School de la Vallée de San Fernando, où il se découvre des talents d’acteur. Il joue le Capitaine Von Trapp dans une adaptation de THE SOUND OF MUSIC (La Mélodie du Bonheur) avec une jeune camarade, Mare Winningham, elle-même devenue actrice reconnue. Vers cette époque, le jeune Kevin attrape le « virus » du cinéma. Ses héros de cinéma sont : Spencer Tracy, Henry Fonda, James Stewart, Jason Robards, Jack Lemmon et Al Pacino. Il est de plus un excellent imitateur, aimant particulièrement interpréter les voix et les attitudes de James Stewart et de l’animateur de télévision Johnny Carson.  

Un talent dont il donnera bien plus tard un exemple lors de son entretien télévisé à l‘Actor‘s Studio. Voyez plutôt ci-dessous James Lipton interviewer Kevin Spacey, alias James Stewart, Johnny Carson, Katharine Hepburn, Clint Eastwood, John Gielgud, Marlon Brando, Christopher Walken, Al Pacino et Jack Lemmon (désolé pour le son désynchronisé !) :

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Après un bref passage au Los Angeles Valley College, il rejoint le programme d’enseignement de l’art dramatique à Juilliard sur les conseils d’un autre ancien camarade de Chatsworth, Val Kilmer. Mais, pressé de travailler, Kevin Spacey quitte Juilliard sans diplôme après deux ans d’études, et signe au Festival Shakespeare de New York. Son premier engagement professionnel consiste à jouer le rôle d’un messager dans une représentation d’HENRY VI en 1981. Grâce au directeur du festival, Joseph Papp, Spacey fait ses débuts à Broadway dans GHOSTS d’après Henrik Ibsen. Il s’y fait fortement remarquer. Dans la pièce de David Rabe HURLYBURLY, il lui arrivera parfois d’interpréter tous les rôles !  

Le jeune comédien fait en 1986 une rencontre décisive pour la suite de sa carrière : pour jouer la pièce d’Eugene O’Neill LE LONG VOYAGE DANS LA NUIT, il fait la connaissance de l’un de ses héros de l’écran, Jack Lemmon. Ce dernier le prend sous son aile, devenant pour le jeune Spacey un grand ami et un précieux mentor. Spacey dira plus tard que, grâce à l’acteur fétiche de Billy Wilder, il cessera d’être un jeune acteur excessivement ambitieux et possessif, pour s’améliorer et devenir un véritable être humain. Il jouera à maintes reprises aux côtés de Lemmon, au théâtre et au cinéma, et lui dédiera son futur Oscar pour AMERICAN BEAUTY.  

Parallèlement à son travail sur les planches, Spacey fait ses premières apparition sur les écrans de télévision et de cinéma. Ses débuts au cinéma en 1986 sont modestes – Mike Nichols lui donne un petit rôle de voleur dans le métro dans son film HEARTBURN / La Brûlure, dont Meryl Streep et Jack Nicholson sont les vedettes. Nichols se souviendra de l’acteur pour lui confier un second rôle plus important, celui de Bob Speck, dans son film à succès de 1988, WORKING GIRL. En 1987, à la télévision, Spacey débute dans l’épisode SOLO de la série EQUALIZER où il joue le rôle de l’Inspecteur Cole. Sa première interprétation importante à l’écran se fait cette année-là, pour son rôle du Sénateur Rourke dans un épisode de la série policière CRIME STORY : THE SENATOR, THE MOVIE STAR, AND THE MOB. Il joue avec Jack Lemmon dans le téléfilm LONG DAY’S JOURNEY INTO NIGHT de Jonathan Miller, une adaptation filmée de la pièce LE LONG VOYAGE DANS LA NUIT.  

Spacey retrouve Jack Lemmon en 1988 dans le téléfilm THE MURDER OF MARY PHAGAN de William Hale, avec également (entre autres) William H. Macy. Il y joue le rôle de Wes Brent. Au cinéma, outre son rôle dans WORKING GIRL, on peut aussi l’apercevoir dans le film ROCKET GIBRALTAR de Daniel Petrie, avec Burt Lancaster, où il joue le rôle de Dwayne Hanson.  

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Extrait ci-dessus : deux scènes marquantes de Spacey en tant que Mel Profitt dans la série WISEGUY (Un Flic dans la Mafia), face à Vinnie Terranova (Ken Wahl), dans l’épisode FASCINATION FOR THE FLAME.  

Mais c’est le rôle du criminel Mel Profitt qui lui permet de faire parler de lui, dans la série télévisée WISEGUY / Un Flic dans la Mafia, pendant huit épisodes marquants : BLOOD DANCE, SQUEEZE, NOT FOR NOTHING, THE MERCHANT OF DEATH, PLAYER TO BE NAMED NOW, SMOKEY MOUNTAIN REQUIEM, FASCINATION FOR THE FLAME et INDEPENDENT OPERATOR. Profitt est son premier rôle d’une grande galerie de mémorables « vilains » de l’écran, qui feront plus tard sa notoriété…  

Dans les deux années qui suivent, Spacey enchaîne le théâtre et les rôles secondaires au cinéma et à la télévision. En 1989, on peut le voir à la télévision américaine dans l’épisode CLEAN STATE de la série policière UNSUB. Une série si confidentielle que le rôle de Spacey n’est pas précisé ou crédité à ce jour… Au cinéma, il joue le rôle de Kirgo dans la comédie d’Arthur Hiller, SEE NO EVIL, HEAR NO EVIL / Pas nous, pas nous, d’Arthur Hiller, avec Richard Pryor et Gene Wilder. Et il accompagne une nouvelle fois son grand ami Jack Lemmon, qui est la vedette d’un film méconnu de Gary David Goldberg, DAD, produit par le studio Amblin Entertainement de Steven Spielberg. Aux côtés de Ted Danson, Ethan Hawke et James Caan, Spacey tient le rôle de Mario. En 1990, Spacey apparaît dans deux téléfilms : FALL FROM GRACE, de Karen Arthur (rôle de Jim Bakker), et WHEN YOU REMEMBER ME, de Harry Winer, avec Ellen Burstyn (rôle de Wade). Sur grand écran, on peut le voir dans le film de Bruno Barreto, A SHOW OF FORCE / État de Force, avec Amy Irving, Andy Garcia et Robert Duvall, où son personnage se nomme Frank Curtin. Et dans HENRY & JUNE, de Philip Kaufman, avec Fred Ward, Uma Thurman, Maria de Medeiros et un certain « Maurice Escargot », alias Gary Oldman ! Spacey y joue le rôle de Richard Osborn.  

À force de patience et de travail, le talent de Kevin Spacey finit par être reconnu au début de la décennie suivante. En 1991, le téléfilm DARROW de John David Coles lui permet d’incarner Clarence Darrow, célèbre avocat américain spécialiste des droits civils qui s‘illustra en défendant les jeunes meurtriers Leopold et Loeb (qui inspirèrent plusieurs films : LA CORDE d’Alfred Hitchcock, COMPULSION/Le Génie du Mal de Richard Fleischer, SWOON de Tom Kallin) en 1924, et pour avoir défendu John Thomas Scopes en 1925, lors du fameux « Procès du Singe ». C’est par ailleurs la toute première fois que Spacey tient le premier rôle dans une fiction filmée. Cette année-là, il gagne un Tony Award pour son rôle d’Oncle Louie, dans la pièce LOST IN YONKERS de Neil Simon.  

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Extrait ci-dessus : dans GLENGARRY GLEN ROSS, John Williamson (Spacey) fait rater à Ricky Roma (Al Pacino) sa plus belle vente… et se fait copieusement insulter par ce dernier !  

Il enchaîne en 1992 avec un épisode de la célèbre série LA LOI DE LOS ANGELES, GUESS WHO’S COMING TO MURDER, où il tient le rôle de Giles Keenan. Son nom commence à être remarqué, et Spacey rejoint le casting en or du film GLENGARRY GLEN ROSS / Glengarry, de James Foley. David Mamet écrit le scénario adapté de sa propre pièce, où les employés d’une agence immobilière de New York sont poussés à une compétition impitoyable pour garder leur poste. Spacey y joue le rôle de l’odieux John Williamson, l’employeur qui s’en prend tout particulièrement à un employé vieillissant, Shelley Levine, incarné par Jack Lemmon. Les deux comédiens se joignent à une équipe impressionnante : Al Pacino, Alec Baldwin, Alan Arkin, Ed Harris et Jonathan Pryce. Le film est un succès critique, et la prestation de Spacey particulièrement remarquée.  

Suivent quelques œuvres moins marquantes entre 1992 et 1994 : le film de 1992 CONSENTING ADULTS / Jeux d’Adultes, d‘Alan J. Pakula face à Kevin Kline, Mary Elizabeth Mastrantonio et Forest Whitaker ; l’épisode HEROS EXOLETUS de la série TRIBECA en 1993 ; en 1994, les films IRON WILL de Charles Haid, THE REF / Tel est pris qui croyait prendre, de Ted Demme, et le téléfilm DOOMSDAY GUN de Robert Young, avec Frank Langella, Alan Arkin, James Fox, et un jeune acteur alors inconnu, Clive Owen.  

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Extrait ci-dessus : au tour de Kevin Spacey de se défouler sur un subalterne malchanceux, Frank Whaley, son souffre-douleur de SWIMMING WITH SHARKS.  

 

Mais Kevin Spacey obtient à nouveau les félicitations de la critique pour son interprétation de Buddy Ackerman, le « boss » le plus puissant de Hollywood dans la comédie dramatique de George Huang, SWIMMING WITH SHARKS. Grossier, cruel, abusant de son pouvoir, Buddy Ackerman est un cauchemar quotidien pour son jeune et naïf assistant Guy (Frank Whaley), qui va pourtant chercher à se venger… La performance de Spacey lui vaut une nomination au Prix Independent Spirit du Meilleur Acteur. C’est aussi, pour l’anecdote, son premier film en tant que producteur, et le tout premier où il tient le premier rôle.  

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L’année 1995 est celle qui va définitivement confirmer la réputation montante de Kevin Spacey, où il va pour ainsi dire « exploser » à l’écran en jouant deux personnages mémorables : tout d’abord, Roger « Verbal » Kint, le petit truand à la patte folle d’USUAL SUSPECTS de Bryan Singer, avec Gabriel Byrne, Chazz Palminteri et Benicio Del Toro. Seul survivant d’un braquage de grande ampleur qui a tourné au carnage, Kint est un minable, « cuisiné » de près par l’inspecteur Kujan (Palminteri) pour qu’il leur révèle qui est le redoutable et énigmatique caïd du crime, connu sous le nom de Keyser Sosë… La confrontation entre le truand et le flic est tendue, bien dirigée par Singer pour un thriller mémorable, complexe… et quelque peu manipulateur, une fois qu’on connaît la chute ! En tout cas, la performance de Spacey est remarquable de bout en bout ; faussement passif et pitoyable, « Verbal » Kint révèle son jeu et berne tout le monde avec une habileté diabolique.  

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Extrait ci-dessus : la bande-annonce en VO d’USUAL SUSPECTS.  

L’acteur obtiendra une jolie collection de récompenses pour son rôle, à commencer par l’Oscar du Meilleur 2e Rôle Masculin. Il est également nommé au Golden Globe du Meilleur 2e Rôle. Ses autres récompenses : Meilleur Acteur 2e Rôle (Prix de la Société des Critiques de Films de Boston, Prix du Choix des Critiques aux Broadcast Film Critics Association Awards, Prix de la Société des Critiques de Films de Chicago, Prix Chlotrudis, Prix de l’Association des Critiques de Films de Dallas-Fort Worth et Prix de la National Board of Review). Il reçoit également le Prix du Festival International du Film de Seattle du Meilleur Acteur, et il est nommé au Prix de la Screen Actor Guild du Meilleur Acteur dans un 2e Rôle. Pour l’anecdote, son personnage de « Verbal » Kint est le n°48 de la liste des Plus Grands Vilains de cinéma dressée par l’American Film Institute. Et le n°100 des 100 Plus Grands Personnages de Cinéma pour le magazine Première.  

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Extrait ci-dessus : Kevin Spacey est « John Doe », l’assassin de SEVEN, justifiant ses meurtres face aux inspecteurs Mills et Somerset (Brad Pitt et Morgan Freeman), avant le grand finale. 

 

Le succès remporté par Spacey dans USUAL SUSPECTS est renforcé par son film suivant, où il a de nouveau l’occasion de jouer un personnage de criminel retors, suprêmement intelligent et manipulateur : il est inoubliable dans le rôle du tueur en série « John Doe » de SEVEN, le thriller horrifique de David Fincher, avec Brad Pitt, Morgan Freeman et Gwyneth Paltrow qui remporte un immense succès en cette fin d’année 1995. Crédité volontairement en générique de fin à sa demande (pour que le spectateur n‘anticipe pas son apparition), Kevin Spacey n’a qu’un temps de présence à l’écran assez court, mais il crève littéralement l’écran et compose un personnage de meurtrier machiavélique particulièrement terrifiant.  

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Le personnage ne nous est présenté qu’à travers la découverte de chacun de ses meurtres abominables, lui conférant une stature quasi surnaturelle – notamment durant cette poursuite d’anthologie dans l’hôtel, où il n‘apparaît que comme une ombre fantomatique, traqué par Brad Pitt et Morgan Freeman. Le spectateur, déjà mis en condition par les indices semés par le tueur, n’en est que plus saisi de voir celui-ci se rendre volontairement aux policiers pour un dernier acte traumatisant. L’apparition de Spacey, doigts couverts de pansements, chemise tâchée de sang (le sang de quelle victime ??), criant dans le hall pour attirer l’attention de Pitt et Freeman est un moment des plus perturbants. Tout comme la joute verbale à laquelle il se livre avec les deux officiers dans la voiture, jusqu’au dénouement tragique de l’affaire en plein désert, lié à la livraison d’une boîte dont on ne devinera jamais le contenu… L’interprétation de Kevin Spacey, glaçante et sans faute, est une nouvelle fois saluée d’éloges critiques et d’un grand succès public.   

L’acteur est récompensé du MTV Movie Award du Meilleur Méchant et du Prix du Cercle des Critiques de Films de New York du Meilleur Acteur 2e Rôle, prix groupé pour ses interprétations dans SWIMMING WITH SHARKS, USUAL SUSPECTS, SEVEN et ALERTE ! Celui-ci est son film suivant, et lui permet de sortir pour une fois du registre des méchants pour un personnage plus sympathique. Signé de Wolfgang Petersen, le film, titré en version originale OUTBREAK, est un thriller avec Dustin Hoffman, Rene Russo, Morgan Freeman, Cuba Gooding Jr., Donald Sutherland et Patrick Dempsey. Spacey y campe le Major Casey Schuler, un médecin militaire qui tente d’enrayer une épidémie virale mortelle à travers les Etats-Unis. Un sujet intéressant, mais le film est une superproduction balourde qui ne marque pas les mémoires.  

Mais cela n‘a pas d‘importance car, grâce aux succès d’USUAL SUSPECTS et SEVEN, et sa réputation d’acteur talentueux désormais établie, Kevin Spacey devient un acteur désormais bankable, tout en continuant parallèlement sa carrière au théâtre : en 1996, Spacey interprète un nouveau personnage antipathique, le District Attorney Rufus Buckley, qui réclame la peine de mort contre Carl Lee Hailey (Samuel L. Jackson), un père de famille Noir ayant vengé le meurtre de sa fillette, dans le controversé A TIME TO KILL / Le Droit de Tuer ? de Joel Schumacher, avec également Matthew McConaughey, Sandra Bullock, Donald et Kiefer Sutherland, Ashley Judd et Chris Cooper. Spacey retrouve ses partenaires de GLENGARRY GLEN ROSS, Al Pacino et Alec Baldwin, dans le très bon documentaire LOOKING FOR RICHARD, dont Pacino signe la mise en scène. Comme ses partenaires, Spacey apparaît à la fois dans son propre rôle et dans celui d’un personnage de la pièce RICHARD III de Shakespeare, le Duc de Buckingham. Kevin Spacey passe également à la mise en scène de cinéma, signant le film noir ALBINO ALLIGATOR, où il dirige Matt Dillon, Faye Dunaway, Gary Sinise et Viggo Mortensen. Le film, fraîchement reçu par la critique américaine, passe inaperçu.  

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Extrait ci-dessus : la bande-annonce de L.A. CONFIDENTIAL.  

1997 est une très bonne année pour Spacey, qui est à son meilleur niveau dans deux très grands films. Il est tout d’abord Jack Vincennes, suave officier de police de Los Angeles dans L.A. CONFIDENTIAL, le film noir de Curtis Hanson adapté du roman de James Ellroy, où jouent également Russell Crowe, Guy Pearce, Kim Basinger, Danny DeVito, James Cromwell et David Strathairn. Spacey prend beaucoup de plaisir à y jouer un policier véreux, préférant fricoter avec les starlettes, et monter des affaires louches avec le journaliste Sid Hudgeons (DeVito), en lui livrant des arrestations « sur mesure » de stars prises en flagrant délit. Cynique et charmeur, Vincennes profite allègrement d’un système totalement corrompu, avant que l’enquête de son jeune collègue Ed Exley (Guy Pearce) lui offre une chance de se racheter… Mais dans la Los Angeles des années 50, il ne fait pas bon poser des questions gênantes à ses supérieurs, comme Vincennes va en faire l’amère expérience… La performance de Spacey, qui nous rend finalement si sympathique un personnage totalement immoral, lui vaut de nouvelles récompenses. Il gagne le Prix de la Société des Critiques de Films de Boston, et le Prix Chlotrudis du Meilleur Acteur dans un 2e Rôle, remporte l’Empire Award du Meilleur Acteur, et est nommé au BAFTA Award du Meilleur Acteur, ainsi qu’au Prix de la Screen Actors Guild pour la Meilleure Performance de l’Ensemble des Acteurs dans un Film.  

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Cette même année, Kevin Spacey joue magistralement un autre personnage terriblement ambigu, Jim Williams, l’antiquaire homosexuel raffiné, affable et excentrique, dans MINUIT DANS LE JARDIN DU BIEN ET DU MAL, le film de Clint Eastwood. Spacey y partage la vedette avec John Cusack et un jeune acteur anglais encore méconnu, Jude Law, qui interprète l‘amant de Williams, une petite frappe du nom de Billy Hanson. Le meurtre de ce dernier par Williams, supposément en état de légitime défense, va déclencher une série d’évènements bizarres, humoristiques et dramatiques dans la belle ville sudiste de Savannah, le berceau du parolier Johnny Mercer. Les apparences sont toujours trompeuses dans ce film atypique et attachant de bout en bout. Et Spacey est excellent, encore une fois, dans le rôle de Williams, déstabilisant toujours les certitudes du journaliste new-yorkais joué par Cusack. Il se voit attribuer le Prix du Cercle des Critiques de Films du Texas du Meilleur Acteur pour sa performance. Excellent chanteur de surcroît, Spacey interprète « That Old Black Magic » sur le CD des chansons du film !  

En octobre 1997, l’acteur est dans le classement des « 100 Plus Grandes Stars de Cinéma de Tous les Temps », liste créée par le magazine britannique Empire.  

L’année suivante, Kevin Spacey est à l’affiche du thriller NÉGOCIATEUR de F. Gary Gray, où il retrouve Samuel L. Jackson, avec également David Morse et Paul Giamatti. Surprise, pour une fois, Spacey joue un homme du bon côté de la barrière, le Lieutenant Chris Sabian, un officier spécialisé dans les négociations de prises d’otages qui va peu à peu prendre fait et cause pour son ex-collègue Danny Roman (Jackson), devenu à son tour preneur d’otages suite à un complot. La prestation impeccable des deux acteurs suffit à soutenir le film de bout en bout, un honnête film à suspense.  

Spacey joue également cette année-là le rôle de Mickey dans HURLYBURLY / Hollywood Sunrise, l’adaptation filmée de la pièce de David Rabe, par Anthony Drazan, où il donne la réplique à Sean Penn, Robin Wright Penn, Chazz Palminteri, Anna Paquin et Meg Ryan. Il s’amuse ensuite à prêter sa voix au méchant criquet en chef, Hopper (VF : Le Borgne), du sympathique film d’animation de John Lasseter, A BUG’S LIFE / 1001 Pattes, deuxième long-métrage des studios Pixar. Kevin Spacey est cité cette année-là comme l’un des 25 Meilleurs Acteurs de 1998 du magasine américain Entertainment Weekly.  

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Extrait ci-dessus : dans AMERICAN BEAUTY, Lester Burnham (Kevin Spacey) décide de se laisser vivre, au grand dam de sa femme Carolyn (Annette Bening). « I Rule ! »  

En 1999, il joue de nouveau sur les planches THE ICEMAN COMETH d’après O’Neill. Mais surtout, l’acteur connaît un véritable triomphe dans AMERICAN BEAUTY, le premier film de Sam Mendes, avec Annette Bening, Chris Cooper, Thora Birch, Wes Bentley et Mena Suvari. Kevin Spacey y joue Lester Burnham, un homme excédé par la banalité de sa vie paisible de cadre moyen, mari soumis et père dépassé. Fou de désir pour Angela (Mena Suvari) la meilleure amie de sa fille Jane (Thora Birch), Lester va ruer dans les brancards, quitter son travail, rompre avec son épouse (Annette Bening parfaite en « desperate housewife » dévorée d’ambition), se découvrir une deuxième jeunesse, tenter de séduire la lolita et perturber profondément ses nouveaux voisins !   

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Grâce au scénario décapant d’Alan Ball, et la mise en scène parfaitement agencée de Sam Mendes, Spacey livre une de ses meilleures performances à l’écran. Dans cette charge impitoyable et réjouissante contre le conformisme social, l’acteur trouve l’équilibre parfait. Il est irrésistible de drôlerie dans les scènes où il ose enfin se rebeller (notamment cette hilarante séquence de repas du soir : « Chérie, cesse de m’interrompre ! » – voir l’extrait ci-dessus) et pathétique, par son désir soudain de revivre sa jeunesse, qui cache bien d’autres failles. Le film est un immense succès international, et marque un véritable triomphe pour l’acteur, qui croulera sous une avalanche de récompenses ! À commencer par l’Oscar du Meilleur Acteur, qu’il dédiera chaleureusement à Jack Lemmon.  

Pour AMERICAN BEAUTY, Kevin Spacey est cité pour trois nominations : l’Empire Award, le Golden Globe et le Satellite Award du Meilleur Acteur. Et il gagne les trophées et prix suivants : BAFTA Award du Meilleur Acteur ; Prix d’Excellence au Festival du Film de Boston ; Prix de la Société des Critiques de Films de Chicago, Prix Chlotrudis, Prix des Critiques de Films de Dallas, Association Award, Prix du Cercle des Critiques de Films de Floride du Meilleur Acteur, Prix du Cercle des Critiques de Films de Kansas City, Prix de la Société des Critiques de Films de Las Vegas, Prix du Cercle des Critiques de Films de Londres, Prix de la Société des Critiques de Films Online, Prix de la Guilde des Critiques de Films Russes, Prix de la Société des Critiques de Films de San Diego, Prix de la Screen Actors Guild, Prix de l’Association des Critiques de Films du Sud-est, Prix de l’Association des Critiques de Films de Toronto et Laurence Olivier Award du Meilleur Acteur.  

Pour couronner cette année faste en beauté, Kevin Spacey obtient aussi un grand succès au théâtre pour son rôle dans ICEMAN COMETH d’après Eugene O’Neill. Cela lui vaut d’être nominé au Tony Award du Meilleur Acteur, et de recevoir le Laurence Olivier Theatre Award et le London Evening Standard Award pour ce même rôle. Élu meilleur acteur de la décennie par Empire Magazine (ils l’aiment bien, on dirait !) en mai 1999, l’acteur obtiendra de plus tout naturellement son étoile sur le Hollywood Walk of Fame cette même année. N’en jetez plus, la cage est pleine !  

 

Après un premier essai pour SWIMMING WITH SHARKS, Kevin Spacey crée sa propre compagnie de production, Trigger Street, en 1999. Il produit pour l’occasion son film suivant, THE BIG KAHUNA de John Swanbeck, où il retrouve son complice Danny DeVito, dans le rôle de deux représentants en lubrifiants cyniques se moquant d‘un jeune collègue profondément religieux. Il est également le producteur en 2000 d’ORDINARY DECENT CRIMINAL du réalisateur irlandais Thaddeus O‘Sullivan, avec à ses côtés Linda Fiorentino et un quasi débutant, Colin Farrell. Le personnage joué par Spacey, Michael Lynch, se base sur le gangster irlandais Martin Cahill, qui finit assassiné par l’IRA. Un sujet qui avait déjà inspiré le cinéaste John Boorman avec son film sorti deux ans plus tôt, LE GÉNÉRAL, interprété par Brendan Gleeson et Jon Voight.  

Kevin Spacey est aussi à l’affiche en 2000 du drame de Mimi Leder, PAY IT FORWARD / Un Monde Meilleur, avec Helen Hunt, Haley Joel Osment, James Caviezel et Angie Dickinson. Il interprète Eugene Simonet, professeur d’éducation civique et sociale du jeune Trevor McKinney (Haley Joel Osment), un jeune garçon de Las Vegas qui souffre de l’alcoolisme de sa mère (Helen Hunt) et de l’abandon de son père. L’occasion pour Spacey de créer avec son brio habituel un personnage hanté par un dramatique secret, représenté par les brûlures qui lui couvrent le visage et le cou.  

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Extrait ci-dessus : la bande-annonce de K-PAX.  

La nouvelle décennie qui s’annonce permet à Kevin Spacey de continuer à créer et interpréter des personnages étranges, tel « Prot », l’étrange patient que doit soigner le psychiatre interprété par Jeff Bridges dans K-PAX de Iain Softley, en 2001. Prot est-il réellement comme il le prétend un extra-terrestre voyageant sur Terre, doté d’étonnantes connaissances, ou bien un malade mental persuadé d’être une entité venue du cosmos ? Mystère…  

Toujours en 2001, Spacey est de nouveau acclamé pour son interprétation de Quoyle, le protagoniste du film de Lasse Hallström, THE SHIPPING NEWS / Terre Neuve, adapté du roman d‘Annie Proulx, l‘auteur de BROKEBACK MOUNTAIN. Quoyle retourne dans sa ville natale de Terre-Neuve avec sa fille, suite à une séparation douloureuse, et tente de refaire sa vie avec une charmante veuve interprétée par Julianne Moore. Spacey joue aussi dans ce film avec une Cate Blanchett très disjonctée, ainsi qu’avec Judi Dench, Pete Postlethwaite, Scott Glenn et Rhys Ifans. Sa prestation lui vaut deux nominations pour le BAFTA Award du Meilleur Acteur, et le Golden Globe du Meilleur Acteur.  

En février de cette année-là, le magazine britannique Total Film le cite deux fois dans son vote des « Plus Grands Vilains de Tous les Temps » – bien entendu, pour les personnages de « Verbal » Kint et John Doe. Le 2 octobre 2001, Kevin Spacey chante de nouveau, interprétant « Mind Games » de John Lennon au Radio City Music Hall de New York, dans une soirée hommage au chanteur.   

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Extrait ci-dessus : Kevin Spacey est l’une des nombreuses superstars invitées dans le délirant prologue d’AUSTIN POWERS DANS GOLDMEMBER.  

Ce sont presque des vacances que prend le comédien l’année suivante, où il n’apparaît qu’en tant que narrateur non crédité de THE TOWER OF BABBLE, un court-métrage de Jeff Wadlow. Avant de faire une apparition hilarante au tout début d’AUSTIN POWERS DANS GOLDMEMBER de Jay Roach, avec Mike Myers. Un caméo dans le « film dans le film », « Austinpussy », où il s’amuse bien en faux Docteur Evil, ricanant aux côtés de Danny DeVito alias Mini-Moi. Tom Cruise, Steven Spielberg et Gwyneth Paltrow sont aussi de la fête dans cette séquence d’ouverture délirante !  

Vers cette période, Kevin Spacey, tout en continuant à travailler pour le grand écran et la télévision, reste fidèle à ses premières amours. En février 2003, Spacey fait son grand retour au théâtre, en tant que Directeur Artistique de la nouvelle Old Vic Theatre Company à Londres, qu‘il co-finance. Parallèlement avec son engagement théâtral, il est toujours aussi actif à l’écran. Il participe ainsi à la minisérie télévisée documentaire historique : FREEDOM : A HISTORY OF US. Il incarne dans celle-ci différentes grandes figures historiques américaines : le Révérend Cotton Mather (épisode LIBERTY FOR ALL); Sidney Andrews (épisode WHAT IS FREEDOM ?); Ira Stewart (WORKING FOR FREEDOM) ; Herbert Hoover (DEPRESSION AND WAR) ; le Gouverneur Morris (REVOLUTION); et Herman Melville (WAKE UP AMERICA).  

Au cinéma, il interprète Albert T. Fitzgerald, le père écrivain d’un jeune meurtrier interprété par Ryan Gosling dans THE UNITED STATES OF LELAND de Matthew Ryan Hoge, avec également Don Cheadle, Chris Klein, Jena Malone et Lena Olin – un film dont il est le producteur. Spacey est de nouveau remarquable dans le drame d’Alan Parker, LA VIE DE DAVID GALE avec Kate Winslet et Laura Linney. Un film qui prend pour cible la peine de mort, toujours appliquée au Texas, sujet difficile s’il en est. Kevin Spacey est David Gale, ancien professeur de philosophie, militant contre la peine capitale, qui se retrouve à trois jours de son exécution à la peine capitale pour un crime qu’il nie – le viol et le meurtre de sa collègue Constance (Linney).  

 

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Extrait ci-dessus : Kevin Spacey chante et danse dans BEYOND THE SEA, réalisé par ses soins.  

2004 est une année bien remplie pour l’acteur, devenu également réalisateur du film BEYOND THE SEA, dans lequel il joue, danse et chante le rôle de Bobby Darin, un chanteur et comédien italo-américain, à la vie météorique (il mourut à l’âge de 37 ans). De son vrai nom Walden Robert Cassotto, Darin, un gamin du Bronx, devint en son temps un chanteur plus célèbre que Frank Sinatra. Spacey s’investit à fond dans le rôle et le film, racontant son succès et sa déchéance, liée à une histoire d’amour malheureuse avec l’actrice Sandra Dee (interprétée par la jeune Kate Bosworth, qui va devenir une de ses partenaires préférées à l’écran dans les années suivantes), et la révélation d’un terrible secret de famille. John Goodman, Bob Hoskins et Greta Scacchi complètent la distribution de ce film qui s’éloigne souvent de la biopic sérieuse pour la fantaisie musicale. Pour son interprétation, Kevin Spacey est de nouveau nommé au Golden Globe du Meilleur Acteur.  

Avec l’Old Vic Theatre Company, Spacey achève sa toute première production en septembre 2004 : CLOACA, de Maria Goos. En 2005, Kevin Spacey partage l’affiche du film EDISON de David J. Burke, avec Morgan Freeman et Justin Timberlake, où il joue le rôle du gangster Levon Wallace. Mais le film, malgré ses prestigieux comédiens, passe inaperçu. Ce qui ne gêne pas le comédien, occupé à jouer sur les planches RICHARD II de Shakespeare. Il est récompensé du titre honorifique de Docteur honoris causa en Lettres à la South Bank University de Londres.  

 

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Et Spacey de préparer une année 2006 chargée. Car son réalisateur d’USUAL SUSPECTS, Bryan Singer, le retrouve pour lui confier le rôle d’un célèbre super-vilain haut en couleurs : l’infâme et chauve Lex Luthor, ennemi juré de certain héros kryptonien dans SUPERMAN RETURNS ! Brandon Routh, Kate Bosworth, Frank Langella et Eva Marie Saint complètent le casting de ce film « comic book » en demi-teinte, suite-remake des films de Richard Donner, mais hésitant entre l’aventure-action, la romance et l’introspection psychologique.  

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Spacey s’amuse bien en tout cas à jouer les mégalomanes irresponsables, entouré de complices bien peu brillants (Parker Posey, dans l’extrait ci-dessus)… mais, limité par un rôle simpliste, il compose plus qu’il ne réinvente le personnage jadis incarné par Gene Hackman.  

Au théâtre, 2006 est l’année où il monte et interprète RESURRECTION BLUES d’Arthur Miller, sous la direction de Robert Altman. Mais la pièce est mal accueillie. Cela ne décourage pas l’acteur, qui continue avec la compagnie de l’Old Vic Theatre avec une adaptation de la pièce UNE LUNE POUR LES DÉSHÉRITÉS d’Eugene O’Neill, qu’il transfère à Broadway en 2007. Cette fois, le succès public et critique est bien au rendez-vous !  

Kevin Spacey se fait plus rare au cinéma, où il s’amuse à parodier son image de manipulateur hypocrite dans la comédie FRED CLAUS / Frère Noël, de David Dobkin, avec Vince Vaughn, Paul Giamatti, Miranda Richardson, Rachel Weisz et Kathy Bates. Son personnage, Clyde, est un expert en efficacité professionnelle complotant la fermeture de l’usine du Père Noël joué par Paul Giamatti !  

Après avoir prêté sa voix à un court-métrage de Jonathan van Tulleken, MACHINE CHILD, l’acteur a de nouveau une année 2008 bien chargée. En février 2008, il fait une prestation remarqué sur les planches, dans la pièce satirique SPEED-THE-PLOW de David Mamet, aux côtés de Jeff Goldblum et Laura Michelle Kelly.  

 

Au cinéma, il joue avec son efficacité coutumière Micky Rosa, un professeur de mathématiques ambigu, dans le solide 21 / Las Vegas 21 de Robert Luketic, avec Jim Sturgess, Kate Bosworth et Laurence Fishburne (voir la fiche de ce film dans ce blog, critiqué en mai 2008).

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Extrait ci-dessus : la bande-annonce de RECOUNT. De la télévision qui ose être incorrecte vis-à-vis du pouvoir politique !    

 

Kevin Spacey est également acclamé pour sa prestation dans le téléfilm de Jay Roch (le réalisateur des AUSTIN POWERS et MON BEAU-PÈRE ET MOI), RECOUNT, où il joue aux côtés de Laura Dern et John Hurt. Ce téléfilm, retraçant l’élection suspecte de George W. Bush en 2000 face au candidat Démocrate Al Gore, et le recomptage chaotique des votes en Floride, offre à Spacey le rôle de Ron Klain, homme politique et conseiller juridique Démocrate qui fut au cœur de la bataille, en tant que Conseiller Général du Comité de Recomptage en faveur de Gore. Pour son interprétation, Spacey est plusieurs fois nommé pour des récompenses prestigieuses : Emmy Award, Golden Globe, Satellite Award et Screen Actors Guild Award du Meilleur Acteur pour une Mini-série ou un Téléfilm.  

Cité n°10 sur la liste du Daily Telegraph des « 100 Personnes les Plus Puissantes dans la Culture Britannique » en 2008, Spacey continue de travailler à l’Old Vic Theatre, continuant à jouer au cinéma et rajoute depuis cette année-là une autre page importante à un CV déjà si bien rempli : succédant à Patrick Stewart, il rejoint le Collège Sainte-Catherine à l’Université d’Oxford, où il enseigne aux étudiants ses sujets de prédilection, le théâtre et l’art dramatique, depuis l’automne 2008.  

En cette année 2009, Kevin Spacey fait une apparition télévisée dans un épisode, SOUL MATES, de la série policière ESPRITS CRIMINELS (rôle de Mr. Phibbs). Il est toujours aussi demandé pour de futurs projets cinématographiques. D’ici peu, nous le verrons dans deux films : TELSTAR de Nick Moran, où il interprétera le rôle du Major Banks dans ce film retraçant l’histoire du flamboyant compositeur-producteur homosexuel Joe Meek, dans l’Angleterre des sixties. Spacey prête aussi sa voix au Robot du film de science-fiction de Duncan Jones, MOON, avec Sam Rockwell en vedette. Il sera aussi prochainement le protagoniste du drame SHRINK de Jonas Pate. Son personnage, Henry Carter, est un psychiatre de Hollywood qui sombre dans la dépendance à la marijuana après une tragédie personnelle. Spacey y aura pour partenaire Robin Williams.  

On suivra surtout Kevin Spacey et un casting de prestige (George Clooney, Ewan McGregor et Jeff Bridges), dans le prometteur film de Grant Heslov, THE MEN WHO STARE AT GOATS. Actuellement en post-production, ce film, basé sur des évènements réels liés au 11 septembre et à la Guerre en Irak, a un sujet surprenant : un journaliste (McGregor) rencontre un ancien soldat (Clooney) prétendant avoir fait partie d‘une unité de « soldats psychiques » aux pouvoirs paranormaux ! Kevin Spacey y joue le rôle de Larry Hooper, ancien membre de cette drôle d’unité, devenu le directeur d’un camp de prisonniers en Irak…  

Il tourne actuellement CASINO JACK, un thriller politique de George Hickenlooper, avec Hayden Christensen. Le film sortira en 2010. Sont également annoncés, parmi ses futurs projets cinéma : FATHER OF INVENTION de Trent Cooper, une comédie sur un inventeur excentrique sort de prison pour refaire son empire industriel et renouer avec sa fille ; CATALONIA de Hugh Hudson, avec Colin Firth, adapté du livre autobiographique de George Orwell, HOMMAGE A LA CATALOGNE, sur la Guerre Civile Espagnole ; des films en développement, UGLY AMERICANS, RIGGED et Q, dont le sujet est pour l’instant inconnu ; et il est annoncé comme producteur d’un futur projet de film sur Richard Phillips, capitaine du cargo Maersk Alabama, pris en otage par des pirates au large de la Somalie.

Jack O’Lantern – Jack Cardiff (1914-2009)

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Jack CARDIFF (1914-2009)   

« Beaucoup de réalisateurs qui ont pas mal vécu acquièrent un regard lugubre, comme si leur âme était marquée, comme les pilotes de chasse qui ont survécu à une guerre. » 

Jack Cardiff est décédé dans sa maison du Cambridgeshire, en Angleterre, le 22 avril 2009. Il fut l’un des meilleurs chef-opérateurs au monde, particulièrement entre les années 40 et 60 où il donna à de grands classiques une touche d’élégance rarement égalée. Grâce à lui, notamment, Ava Gardner n’a jamais paru plus désirable qu’à l’époque où elle incarnait PANDORA ou LA COMTESSE AUX PIEDS NUS. Jack Cardiff fut aussi un solide réalisateur, réalisateur de films à succès dans les années 60, notamment avec AMANTS ET FILS, LES DRAKKARS et LE DERNIER TRAIN DU KATANGA. Mais c’est incontestablement son talent de chef opérateur qui lui valut une réputation d’artiste de la caméra, dont la science des éclairages et de la couleur lui valut le surnom de « Jack O’Lantern ».

Il se nommait en fait John G.J. Gran, et naquit le 18 septembre 1914 à Great Yarmouth, Norfolk (Angleterre). Jack Cardiff était un véritable enfant de la balle, fils de parents artistes de music hall – son père avait même travaillé une fois avec Charles Chaplin en personne. Jack Cardiff fit ses « grands » débuts au cinéma comme acteur dans des films muets, jouant enfant aux côtés de ses parents. Dans sa famille, il comptait aussi une future actrice de renom, la pétulante et regrettée Kay Kendall (LES GIRLS), compagne de Rex Harrison avec qui il travailla souvent. Il prit à l’âge adulte le même nom de scène que son père.

À 15 ans, le jeune Cardiff travaille comme assistant caméraman, clappeur et employé de production pour la British International Pictures – notamment pour un film d’Alfred Hitchcock THE SKIN GAME. Bien des années après, le grand cinéaste le retrouverait comme professionnel accompli, signant la photo léchée de son film LES AMANTS DU CAPRICORNE. Il fut l’ami à cette époque de deux futurs grands de l’image, Ted Moore (futur chef opérateur des James Bond avec Sean Connery), et de Freddie Young (ni plus ni moins que le chef opérateur des chef-d’oeuvres de David Lean – LAWRENCE D’ARABIE et DOCTEUR JIVAGO), pour lequel Cardiff et Moore travaillaient.   

En 1935-1936, Jack Cardiff devient opérateur caméra et chef-opérateur occasionnel, travaillant surtout pour la London Films et Denham Studios. Il se distingue très vite par sa curiosité envers les nouvelles techniques du cinéma, devenant en 1936 le tout premier opérateur à tourner un film Technicolor en Grande-Bretagne, WINGS OF THE MORNING / La Baie du Destin, avec Henry Fonda un esprit de pionnier que l’on retrouvera aussi, plus tard dans sa carrière, quand il s’essaiera au procédé Smell-O-Vision, utilisé sur un seul film : SCENT OF MYSTERY, dont il fut le réalisateur !  

Durant la 2e Guerre Mondiale, il travaille comme opérateur pour des films dinformation publique. 1943 est l’année du grand tournant professionnel de Jack Cardiff : le voilà caméraman de la 2e équipe du film de Michael Powell & Emeric Pressburger, COLONEL BLIMP. Les cinéastes de la compagnie des Archers, impressionnés par son talent sur une scène tournée par ses soins (une séquence où des trophées de chasse indiquent le passage du Temps dans l‘histoire du colonel en question), lengageront pour trois autres de leurs chef-d’oeuvres ultérieurs après la Guerre : UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT, LE NARCISSE NOIR et LES CHAUSSONS ROUGES. Ces films feront de Cardiff un des chefs-opérateurs les plus appréciés pour de futures grandes productions (voir l‘impressionnante filmographie plus bas).Cardiff gagna notamment l’Oscar et le Golden Globe de la Meilleure Photographie pour LE NARCISSE NOIR, où sa connaissance des grands peintres (il citera Vermeer et Le Caravage comme influences majeures) donnera au film de Powell une esthétique unique, magnifiée par un emploi magistral du Technicolor. Jugez plutôt ci-dessous ! 

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Les années 50 sont une période faste pour Jack Cardiff, qui signe la lumière de nombreux classiques du cinéma hollywoodien. Il magnifie notamment Ava Gardner dans PANDORA et LA COMTESSE AUX PIEDS NUS, signe pour King Vidor la lumière de GUERRE ET PAIX, et se montre apte à travailler en extérieurs dans de grands films d’aventures aux tournages souvent difficiles (AFRICAN QUEEN de John Huston, LES VIKINGS de Richard Fleischer).Sa réputation est telle que Marilyn Monroe elle-même, connue pourtant pour les difficultés qu’elle créait sur les tournages, aurait insisté pour quil soit le chef-opérateur du PRINCE ET LA DANSEUSE, le film réalisé par Laurence Olivier. Cardiff signera d’ailleurs de très belles photographies de Marilyn durant le tournage. 

À cette époque, Cardiff s’intéresse également à la mise en scène, et tente de devenir réalisateur. En 1953, il tourne THE STORY OF WILLIAM TELL avec Errol Flynn, mais le tournage en Suisse, financé par la star déchue sarrête, faute de moyens. Pas découragé, Cardiff deviendra réalisateur en 1958 avec INTENT TO KILL/Tueurs à Gages, un thriller. 

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Un extrait d’AMANTS ET FILS avec Dean Stockwell.  

Il signera ses films les plus connus durant la décennie suivante : AMANTS ET FILS en 1960 (Golden Globe du Meilleur Réalisateur, Oscar de la Meilleure Photo et 7 autres nominations aux Oscars), un grand drame avec Trevor Howard, Wendy Hiller et le jeune Dean Stockwell ; la virile épopée de 1963 THE LONG SHIPS / Les Drakkars, avec Richard Widmark face à Sidney Poitier, où il met à profit son savoir-faire acquis avec LES VIKINGS ; LE JEUNE CASSIDY en 1965, reconstitution des jeunes années irlandaises de l’écrivain Sean O’Casey incarné par Rod Taylor. Cardiff y remplace en urgence en fait le grand John Ford, gravement malade, au bout de quelques jours, et s’en tire avec les honneurs. Et, en 1968, Cardiff signe un petit classique du « film de commando », THE MERCENARIES / Le Dernier Train du Katanga – toujours avec Rod Taylor. 

Toujours très actif avec les années, Jack Cardiff travaillera presque exclusivement dans les années 70-80 comme chef-opérateur, pour des films hélas moins prestigieux. Malgré tout, il se tire toujours honorablement de ses engagements, dont les plus connus sont MORT SUR LE NIL avec Peter Ustinov en Hercule Poirot, le film de mercenaires LES CHIENS DE GUERRE avec Christopher Walken. Le réalisateur John Irvin a certainement aimé THE MERCENARIES et travaillera de nouveau avec Cardiff pour son film suivant, LE FANTÔME DE MILBURN, un film fantastique méconnu et réussi avec les vieillissants Fred Astaire et Melvyn Douglas harcelés par un spectre terrifiant. Cardiff travaillera aussi notamment avec les Messieurs Muscles les plus célèbres des années 80, Arnold Schwarzenegger pour CONAN LE DESTRUCTEUR et Sylvester Stallone, dont il signe la photo tropicale pour le méga-succès de 1985, RAMBO : FIRST BLOOD, PART II / Rambo II.  

 

Jack Cardiff se retirera peu à peu progressivement des plateaux de tournage, mais continuera à être très actif dans ses dernières années, épaulant de jeunes réalisateurs débutants. Il laisse sa dernière épouse Niki et ses quatre fils : John, Rodney, Peter et Mason.

Ce grand maître de la lumière nous laisse une filmographie impressionnante, truffée de récompenses. Vous trouverez aussi quelques scènes issues des classiques qu’il a contribué à mettre en images.  

Oscars :  

1948 LE NARCISSE NOIR – Meilleure Photographie

2001 Oscar Honoraire pour lensemble de sa carrière et sa contribution au Cinéma (un record de 53 années écoulées pour un même récipiendaire dau moins 2 Oscars !)  

Golden Globes :

1948 LE NARCISSE NOIR – Meilleure Photographie 1960 AMANTS ET FILS – Meilleur Réalisateur

 

Autres prix reçus par Jack Cardiff :

1960 AMANTS ET FILS – Prix du National Board of Review du Meilleur Réalisateur, et Prix du Cercle des Critiques de Films New-yorkais du Meilleur Réalisateur

1961 FANNY – Golden Laurel Award, 3e Place, pour la Photographie Couleur

1994 Prix International de lAmerican Society of Cinematographers  

Prix Spécial de la British Society of Cinematographers pour lensemble de son œuvre  

1997 Prix du Cercle des Critiques de Films Londoniens pour lensemble de son œuvre  

Nominations : 

Oscar de la Meilleure Photographie :  1957 GUERRE ET PAIX

1962 FANNY  

 

Oscar du Meilleur Réalisateur, Palme dOr du Festival de Cannes, Prix de la Mise en Scène de la Directors Guild of America :

1960 AMANTS ET FILS 

BAFTA TV Award du Meilleur Caméraman : 

1985 PAVILLONS LOINTAINS  

Titres honorifiques :

Officier de lEmpire Britannique en 2000. 

Patron de la Brighton Film School.  

Membre Honoraire de la GBCT, Guild of British Camera Technicians.

Nommé Compagnon du BFI (British Film Institute)  

Filmographie de Jack Cardiff :  Acteur :

1918 MY SON, MY SON  

1922 BILLYS ROSE  

1923 THE LOVES OF MARY, QUEEN OF SCOTS  

1927 TIPTOES, avec Dorothy Gish  2001 LARRY AND VIVIEN : THE OLIVIERS IN LOVE   

Clappeur, assistant caméraman et opérateur caméra : 

1929 HARMONY HEAVEN, THE AMERICAN PRISONER et HATE SHIP  

1930 THE FLAME OF LOVE et LOOSE ENDS  

1931 THE SKIN GAME, dAlfred Hitchcock. Jack Cardiff n’est pas crédité au générique  

THE GHOST TRAIN  

1932 DIAMOND CUT DIAMOND  

1935 HONEYMOON FOR THREE et BREWSTERS MILLIONS   

THE GHOST GOES WEST / Fantôme à Vendre, de René Clair, avec Robert Donat  

1936 THE CORONATION OF KING GEORGE VI et AS YOU LIKE IT  

THINGS TO COME / La Vie Future ou Les Mondes Futurs, de William Cameron Menzies   THE MAN WHO COULD WORK MIRACLES, de Lothar Mendes – Jack Cardiff est l’opérateur caméra effets spéciaux du film, non crédité au générique  

1937 DARK JOURNEY  

LE CHEVALIER SANS ARMURE, de Jacques Feyder, avec Marlene Dietrich et Robert Donat  

1939 LES QUATRE PLUMES BLANCHES, de Zoltan Korda  

1943 THE LIFE AND DEATH OF COLONEL BLIMP, de Michael Powell & Emeric Pressburger, avec Roger Livesey, Deborah Kerr et Anton Wallbrook  

1959 LE JOURNAL DANNE FRANK, de George Stevens – Jack Cardiff était lopérateur des scènes dextérieur tournées à Amsterdam.  

Chef-opérateur, ou Directeur de la Photographie :  

1935 LES DERNIERS JOURS DE POMPÉI, de Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper - Cardiff n’est pas crédité.      

1937 WINGS OF THE MORNING / La Baie du Destin, de Harold D. Schuster   1938 LA CACCIA ALLA VOLPE NELLA CAMPAGNA, documentaire d’Alessandro Biasetti  

1938-1944 : courts-métrages documentaires – PARIS ON PARADE, WORLD WINDOWS, MAIN STREET OF PARIS, WESTERN ISLES, QUEEN COTTON, PLASTIC SURGERY IN WARTIME, GREEN GIRDLE, THIS IS COULOUR, OUT OF THE BOX, COLOUR IN CLAY, BORDER WEAVE, SCOTTISH MAZURKA et WESTERN APPROACHES  

1942 THE GREAT MR. HANDEL, de Norman Walker  

1945 CÉSAR ET CLÉOPÂTRE, de Gabriel Pascal, avec Claude Rains, Vivien Leigh et Stewart Granger  

1946 UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT, de Michael Powell & Emeric Pressburger, avec David Niven  

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 « vous savez, ce que ça nous manque, le Technicolor, là-haut ! »

 

1947 LE NARCISSE NOIR, de Michael Powell & Emeric Pressburger, avec Deborah Kerr  

1948 LES CHAUSSONS ROUGES, de Michael Powell & Emeric Pressburger, avec Moira Shearer et Anton Wallbrook   

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le ballet de Moira Shearer dans LES CHAUSSONS ROUGES.  

ARABIAN BAZAAR, documentaire  

SCOTT OF THE ANTARCTIC, de Charles Frend, avec John Mills  

1949 UNDER CAPRICORN / Les Amants du Capricorne, d’Alfred Hitchcock, avec Ingrid Bergman et Joseph Cotten  

1950 PEINTRES ET ARTISTES MONTMARTROIS, documentaire court-métrage  

LA ROSE NOIRE, de Henry Hathaway, avec Tyrone Power et Orson Welles  

1951 PARIS, documentaire court-métrage  

PANDORA AND THE FLYING DUTCHMAN / Pandora, d’Albert Lewin, avec Ava Gardner et James Mason  

AFRICAN QUEEN, de John Huston, avec Katharine Hepburn et Humphrey Bogart  

1952 THE MAGIC BOX, de John Boulting, avec Robert Donat et Richard Attenborough  

IT STARTED IN PARADISE, de Compton Bennett  

1953 THE STORY OF WILLIAM TELL, de lui-même, avec Errol Flynn - tournage inachevé. 

THE MASTER OF BALLANTRAE, de William Keighley, avec Errol Flynn  

1954 MONTMARTRE NOCTURNE, documentaire court-métrage  

IL MAESTRO DI DON GIOVANNI, de Milton Krims, avec Errol Flynn et Gina Lollobrigida  

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Bande-annonce de LA COMTESSE AUX PIEDS NUS. Ava dans toute sa splendeur !  

LA COMTESSE AUX PIEDS NUS, de Joseph L. Mankiewicz, avec Ava Gardner, Humphrey Bogart et Rossano Brazzi  

1956

 

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Les dernières minutes de GUERRE ET PAIX.  

GUERRE ET PAIX, de King Vidor, avec Audrey Hepburn et Henry Fonda  

THE BRAVE ONE / Les Clameurs se sont tues, d’Irving Rapper   

1957 LE PRINCE ET LA DANSEUSE, de et avec Laurence Olivier et avec Marilyn Monroe  

LEGEND OF THE LOST / La Cité Disparue, de Henry Hathaway, avec John Wayne et Gina Lollobrigida   

1958 THE BIG MONEY / In The Pocket, de John Paddy Carstairs  

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LES VIKINGS : les funérailles d’Einar (Kirk Douglas) et le générique de fin !

 

LES VIKINGS, de Richard Fleischer, avec Kirk Douglas, Tony Curtis, Janet Leigh et Ernest Borgnine  

1961 FANNY, de Joshua Logan, avec Leslie Caron, Maurice Chevalier, Charles Boyer et Horst Buchholz  

1968 THE MERCENARIES / Le Dernier Train du Katanga, de lui-même, avec Rod Taylor et Yvette Mimieux  

THE GIRL ON A MOTORCYCLE / La Motocyclette, de lui-même, avec Alain Delon et Marianne Faithfull ! Scénario co-écrit par Cardiff. 

1973 SCALAWAG, de et avec Kirk Douglas  

1975 RIDE A WILD PONY, de Don Chaffey  

1977 CROSSED SWORDS ou THE PRINCE AND THE PAUPER, de Richard Fleischer, avec Oliver Reed, Raquel Welch, Ernest Borgnine et George C. Scott  

1978 MORT SUR LE NIL, de John Guillermin, avec Peter Ustinov, Mia Farrow, Jane Birkin, Bette Davis et David Niven  

1979 THE FIFTH MUSKETEER, de Ken Annakin, avec Sylvia Kristel, Ursula Andress, Cornel Wilde, José Ferrer, Lloyd Bridges, Rex Harrison et Olivia De Havilland  

AVALANCHE EXPRESS, de Mark Robson, avec Lee Marvin et Robert Shaw  

UN HOMME, UNE FEMME ET UNE BANQUE, de Noel Black, avec Donald Sutherland  

1980 THE AWAKENING / La Malédiction de la Vallée des Rois, de Mike Newell, avec Charlton Heston  

LES CHIENS DE GUERRE, de John Irvin, avec Christopher Walken  

1981 GHOST STORY / Le Fantôme de Milburn, de John Irvin, avec Fred Astaire et Melvyn Douglas  

1983 THE WICKED LADY / La Dépravée, de Michael Winner, avec Faye Dunaway, Alan Bates et John Gielgud  

1984 PAVILLONS LOINTAINS, mini-série TV de Peter Duffell, avec Amy Irving, Omar Sharif, John Gielgud et Christopher Lee  

SCANDALOUS, de Rob Cohen  

LES DERNIERS JOURS DE POMPÉI, mini-série TV de Peter Hunt, avec Ernest Borgnine, Laurence Olivier, Franco Nero et Ned Beatty  

CONAN LE DESTRUCTEUR, de Richard Fleischer, avec Arnold Schwarzenegger  

1985 CAT’S EYE, de Lewis Teague, avec Drew Barrymore et James Woods  

RAMBO : FIRST BLOOD, PART II / Rambo II, de George Pan Cosmatos, avec Sylvester Stallone  

1986 TAI-PAN, de Daryl Duke, avec Bryan Brown  

1987 MILLION DOLLAR MYSTERY, de Richard Fleischer  

1989 CALL FROM SPACE, court-métrage de Richard Fleischer    

1990 THE MAGIC BALLOON, court-métrage de Ronald Neame  

1991 VIVALDI’S FOUR SEASONS  

1998 THE DANCE OF SHIVA, court-métrage de Jamie Payne, avec Kenneth Branagh  

2000 THE SUICIDAL DOG, court-métrage de Paul Merton  

2004 THE TELL-TALE HEART, d’après LE CŒUR RÉVÉLATEUR d’Edgar Allan Poe, court-métrage de Stephanie Sinclaire – Cardiff en est également le chef monteur. 

FLAMINGO BLUES, de Robbi Stevens – Cardiff est crédité comme conseiller à la lumière.  

2005 LIGHTS2, court-métrage de Marcus Dillistone, avec John Mills  

2007 THE OTHER SIDE OF THE SCREEN, documentaire de Stanley A. Long  

Réalisateur :  

1953 THE STORY OF WILLIAM TELL  

1958 INTENT TO KILL / Tueurs à Gages, avec Richard Todd et Herbert Lom  1959 WEB OF EVIDENCE ou BEYOND THIS PLACE / Fils de Forçat, avec Van Johnson et Vera Miles  

1960 SCENT OF MYSTERY, avec Peter Lorre, Elizabeth Taylor et Denholm Elliott  

AMANTS ET FILS avec Trevor Howard, Wendy Hiller et Dean Stockwell  

1962 MA GEISHA, avec Shirley MacLaine, Yves Montand et Edward G. Robinson 

THE LION, avec William Holden, Trevor Howard et Capucine, daprès « Le Lion », de Joseph Kessel  

1963 THE LONG SHIPS / Les Drakkars, avec Richard Widmark et Sidney Poitier  

1965 LE JEUNE CASSIDY, avec Rod Taylor, Maggie Smith, Michael Redgrave et Julie Christie  

LE LIQUIDATEUR, avec Rod Taylor et Trevor Howard   1968 THE MERCENARIES / Le Dernier Train du Katanga  

THE GIRL ON A MOTORCYCLE / La Motocyclette  

1973 PENNY GOLD, avec Francesca Annis  

1972-1973 : 4 épisodes de la série TV britannique FOLLYFOOT : THE HUNDRED POUND HORSE, THE PRIZE, THE CHALLENGE et THE LETTER  

1974 THE MUTATIONS ou THE FREAKMAKER avec Donald Pleasance  

 

Directeur Artistique et Coordinateur des Effets Visuels :  

2005 SILENCE BECOMES YOU, de Stephanie Sinclaire  

 

 

Lien Internet vers une rubrique consacrée à Jack Cardiff, sur un site en anglais :

http://www.cinematographers.nl/GreatDoPh/cardiff.html

Le Rêveur Illimité – In Memoriam J.G. BALLARD (1930-2009)

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J.G. BALLARD (1930-2009)  

« Je crois à mes obsessions personnelles, à la beauté de l’accident de voiture, à la paix de la forêt engloutie, à l’émoi des plages estivales désertes, à l’élégance des cimetières de voitures, au mystère des parkings à étages, à la poésie des hôtels abandonnées. »  

« Le futur va être ennuyeux. La suburbanisation de la planète continuera, et la suburbanisation de l’âme suivra peu de temps après. »    

Son nom demeure méconnu du grand public, peut-être même n’avez-vous jamais entendu parler de lui dans les médias, jusqu’à cette semaine et l’annonce de sa mort, ce dimanche 19 avril 2009. J.G. Ballard était cependant reconnu pour l’un des plus grands écrivains britanniques des quarante dernières années. Et son nom est lié au cinéma, entre autres à l’un des plus beaux films de Steven Spielberg, EMPIRE DU SOLEIL, adapté de son roman basé sur sa propre enfance en Chine occupée par le Japon. Fer de lance de la nouvelle vague de la science-fiction littéraire, critique impitoyable de nos sociétés modernes, J.G. Ballard avait développé un univers littéraire unique, où les technologies, les sociétés et les bouleversements de l’environnement affectent de manière irrémédiable la fragile psychologie humaine. À tel point que son nom a inspiré un nouvel adjectif dans le très sérieux Dictionnaire Anglais Collins : « ballardien ». L’auteur méritait bien donc un petit hommage dans ces pages !  

Je prie les lecteurs et Ségolène Royal de bien vouloir m’excuser d’avance de certaines approximations, ou oublis éventuels, dans la petite biographie qui va suivre – les notices consacrées à la vie et l’œuvre de Ballard sur Internet sont parfois imprécises…  J’ai aussi pioché certaines des citations de l’écrivain dans le livre de Lorris Murail, LES MAÎTRES DE LA SCIENCE-FICTION, de la collection Les Compacts, parue chez Bordas.  

 

James Graham Ballard est né le 15 novembre 1930 à Shanghai, où il passa toute son enfance, vivant dans la colonie anglaise du Settlement International, « l’un des endroits les plus extraordinaires, les plus bizarres de la planète » comme il le dira plus tard. Fils d’un chimiste de la Calico Printers Assocation, devenu PDG de la filiale chinoise d’une grande entreprise textile de Manchester, China Printing and Finishing Company, le jeune Ballard n’a donc alors jamais connu sa mère patrie, l’Angleterre. Son roman EMPIRE DU SOLEIL (commencé 1980 et publié en 1984) est largement autobiographique. Le jeune « garçon anglais difficile » a bien connu les conditions terribles de la 2e Guerre

Mondiale après l’invasion du Settlement par les troupes Japonaises, juste après l’attaque de Pearl Harbour, en décembre 1941. Comme des milliers de concitoyens britanniques des colonies, Ballard fut interné en 1942 (ou 1943 ?) dans un camp de prisonniers près de Shanghai, à Lunghua. Cependant, il n’a pas été séparé de ses parents, comme le jeune héros du roman. Sur cette dure époque, le romancier a une vision pour le moins nuancée, entre l’innocence de l’enfance et la découverte d’une violence sans nom :

« J’ai des souvenirs… je ne dirais pas heureux… mais pas déplaisants du camp (…) Je me souviens beaucoup des brutalités et des violences qui avaient lieu – mais dans le même temps nous les enfants, nous jouions à mille et un jeux tout le temps ! »

Notons que c’est à onze ans que le jeune Ballard écrit son tout premier livre, demeuré inédit. Il avait pour sujet le contrat au bridge, un sujet qu’évoque l’interprète de Jim, le tout jeune Christian Bale, dans le film de Spielberg !  

 

Après la fin de la guerre, il part pour l’Angleterre en 1946, et est vite choqué par la vie britannique qui lui paraît détachée des réalités, ce qui n‘a rien d‘étonnant, compte tenu du caractère du futur écrivain, tout juste sorti de dures années de détention. Il étudie à la Leys School de Cambridge, mais ne s’intègre pas aux autres étudiants. Ces années d’après-guerre sont difficiles pour le jeune Ballard, qui étudie par la suite la médecine au King’s College de Cambridge, mais qu’il ne pratiquera jamais. En 1951, toujours au King’s College, J.G. Ballard écrit pour un concours THE VIOLENT NOON, une histoire criminelle pastichant Hemingway et publiée dans le journal du campus.  

Par la suite, Ballard étudie la Littérature Anglaise durant une année à l’Université de Londres, sans succès. Il y découvre la psychanalyse et le surréalisme qui le fascineront toute sa vie. Notamment les peintures de Dali, Magritte, Chirico, Ernst ou Delvaux, qui influenceront ses futures œuvres cataclysmiques regorgeant de vastes paysages désertiques et hostiles. En attendant, Ballard fait des petits boulots, comme rédacteur dans une agence de publicité et démarcheur en encyclopédies. Sur un coup de tête, il rejoint la RAF au Canada. À cette époque, il écrit sa première nouvelle de science-fiction, PASSEPORT POUR L’ÉTERNITÉ. En 1955, J.G. Ballard épouse Helen Mary Matthews, dont il aura trois enfants – dont une fille, Bea Ballard, productrice exécutive à la Télévision britannique.  

Vers 1956, J.G. Ballard se met à écrire sérieusement et est publié pour la première fois par le magazine New Worlds : c’est la nouvelle PRIMA BELLADONNA. Jeune père, il gagne difficilement sa vie en travaillant dans une bibliothèque jusqu’à devenir rédacteur en chef d’une revue scientifique, Chemistry and Industry, en 1957. La famille s’agrandit, il part vivre à Shepperton dans la banlieue de Londres. Pendant ses 2 semaines de congés annuels, il écrit son premier roman et obtient un contrat avec Berkley Books.  

Dans les années qui vont suivre, Ballard écrit plusieurs livres de science-fiction post-apocalyptique, où des catastrophes naturelles ravagent la planète entière : LE VENT DE NULLE PART, SÉCHERESSE, LE MONDE ENGLOUTI, et LA FORÊT DE CRISTAL, ainsi que beaucoup de nouvelles, les plus réussies étant rassemblées dans les recueils CAUCHEMAR A QUATRE DIMENSIONS, LA PLAGE ULTIME et VERMILION SANDS. Ces romans sont tout de suite très remarqués et appréciés des spécialistes, et sont désormais reconnus comme des œuvres majeures. Inondations, détraquement de la végétation, désertification… sont autant de thèmes qui gardent toute leur acuité prophétique quarante ans après la publication des livres. Son activité et son talent font de lui l’un des auteurs phares de la nouvelle science-fiction britannique, aux côtés de Brian Aldiss (LE MONDE VERT, le cycle HELLICONIA, et dont la nouvelle DES SUPERJOUETS POUR L’ÉTÉ est devenue au cinéma A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, autre œuvre mal connue de Steven Spielberg !), John Brunner (TOUS A ZANZIBAR, LE TROUPEAU AVEUGLE) et Christopher Priest (LE MONDE INVERTI, LE PRESTIGE).  

Une tragédie personnelle touche J.G. Ballard au plus près en 1964, quand Helen décède d’une pneumonie. C’est vers cette même époque qu’il devient écrivain professionnel. Il s’intéresse aux techniques d’écriture expérimentale de William S. Burroughs (LE FESTIN NU), et collabore activement au magazine New Worlds de son collègue Michael Moorcock. Le style de Ballard évolue, passant de récits plus « classiques » de Fin du Monde à l’exploration de nouvelles angoisses, la description d’une société occidentale de plus en plus ravagée à chaque roman. Il écrit ainsi LA FOIRE AUX ATROCITÉS, étonnant livre-puzzle sans début ni fin, où le héros déboussolé change de nom à chaque chapitre. La culture médiatique de l’époque y est omniprésente, et sérieusement égratignée, avec des titres aussi évocateurs que « You : Coma : Marilyn Monroe », « Plan for the Assassination of Jacqueline Kennedy », « Love and Napalm : Export USA » et « Why I Want to Fuck Ronald Reagan », entre autres ! Ce dernier chapitre, véritable pamphlet visionnaire, alertait le lecteur sur les futures dérives médiatiques de nos chefs d’État, plus habiles à manipuler l’émotion des masses via les médias qu’à faire appel à leur raison et leur intelligence :

« Surtout, cela me frappa que Reagan fut le premier politicien à exploiter le fait que son public télévisuel n’écouterait pas trop attentivement, voire pas du tout, ce qu’il disait, et pourrait même très bien assumer d’après son attitude, et sa présentation, qu’il disait l’exact contraire des mots sortant de sa bouche. »

 

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L’un des chapitres de LA FOIRE… s’intitule Crash !, et constitue l’embryon de ce que l’on va nommer dans les années 1970 sa Trilogie de Béton. Développant les thèmes abordés dans ce chapitre, J.G. Ballard va écrire CRASH !; un roman provocateur, choquant, pornographique de l’aveu même de son auteur, où un couple tente de tromper son ennui dans une sexualité déviante, où les accidents automobiles servent de stimulus érotiques. Comme l’auteur le dit lui-même, les catastrophes qu’il décrit dans ses romans ont changé :

« CRASH ! (…) traite d’un cataclysme érigé en institution dans toutes les sociétés industrielles, tuant chaque année des milliers de personnes et en blessant des millions. (…) J’ai traité la voiture non seulement comme une métaphore sexuelle, mais aussi comme une image globale de la vie des gens dans la société actuelle. »

On se doute qu’avec un sujet pareil, Ballard prenait le risque de déranger les mentalités, notamment celle de cet anonyme lecteur de maison d’édition qui refusa tout net le manuscrit après l’avoir lu, et écrit : « Cet auteur est au-delà de l’aide psychiatrique. Ne Pas Publier ! ».

CRASH ! a fait l’objet en 1996 d’une adaptation toute aussi controversée par le cinéaste canadien David Cronenberg, mettant en scène James Spader, Holly Hunter, Elias Koteas, Deborah Kara Unger et Rosanna Arquette. Pour beaucoup, le film est un pensum insupportable où l‘ennui des personnages est aussi assommant que celui du spectateur, alors qu’une minorité l’adulera comme l’une des meilleures et plus radicales œuvres du réalisateur de LA MOUCHE et HISTORY OF VIOLENCE. 

Ballard continue sur sa lancée et conclut sa Trilogie avec CONCRETE ISLAND / L’Île de Béton (où un Robinson moderne s‘échoue sur une « île » coincée entre deux bretelles d’autoroute), et HIGH RISE / I.G.H. (où les habitants d’un gratte-ciel, coupés du monde extérieur, vont petit à petit régresser dans la violence et le tribalisme les plus extrêmes). HIGH RISE devrait être prochainement adapté par un autre réalisateur canadien, Vincenzo Natali, auteur notamment du « culte » CUBE.  

THE UNLIMITED DREAM COMPANY / Le Rêveur Illimité vient conclure cette Trilogie en beauté, où un naufragé des airs devient une sorte de Messie surnaturel et cannibale pour les habitants de Shepperton !  

Pour l’anecdote, le style littéraire de Ballard à cette époque, a largement influencé la musique de groupes post-punk : Joy Division, les Manic Street Preachers, The Normal, Radiohead et John Foxx, entre autres… mais aussi The Bugles, dont le tube de 1979 « Video Killed the Radio Stars » doit son titre à une nouvelle de Ballard, THE SOUND-SWEEP !  

 

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En 1980, Ballard s’éloigne de la science-fiction pour s’atteler à l’écriture d’EMPIRE DU SOLEIL, réinventant en quelque sorte les souvenirs de sa propre enfance dans la 2e Guerre Mondiale. EMPIRE DU SOLEIL est publié en 1984, et le livre attire très vite l’attention de Steven Spielberg, qui voit là le projet idéal pour produire le prochain film d’un de ses maîtres à filmer, le grand cinéaste britannique de LAWRENCE D’ARABIE, du DOCTEUR JIVAGO et du PONT DE LA RIVIÈRE KWAI, Sir David Lean en personne. Ce dernier, bien que très intéressé, jugera finalement que les thèmes évoqués sont trop proches du PONT DE LA RIVIÈRE KWAI, et c’est finalement Spielberg lui-même qui va réaliser ce fort beau film.  

Il révèle le talent d’un garçon de 13 ans nommé Christian Bale, et signe là un émouvant récit sur la fin de l’innocence d’un petit britannique sombrant peu à peu dans la folie. Tout en livrant des séquences à grand spectacle dignes du maître anglais, Spielberg s’amuse aussi à faire participer Ballard au tournage, le faisant apparaître très rapidement dans la scène de la party chez les Britanniques costumés au début du film ! Cherchez la scène en question, vous verrez peut-être l’écrivain apparaître rapidement derrière Christian Bale. Est-il déguisé en clown ou en squelette ?…   

En 1987, Ballard publie LE JOUR DE LA CRÉATION, un autre voyage dans la folie, celle d‘un médecin de l‘OMS en Afrique Centrale, persuadé de pouvoir reverdir le Sahara en créant un nouveau fleuve. Un roman qui est ouvertement inspiré par AU CŒUR DES TÉNÈBRES, de Joseph Conrad. Paraîtra ensuite RUNNING WILD / Le Massacre de Pangbourne, où l’auteur revient à ses univers clos en proie à l’extrême violence : un inspecteur de Scotland Yard enquête sur le massacre des adultes d’un quartier résidentiel pour la classe moyenne, et la disparition de leurs enfants adolescents… jusqu’à ce que le lecteur réalise que les meurtriers sont les enfants, se révoltant contre le matérialisme satisfait de leurs géniteurs !  

En 1991, Ballard publie LA BONTÉ DES FEMMES, qui est la « suite » de l’histoire de Jim Graham, son jeune alter ego d’EMPIRE DU SOLEIL, à la découverte de l’Angleterre, de l’Europe et des USA. Le récit se termine avec Jim assistant au tournage d’EMPIRE DU SOLEIL par Spielberg ! Notons aussi que Ballard a à la même époque un recueil de nouvelles, FIÈVRE GUERRIÈRE (qui traite des manipulations médiatiques, à l‘ère de la Guerre du Golfe).  

Ces dernières années, J.G. Ballard demeurera toujours très actif, et publiera plusieurs romans toujours aussi lucides et critiques sur nos sociétés : RUSHING TO PARADISE (éco-terrorisme), COCAINE NIGHTS (manipulations dans un centre de villégiature fermé au monde extérieur), et SUPER CANNES au sujet mordant : une élite d‘hommes d‘affaires vivant en vase clos sur la Côte d‘Azur, vit une vie « idéale » avant de régresser dans le sadisme et la violence raciste. Avec quelques années d’avance, Ballard annonçait là à sa façon la dérive d’un système de classes sociales de plus en plus rongé par sa propre violence. Enfin, il signa MILLENIUM PEOPLE, sur le sujet brûlant du terrorisme et ses ravages psychologiques, et KINGDOM COME (QUE NOTRE RÈGNE ARRIVE).  

 

Deux anecdotes pour finir : J.G. Ballard, en dehors de son activité principale de romancier, a aussi rédigé la première mouture d’un classique « kitsch » du film préhistorique : le film de 1970 signé Val Guest, QUAND LES DINOSAURES DOMINAIENT LE MONDE, avec la pin-up Victoria Vetri. Un titre qui a marqué Michael Crichton et Steven Spielberg, citant ouvertement sur une banderole de JURASSIC PARK ce savoureux film de dinosaures animés à l’ancienne en stop-motion, comme le King Kong de 1933… Spielberg se permettait même dans JURASSIC PARK un second clin d’œil à l’auteur d’EMPIRE DU SOLEIL, en nous rejouant la scène de la réanimation d’un enfant, qui se termine mieux !  

Par ailleurs, J.G. Ballard refusa en 2003 d’être nommé Commandeur de l’Empire Britannique pour « Services rendus à la littérature ». Il dit au Sunday Times : « Des milliers de médailles sont données au nom d’un empire inexistant. Cela nous ridiculise et encourage la déférence à la Couronne. Je pense que c’est exploité par les politiciens et que ça l’a toujours été. » Jusqu’au bout, l’incorrigible Ballard aura été un « garçon difficile » pour son cher pays !  

L’Œuvre de J.G. Ballard :  

 

Littérature :  

Recueils de nouvelles :  

THE VOICES OF TIME AND OTHER STORIES et

BILLENIUM, 1962

PASSEPORT POUR L’ÉTERNITÉ, 1963

CAUCHEMAR A QUATRE DIMENSIONS, 1963

LA PLAGE ULTIME, 1964

THE IMPOSSIBLE MAN, 1966

LES CHASSEURS DE VÉNUS,

THE OVERLOADED MAN,

THE DISASTER AREA et

THE DAY OF FOREVER, 1967

VERMILION SANDS et

CHRONOPOLIS AND OTHER STORIES, 1971

APPAREIL VOLANT A BASSE ALTITUDE, 1976

THE BEST OF J.G. BALLARD, 1977

THE BEST SHORT STORIES OF J.G. BALLARD, 1978

MYTHES D‘UN FUTUR PROCHE, 1982

MEMORIES OF THE SPACE AGE, 1988

LA RÉGION DU DÉSASTRE, 1991

FIÈVRE GUERRIÈRE, 1990

NOUVELLES COMPLÈTES 1956/1962, paru en 2001-2006  

 

 

Romans :

LE VENT DE NULLE PART, 1961

LE MONDE ENGLOUTI, 1962

THE BURNING WORLD ou THE DROUGHT / SÉCHERESSE, 1965

THE CRYSTAL WORLD/LA FORÊT DE CRISTAL, 1966

LA FOIRE AUX ATROCITÉS, 1969

CRASH, 1973

CONCRETE ISLAND (L’ÎLE DE BÉTON), 1974

HIGH RISE (I.G.H.), 1975

THE UNLIMITED DREAM COMPANY/LE RÊVEUR ILLIMITÉ, 1980

SALUT L’AMÉRIQUE, 1981

EMPIRE DU SOLEIL, 1984

LE JOUR DE LA CRÉATION, 1987

RUNNING WILD / LE MASSACRE DE PANGBOURNE, 1988 – retraduit en 2008 sous le titre SAUVAGERIE

LA BONTÉ DES FEMMES, 1991

RUSHING TO PARADISE, 1994

LA FACE CACHÉE DU SOLEIL, 1998

COCAINE NIGHTS, 1996

SUPER-CANNES, 2000

MILLENIUM PEOPLE, 2003

QUE NOTRE RÈGNE ARRIVE, 2006  

 

Autobiographies :

MIRACLES OF LIFE, 2006

CONVERSATIONS WITH MY PHYSICIAN : THE MEANING, IF ANY, OF LIFE (à l’état de manuscrit)  

 

Recueil d’Essais :

A USER’S GUIDE TO THE MILLENIUM ESSAYS AND REVIEWS, 1996  

 

Scénarii à la TV :

OUT OF THE UNKNOWN, 1965 – auteur de l’épisode THIRTEEN TO CENTAURUS

JACKANORY, 1966 – auteur de l’épisode GULLIVER IN SPACE  

 

Adaptations de ses œuvres à la TV :

BILLENIUM, 1974 – un téléfilm français

HOME (ou THE ENORMOUS ROOM), 2003 – téléfilm d’après sa nouvelle 

 

Cinéma : 

 

Scénario :

traitement du scénario du film QUAND LES DINOSAURES DOMINAIENT LE MONDE, de Val Guest, 1970  

 

Adaptations de ses œuvres :

EMPIRE DU SOLEIL de Steven Spielberg, 1987

CRASH, de David Cronenberg, 1996

THE ATROCITY EXHIBITION, de Jonathan Weiss (d’après LA FOIRE AUX ATROCITÉS), 2000

APARELHO VOADOR A BAIXA ALTITUDE, de Solveig Nordlund (d’après sa nouvelle APPAREIL VOLANT A BASSE ALTITUDE), 2002

HIGH RISE (en préparation) de Vincenzo Natali, annoncé pour 2011  

 

Courts-métrages d‘après ses nouvelles :

MINUS ONE, 1991

TEN MONOLOGUES FROM THE LIVES OF THE SERIAL KILLERS, 1994  

 

Diverses apparitions de J.G. Ballard à l’écran, dans les documentaires télévisés :

BRAVE NEW WORLDS : THE SCIENCE FICTION PHENOMENON, 1993

DRUG-TAKING AND THE ARTS, 1994,

LONDON ORBITAL, 2002,

et la série THE TOURIST (épisode THE LAST RESORT, 1996)

Hommage à Maurice Jarre – LA ROUTE DES INDES

Je poursuis l’hommage à Maurice Jarre en publiant une petite correction… La vidéo YouTube montrant le maître dirigeant la musique de LA ROUTE DES INDES ne passe pas ! Une erreur de notation du lien commise par votre serviteur est à l’origine du problème. Je corrige donc le tir et vous présente la vidéo de cette superbe musique… en espérant ne pas m’être à nouveau trompé.

Toutes mes excuses et bonne écoute !

Ludovico

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Une vie de musique – Maurice JARRE 1924-2009

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Maurice JARRE (1924-2009)   

« On pourrait dire que ma vie elle-même a été une longue musique de film. La musique fut ma vie, la musique m’a amené à la vie, et la musique et ce pour quoi on se souviendra de moi, longtemps après mon départ de cette vie. Quand je mourrai, une valse finale se jouera dans ma tête, et je serai seul à l’entendre. »  

Triste lundi pour les amoureux de la musique et du cinéma, qui nous annonce le décès de Maurice Jarre. à l’âge de 84 ans. Le compositeur français s’est éteint à Los Angeles, emporté par un cancer. Pour tous ceux qui ont un jour en tête les mélodies de LAWRENCE D’ARABIE et du DOCTEUR JIVAGO, cet hommage sera aussi l’occasion de faire un grand voyage musical au travers d’une carrière riche de plus de 50 années.

Quel meilleur moyen de se souvenir des compositions de Mr. Jarre que d’en écouter quelques-unes au passage ? Regardez plus bas dans le chapitre consacré à sa filmographie – grâce à YouTube, c‘est l‘occasion de se rafraîchir la mémoire. Allumez les enceintes de vos ordinateurs, cliquez sur le bouton « play » et laissez-vous emporter ! Vous verrez même le maestro diriger le Royal Philarmonic Orchestra en 1992, interprétant en hommage les musiques des films de David Lean, auquel il restera pour toujours associé.  

Biographie de Maurice Jarre – basée sur les notes trouvées sur les sites ImdB et Wikipédia

Maurice-Alexis Jarre est né à Lyon, le 13 septembre 1924.Au contraire de nombreux musiciens qui ont appris la musique dès leur plus tendre enfance, Maurice Jarre était déjà adolescent quand il a découvert la musique et décida d’en faire son métier. Il devait suivre des études d’ingénieur à la Sorbonne, mais, contre l’avis de son père, il alla au Conservatoire de Paris où il étudia les percussions, la composition et les harmonies. Il y rencontra Joseph Martenot, inventeur des Ondes Martenot, qui fut son professeur, et se spécialisa comme timbalier. Sa rencontre avec Martenot allait sans doute influencer ses futures compositions, puisqu’il utilisa l’appareil de son mentor en plusieurs occasions – notamment dans certains passages musicaux de LAWRENCE D’ARABIE.

Après avoir quitté le Conservatoire, Jarre devint musicien (percussions et Ondes Martenot, toujours) au théâtre de Jean-Louis Barrault. En 1950, Jean Vilar, autre très grand nom de la scène française, demanda à Jarre de composer une musique pour son adaptation de « La Princesse de Hambourg » de Kleist. Ce fut la première musique composée par Jarre. Peu de temps après, Vilar créa le « Théâtre National Populaire » et engagea Jarre qui en devint le Directeur musical, une association qui dura 12 ans, jusqu‘en 1963.

En 1951, Georges Franju demanda à Maurice Jarre d’écrire la musique de son documentaire de 23 minutes « Hôtel des Invalides », la première composition de Jarre pour le Cinéma. Les deux hommes collaboreront ensemble pendant plusieurs années. LA TÊTE CONTRE LES MURS fut le premier long-métrage donc Jarre signa la musique (quoique, selon certaines sources, Jarre a peut-être composé juste avant celle du FEU AUX POUDRES, de Henri Decoin, en 1957). Franju et Jarre ont travaillé ensemble sur LES YEUX SANS VISAGE (petit bijou d’angoisse, et musique entêtante), PLEINS FEUX SUR L’ASSASSIN, THÉRÈSE DESQUEYROUX et JUDEX.

La carrière de Jarre va connaître un tour spectaculaire en 1961, lorsque le producteur Sam Spiegel lui demanda de travailler sur le film de David Lean, LAWRENCE D’ARABIE. Trois compositeurs étaient initialement prévus pour écrire la musique, mais, pour diverses raisons, Jarre finit par écrire seul le score, et y gagna son premier Oscar. Totalement mérité puisque la musique de LAWRENCE est devenue un classique absolu au fil des années, à la puissance et la majesté épique inégalées. Le succès du film entame aussi le début d’une nouvelle et fructueuse collaboration avec David Lean ; en 1965, LE DOCTEUR JIVAGO lui vaut un second Oscar tout aussi mérité de la Meilleure Musique, et Jarre obtient un succès rarement égalé à l’époque pour un compositeur de cinéma. Avec Lean, il travaillera à deux reprises supplémentaires, signant les fort belles musiques de LA FILLE DE RYAN (1970) et A PASSAGE TO INDIA / La Route des Indes (1984). Ce dernier lui vaudra d’ailleurs son troisième Oscar. Il devait retrouver Jarre pour le prochain film de Lean, NOSTROMO, mais le cinéaste anglais succomba hélas à la maladie avant que le film ait pu être mis en production. Fin d’une collaboration artistique remarquable par sa richesse, sa durée et hélas sa petite quantité de films tournés. Mais quels films !

Fidèle en amitié professionnelle, Maurice Jarre travailla avec un nombre considérable de cinéastes prestigieux, pour des collaborations régulières : entre autres, Frédéric Rossif, Richard Fleischer, John Frankenheimer, Henri Verneuil, John Huston, Moustapha Akkad, Volker Schlöndorff et Peter Weir, pour qui il a signé les excellentes musiques de L’ANNÉE DE TOUS LES DANGERS, WITNESS, MOSQUITO COAST, LE CERCLE DES POÈTES DISPARUS et FEARLESS / État Second. Signalons aussi ses collaborations éclectiques avec des cinéastes tout aussi célèbres : Jacques Demy, Alain Resnais, Gérard Oury, William Wyler, George Stevens, Franco Zeffirelli, René Clément, Richard Brooks, Henry Hathaway, Luchino Visconti, Alfred Hitchcock, Elia Kazan, Clint Eastwood, George Miller, Mike Figgis et Michael Cimino… ouf !

Il s’est marié quatre fois : à Francette Pejot, après la 2e Guerre Mondiale. Ils auront un fils, le célèbre musicien et compositeur Jean-Michel Jarre (longtemps séparés et brouillés, ils se réconcilieront finalement en 2005). Maurice Jarre a ensuite épousé Dany Saval (1965-1967), et auront une fille, Stéphanie (ou Stéfanie) Jarre, décoratrice. Il a ensuite épousé l’actrice américaine Laura Devon en 1967, dont il adoptera le fils, Kevin Jarre (scénariste de RAMBO II, GLORY, TOMBSTONE et LA MOMIE 1999 !). Après leur séparation en 1984, Maurice Jarre a finalement épousé Fong F. Khong, sa dernière compagne.

Maurice Jarre a aussi composé des œuvres de concert, et écrit cinq ballets, dont NOTRE-DAME DE PARIS pour l’Opéra de Paris. Jarre a eu son étoile à Hollywood (numéro 2001 sur le Walk of Fame !).

Couvert de récompenses prestigieuses à travers sa carrière (voyez dans sa filmographie plus bas), Maurice Jarre a eu également un César d’honneur en 1986, le Prix SACD catégorie Musique en 1997, un Hommage spécial au Festival du Cinéma Américain de Deauville en 1999, et un Ours d’Or pour l’ensemble de sa carrière au Festival de Berlin. C’était en février dernier, sa dernière apparition en public.  

Filmographie complète – 164 films, téléfilms et séries !. En gras, les musiques récompensées et nominées :

1952

HÔTEL DES INVALIDES, court-métrage documentaire de Georges Franju

1956

LE THÉÂTRE NATIONAL POPULAIRE, court-métrage documentaire de Georges Franju

SUR LE PONT D’AVIGNON, court-métrage de Georges Franju

TOUTE LA MÉMOIRE DU MONDE, court-métrage documentaire d’Alain Resnais

1957

LE BEL INDIFFÉRENT, court-métrage de Jacques Demy

LE FEU AUX POUDRES, de Henri Decoin (1er film long-métrage)

1959

LA BÊTE A L’AFFÛT, de Pierre Chenal

LA TÊTE CONTRE LES MURS de Georges Franju

LES DRAGUEURS, de Jean-Pierre Mocky

LES ÉTOILES DE MIDI, de Jacques Ertaud et Marcel Ichac

VEL D’HIV, court-métrage documentaire de Guy Blanc et Frédéric Rossif

VOUS N’AVEZ RIEN A DÉCLARER ?, de Clément Dehour

1960

CRACK IN THE MIRROR, de Richard Fleischer

TVFilm DE FIL EN AIGUILLE, de Lazare Iglesis

LA CORDE RAIDE, de Jean-Charles Dudrumet

LA MAIN CHAUDE, de Gérard Oury

LES YEUX SANS VISAGE, de Georges Franju

RECOURS EN GRÂCE, de Laslo Benedek

1961

AMOURS CÉLÈBRES, de Michel Boisrond

LE GRAND RISQUE, de Richard Fleischer et Elmo Williams

LE PRÉSIDENT, de Henri Verneuil

LE PUITS AUX TROIS VÉRITÉS, de François Villiers

LE TEMPS DU GHETTO, documentaire de Frédéric Rossif

TVFilm LOIN DE RUEIL, de Claude Barma

PLEINS FEUX SUR L’ASSASSIN, de Georges Franju

1962

L’OISEAU DE PARADIS, de Marcel Camus

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LAWRENCE D’ARABIE de David Lean – Oscar de la Meilleure Musique de Film, et Nomination au Golden Globe de la Meilleure Musique de Film  

 

LE JOUR LE PLUS LONG, produit par Darryl F. Zanuck

LE SOLEIL DANS L’ŒIL, de Jacques Bourdon

LES DIMANCHES DE VILLE D’AVRAY, de Serge Bourguignon – Nomination à l’Oscar de la Meilleure Musique de Film  

LES OLIVIERS DE LA JUSTICE, de James Blue

LES TRAVESTIS DU DIABLE, court-métrage documentaire

le téléfilm OTHELLO, de Claude Barma

THÉRÈSE DESQUEYROUX, de Georges Franju

TON OMBRE EST LA MIENNE, d’André Michel

1963

JUDEX, de Georges Franju

LES ANIMAUX, documentaire de Frédéric Rossif

le téléfilm LES RUSTRES, de Jean Pignol

MOURIR A MADRID, documentaire de Frédéric Rossif

POUR L’ESPAGNE, court-métrage documentaire de Frédéric Rossif

UN ROI SANS DIVERTISSEMENT, de François Leterrier

1964

BEHOLD A PALE HORSE / Et Vint le Jour de la Vengeance, de Fred Zinnemann

LE TRAIN, de John Frankenheimer

WEEK-END A ZUYDCOOTE, de Henri Verneuil

1965

LE DERNIER MATIN D’ARTHUR RIMBAUD, court-métrage de Jean Barral

LE DERNIER MATIN DE GUY DE MAUPASSANT, court-métrage de Maurice Fasquel

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LE DOCTEUR JIVAGO, de David Lean – 2e Oscar de la Meilleure Musique de Film, et 1er Golden Globe de la Meilleure Musique de Film  

THE COLLECTOR / L‘Obsédé, de William Wyler

1966

GAMBIT / Un Hold-up Extraordinaire, de Ronald Neame

GRAND PRIX, de John Frankenheimer

 

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LES PROFESSIONNELS de Richard Brooks – un « must » de la musique Western de cinéma qui n‘a rien envier aux 7 MERCENAIRES d‘Elmer Bernstein !

PARIS BRÛLE-T-IL ? de René Clément – Nomination au Golden Globe de la Meilleure Musique de Film. Et Paris qui crie sa colère !…  

1967  

la série TV Western CIMARRON STRIP / Cimarron

LA NUIT DES GÉNÉRAUX, d’Anatole Litvak

LA VINGT-CINQUIÈME HEURE, de Henri Verneuil

1968

VILLA RIDES / Pancho Villa, de Buzz Kulik

5 CARD STUD / Cinq Cartes à Abattre, de Henry Hathaway

THE FIXER / L’Homme de Kiev de John Frankenheimer. Très belle musique mélancolique pour ce film très dur sur la Russie antisémite d’avant la Révolution.

ISADORA, de Karel Reisz

1969

LA CADUTA DEGLI DEI / Les Damnés, de Luchino Visconti

THE EXTRAORDINARY SEAMAN, de John Frankenheimer

la série TV THE SURVIVORS, de Harold Robins

TOPAZ / L’Étau, d’Alfred Hitchcock

1970

EL CONDOR, de John Guillermin

LA FILLE DE RYAN, de David Lean

THE ONLY GAME IN TOWN / Las Vegas, Un Couple de George Stevens

UNE SAISON EN ENFER, de Nelo Risi

1971

PLAZA SUITE, d’Arthur Hiller

SOLEIL ROUGE, de Terence Young

1972

DE L’INFLUENCE DES RAYONS GAMMA SUR LE COMPORTEMENT DES MARGUERITES, de Paul Newman

JEAN VILAR, UNE BELLE VIE, documentaire de Jacques Rutman

le show télévisé LIZA WITH A « Z », de Bob Fosse. Liza Minnelli y reprend la chanson « It Was a Good Time » composée par Jarre pour LA FILLE DE RYAN.

POPE JOAN / Jeanne, Papesse du Diable, de Michael Anderson

THE LIFE AND TIMES OF JUDGE ROY BEAN / Juge et Hors-la-loi de John Huston – Nomination au Golden Globe de la Meilleure Musique de Film  

1973

ASH WEDNESDAY, de Larry Peerce

THE MACKINTOSH MAN / Le Piège, de John Huston

1974

le téléfilm DE GRANDES ESPÉRANCES, de Joseph Hardy

GRANDEUR NATURE, de Luis Garcia Berlanga

L’ÎLE SUR LE TOIT DU MONDE, de Robert Stevenson, production Walt Disney

1975

L’HOMME QUI VOULUT ÊTRE ROI, de John Huston. Un autre grand classique ! – Nomination au Golden Globe de la Meilleure Musique de Film  

MANDINGO, de Richard Fleischer  

Mr. SYCAMORE, de Pancho Kohner

POSSE / La Brigade du Texas, de Kirk Douglas

le téléfilm THE SILENCE, de Joseph Hardy

1976

AL-RISÂLAH, de Moustapha Akkad

LE DERNIER NABAB, d’Elia Kazan

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LE MESSAGE, de Moustapha Akkad – Nomination à l’Oscar de la Meilleure Musique de Film  

 

SHOUT AT THE DEVIL / Parole d’Homme, de Peter R. Hunt

1977

la mini-série télévisée JÉSUS DE NAZARETH, de Franco Zeffirelli

CROSSED SWORDS, de Richard Fleischer

MARCH OR DIE / Il était une fois la Légion, de Dick Richards

1978

un épisode télévisé d’« ABC Afterschool Specials » : ONE OF A KIND, de Harry Winer

TVFilm ISHI : THE LAST OF HIS TRIBE, de Robert Ellis Miller

LA TORTUE SUR LE DOS, de Luc Béraud

le téléfilm « MOURNING BECOMES ELECTRA », de Nick Havinga

le téléfilm THE USERS, de Joseph Hardy

TWO SOLITUDES, de Lionel Chetwynd

1979

LE TAMBOUR, de Volker Schlöndorff

THE MAGICIAN OF LUBLIN, de Menahem Golan

WINTER KILLS, de William Richert

1980

le téléfilm ENOLA GAY : THE MEN, THE MISSION, THE ATOMIC BOMB, de David Lowell Rich

LE DERNIER VOL DE L’ARCHE DE NOÉ, de Charles Jarrott

RÉSURRECTION, de Daniel Petrie

Téléfilm et Série SHOGUN, de Jerry London

THE AMERICAN SUCCESS COMPANY, de William Richert

THE BLACK MARBLE, de Harold Becker

1981

LE FAUSSAIRE, de Volker Schlöndorff

LE LION DU DÉSERT, de Moustapha Akkad

TAPS, de Harold Becker

le téléfilm VENDREDI OU LA VIE SAUVAGE, de Gérard Vergez

1982

le téléfilm COMING OUT OF THE ICE, de Waris Hussein

DON’T CRY, IT’S ONLY THUNDER, de Peter Werner

FIREFOX, de Clint Eastwood

THE YEAR OF LIVING DANGEROUSLY / L’Année de Tous les Dangers, de Peter Weir. Première association avec le cinéaste australien, une jolie réussite tout en subtilité.

YOUNG DOCTORS IN LOVE / Docteurs In Love, de Garry Marshall

1983

AU NOM DE TOUS LES MIENS, de Robert Enrico – remonté ensuite en mini-série pour la télévision française – 7 d’Or de la Meilleure Musique  

 

1984 

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A PASSAGE TO INDIA / La Route des Indes de David Lean – 3e Oscar de la Meilleure Musique de Film, et 2e Golden Globe de la Meilleure Musique de Film  

DREAMSCAPE, de Joseph Ruben

le téléfilm SAMSON AND DELILAH, de Lee Phillips

le téléfilm THE SKY’S NO LIMIT, de David Lowell Rich

TOP SECRET ! des Zucker-Abrahams-Zucker

1985

ENEMY MINE / Enemy, de Wolfgang Petersen

LA PROMISE, de Franc Roddam

MAD MAX AU-DELÀ DU DÔME DU TONNERRE de George Miller. Toute l‘ampleur et la furie « madmaxienne », par le compositeur de LAWRENCE D’ARABIE : une B.O. réussie et sous-estimée !

WITNESS, de Peter Weir. Très belle composition de Jarre pour sublimer le périple de Harrison Ford en terre Amish. Nominations au Golden Globe et à l’Oscar de la Meilleure Musique de Film  

1986

le téléfilm APOLOGY, de Robert Bierman

MOSQUITO COAST de Peter Weir – Nomination au Golden Globe de la Meilleure Musique de Film  

SOLARBABIES / Les Guerriers du Soleil, d’Alan Johnson  

TAI-PAN, de Daryl Duke

1987

FATAL ATTRACTION / Liaison Fatale, d’Adrian Lyne

GABY : A TRUE STORY, de Luis Mandoki

JULIA ET JULIA, de Peter Del Monte

LE PALANQUIN DES LARMES, de Jacques Dorfmann

NO WAY OUT / Sens Unique, de Roger Donaldson

SHUTO SHOSHITSU, de Toshio Masuda

1988

DISTANT THUNDER, de Rick Rosenthal

GORILLES DANS LA BRUME, de Michael Apted. Une autre belle réussite de Jarre, qui lui vaut son 3e Golden Globe de la Meilleure Musique. Plus une Nomination à l’Oscar de la Meilleure Musique de Film.  

le téléfilm LE MEURTRE DE MARY PHAGAN, de William Hale  

MOON OVER PARADOR de Paul Mazursky

WILDFIRE, de Zalman King

1989

CHANCES ARE / Le Ciel s’est trompé, d’Emile Ardolino

ENNEMIES, UNE HISTOIRE D’AMOUR, de Paul Mazursky

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LE CERCLE DES POÈTES DISPARUS, de Peter Weir. Encore un très beau score à l’ambiance mélancolique, récompensé par le British Academy Award de la Meilleure Musique Originale. Les cornemuses du grand finale, « Keating’s Triumph », sont magistralement employées.  

PRANCER, de John D. Hancock

1990

AFTER DARK, MY SWEET / La Mort sera si douce, de James Foley

ALMOST AN ANGEL, de John Cornell 

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GHOST, de Jerry Zucker. Jarre signe l’ensemble de la musique, et livre une très belle adaptation d’ « Unchained Melody », composée par Alex North, pour la séquence finale.Maurice Jarre obtient une nomination à l’Oscar de la Meilleure Musique de Film, et la récompense « Top Box Office Films » de l’American Society of Composers, Authors, and Publishers.  

L’ÉCHELLE DE JACOB, d’Adrian Lyne – un de ses « scores » les plus inquiétants !

SOLAR CRISIS, d’ « Alan Smithee » ( Richard C. Sarafian )

1991

FIRES WITHIN / Cruel Dilemme, de Gillian Armstrong

ONLY THE LONELY / Ta Mère ou Moi !, de Chris Columbus

1992

RAKUYÔ, de Rou Tomono

SCHOOL TIES / La Différence, de Robert Mandel

SHADOW OF THE WOLF / Agaguk, de Jacques Dorfmann et Pierre Magny

1993

Mr. JONES, de Mike Figgis

FEARLESS / État Second, de Peter Weir

1995

A WALK IN THE CLOUDS / Les Vendanges de Feu, d’Alfonso Arau – son 4e Golden Globe de la Meilleure Musique de Film.  

1996

SUNCHASER de Michael Cimino

1997

LE JOUR ET LA NUIT, de Bernard-Henri Lévy

1999

SUNSHINE, d’Istvan Szabo

2000

JE RÊVAIS DE L’AFRIQUE, de Hugh Hudson

2001

TVFilm UPRISING / 1943 l’Ultime Révolte, de Jon Avnet. Sa dernière œuvre pour l’écran.

Un coeur fidèle à Castro Street – MILK / Harvey Milk

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MILK / Harvey Milk, de Gus Van Sant  

L’Histoire :  

l‘histoire véridique de Harvey Milk, le tout premier homme élu publiquement en Californie, au Conseil Municipal de San Francisco, à avoir affiché ouvertement son homosexualité. Défenseur des droits civiques des gays, adversaire politique déclaré des mouvements conservateurs et de l‘homophobie, Milk fut assassiné le 27 novembre 1978, avec le Maire George Moscone, par un ancien conseiller municipal, Dan White. Neuf jours avant son assassinat, Milk enregistre ses mémoires sur un magnétophone…  

Aux Etats-Unis, les policiers faisaient des descentes régulières et brutales, de véritables ratonnades dans les bars où se rassemblaient les homosexuels, qui étaient arrêtés en masse, considérés comme « déviants », « pervers » et « malades » par la société américaine. En 1970, Harvey Milk, comptable dans une compagnie d‘assurances, tombe amoureux de Scott Smith, qu‘il a croisé dans le métro new-yorkais. Âgé de 40 ans, Milk, fatigué de mentir sur sa vie privée et de devoir paraître « normal », change de vie avec Scott. Les deux compagnons emménagent à San Francisco, où ils ouvrent un magasin de photo, dans le quartier de Castro Street. Mais le strict voisinage des catholiques Irlandais empêche Harvey et Scott de prospérer dans leurs affaires. Harvey Milk se lance dans l’activisme en faveur des droits des homosexuels, s‘entourant de jeunes gens talentueux et volontaires. Parmi eux, Cleve Jones, un étudiant qui décide de suivre Harvey dans ses activités, plutôt que de se prostituer. Harvey gagne vite en popularité auprès de ses congénères de Castro Street. Il décide de se lancer dans une campagne politique pour devenir Conseiller Municipal, refusant le soutien des Démocrates favorables au vote des homosexuels. Mais il connaît deux échecs, en 1973 et 1975, puis perd une troisième élection en 1976 pour l‘Assemblée d‘État Californienne. Malgré les moments de doute, son activisme politique ne faiblit pas, mais Scott, lassé de ne plus avoir de vie intime avec lui, le quitte. Harvey rencontre quelques temps plus tard Jack Lira, un jeune homme, doux mais perturbé, qui devient son nouveau compagnon. Et, en 1977, il remporte enfin une élection au poste de Conseiller Municipal de San Francisco. De nouvelles responsabilités et de nouveaux combats l‘attendent, contre l‘émergence de la droite chrétienne fondamentaliste, représentée par Anita Bryant et le Sénateur John Briggs, ouvertement hostiles aux homosexuels…  

La Critique :  

La vie de Harvey Milk a depuis longtemps déjà intéressé les cinéastes. Depuis 1984, où le documentaire THE TIMES OF HARVEY MILK a été récompensé par un Oscar, le parcours et la fin tragique de cet homme, fer de lance aux USA de la défense des droits des homosexuels, constituait un sujet de choix pour des réalisateurs aux fortes convictions politiques. Tel Oliver Stone, qui tenta de monter il y a une quinzaine d’années THE MAYOR OF CASTRO STREET, qui faillit se faire avec Robin Williams dans le rôle de Milk. Et surtout Gus Van Sant, qui manifesta à la même époque son intérêt pour une biopic sur le même personnage. C’est donc au terme d’un long processus de recherche et d’écriture que le scénariste Dustin Lance Black et le très bon réalisateur de WILL HUNTING, A LA RENCONTRE DE FORRESTER et ELEPHANT ont finalement pu concrétiser le projet. Curieuse ironie du sort, mais le projet concurrent de Stone fut abandonné par ce dernier… mais semble être entré en production peu après l’annonce du tournage de MILK, du moins est-ce ce que l’on peut lire sur certains sites cinéma ! Le résultat, concernant le film de Van Sant, est une réussite incontestable, l’un des films les plus passionnants de son auteur. Et, cerise sur le gâteau, MILK offre à Sean Penn un second Oscar largement mérité pour sa prestation.

Egalement lauréat d’un Oscar, le scénariste Dustin Lance Black (remarqué pour ses scripts sur la décapante série BIG LOVE, sur les affres d’un père de famille Mormon - ce bon vieux Bill Paxton – et ses trois épouses) livre un script de grande qualité, parfaitement documenté sur l’époque qu’il décrit, rigoureux dans sa dramaturgie et délivrant le portrait très juste d’un homme solitaire embarqué dans une grande lutte politique et sociale. Homosexuels affirmés, Black et Gus Van Sant ont été particulièrement sensibles au message de tolérance et d’ouverture prôné par Milk, ainsi qu’à son anticonformisme revendiqué. Tout comme ils savent aisamment nous plonger dans une période troublée, décrivant remarquablement le processus politique par lequel la communauté gay américaine a cessé de se cacher, de dire non à la peur et à la persécution, et de s’affirmer au grand jour en dépit de tout. Le combat était loin d’être gagné d’avance, dans une société américaine ouvertement hostile aux gays. En quelques images d’archives évocatrices, Van Sant nous rappelle qu’à une époque toute proche, être homosexuel, c’était risquer de subir des violences policières ahurissantes. Affirmer une sexualité différente de la majorité, dans un pays puritain comme les USA, faisait de vous une cible facile pour les moqueries, l’humiliation, la brutalité homophobe. Bien entendu, le phénomène ne se limitait pas aux seuls Etats-Unis, mais ces images d’arrestations massives suffisent à montrer pourquoi des gens comme Milk, au début de leur vie, ont dû se cacher et afficher une « normalité » de surface. 

On pourra d’ailleurs faire un parallèle entre MILK et un autre très bon film de 2004 signé de Bill Condon, DOCTEUR KINSEY avec Liam Neeson dans le rôle-titre. Situé environ deux décennies avant la période du film de Van Sant, le film de Condon donnait lui aussi une très juste description du poids culpabilisateur de la société américaine sur ceux qui osaient afficher leurs préférences sexuelles – et les violences ignobles qu’ils ont pu subir de la part de leurs proches n’acceptant pas celles-ci. D’ailleurs, comme le film le montre clairement, révéler son homosexualité à sa famille entraînait le rejet de celle-ci. Pour des milliers de jeunes américains, cela signifiait se retrouver à la rue du jour au lendemain, avec pour seule perspective d’avenir la prostitution, la drogue et la mise au ban de la société. Harvey Milk a su changer cela – voir par exemple le « recrutement » de Cleve Jones, qui allait s’engager sur cette funeste voie avant de rencontrer Milk, et qui est devenu le continuateur de l’oeuvre politique de ce dernier.  

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Ci-dessus : la bande-annonce de MILK en VOST.    

Le film mérite d’être vu pour son aspect politique, particulièrement cinglant envers certaine bonne société américaine, parfois un peu trop prompte au lynchage. Alors que les années Bush et son « conservatisme compatissant » synonyme d’intolérance religieuse viennent de se terminer dans une déroute totale, MILK vient à sa façon infliger le coup de grâce : le film est une véritable descente en flammes, jubilatoire, de la bigoterie fondamentaliste américaine !

Rappelons que, si de nombreux mouvements politiques ont pris naissance aux USA dans les années 60-70 pour défendre avec justesse les droits des minorités, la décennie que nous montre Van Sant a vu naître une inquiétante montée en flèche du fondamentalisme chrétien, une mouvance religieuse radicale qui a accompagné l’émergence du système républicain d’ultra-droite des Reagan et Bush. Pendant les deux mandats de George W. Bush, ce dernier a été largement soutenu dans ses choix politiques aberrants par les héritiers de ce courant religieux né dans les années 1970. Avec les résultats catastrophiques que l’on a vu dans cette décennie, aux USA comme dans les points « chauds » de la planète… Van Sant, Dustin Lance Black et bien sûr Sean Penn lui-même ont trouvé dans l’histoire de Harvey Milk l’occasion de livrer une gifle magistrale aux hypocrites se cachant derrière la volonté de Dieu pour justifier leur intolérance – comme le redoutable prédicateur Jerry Falwell, tête de Turc de Larry Flynt en raison de ses lamentables déclarations (revoyez le magistral LARRY FLYNT de Milos Forman, tout aussi impitoyable en la matière). Cible de choix dans le film de Van Sant : Anita Bryant, une ancienne chanteuse country, ex-vendeuse de jus d’orange devenue porte-parole des homophobes heureux… une redoutable ancêtre à l’inénarrable Sarah Palin, qui a droit à de savoureuses piques de la part des auteurs du film. L’autre bête noire de Milk et de ses amis de Castro Street, un sénateur républicain à la triste mine, John Briggs, auteur de l’odieuse Proposition 6. Un texte d’une incroyable violence politique, digne des pires mouvements fascistes des années 30, visant à discriminer et « inférioriser » les homosexuels comme des citoyens de troisième zone, et les traiter en pervers incurables… La lutte de Milk contre la Proposition 6 sera l’apothéose de sa carrière politique, et le film décrit très bien cette période de lutte intense en faveur des libertés. Van Sant et Black livrent quelques-unes des meilleures scènes du film dans ce cadre, notamment lors d’un mémorable débat entre Harvey Milk et le pitoyable sénateur. Par des dialogues incisifs et une mise en scène tranchante, Milk parvient à prendre Briggs en défaut, en le faisant s’empêtrer dans son discours plein de clichés pré-mâchés sur les homos.

De façon plus anecdotique (quoique…), on remarquera que le tout premier combat politique de Milk concerne la boisson favorite des machos américains, la sacro-sainte bière, ici de la marque Coors. C’est cette même bière que boit Jack Lira, l’amant perturbé de Milk, quelques heures avant la découverte de son suicide dans l’une des scènes les plus marquantes du film. Curieuse coïncidence, la Coors était aussi la bière favorite d’un inquiétant personnage vivant non loin de San Francisco à la même époque, Arthur Leigh Allen, le suspect numéro des meurtres du Zodiaque, dont David Fincher nous a livré en 2007 un film exceptionnel, éclairé par Harris Savides, qui est aussi le chef-opérateur de Van Sant ! Curieuse marque de bière qui prend à mes yeux une sinistre valeur mortifère… mais continuons avec MILK.  

 

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Ci-dessus : avant le film de Gus Van Sant, il y eut en 1984 un documentaire de Rob Epstein consacré au combat politique de Harvey Milk, THE TIMES OF HARVEY MILK. Certains extraits de cette bande-annonce vous paraîtront très familiers… Noter aussi combien l’incroyable ressemblance de Josh Brolin dans le film de Van Sant avec le Dan White présent dans ces images ! 

 

Le film de Van Sant est aussi le portrait attachant d’un homme plus complexe qu’il n’y paraît, et l’histoire d’une étrange amitié teintée de paranoïa, qui va peu à peu prendre une tournure dramatique. C’est peu de dire que Harvey Milk est magnifiquement interprété par Sean Penn. L’acteur se fond dans son rôle avec une aisance qui laisse pantois. Il le rend tour à tour chaleureux, angoissé, exhubérant, solitaire, batailleur, vulnérable. On oublie Sean Penn-l’acteur-américain-engagé, et on voit toute la force et les failles de Harvey Milk. On ressent sans peine la profonde détresse de ce dernier quand il révèle « 3 de mes compagnons sur 4 se sont suicidés, parce que j’avais honte de révéler que j’étais gay… ». On ressent sa sollicitude sincère pour les jeunes abandonnés de Castro Street, qui lui rendront un si bel hommage après sa mort, et celle qu’il peut avoir quand il entend l’appel à l’aide d’un jeune handicapé rejeté par sa famille. Et l’on ressent sa peur, lorsqu’il se croit suivi par un homme dans la rue, ou qu’il reçoit des menaces de mort avant un important discours. Le film prend une dimension encore plus forte quand Van Sant et Dustin Lance Black relatent aussi la singulière relation de Milk avec le conseiller municipal Dan White, son futur assassin. Ami des policiers et des pompiers de San Francisco, élu par eux, White était très marqué par son éducation stricte, celle d’un Irlandais catholique élevé dans un milieu traditionnaliste, peu propice à la tolérance envers les homos.

L’acteur Josh Brolin (qui vient récemment d’incarner George W. Bush chez Oliver Stone…) incarne de façon trés juste cet étrange personnage, qui présente bien en apparence mais semble porter de graves fêlures internes. Il semble apprécier l’indépendance d’esprit et l’originalité de Milk, il accepte que celui-ci soit le seul conseiller municipal à assister au baptême de son enfant, mais il réprouve publiquement ses convictions et ses actions. Milk semble percevoir en lui ce qui le perturbe : White voit-il en lui ce qu’il n’ose pas s’avouer être, que ce soit dans sa situation sociale comme dans son orientation sexuelle ? La question est posée : White, apparemment irréprochable père de famille, croyant, ancien du Viêtnam, est peut-être bien un homosexuel refoulé. La présence de Milk le perturbe, le fait presque perdre son masque de respectabilité sociale (voir l’excellente scène où, éméché lors d’une fête, il est sur le point de craquer devant son ami et rival), mais le poids des traditions est le plus fort… La paranoïa grandissante de White va le mener à commettre un geste irréparable et symbolique : le meurtre du maire de San Francisco, George Moscone, allié de Milk, et de celui-ci, le 27 novembre 1978. Peu de temps après sa démission du Conseil Municipal, synonyme d’échec insupportable pour lui.  

 

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Ci-dessus : Harvey Milk enregistra ce message peu de temps avant d’être assassiné. Sa voix accompagne ici des images d’archives de la grande marche rendant hommage à Milk et George Moscone après leur assassinat par White.  

 

Voilà comment une grande carrière politique a été foudroyée. Le combat de Harvey Milk a certes permis la reconnaissance publique des droits civiques des homosexuels américains, ceux-ci ont su se faire accepter de leurs concitoyens, mais, trente ans après, rien n’est définitivement gagné. Dans un pays éprouvé par le sectarisme religieux et les préjugés, qu’ils soient xénophobes ou homophobes, la tentation de revenir en arrière et de stigmatiser les « pédés » est toujours aussi courante. Elle l’est d’ailleurs toujours, dans le reste du monde. Les continuateurs de l’oeuvre de Harvey Milk continuent de se battre difficilement contre les préjugés et l’intolérance de certains mouvements religieux.

A ce titre, le film de Gus Van Sant est salutaire. C’est du très grand cinéma, servi par un comédien exceptionnel, très bien entouré d’ailleurs. On saluera autour de Penn, outre Josh Brolin, tous les acteurs les entourant. Comme Diego Luna, le petit bagagiste du TERMINAL, touchant dans le rôle de Jack. Emile Hirsch, le jeune héros d’INTO THE WILD, joue ici aux côtés de son réalisateur le rôle de Cleve Jones avec justesse. Et James Franco prouve qu’il n’est pas juste le bon copain Harry de SPIDER-MAN, mais un acteur d’une grande intelligence. Ajoutez à tout ceci une mise en scène élégante, joliment mise en images par Harris Savides et accompagnée d’une très belle musique de Danny Elfman, et vous aurez au final l’un des tous meilleurs films de Gus Van Sant. Du très grand Cinéma.  

 

Ma note :  

 

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Ludovico, Maire Candidat de Bonzo Street  

La fiche technique :  

MILK / Harvey Milk

Réalisé par Gus VAN SANT   Scénario de Dustin Lance BLACK  

Avec : Sean PENN (Harvey Milk), Emile HIRSCH (Cleve Jones), Josh BROLIN (Dan White), Diego LUNA (Jack Lira), James FRANCO (Scott Smith), Alison PILL (Anne Kronenberg), Victor GARBER (George Moscone, Maire de San Francisco), Denis O’HARE (Sénateur John Briggs), Joseph CROSS (Dick Pabich), Stephen SPINELLA (Rick Stokes)  

Produit par Bruce COHEN, Dan JINKS et Michael LONDON (Focus Features / Axon Films / Groundswell Productions / Jinks/Cohen Company / Sessions Payroll Management)   Producteurs Exécutifs Dustin Lance BLACK, Barbara A. HALL, William HORBERG et Bruna PAPANDREA  

Musique Danny ELFMAN   Photo Harris SAVIDES   Montage Elliot GRAHAM   Casting Francine MAISLER  

Décors Bill GROOM   Direction Artistique Charley BEAL   Costumes Danny GLICKER  

1er Assistant Réalisateur David J. WEBB   

Mixage Son Chris DAVID, Neil RIHA, Leslie SHATZ et Gus VAN SANT   Montage Son Robert JACKSON  

Distribution USA : Focus Features / Distribution FRANCE : SND 

Durée : 2 heures 08

Le dernier face-à-face de Clint – GRAN TORINO

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GRAN TORINO, de Clint Eastwood  

L’Histoire :  

Walt Kowalski, un ancien ouvrier mécanicien retraité, enterre son épouse. Ce vétéran de la Guerre de Corée, amer et aigri par la vie, vit une pénible journée lors de ses funérailles. Ses deux fils et leurs familles ne le respectent pas, et le jeune prêtre chargé de l‘office funéraire, le Père Janovich, n‘arrive pas à le convaincre de respecter les derniers vœux de sa femme : se confesser auprès de lui. Son quartier de Highland Park, petite ville du Michigan, est atteint par la pauvreté, tombe en ruines, et des gangs s‘y affrontent. Solitaire, Walt passe le plus clair de ses journées seul chez lui avec sa chienne Daisy, à siroter des bières. Raciste, il peste contre ses nouveaux voisins, membres de la communauté Hmong venue du Laos, du Viêtnam et du sud de la Chine – pour Walt, des « bridés » comme ceux qu‘il combattait jadis.  

Parmi ses nouveaux voisins, deux adolescents, une sœur et un frère, Sue et Thao Vang Lor. Ce dernier, jeune homme timide, solitaire et sensible, est un jour pris à partie par un gang de jeunes voyous Mexicains. Une bande rivale, celle de son cousin Spider, le tire d‘affaire. Mais Spider et son complice Smokey veulent « initier » Thao pour le faire entrer dans leur gang. Il tente de voler le bien le plus précieux de Walt : une Ford Gran Torino 1972, une superbe voiture de collection, souvenir des années de labeur du vieillard. Celui-ci surprend Thao dans son garage, et le fait s‘enfuir. Spider, mécontent, décide de forcer Thao à réussir sa « deuxième chance » : le gang vient le chercher chez lui, mais Sue, sa mère et sa grand-mère s‘y opposent. Les choses tourneraient très mal pour Thao si Walt n‘intervenait pas, furieux, pointant son fusil d‘assaut M1 sur les jeunes brutes. Ceux-ci finissent par s’en aller, non sans menaces. Walt gagne malgré lui la reconnaissance de la communauté Hmong de son quartier, et de Sue.

Un autre jour, Walt intervient à temps pour la sauver alors qu’elle était harcelée avec son petit copain par trois voyous d’un autre gang. Elle l’invite à faire connaissance avec ses nouveaux voisins. Le vieux ex-soldat se laisse peu à peu amadouer, acceptant même d’engager Thao pour des travaux de réparation, afin que le jeune homme puisse faire amende honorable après sa tentative de vol…  

 

la Critique :  

 

(ATTENTION SPOILER ! Des informations importantes sont dévoilées sur le scénario du film. Il est donc recommandé de ne lire ce texte qu’après vision de GRAN TORINO !)

Il est décidément incroyable, ce sacré Clint… il venait tout juste de nous asséner, il y a un peu plus de deux mois, un véritable électrochoc de peur et de larmes avec CHANGELING (L’Echange), que déjà il enchaînait immédiatement avec le tournage de son film suivant, au titre énigmatique de GRAN TORINO. Il n’en fallait pas plus pour que certains fans, bien mal renseignés, se soient mis à fantasmer sur le retour de son personnage de Dirty Harry, pour une ultime enquête. Sans doute avaient-ils lu de travers certains propos de Clint, qui, il n’y a pas si longtemps, répondait évasivement à des intervieweurs lui demandant s’il rejouerait une dernière fois le flic le plus coriace de San Francisco. Clint avait répondu que la seule façon de le voir jouer Harry, à son âge « canonique » (le voilà dans sa 79e année), serait de le montrer retraité et qu’il faudrait une sacrée bonne raison pour le voir reprendre en main le Magnum .44… Manière polie et détournée de dire qu’il n’avait plus vraiment l’âge ni l’envie de jouer les héros justiciers qui l’ont rendu célèbre – et lui ont posé un certain problème d’image politique durant les années 70, aux yeux de certains critiques bien plus expéditifs que Harry !

La confusion est peut-être née du fait que Clint Eastwood a finalement annoncé que GRAN TORINO serait son dernier film en tant qu’acteur. Le tournage du film a été rapide et discret. On connaît maintenant le résultat : un beau succès au box-office tant américain qu’international (135 millions de $ aux USA, et ce n’est pas fini, pour un budget modeste de 35 millions de $ – et il manque les recettes internationales, sans doute égales) et un enthousiasme critique quasi généralisé. Il faut le dire, le succès est mérité, car Clint – pardon pour la familiarité, mais elle est méritée vue la longévité de sa carrière… Clint, donc, nous a offert là un magnifique cadeau. Un film plein d’humanité, de tristesse, d’humour, et qui, hélas, sonne comme un adieu de sa part en tant qu’acteur.

Il se met donc en scène dans la peau de Walt Kowalski, un ancien ouvrier et héros de la Guerre de Corée, retraité, renfermé, aigri et passablement raciste, un vieux schnoque au crépuscule de sa vie, largué par sa propre famille, et qui va pourtant s’en trouver une autre, des plus inattendues… Premier scénario de long-métrage signé de Nick Schenk, un inconnu promis à une belle carrière, GRAN TORINO pose dès ses premières séquences les bases dramatiques de son histoire : le désarroi d’un vieil homme qui enterre son épouse (c’est la toute première image du film) et comprend qu’il devient un véritable étranger au sein de sa propre famille. Eastwood est magistral dans le rôle de Walt, et, durant les premières minutes du film, réussit avec autant d’humour que de retenue à illustrer la détresse de son personnage. La séquence de l’office religieux, et celle qui s’ensuit après le service, est l’occasion pour Clint de se montrer impitoyable (normal) avec la famille US contemporaine moyenne. Les petits-enfants sont aussi odieux qu’irrespectueux (tout particulièrement la petite-fille de Walt, bardée de piercings et accro au portable ! et qui lorgne sur la précieuse Gran Torino de Papy comme futur héritage…), et les fils de Walt, deux quadras-quinquas, businessmen américains typiques, incapables de communiquer avec leur père. Lequel n’est d’ailleurs pas un modèle de sympathie, c’est le moins que l’on puisse dire, surtout quand il insulte le jeune prêtre qui voudrait tant l’entendre en confession, selon la dernière volonté de sa défunte épouse…  

Ajoutez à celà que Walt Kowalski est aussi terriblement raciste, et qu’il voit d’un sale oeil les communautés immigrées installées dans sa petite ville du Michigan ; vous aurez une idée du personnage, a priori un type détestable… mais donc le cinéaste-acteur va nous dévoiler par touches progressives l’humanité, les doutes et les failles. Ce sympathique portrait de famille désintégrée est l’occasion pour le cinéaste de rajouter d’autres détails féroces : notamment une scène d’anniversaire d’une grande causticité, où Walt envoie paître le seul de ses fils qui a fait le déplacement avec sa bru, pour lui offrir des cadeaux grotesques et un aller simple en maison de retraite ! On le voit, Eastwood et Nick Schenk nous brossent un portrait acide de la famille américaine dans toute sa laideur. Derrière l’humour, la détresse pointe cependant, et nuance heureusement le propos. Le matérialisme et la cupidité des héritiers de Walt vient en fait de sa profonde incapacité à parler aux siens. Une scène toute simple, touchante, va dans ce sens. Walt téléphone un soir à Mitch, l’un de ses fils. Derrière les banalités échangées, on devine que Walt en a gros sur le coeur, qu’il voudrait enfin enlever son masque de père autoritaire et se livrer enfin… mais rien ne sort, et le fils, obnubilé par ses factures, raccroche vite. Walt reste seul, avec son labrador à moitié sourd et ses packs de bière.  

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Ci-dessus : la bande-annonce en VO de GRAN TORINO.    

A contrario, les nouveaux voisins de l’acariâtre bonhomme lui renvoient en pleine face l’image d’une communauté soudée. Un thème fondamental du cinéma d’Eastwood, qui, en grand héritier de John Ford, sait décrire des familles et des groupes de petites gens, tantôt soudés, tantôt divisés. Les voisins de Walt sont des Hmong. Cette communauté Asiatique existe réellement. Egalement appelés miao (ou « Montagnards », « ceux des collines »), ils viennent du Laos, du Viêtnam et de la Chine du Sud, et ont des siècles d’une histoire difficile derrière eux. Persécutés jadis en Chine, ils trouvèrent refuge plus au Sud, dans notre ancienne Indochine. S’ils se sont réfugiés majoritairement aux USA, c’est qu’ils ont combattu les Viêt Congs aux côtés des Français durant la Guerre d’Indochine, et les Américains durant la Guerre du Viêtnam – comme le précise la jeune Sue au vieux Walt, qui les cataloguait à tort comme les autres « bridés » qu’il combattait, ceux de la Guerre de Corée… La petite communauté Hmong fait tache aux yeux de Walt, qui de toute façon déteste apparemment tout le monde. La prise de contact et l’amitié inhabituelle qui se noue entre le retraité amer et eux est l’occasion de scènes savoureuses, où l’humour d’Eastwood s’affirme au détriment de son personnage !

On remarquera que les voisins de Walt célèbrent une naissance le jour même où celui-ci enterre sa femme. Une vie s’en va, une autre commence… c’est un symbole cyclique fort, à la philosophie toute orientale, qui tranche avec les rituels bien terre-à-terre de la société américaine filmée par Eastwood. C’est aussi l’occasion pour ce dernier d’évoquer avec un certain désenchantement la fin du melting pot américain. Deux communautés se côtoient ainsi, sans se rencontrer, ni chercher à se comprendre. Issu d’un milieu catholique d’origine polonaise, Walt est pourtant férocement opposé à la religion, comme il ne se prive pas de le dire au jeune prêtre Janovich ! Ce dernier connaît une évolution intéressante au contact de Walt. D’abord perçu à tort comme un personnage de comédie uniquement là pour encaisser les sarcasmes du vieil homme, Janovich finit par sortir de son rôle de « père la morale » pour apprendre, comme il le dira lui-même, une leçon de vie de la part de Walt, et cimenter les deux communautés. Il rejoint par ailleurs la liste déjà bien remplie de prêtres et révérends présents dans l’oeuvre du cinéaste, notamment le Père Horvak de MILLION DOLLAR BABY. Comme par un effet de reflet inversé, Walt, paria de sa propre communauté, trouve chez les Hmong un personnage tout aussi important, le chaman qui, par son seul regard, ressent et interprète ses failles. C’est dans ce nouveau voisinage que l’acariâtre vieillard prend finalement fait et cause pour une soeur et un frère, Sue et Thao (deux jeunes comédiens débutants formidables, Ahney Her et Bee Vang), sur qui il va reporter son affection paternelle réprimée.  

Cette relation forte avec les deux jeunes gens rend d’autant plus insupportable pour Walt la présence menaçante des gangs. C’est en sauvant in extremis Sue d’un trio de jeunes Noirs* que Walt parvient à nouer le contact avec elle et sa famille. Et le drame central du film repose sur la relation tendue qu’a Thao, jeune homme introverti et sensible, avec son cousin membre d’un gang. Ce point du scénario permet à Clint Eastwood de pointer du doigt l’une des pires dérives visibles du repli communautaire, qui marque particulièrement la société américaine : la criminalisation galopante chez des jeunes, qui se sentent délaissés et privés de repères moraux, et rejoignent des gangs ethniques quasi tribaux. Ainsi Thao, qu’on devine désemparé par l’absence de son père, est-il à deux doigts de suivre son cousin « protecteur » qui veut l’initier aux rites de sa bande armée. Sans la présence de Walt, il serait certainement devenu un petit criminel de plus, destiné à mourir jeune d’une mort violente.

* le plus étonnant, dans cette séquence, est que Eastwood fait jouer le rôle du petit ami trouillard de Sue par son propre fils Scott !  

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ci-dessus : un modèle 1972 de Ford Gran Torino, semblable à celle que possède Walt (Clint Eastwood) dans le film.  

Objet du rite initiatique manqué de Tao, et du titre du film : la Ford Gran Torino de Walt Kowalski. Tout un symbole d’une époque révolue, celle où l’industrie automobile américaine d’après-guerre florissait. Rappelons que l’action du film se déroule dans le Michigan, capitale Detroit, la ville des grandes usines automobiles américaines (dont Ford), qui, avant la grande désillusion néolibérale, garantissait un solide lien social et économique dans cette région ouvrière. Walt en est ici le représentant, le dernier vestige d’une époque révolue où l’ouvrier n’était pas considéré comme un élément négligeable de la grande machine industrielle. Il appartient à cette génération qui se voyait récompensée de ses dures années de labeur par la remise d’une voiture de sa marque, signe de reconnaissance du travail accompli, particulièrement fort quand on connaît l’importance de l’automobile dans la culture américaine. On comprendra mieux du coup pourquoi Walt maugrée contre son fils, coupable d’avoir acheté une voiture japonaise ! Mais le rêve industriel est fini, le chômage et la crise économique ont eu raison de la société américaine, nous dit le cinéaste acteur. Conséquence de cette déroute sociale, la misère et la violence prolifèrent et marquent au fer rouge les protagonistes du film. La Gran Torino, conservée au garage, méticuleusement polie et lavée par Walt, suscite les convoitises. Elle devient pourtant quelque chose de beaucoup plus fort, un symbole de reconnaissance affective entre Walt et Thao. La dernière séquence du film, annonçant tout de même un peu d’espoir après la tragédie, concrétise cette reconnaissance. La Ford Gran Torino vient récompenser Thao de ses efforts pour échapper à une vie misérable tracée d’avance, et son accomplissement en tant qu’homme, au sens positif du terme.  

GRAN TORINO, c’est aussi un film plein d’humour. Un humour assez atypique dans le cinéma américain actuel, et où Clint Eastwood s’en donne à coeur joie dans le politiquement incorrect. Soyez prévenus, le langage « fleuri » de Walt n’a rien à envier à celui d’un autre personnage ordurier campé par Eastwood, le Sergent Tom Highway, anti-héros de l’excellent HEARTBREAK RIDGE (Le Maître de Guerre, 1986). Les grommellements et jurons de Walt, aussi racistes soient-ils en apparence, sont à ce point exagérés qu’ils en deviennent comiques. Que ce soit lorsqu’il traite le Père Janovich de « puceau de 27 ans tout juste bon à effrayer les grands-mères », ou qu’il se lance dans un concours d’insultes racistes mais amicales avec le barbier italien, Clint réussit à faire rire, enterrant définitivement les accusations de racisme dont il fut jadis taxé ! Tout aussi drôles sont les saynètes avec la grand-mère de Sue et Thao, qui crache par terre son thé et rouspète après Walt sans que celui comprenne quelque chose… Les scènes où Walt se laisse « apprivoiser » par la petite communauté Hmong sont tout aussi savoureuses (sa gaffe quand il tapote la tête d’une petite fille, geste amical mais porte-malheur pour les Hmongs), comme leur cuisine, bien différente du régime « boeuf séché et bière Pabst Blue Ribbon » que pratique l’ancien soldat… La courte scène d’attente à l’hôpital où Walt se fait appeler « Koski » par une infirmière musulmane est du même acabit.

Cette petite scène en appelle une autre, bien plus triste, où Walt apprend de mauvaises nouvelles par le médecin. Les signes sont bien présents, disséminés dans le film : Walt, fumeur invétéré, crache du sang à plusieurs reprises. Signaux alarmants de la maladie, un probable cancer des poumons, qui va motiver en partie l’incroyable décision finale du personnage. Dans la filmographie de Clint Eastwood, la maladie, la souffrance physique et psychique qu’elle cause sont un thème récurrent. On pense à la tuberculose de Red Stovall (Clint dans HONKYTONK MAN), à la détérioration de Charlie Parker dûe à la drogue dans BIRD, ou du cancer de Hawk (Tommy Lee Jones) dans SPACE COWBOYS… autant de personnages autodestructeurs dont Walt est ici le représentant. La voix éraillée de Clint laisse pointer le doute : est-elle travaillée pour les besoins du rôle, ou bien évoque-t-il ici frontalement, sous la fiction apparente, une santé déclinante ? Quoi qu’il en soit, on verra que la maladie de Walt justifie aussi sa dramatique décision finale.  

 

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« Dégagez de ma pelouse ! » Comme un air d’IMPITOYABLE...

GRAN TORINO, c’est aussi le poids de l’Histoire sur les épaules d’un homme. Walt est un vétéran de la Guerre de Corée. Clint Eastwood en parle si peu, mais il a lui-même effectué son service militaire durant ce conflit, quand il était un tout jeune homme, entre 1950 et 1952. D’une discrétion exemplaire, Clint n’évoque jamais dans les interviews ce moment de sa vie qui a dû pourtant le marquer… Ses films parlent pour lui. HEARTBREAK RIDGE surtout évoquait le poids psychologique du traumatisme (Highway comme Walt sont des survivants de cette guerre), mais citons également l’excellent film de Cimino, THUNDERBOLT AND LIGHTFOOT (Le Canardeur, 1974). Le personnage de Clint dans ce film est lui aussi un vétéran de Corée, décoré de la Silver Star qui joue ici un grand rôle. Luther Whitney, le personnage de Clint dans LES PLEINS POUVOIRS, est aussi un ancien de la Corée. Et qui sait ? Peut-être que Clint évoque aussi à mots couverts cette période de sa vie à la fin de JOSEY WALES (« Je crois qu’on a tous un peu perdu, dans cette guerre« ), dans l’évocation du Viêtnam dans FIREFOX (où son personnage est obsédé par le souvenir d’une fillette tuée dans un bombardement), ou dans FLAGS OF OUR FATHERS (Mémoires de nos Pères), évocation très juste des traumatismes de guerre ressentis par ses prédécesseurs de la 2e Guerre Mondiale… Symbole dans le film de la puissance écrasante de l’Histoire sur l’Homme, la Silver Star de Walt, qui intéresse ses petits-fils incapables de situer la Corée sur une carte, est une décoration d’importance dans l’univers militaire américain. Elle est décernée à ceux qui ont fait preuve de « bravoure en face de l’ennemi » des Etats-Unis. Dans une scène bouleversante où Thao réclame vengeance pour le viol de sa soeur, Walt va lui révéler dans quelles circonstances il a obtenu cette médaille. Une véritable confession (suivant sa dernière conversation avec le prêtre) où Walt révèle avoir tué un gosse coréen, pas plus vieux que le jeune Hmong. Toute sa souffrance est conservée dans cette décoration, le héros de guerre traîne depuis des décennies un terrible fardeau émotionnel… Walt veut ici éloigner Thao du chemin de la violence et de la haine, qui l’a perdu jadis. Le jeune homme arborera finalement la Silver Star, remise en héritage par le vieil homme. L’acte de bravoure face à l’ennemi de Thao (et de Sue) aura été de ne pas céder aux provocations du gang. De faire face humainement à la barbarie.

Autres objets témoins du poids de l’Histoire, les armes à feu de Walt. Le vieux grincheux ne s’en laisse pas compter, du moins il en donne l’apparence, aux petits « cailleras » brandissant couteaux et Uzis. Il garde à portée un revolver militaire Browning, calibre .45, et brandit chez lui un fusil d’assaut M1 Galand, souvenir de ses années de guerre. Impossible évidemment de ne pas penser aux personnages « westerniens » et à Dirty Harry quand Clint brandit ses armes pour effrayer les malfrats. « This is a Magnum .44… », sa célèbre réplique de L’INSPECTEUR HARRY, hante les esprits quand il fait semblant de viser les membres des gangs rôdant trop près de son voisinage. La fascination pour les armes est certes présente, mais Clint Eastwood est suffisamment intelligent pour céder aux clichés malsains du film de vengeance et d’autodéfense à la Charles Bronson. Les actes de brutalité décrits dans le film sont clairement écoeurants, inadmissibles et condamnés par le cinéaste, qui, depuis longtemps déjà, a toujours critiqué la violence de la culture américaine. La tentation de l’autodéfense et du châtiment sanglant ne sont pas justifiables, nous rappelle-t-il. Aussi, dans le film, ne tire-t-il qu’un seul coup de feu – et il manque heureusement sa cible ! Du jamais vu chez Clint ! Mais somme toute assez logique, vu son refus de revenir aux recettes de ses anciens films. Le cinéaste Clint Eastwood nous rappelle ainsi que l’acteur Clint Eastwood a fait son temps et ne peut plus jouer les justiciers par les armes. Cela renforce aussi le climax du film, aussi tragique que magistral.  

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Ci-dessus : le clip officiel de la chanson du film, interprétée par Jamie Cullum. Celui-ci l’a coécrite avec Clint Eastwood, son fils Kyle et Michael Stevens. 

Walt/Clint s’en va affronter le gang de Smokey et ses lieutenants, avec la tranquillité des grands fauves marchant vers leur mort. Tout est lié dans la construction de cet acte final : se sachant condamné par la maladie, décidé à venger ses protégés sans pour autant pratiquer la Loi du Talion, Walt Kowalski va prendre son temps pour affronter les voyous armés. Un dernier repas, un dernier passage chez le barbier, l’achat d’un costume sombre (« c’est le premier que j’ai jamais acheté ! »)… tout s’enchaîne sans emphase, avec un rythme faussement tranquille. Une préparation typique aussi des grands westerns, dont GRAN TORINO est somme toute l’aboutissement dissimulé. Walt s’en va finalement à la nuit tombée défier les petits caïds, comme Wyatt Earp marchant vers l’O.K. Corral… Il les provoque verbalement, moquant leur pitoyable virilité de surface (sachant très bien comment ils vont réagir). La tension monte, jusqu’à ce que Walt récite un « Je vous salue Marie » et dégaine… son briquet militaire, celui de la 1e Division de Cavalerie. Une division qui fut en première ligne en Corée. Les « cailleras » sont arrêtés, s’étant trahis pour de bon aux yeux d’une communauté ressoudée contre eux et leur violence imbécile. Dans cette séquence au dénouement terrible, Walt règle ses comptes avec son passé, avec la violence de l’Amérique moderne, et avec la maladie qui le ronge. Façon magnifique aussi pour Clint Eastwood de livrer à l’écran son ultime face à face avec la Mort. Car, oui, Clint Eastwood est mort sous nos yeux. Lui qui ne perdait jamais un duel armé à l’écran part sous nos yeux, dans un dernier râle…  

Incroyable séquence qui conclut le climax de GRAN TORINO. Elle n’est certes pas la première à montrer la mort du « personnage » Clint Eastwood à l’écran. Clint est empoisonné à la fin de l’excellent BEGUILED (Les Proies) de Don Siegel, se meurt à la fin de JOSEY WALES, meurt de la tuberculose dans HONKYTONK MAN, décède hors champ dans SUR LA ROUTE DE MADISON, et revient même parfois d’entre les morts (L’HOMME DES HAUTES PLAINES, PALE RIDER et même SUDDEN IMPACT), mais c’est la seule fois, dans mon souvenir, que nous le voyons succomber sous nos yeux à une fusillade. Pour tout spectateur qui a passé des années à le voir abattre les pires crapules de l’Ouest et des villes américaines, le choc est rude. GRAN TORINO est aussi, par cette séquence, la conclusion d’une carrière riche en grandes scènes, et le cinéaste-acteur nous offre ici l’occasion de revisiter une grande partie de sa filmographie.

On a déjà cité HEARTBREAK RIDGE, son langage joyeusement grossier et le souvenir de la Guerre de Corée ; l’importance du rôle du prêtre, présent dans tant de ses films ; ou encore l’évocation de la maladie, comme dans HONKYTONK MAN. Mais GRAN TORINO évoque aussi d’autres moments forts du cinéma eastwoodien : quand Walt prend sous son aile Thao après l’avoir surpris en plein vol de voitures, on pense de nouveau à Clint et Jeff Bridges, lui aussi voleur de voitures dans THUNDERBOLT AND LIGHTFOOT ; quand Walt lance son désormais célèbre « Dégagez de ma pelouse ! », le fusil armé, devant le drapeau US, impossible de ne pas penser à sa dernière scène du règlement de comptes d’UNFORGIVEN (Impitoyable, 1992), dont il reprend le discours sur la violence détestable ; quand Walt ne jure que par sa Ford, on se souvient de Butch, alias Kevin Costner, qui dans UN MONDE PARFAIT ne veut voler que des voitures de la même marque ; quand il circule en ville dans son vieux pick-up, on se rappelle que Clint conduisait une voiture similaire dans SUR LA ROUTE DE MADISON ; quand on le voit cracher par terre, les images de JOSEY WALES HORS-LA-LOI reviennent en mémoire ; quand il prend un bain en fumant sous l’oeil de sa chienne, c’est une scène presque similaire de HIGH PLAINS DRIFTER (L’Homme des Hautes Plaines) qui se rappelle à notre souvenir… Surtout, ce Grand Finale de la part de Walt/Clint est l’apothéose fatale de cette balade dans la mémoire cinéphilique, une façon de boucler la boucle de plus de 40 ans de cinéma eastwoodien. Clint s’en va ici défier une bande de sales petites frappes tapies dans leur repaire, seul contre tous, en pleine nuit, et mourir sous leurs balles. C’est le reflet inversé de la séquence qui l’a consacré roi de l’action et du western quatre décennies auparavant. Sous le soleil d’Almeria, l’Homme Sans Nom s’en allait affronter une bande de voyous goguenards dans POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS – avec la fameuse tirade « Vous avez tort de rire de ma mule… », qui se concluait par une fusillade victorieuse pour Clint. Le décès de Walt/Clint dans GRAN TORINO fait aussi le lien avec la chronologie eastwoodienne. Le cinéaste-acteur a parcouru, au gré de ses films, près de 150 ans d’Histoire de l’Amérique, depuis la Conquête de l’Ouest jusqu’à notre ère, en passant par la Grande Dépression, les guerres (2e Guerre Mondiale, Corée, Viêtnam), l’émergence du Jazz et du Cinéma de l’Âge d’Or (CHASSEUR BLANC COEUR NOIR), la Conquête Spatiale, les années Reagan, etc. …

En passant sa filmographie en revue dans l’ordre chronologique, GRAN TORINO sera probablement l’un des derniers chapitres. Le tout premier dans l’Histoire étant PALE RIDER, situé durant la Ruée vers l’Or Californienne durant les années 1850-1860. Clint y incarnait un curieux pasteur, fantôme vengeur descendu des collines à la rescousse d’une communauté brutalisée (thème similaire dans ses grandes lignes à GRAN TORINO). Surtout, il révélait l’espace d’une scène les cicatrices dans son dos des balles qui l’ont tué. Regardez bien l’affrontement final de GRAN TORINO : les balles des Uzis des petits voyous transpercent le dos de Walt… le cycle est complété. « Preacher » et Walt Kowalski seraient-ils en fait la même personne, traversant le Temps dans l’oeuvre de Clint Eastwood ?  

Saluons pour finir, et un peu rapidement, le travail toujours maîtrisé sur la lumière, le grand chef-opérateur Tom Stern nous faisant progressivement passer de la lumière à l’ombre, et une très belle chanson finale, cosignée par le fils aîné de Clint, le talentueux musicien Kyle Eastwood, qui accompagne la dernière séquence, lumineuse, où le jeune Thao part vers l’horizon avec la chienne de Walt, vers un autre avenir au volant de la Gran Torino. Une dernière scène où Clint nous laisse (ce qui ne veut pas dire heureusement qu’il compte arrêter le Cinéma : il prépare déjà le tournage de THE HUMAN FACTOR* avec Matt Damon et Morgan Freeman dans le rôle de Nelson Mandela, et aurait au moins deux autres projets en préparation), entre tristesse et espoir.  

GRAN TORINO, une sacrée leçon d’humanité, de Cinéma, et les adieux réussis d’un immense acteur.  

* depuis l’écriture de cet article, THE HUMAN FACTOR a changé de titre et s’appellera dorénavant INVICTUS.    

Ma note :  

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Gran Ludovico  

 

La fiche technique :  

 

GRAN TORINO  

Réalisé par Clint EASTWOOD   Scénario de Nick SCHENK  

Avec : Clint EASTWOOD (Walt Kowalski), Christopher CARLEY (le Père Janovich), Bee VANG (Thao Vang Lor), Ahney HER (Sue Vang Lor), Brian HALEY (Mitch Kowalski), Geraldine HUGHES (Karen Kowalski), Dreama WALKER (Ashley Kowalski), Brian HOWE (Steve Kowalski), John Carroll LYNCH (Martin le Barbier), Chee THAO (la Grand-mère), Scott EASTWOOD – sous le nom de Scott REEVES (Trey), Sonny VUE (Smokie)  

Produit par Clint EASTWOOD, Bill GERBER et Robert LORENZ (Malpaso Productions / Double Nickel Entertainment / Gerber Pictures / Media Magik Entertainment / Village Roadshow Pictures / Warner Bros. / Matten Productions)   Producteurs Exécutifs Jenette KAHN, Tim MOORE et Adam RICHMAN  

Musique Kyle EASTWOOD et Michael STEVENS   Photo Tom STERN   Montage Joel COX et Gary ROACH   Casting Ellen CHENOWETH  

Décors James J. MURAKAMI   Direction Artistique John WARNKE   Costumes Deborah HOPPER  

1er Assistant Réalisateur Donald MURPHY  

Mixage Son Ryan MURPHY   Montage Son Bub ASMAN, Walt MARTIN et Alan Robert MURRAY  

Distribution USA et INTERNATIONAL : Warner Bros.  

Durée : 1 heure 56

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